Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

L'ÉGLISE SAINT-ARMEL DE PLOERMEL

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Ploërmel   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

La première église, bâtie à Ploërmel, et peut-être par saint Armel lui-même, s'élevait sur la placé du Martray (aujourd’hui Place du Tribunal), à l'emplacement des halles. Elle fut détruite, croyons-nous, pendant les guerres du XIVème siècle, et probablement lors de l'un des nombreux sièges que Ploërmel eut à subir à cette époque.

La construction de la cathédrale, que nous admirons encore aujourd'hui (on dit la cathédrale de Ploërmel, bien qu'il n'y eut jamais de siège diocésain en cette ville), remonte, au moins pour la partie du choeur, au commencement du XVème siècle, vu que l'église était terminée et livrée au culte depuis plusieurs années, quand, en 1436, le seigneur de Quéheon fut autorisé à bâtir une chapelle privée, du côté de l'épître, dans le cimetière Saint-Thomas, comme nous le dirons plus loin.

L'église Saint-Armel de Ploërmel en Bretagne (peintre Asselineau)

Cette construction de l'église dut être faite, pour la plus grande partie, aux frais des Hattes, châtelains, de 1380 à 1427, de la Gaudinaye, à trois kilomètres au Sud de Ploërmel, dont les seigneurs continuèrent à être fondateurs, prééminenciers et propriétaires du choeur de l'église, où ils avaient leur enfeu et leurs bancs, et où leurs armes étaient sculptées sur les piliers du chanceau et sur le marche-pied du maître-autel.

Nous lisons, en effet, dans la déclaration faite le 20 janvier 1680, lors de la Réformation du domaine royal de Ploër­mel, par Louis de Coëtlogon, vicomte de Loyat et châtelain de la Gaudinaye : « Le dit seigneur déclare posséder droits de prééminences dans l'église Saint-Armel, de Ploërmel, et un enfeu prohibitif, avec banc et escabeau dans le chanceau principal, lequel chanceau est la propriété des seigneurs de la Gaudinaye, et où sont gravées aux quatre coins, sur les piliers et sur le marchepied du maître-autel, les armes des dits seigneurs... ». Ces armoiries existent encore (en 1912) sur le pilier derrière le maître-autel, du côté de l'évangile ; elles portent : « Ecartelé : aux 1 et 4, trois écussons d'hermines (de Coëtlogon), aux 2 et 3, un léopard » (le Bart, alliés aux Coëtlogon en 1442). Sur le mur, au fond de la verrière du fond du choeur, on distingue encore « un lion chappé », armes des Hattes, châtelains de la Gaudinaye, de 1390 à 1420 ; lion qui se retrouve dans les armes de la ville de Ploërmel, qui sont : « d'hermines au lion de sable, chappé et couronné d'azur, tenant dans sa patte dextre un drapeau de même, chargé de cinq mouchetures de contre-hermines d'argent ».

L'église Saint-Armel de Ploërmel en Bretagne

Primitivement, l'église Saint-Armel était surmontée d'un clocher central, placé au-dessus du transept : clocher qui s'écroula en 1508, et fut remplacé par la tour actuelle, comme nous le dirons plus loin.

Au mois de mars 1435 (v. st.), Pierre du Guiny, seigneur de Quéheon, fut autorisé par les fabriqueux (fabriciens) et les notables de la paroisse Saint-Armel, à construire au chevet de l'église, du côté de l'épître, une chapelle privative avec enfeu. Le titre de cette autorisation existe aux archives du château du Crévy ; et je crois intéressant de le citer, bien qu'il ait été reproduit par M. S. Ropartz, dans sa Notice sur Ploërmel : « Aujourd'hui s'est comparu en l'église de Monseigneur Sainct-Armel, à Ploüarmel, à l'oure et au prosne de la grand'messe dou dit lieu, la congrégation dou peuple et la plus saine partye des paroissiens d'ycelle paroisse y assemblés, Pierre dou Guiny, seigneur de Quéheon, fils et héritier principal de feus Guillo dou Guiny et Loyse de Castellan, sa femme, disant et notifiant aux dicts paroissiens que les volontés et propos de ses dicts père et mère avaient esté en leur vie et estaient au temps de leur débcés de faire faire édiffier une chapelle en la dicte église, en droys de l'aultier de Monseigneur Sainct-Armel, dans le cimetière Sainct-Thomas, et que luy désirant, ainsy que enfant est tenu, faire et accomplir la bonne volonté de ses dicts père et mère, priant et suppliant ez dicts paroissiens et chacun, ycelle volonté de ses dicts père et mère et la sienne mesmement estre parfaicte et accomplie et luy donner oeufvre et charge de faire ycelle chapelle à ses propres coûts et despens pour le bien et augmentation de la dicte église et en accomplissant la volonté de ses dicts père et mère et affin et pour ce que le dict dou Guiny, sa femme, leurs enffants, loirs et successours soyent mys et ensépulturés en ycelle chapelle et y ayant leur enfeu en perpétuel, sans que nul aultre y puisse faire ne avoyr aulcun enfeu ni sépulture, sans l'assentement dou dict dou Guiny et ses hoirs. — Et, sur ce, se sont comparus en personne devant nous, en nostre Court de Ploüarmel, Jehan Garin et Jouhannet Gaignart, tant en leurs noms que comme thrésauriers et fabricants de la dicte église, et Guillo Buinart (sgr de la Villenart), tant en son nom, que comme procureur des dicts paroissiens, d'une partye ; et, d'aultre partye, le dict Pierre dou Guiny, lesquels présents chacun et amprés que Guillaume Protin, Guillaume le Parcheminier (sgr de Rohallaire, en Augan), Guillaume de Coëtlogon (sgr de la Gaudinaye), Alain Buinart, Alain Gombert (sgr. de Malleville), Alain Jacquart, Guillaume Gouzil, Jehan Garin, Guillaume de la Houlle (sgr. de la Villebriend, en Montertelot), Alain le Petit, Jehan Courbet, la dame du Clos, la dame de Malleville, Claude le Clerc, Raoul le Chesnu, Guillaume Rouxel, Perrot Bouvet (sgr. de la Bardoulaye, en Guer), Jehan Hugo, Jehan Gohel, Olivier Marcadé, Jouhannet Bouexel, Eon Mesnage, Jehan Aubin (sgr. du Grosbos, en Caro), Olivier Mégouais, Alain Dejan, Guillaume Marcadé, Raoul Macé, Johannet Josset (sgr. de la Voltais, en Guer), Perrot Morice (sgr. de la Villepelotte, en Guégon), Perrot Bocqueho, Robert Josset, Jehan Bonabes, Etienne Avenier, Perrot Gicquel, Perrot Joubin, Jehan Pelletier, Pierre le Bel, Raoul Druays, Joachim Baraton, Raoul Baron, Raoul Tournemotte, Guillaume Berruyer, Johannet Joubin, Guillaume Havart (sgr. du Clos Havart, en Ploërmel), Pérot Pellerin (sgr. de la Chesnaye, en Ploërmel), Johannet Jambu, Olivier Michel, Johannet Ruallin, Olivier Durant, Alian Bourdays, et plusieurs autres des parouessiens de la dicte paroisse de Plouarmel et la plus sayne et majeure partye d'yceulx tretous convoqués, parlé et convenu ensemble audict jour de dymanche, à l'oure et au fin de la grand'messe d'ycelle parouesse, estant d'une mesme volonté (et consentement, à haulte voix dirent et répondirent qu'ils avoient pour agréable et acceptable la petition et requeste du dict dou Guiny, par manière que le dict dou Guiny face et fera faire et ediffia cette chapelle à ses propres coûts et despens, et y fera ung arc devers le dict aultier, et fera dans la dicte chapelle deux fenestres vitrées, affin d'éclairer et donner clarté au dict grand aultier de Monsieur Sainct-Armel, et fera laisser suffisante allée entre cette chapelle et le mur de la ville, et que pour l'emplacement d'ycelle chapelle celeg dou Guiny donne à la thrésaurerie et fabrice de la dicte église, vingt sols de rencte à estre payée chalcun an et chalcun jour de Sainct-Gilles par la main dou dit dou Guiny, jusques en ait esté faite assiette valable à la dicte thrésaurerie, quelle assiette seront tenus prendre les dicts parouessiens ; et fera oultre le dict dou Guiny maintenir la dicte chapelle en suffisant estat de réparacion ou temps à venir ». — Cet acte est scellé du sceau des contrats de la Cour de Ploërmel, et signé : « Courtet, passe ; de Coëtlogon, passe ; Alain Gombert ; Jehan Jocet (alors alloué de Ploërmel) ; Perotin Boudet ; Guillaume le Parcheminier ; de la Houlle ». Il est daté du 26 mars 1435. On lit au bas l'approbation de l'évêque de Saint-Malo, Monseigneur François Piédru.

A la suite de cet acte, Pierre de Guiny confia la construction de la chapelle de Quéheon à Gilles le Bloy, maçon, qui lui fournit un plan et devis du travail, le 16 juillet 1436, s'engageant à la terminer dans un délai de dix-huit mois. Gilles le Bloy ne put remplir cet engagement, et nous voyons Pierre du Guiny plaider contre lui à la date du 28 avril 1438, pour lui demander raison de ce retard. Maître le Bloy dut abandonner cette entreprise, qui fut confiée à un autre maçon, Alain Bérard, lequel n'acheva la construction qu'en 1457, alors que les paroissiens avaient projeté de bâtir une sacristie contre la chapelle de Quéheon, entre la nef de l'église et les murs de la ville, dans le cimetière Saint-Thomas. L'autel de la chapelle de Quéheon fut exécuté par Guillaume le Bourdonnet, et placé en 1459.

Lorsque la chapelle de Quéheon fut achevée, Pierre du Guiny dut la faire accepter par les notables paroissiens de Saint-Armel, et voici le procès-verbal de cette nouvelle assemblée, d'après un acte en latin que je traduis : « Le  dimanche 22 mai 1457, au prône de la grand'messe, Pierre du Guiny prenant la parole au milieu de l'assemblée exposa, qu'en vertu du traité de 1435, il avait fait construire l'honorable et notable chapelle que chacun pouvait voir, munie de deux fenêtres vitrées, réunie au chanceau de l'église par une arcade supportée par des piliers, laissant libre l'accès du choeur. Il y avait mis, en plusieurs endroits, ses armes (d'azur au croissant d'or) et sa litre ; et une tombe armoriée marquait la place de son enfeu prohibitif. Enfin, il avait pratiqué pour son usage particulier une petite porte, ouvrant sur le cimetière Saint-Thomas (elle existe encore). — Pierre du Guiny protesta ensuite contre le projet, dont il avait eu connaissance, de construire dans le même cimetière Saint-Thomas, près de sa chapelle, une sacristie, dont l'entrée se ferait par la petite porte privative qu'il avait fait faire, et dont les murs devaient obstruer et obscurcir ses verrières. — Raoul Jocet, procureur des paroissiens, répondit en accusant Pierre de Guiny d'avoir outrepassé ses droits en empiétant sur le chanceau pour la construction de son tombeau de famille, et en ouvrant sans autorisation une porte sur le cimetière. — L'assemblée, des paroissiens, consultée ensuite, désapprouva les réclamations de Raoul Jocet, le destitua comme procureur, et confirma Pierre de Guiny dans ses privilèges et ses droits ; ce dont celui-ci prit à témoins : Raoul du Boisguéhenneuc, sgr. du Boisguéhenneuc, en Augan ; Guy de Lézonnet, sgr. de Callo, en Mohon, et fit dresser acte par Messire Eudes Sénaut, prêtre et notaire ecclésiastique ».

En novembre 1442 avait été célébré dans l'église Saint-Armel, nouvellement achevée, le mariage du duc de Bretagne, François Ier, avec Isabelle d'Ecosse, fille de Jacques Ier Stuart. Le connétable de Richemont assista aux noces de son neveu, François Ier, et, après la cérémonie, il le reçut chevalier.

En l'année 1508, le clocher central de l'église s'écroula sur le choeur et la chapelle de Quéheon, qui furent détruits en partie, et entraînèrent dans leur ruine des pans de murs tout entiers et des voûtes de la nef. C'est ce que constate, le 9 septembre 1511, le seigneur de Quéheon : « Aujourd'hui, s'est comparu noble escuyer Jehan du Guihy, sieur de Quéheon (il était arrière-neveu de Pierre du Guiny et époux de Raoullette l'Espervier), lequel a fait remontrance que, à l'occasion de la chute du clocher de l'église paroissiale de Ploërmel, qui a esté depuis trois ans derrains, la plupart de la dite église est tombée, et notamment la chapelle, qu'il et ses prédécesseurs, seigneurs de Quéheon, sont en possession d'avoir en la dite église ; ycelle chapelle qu'on appelle de tout temps : Chapelle de Quéheon, joignant au chanceau d'ycelle église du côté méridional. Le dit sieur de Quéheon, sachant qu'à présent on veut réédifier et construire tout de neuf la dite église et chacune d'ycelle réclame la conservation de ses droits, touchant la dicte chapelle ».

Il semble que les dégâts ne portèrent que sur le côté droit du chœur et la chapelle de Quéheon. La sacristie et la chapelle Saint-Armel sont certainement antérieures au XVIème siècle, puisque l'on voit figurer dans une de ses belles verrières, comme donateur, Mgr. Jean l'Espervier, évêque de Saint-Malo, mort en 1486. Le beau porche du Nord était terminé avant 1583, puisque l'une des vitres qui le surmontent porte  cette date. La partie, près de la tour, porte la date de 1556 ; et la chapelle du Crévy, à gauche du maître-autel, dut être construite vers 1598. Ajoutons, avant de passer à la description détaillée de l'extérieur et de l'intérieur de la cathédrale de Ploërmel, que la tour fut reconstruite en 1727 et consolidée en 1862, et que la nef fut restaurée, de 1868 à 1890, par les soins du curé de Ploërmel, Monsieur l'abbé Lagrée.

Ploërmel (Bretagne) : procession de la fête de Dieu

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

Extérieur de l'église (ou Cathédrale) de Ploërmel.

Comme toutes les anciennes églises ou chapelles, la cathédrale de Ploërmel est. orientée Est-Ouest. Entièrement construite en granit, dans le style de la troisième période ogivale, elle est élégante, malgré la lourdeur de sa tour carrée et la teinte sombre de ses pierres, grâce à la finesse et à la légèreté de ses sculptures, à la fantaisie de ses gargouilles étranges, à l'élancement de ses pignons dentelés, au flamboiement de ses fenêtres gothiques.

Les murs extérieurs présentent une série de pignons, aux arêtes ornées de chimères enroulées, séparés par des contreforts surmontés de clochetons et garnis de gargouilles. Partout jetés à la fantaisie de l'artiste, des écussons, aujourd'hui pitoyablement mutilés, et dont il ne reste plus que des morceaux de couronnes, de cimiers, de chapeaux, ou de haumes, des fragments de supports, anges, lions, sauvages, griffons, ou lévriers héraldiques, entourés de cordons, de colliers ou de lacs d'amour : les armoiries de tous ces écussons, au nombre de plus de cinquante, ont été odieusement martelées par les Vandales Républicains de 1793.

COTE NORD.

Le double portail, qui décore le centre de la façade du Nord, présente dans son ensemble le plus charmant coup d'oeil, en même temps qu'il étonne par le luxe et le fini de son ornementation, aussi bien que par la multitude des statuettes qui remplissent les voussures des piliers et l'encadrement des deux belles fenêtres ogivales qui les surmontent. Il se compose de deux baies à anse de panier et à accolades, séparées par un pilier prismatique. Toute sa riche ornementation appartient à l'art gothique et national, tandis que le contrefort, qui l'appuie du côté Ouest, est couvert de sculptures de la Renaissance Italienne. On y rencontre ce mélange de sujets familiers, religieux ou profanes, auquel se plaisait l'imagination savamment naïve des artistes du XVIème siècle, et ayant la plupart pour objet la critique des usages et des moeurs du temps. On y voit la truie jouant de la cornemuse, le savatier qui coud la bouche de sa ménagère, la femme qui arrache le bonnet de son mari, Jean qui rit tournant le dos à Jean qui pleure, le tout au milieu d'emblèmes funèbres, têtes de mort, ossements, clepsydre, et de chevauchées fantastiques, où des ânes et des griffons servent de montures à de petits cupidons. Tout cela est traité en plein granit, et en relief si peu saillant, qu'on dirait de la broderie plutôt que de la sculpture proprement dite.

Des deux côtés des portes, montent deux séries de niches, contenant chacune une femme qui foule aux pieds un personnage renversé : ce sont les vertus terrassant les vices opposés. Ainsi, la Foi a pour marchepied Mahomet ; l'Espérance, Judas ; la Justice, Néron.

L'arcature de chaque porte est décorée d'une guirlande d'anges, et les tympans de scènes de l'évangile : l'Annonciation, la Visitation, Noël, l'Adoration des Mages, le Massacre des Innocents, la Fuite en Egypte, etc. : tous sujets, dont les personnages, sculptés en bosse, mesurent à peine cinq à six centimètres. Les ventaux des portes sont en bois, et ornés en relief des figures des douze apôtres.

Les deux fenêtres ogivales, qui s'élèvent au-dessus du porche, sont encadrées d'une quantité de statuettes de saints et de saintes, parmi lesquels on distingue : à droite, saint Pierre, saint Paul, saint Armel, saint Laurent, saint André ; à gauche, saint Mathurin, saint Malo, saint Léon ; au centre, les quatre Evangélistes. — Une des verrières, au-dessus de ce porche, porte la date de 1533.

LA TOUR.

La tour, en granit et de forme carrée, est haute d'environ 33 mètres, et large de 8 mètres ; elle se compose de cinq étages superposés, couronnés d'une balustrade ajourée. Elle est flanquée de quatre confreforts, qui encadrent le portail Ouest, et d'une tourelle servant de cage à un escalier de 134 marches. Les deux travées supérieures sont garnies de gargouilles et ouvertes de baies ogivales, Elle fut construite vers le milieu du XVIème siècle. Elle était alors plus élevée d'un étage et servait de soubassement à une flèche en bois, recouverte de plomb et haute d'environ quarante pieds : ce qui donnait à l'ensemble du clocher une hauteur totale de plus de cinquante mètres ; superbe monument, qui dominait toute la cité, et dont l'élévation disait la grandeur et la foi de ses habitants.

En 1718, on descendit la lanterne du sommet, qui menaçait ruines. Puis, le tonnerre étant tombé sur la tour en 1727, on dut achever de démolir la flèche et rebâtir en grande partie le clocher, ainsi qu'il est relaté dans le « Journal » manuscrit de Maître Pierre Josse, notaire royal à Ploërmel : « Dans la nuit du 27 au 28 juillet 1727, vers trois heures du matin, le tonnerre tomba sur le milieu du clocher Saint-Armel, du côté du petit clocher, mit le feu, qui causa une grande perte ; même entra dans l'église, effonça la chambre des poids de l'horloge ; brisa la grande porte d'en-bas, la couverture sur le maître-autel, et tout l'autel de la chapelle du Crévy, derrière lequel il fendit la muraille. Une des pierres de taille du sommet du chevet de l'église tomba dans le choeur et détériora plusieurs figures du dit autel. Il emporta les fils d'archal et le marteau de l'horloge, qu'on n'a jamais pu retrouver : le tout, choses que j'ai vues ».

La restauration de la tour, commencée en 1732, ne fut achevée qu'en 1741 et coûta environ 8.000 livres. On dut consolider à nouveau la tour en 1862 ; et ce fut un architecte belge, M. Coullon, amené à Ploërmel par le Marquis de la Boëssière, châtelain de Malleville, qui dirigea ce travail.

En outre de l'horloge, il y avait, sur le côté Sud de la tour, un cadran solaire, qui fut enlevé en 1775.

L'enfeu des prêtres était situé sous la tour, et lors de la confection d'une piscine, en 1890, on mit à découvert, dans cet emplacement, une grande quantité d'ossements. Là avaient entre autres été inhumés trois recteurs de Ploërmel : en 1684, Messire Mathurin du Tressay ; en 1720, Joseph-Pierre Ermar de Beaurepaire ; en 1751, René Pogam.

La tour Saint-Armel renfermait anciennement au moins trois cloches, qui portaient, à la fin du XVIème siècle, les dates de 1553 et de 1582. Nous relevons depuis, dans les archives paroissiales de Ploërmel, des bénédictions de cloches, faites en 1625, 1673, 1715, 1753, 1763 et 1765.

COTE SUD.

Les sculptures de cette façade sont beaucoup moins riches que celles de la façade Nord ; vu que de ce côté, l'église était en partie masquée par le mur d'enceinte de la ville, qui s'élevait à moins de trois mètres et ne fut abattu qu'en 1758. Elle se compose de six pignons séparés par des contreforts, surmontés de clochetons et ornés de sculptures. Dans chacun de ces pignons s'élève une grande fenêtre ogivale, au-dessus de laquelle est un écusson aux armes de Bretagne, entourées de la Cordelière. Le pignon du milieu est plus élevé que les autres et renferme en bas une porte cintrée à anse de panier.

Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier

Intérieur de l'église (ou Cathédrale) de Ploërmel.

Quand on contemple l’intérieur de la cathédrale de Ploërmel, aux murs recouverts, comme d'une lèpre, de lichens grisâtres, pareils à ces taches que l'on voit souvent sur la figure des vieillards, on sent que ces pierres ont grelotté pendant des siècles sous les frimas des vents du Nord, ou reçu les paquets de pluie apportés par les vents du Sud-Ouest. Puis, quand, pénétrant dans l'intérieur de la basilique, on s'agenouille dans la nef, humide, verdâtre, sombre, malgré les vitraux, la majesté de ce lieu vous force à prier. Les pierres, les piliers et les voûtes ont la solennité, la majesté, qui sied à la vieillesse en tête à tête avec Dieu. Dans cette église, dont tous les pavés étaient des tombeaux, on entend comme l'écho de tous les sanglots, de toutes les prières, que, depuis cinq siècles, des Bretons y ont répétés ; et l'on reste muet, engourdi dans les évocations du passé, et dans un recueillement mystique. — Il fait solennellement, religieusement sombre, sous ces voûtes, où chaque fenêtre jette un éclat de pierreries « Par son vitrail rouge où flamboie - La braise du soleil couchant » (A. Le Braz).

Ainsi que l'a écrit Musset dans l'un de ses contes : « le monument semble peser sur l'homme : les murs le regardent, les échos l'écoutent, et le visiteur, impressionné par la majesté de ce lieu, se tait, et ne s'avance qu'avec respect ».

L'intérieur de la cathédrale de Ploërmel offre, comme son extérieur, un grand intérêt. Long d'environ cent vingt pieds, et large de soixante, le vaisseau principal est formé de trois nefs inégales, qui se prolongent sur toute l'étendue longitudinale et se terminent par un chevet droit. La nef principale, comme cela existe dans beaucoup d'anciennes églises, présente, à partir du transept, une inclinaison très prononcée (plus de deux mètres), pour signifier la tête du Christ mourant penché sur la Croix ; mais il est à remarquer que, dans l'église Saint-Armel, cette inclinaison est vers la droite, alors que, dans la plupart des autres basiliques, elle est vers la gauche ; la tête du Christ étant généralement représentée penchée sur l'épaule droite.

Les trois nefs sont séparées par cinq arcades supportées par des colonnes qui, bien que dépourvues de chapiteaux, suivant le style du commencement du XVIème siècle, ne manquent pas de grâce et d'élégance. Ces arcades en tiers-point sont formées de moulures, entièrement différentes des demi-colonnes rondes qui contournent les piliers, et qui viennent se confondre avec eux dans leur retombée par des pénétrations, prouvant la grande habileté de l'artiste qui a présidé à leur exécution.

Les voûtes, faites de lames en chêne, forment un berceau en tiers-point et sont bordées par des frises ouvragées avec autant de délicatesse que de variété. Il en est de même des poutres transversales, dont les entrées sont mordues par des gueules de crocodiles, et qui portent ainsi que les penditifs, les sablières et les clefs de voûtes, de belles sculptures et de nombreux écussons, sur lesquels on distingue encore les armes de Bretagne ; celles de Coëtlogon (de gueules à trois écussons d'hermines) ; des Bréhault (de gueules à trois épées d'argent en pal, surmontées chacune d'un besan d'or) et des Charpentier (de sable à deux épées d'argent en sautoir).

Le choeur, ou chanceau, est fermé par quatre piliers en granit. Il renfermait le banc et l'enfeu des châtelains de la Gaudinaye, seigneurs, fondateurs et prééminenciers, dont les armes, Hattes et Coëtlogon-le-Bart, existent encore sur le pilier derrière l'autel, du côté de l'évangile. Au-dessus de la maîtresse vitre, on voit encore un écusson, aujourd'hui martelé, qui portait les armes de Bretagne.

Le maître autel, sans style, est en marbre noir et blanc : il fut placé par les fabriciens, en 1779.

La statue de saint Armel était appuyée autrefois à l'un des piliers du chœur ; à ses pieds, brûlaient nuit et jour des cierges jaunes auréolés d'or, et des fermières y déposaient de belles mottes de beurre, offrandes à saint Armel, dit « saint Beurriau » , car on prétendait que c'était lui qui avait appris aux Bretonnes à faire le beurre. Cette statue est actuellement au-dessus de la porte de la chapelle Saint-Armel : elle est en bois peint, haute de 0 m. 60 et représente le saint, aspergeant d'eau bénite la « guivre » , qu'il tient enchaînée par son étole.

La chaire, les confessionnaux et les petits autels sont modernes, ainsi que les fonts baptismaux.

En dehors du choeur, près de la balustrade, étaient : du côté de l'évangile, le banc du maire et des officiers de la Communauté de ville, banc qui fut placé dans le choeur depuis 1747 ; au-dessous, était le banc des seigneurs du Hino (de Quéjau, puis Desgrées, Chouart et Perret) ; du côté de l'épître, le banc des juges royaux, et au-dessous celui des seigneurs de Malleville. Sous ces bancs, étaient les enfeus prohibitifs appartenant aux mêmes personnages.

Chapelles et Verrières.

Les chapelles qui existaient dans l'église Saint-Armel, de Ploërmel, étaient : du côté de l'évangile, celles du Crévy, de Saint-Armel et du Sacré-Coeur, du côté de l'épître, celles de Quéheon, de Malleville et de Saint-Jean.

La Chapelle du Crévy, à gauche du maître-autel, était sous le vocable de Notre-Dame de Pitié, puis de Notre-Dame du Rosaire. Elle fut fondée, vers la fin du XVIème siècle, par les Rogier, seigneurs du Crévy, en La Chapelle sous Ploërmel, du Clyo, en Campénéac ; probablement par Jean Rogier, sgr. du Crévy, du Clyo, de la Villeneuve, sénéchal de Ploërmel, en 1560, époux de Hélène Josse, de de la Morinais, et mort à Ploërmel en avril 1593, et leur fils François Rogier, sénéchal de Ploërmel, en 1581, époux d'Henriette de Kerveno, comme le prouvaient les armoiries peintes sur les verrières [Note : François Rogier, sgr. de la Villeneuve, Président à Mortier au Parlement de Bretagne, fonda en 1615 de 3 livres de rentes une grand'-messe à célébrer chaque année le 2 novembre dans la chapelle de Villeneuve, en l'église Saint-Armel de Ploërmel]. Là, était le banc et l'enfeu des seigneurs du Crévy. Cet enfeu se composait d'un caveau, qui fut découvert en 1875, lorsqu'on refit le pavage de l'église. Ce caveau, placé entre l'autel et la porte de la sacristie, est fermé par une dalle carrée, d'environ 0 m. 65 de côté, au milieu de laquelle est un anneau en fer. Une fois la pierre soulevée au moyen de cet anneau, on se trouve en présence d'un trou rond, dans lequel on descend par un perron de six marches, au bas duquel on se trouve dans une crypte voûtée, haute de 1 m. 55 sur 2 m. 30 de long et 2 m. 20 de large. Lorsqu'on découvrit ce caveau, il contenait trois cercueils en plomb, revêtus d'une bière en chêne, et posés à 0 m. 50 du sol, sur des barres de fer transversales. Deux de ces cercueils étaient complètement usés et vermoulus ; le troisième avait perdu presque entièrement son revêtement en bois, mais la bière en plomb existait encore et portait une croix en bosse, sous laquelle était écrit : « décédée le 7 mai 1618 » . Cette inscription prouve que ce cercueil est celui de dame Henriette de Kerveno, en son vivant châtelaine du Crévy, décédée à Rennes le 7 mai 1618. Fille de Vincent, baron de Baud-Kerveno, et de Julienne de Coëtquen, elle avait épousé : 1° en 1585, Julien le Forestier, sgr. de Callac ; 2° en 1588, François Rogier, sgr. du Crévy, mort à Rennes le 19 janvier 1625. Dans le même caveau, on trouva aussi une plaque carrée en plomb, d'environ 0 m. 12 carrés, qui était le dessus d'une boîte, et sur laquelle on lit : « Cy-gist le coeur de Dame Catherine de Salliou, dame du Crévy, décédée le 8 mars 1694 ». Cette Catherine de Salliou avait épousé vers 1683 François IV Rogier, comte des Chapelles, marquis de Baud-Kerveno, sgr. du Crévy, et était décédée à Rennes le 8 mars 1694 ; son mari épousa en secondes noces, quelques mois après, Françoise-Thérèse de Champion de Cicé.

En 1895, on a placé sur la dalle de ce caveau un banc et le socle du tombeau des ducs Jean II et Jean III, qui était auparavant et depuis 1821, dans la chapelle Sainte-Anne de Mallevillle, après avoir existé jusqu'à la Révolution dans le choeur de l'église des Carmes de Ploërmel.

Le duc Jean II, qui avait fondé le couvent des Carmes à Ploërmel, en 1284, était mort à Lyon le 17 novembre 1305. Il assistait dans cette ville au couronnement du Pape Clément V, et il conduisit par la bride la mule du Saint-Père se rendant à la cathédrale, quand, sur le passage du cortège, une vieille muraille s'écroula sous le poids du peuple entassé pour voir ce spectacle, et écrasa dans sa chute le duc de Bretagne et plusieurs autres seigneurs. Suivant ses dernières volontés, son corps devait être inhumé dans l'église des Carmes de Ploërmel. Il fut mis dans un sac de cuir et enfermé dans un cercueil de plomb, puis rapporté en Bretagne, par Châteauceaux, Châteaubriant, Lohéac, Guer, Augan, et arriva à Ploërmel le mercredi 15 décembre. Il fut inhumé le lendemain, dans l'église des Carmes, au milieu d'une grande affluence de seigneurs et de prélats, dont : l'évêque de Rennes, les sires de Maure, de Malestroit, de Rochefort, de la Marche, d'Aradon, d'Andigné, de Montbourcher, Geoffroy Avaleuc, sgr. de la Grée ; Guillaume Bestanc, sgr. de Roherman ; Bertrand de la Hazaye, sgr. du Clos-Hazaye. — En 1312, le coeur de son fils, Arthur II, fut déposé dans le tombeau de son père, à Ploërmel.

Le fils d'Arthur II, Jean III, décédé à Caen le 30 avril 1341, fut également inhumé dans le choeur de l'église des Carmes de Ploërmel, près du tombeau de Jean II, qu'il avait fait, en juin 1318, entourer d'une grille de fer ; mais son tombeau ne fut érigé qu'en 1365, par son neveu, Jean IV.

Ces deux tombeaux des ducs étaient primitivement élevés chacun sur un socle de marbre noir, divisé sur chaque face par des colonnettes en arctures trilobées, servant de niches à des statuettes représentant des pleureurs et des pleureuses en costume monastique. Ils portaient pour épitaphe : « Cy-gist, Jehan, jadis duc de Bretaigne, qui trespassa à Lyon, sur le Rhosne, le jeudy es octaves de la Saint-Martin d'hiver, l'an M.CCCV. Priez Dieu pour l'âme de Luy ». — « Cy-gist, Jehan, IIIème du nom, duc de Bretaigne, vicomte de Limoges, qui trespassa à Caen, en Normandie, le dernier jour d'apvril M.CCCXLI. Priez Dieu pour Luy ».

Sur chacun de ces socles reposait une statue en marbre blanc, représentant le duc, statues qui sont maintenant dans la cathédrale de Ploërmel. Jean II est revêtu d'une cotte de maille, dont le capuchon et les gantelets sont rabattus, et qui est recouverte d'une longue robe flottante. Son écu, portant l'échiquité de Dreux au franc carton d'hermines, est allongé sur son épée, le long de la cuisse gauche ; les yeux sont ouverts ; les mains jointes sur la poitrine ; les pieds, chaussés de brodequins éperonnés, sont appuyés sur un lion qui en dévore un autre (lyon dévorant le lion de Bretagne). Jean III, tête nue comme son aïeul, a aussi les yeux ouverts ; ses cheveux, flottant sur les épaules, sont ceints de la couronne ducale. Sur sa cotte de maille est un vêtement très court, semé d'hermines ; ses jambes sont couvertes de cuissarts et de jambières ; les brodequins ne sont pas éperonnés ; le long du flanc gauche est son épée, recouverte de son bouclier ; à sa ceinture, à droite, une dague aujourd'hui brisée. Ses pieds sont appuyés sur un lion couché.

La tête des deux princes est encadrée d'un dais finement découpé, sur lequel est sculpté un bas-relief, représentant le couronnement de la Sainte Vierge.

Lors de la démolition de l'église des Carmes par les Huguenots, pendant les Guerres de la Ligue, en 1591, les statuettes qui décoraient la bas des tombeaux furent brisées, en même temps que l'un des socles. Les statues furent transportées dans l'église du prieuré Saint-Nicolas, d'où les Carmes les rapportèrent en 1617 dans leur nouvelle église, lors de leur rentrée dans leur couvent ; elles furent placées alors sur un même socle, le long duquel on grava cette prétentieuse épitaphe, composée peut-être par M. Baudeville, maître d'école à Ploërmel, auteur de la Légende de Saint- Armel :

« Passant, tu vois ici les tombeaux magnifiques

De deux souverains ducs des peuples Armoriques,

Princes, lorsqu'ils vivaient, puissants et valeureux,

Issus du sang royal des vieux comtes de Dreux.

Le premier assista saint Louis, roi de France,

Aux pays d'Oultre-Mer, contre la mécréante

De la race Ottomane, et fut au Mont-Carmel

D'où les Carmes premiers vinrent à Ploërmel,

Amenés par ce bon et très dévôt prince,

Désireux d'établir cet ordre en sa province ;

Et, après qu'il les eût logés commodément,

En ce couvent par lui bâti superbement,

Au voyage qu'il fit à Lyon sur le Rhône

Où Clément cinq reçut la papale couronne,

Là, par un grand malheur, ce bon duc trépassa

Par la chute d'un mur qui tout son corps froissa.

Sa dépouille mortelle est sous ce marbre enclose ;

Plaise à Dieu qu'à jamais son âme au ciel repose !

L'autre, de qui tu vois l'effigie marbérine

Portant un écusson semé de mainte hermine,

C'est Jean, tiers du nom, et fils du duc Artus,

Et qui, sage, unissant les royales vertus

Et la dévotion de son ayeul et père,

Fut plein d'un grand amour pour ce saint monastère.

En retournant de Flandre, où contre les Anglois,

L'avait mené le roi Philippe de Valois,

Il se vit investi d'une âpre maladie,

Qui le fit trépasser à Caen, en Normandie.

Ici, près de son ayeul, sont inhumés ses os :

Son âme vive au Ciel, en éternel repos ! ».

Lors de la Révolution, l'église des Carmes fut détruite de nouveau, et le socle du tombeau des ducs fut encore une fois brisé. Vingt et un fragments en marbre noir, provenant de ce mausolée, sont actuellement au musée de Nantes. Les statues échappèrent à la rage des vandales ; et, en 1821, elles furent placées dans la chapelle Sainte-Anne de la cathédrale de Ploërmel, sur un socle en marbre noir, portant comme inscription : « En tout temps, la fidélité bretonne rendit hommage à ses souverains. — L'an 1821, le Conseil Général du département du Morbihan a élevé ce mausolée à la mémoire des ducs Jean II et Jean III ». — En 1895, ce tombeau fut transféré dans la chapelle du Crévy.

Ploërmel (Bretagne) : tombeaux de Jean II et Jean III, ducs de Bretagne

On remarque encore dans cette chapelle, près du marchepied du choeur, une pierre tombale en granit, portant, surmonté d'une croix et traversé par une épée, un écusson à « l'aigle éployée ». Le chevalier, qui repose sous cette dalle funéraire, doit être Guillaume de Bellouan, châtelain du Bois-du-Loup, en Augan, connétable de Ploërmel de 1425 à 1451.

La chapelle du Crévy est éclairée par deux grandes fenêtres ogivales, ornées de belles verrières.

Celle au-dessus du tombeau des ducs est de la fin du XVIème siècle. La Trinité, entourée de la Cour céleste et d'anges tenant les instruments de la Passion, remplit le tympan de l'ogive. Au centre, la Cène occupe les cinq panneaux de la fenêtre. Au-dessous, sont trois écussons : celui du centre et celui de gauche portant les armoiries des Rogier (d'argent au greslier de sable, accompagné de cinq mouchetures d'hermines de sable, 2, 3) ; celui de droite est mi-parti : « au 1, de trois feuilles de chêne en pal (le Forestier) ; au 2, d'azur à dix (ou six) étoiles d'argent (de Kerveno) ». Au bas du vitrail sont représentés : le donateur, François Rogier, présenté par son patron, saint François, et la donatrice, Henriette de Kerveno, présentée par son patron, saint Henry, la jupe de sa robe est armoriée, mi-parti d'étoiles et d'hermines. Ces deux donateurs sont donc : François Rogier, sgr. du Crévy, de Quéheon, du Clyo, de la Villeneuve, conseiller du roi, sénéchal de Ploërmel en 1581, mort à Rennes en 1625, et sa femme, Henriette de Kerveno, veuve en première noces de Julien le Forestier, qu'il avait épousée en 1588 et qui fut inhumée, en 1618, dans le caveau de la chapelle du Crévy.

La fenêtre au-dessus de l'autel de la Vierge est garnie d'un vitrail, qui porte au bas la date de 1602. On y distingue des scènes de la Passion : le crucifiement, la descente de Croix, la Résurrection, les disciples d'Emmaüs, l'Apparition de Jésus en jardinier à Marie-Madeleine ; on y voit encore Marie-Madeleine avec son vase de parfum, sainte Barbe avec sa tour, saint Christophe traversant une rivière portant l'Enfant-Jésus sur ses épaules ; enfin, le donateur et la donatrice, agenouillés sur des prie-dieu au bas du vitrail et présentés par leurs patrons, saint Jean et sainte Hélène. Cette vitre porte deux écussons : celui de gauche est aux armes des Rogier ; celui de droite est mi-parti des armes des Rogier et de celles des Josse (d'azur à une fleur de lys d'argent, au chef échiqueté d'argent et de gueules). Le donateur et la donatrice sont donc : Jean Rogier, sgr. du Crévy, du Clyo, sénéchal de Ploërmel en 1560, mort en cette ville, en avril 1593, et sa femme, Hélène Josse, de la Morinais, en Montauban, père et mère de François Rogier, époux d'Henriette de Kerveno, qui dut faire exécuter ces deux verrières.

CHAPELLE SAINT-ARMEL ET SACRISTIE.

La sacristie, construite vers 1460, est au-dessous de la chapelle du Crévy ; au-dessus de la sacristie est la chapelle Saint-Armel. Une arrière-sacristie fut bâtie, en 1828, à l'Est de l'ancienne, le long du mur de l'église.

La chapelle Saint-Armel forme une espèce de tribune, séparée de l'église par une balustrade en granit ajouré, et à laquelle on accède par un escalier étroit, tournant dans une tourelle. Elle renferme trois fenêtres garnies de magnifiques verrières.

La verrière au Nord est vraiment le joyau de l'église de Ploërmel. Elle se divise en huit panneaux surmontés de l'écu de Bretagne entouré de la Cordelière ; et dans les flammes de l'ogive on distingue la figure du prophète Isaïe, déroulant un phylactère sur lequel on lit : Ecce virgo concipiet et pariet ; et, dans les voussures, on lit aussi ce texte sacré plusieurs fois répété : In omnem terram exivit sonus corum.

Les huit panneaux représentent la vie de saint Armel. Pour la lire, il faut commencer par le panneau du bas, à droite :

« Cot. st. Armel pret coje de ses... » (Comment saint Armel prend congé de ses compagnons).

« … sager du Roy vint quérir saint Armel en Bretagne » (Comment le messager du Roi vint quérir saint Armel en Bretagne). Le messager présente au saint abbé une bulle sur laquelle on lit : « Armel, cy vous mande que vous veniez à moy hâtivement et je vous feré du bien largement ; et jé grant désir de vox voir et parler avecques. Et pour ce venez. Le Roy, Sildebert ».

« C. St Arm... o sa veueu grit. 1 pve. » (Comment saint Armel, en la Cour du Roi, en sa vue, guérit un pauvre).

« … » (Comment saint Armel prend congé du Roi).

« … » (Comment saint Armel prit la guivre et l'amena).

6° « Ct st Armel geta la givre en Seiche » (Comment saint Armel jeta la guivre dans la Seiche).

« Ct st Armel prêche et guérit u ladre » (Comment saint Armel prêche et guérit un lépreux).

« Coot l'ege nocia à st Armel la mort, et cot il trépassa » (Comment l'ange annonça à saint Armel sa mort, et comment il trépassa).

Ploërmel (Bretagne) : verrière représentant la vie de Saint-Armel

 

Ploërmel (Bretagne) : verrière représentant la vie de Saint-Armel

La verrière à l'Est porte, dans le panneau du milieu, une ravissante figure de la Vierge ; dans celui de gauche, saint Michel terrassant le démon ; dans celui de droite, Monseigneur de l'Espervier, évêque de Saint-Malo de 1450 à 1486 (décédé en 1493), le donateur, présenté par son patron, saint Pierre ; il est revêtu de ses ornements pontificaux et agenouillé sur un prie-dieu recouvert d'une draperie à ses armes (d'azur au sautoir engreslé d'or, brisé en coeur d'un écu d'argent, au croissant de gueules, et accompagné de quatre besants d'or). Ces armes existent encore en plusieurs autres endroits du vitrail et sur les piliers de la chapelle.

La verrière à l'Ouest ne représente plus que des fragments de personnages ; on distingue encore, au haut, les armes de Bretagne ; au milieu, sur la droite, celles des Bourgneuf, seigneurs de Malleville, par alliance en 1595 (d'argent, au sautoir de sable, au franc quartier de gueules, chargé de deux poissons d'argent rangés en fasce) ; au bas, l'écusson des Bréhault, seigneurs de la Rivière-Bréhault, de Malleville (de gueules à trois épées d'argent en pal, surmontées chacune d'un besant d'or).

AUTEL DU SACRE-CŒUR.

Autel moderne, sous la table duquel est couche une statue en cire de saint Clément. La fenêtre, à côté et au-dessus de cet autel, est garnie d'une ancienne verrière, qui porte au sommet l'Assomption, et, dans ses panneaux principaux, la mort de la Sainte Vierge. Les trois panneaux inférieurs portent un saint en costume d'archevêque, un autre saint en costume d'évêque, un rateau de fer à la main, et enfin le donateur, présenté par son patron, saint Jean. Au bas est un petit écusson aux armes de Bretagne. Cette vitre portait deux dates : 1570 et 1602.

CHAPELLE DE QUEHEON.

Cette chapelle est près du maître-autel, à droite, du côté de l'épître, et sous le vocable de saint Joseph. Elle fut construite et fondée, comme nous l'avons dit, en 1345, par Pierre du Guiny, sgr. de la Garoulaye et de Quéheon ; et reconstruite en 1521. On voit, sculptées sur les clefs des voûtes, les armes des Bréhault, sgr. de la Garoulaye de 1596 à 1608 (de gueules à trois épées d'argent en pal, surmontées chacune d'un besant d'or), et celles des Charpentier, sgr. du Clyo, en 1530 (de sable à deux épées d'argent en sautoir). Là étaient le banc et l'enfeu des seigneurs de Quéheon, où l'on inhuma, en 1746, Henry Fabrony, sgr. de la Garoulaye, et, en 1785, Jacques-Thomas Picaud, sgr. de Quéheon, de Morgan et d'Hardoin.

Cette chapelle était éclairée par deux verrières : celle du fond, à l'Est, portait encore, en 1864, dans le panneau du milieu, à côté de vitres blanches, le crucifiement, avec saint François au pied de la Croix. Elle est garnie actuellement d'un vitrail moderne, représentant des scènes de la vie de saint Joseph. La verrière de la fenêtre au Sud est moderne, elle représente des scènes de la vie de saint Yves, et a été donnée par M. Alexis Peschard et Mme Lorieux, à l'occasion du baptême d'une cloche.

CHAPELLE DE MALLEVILLE.

Cette chapelle, sous le vocable de sainte Anne, est située dans le transept à droite ; elle avait été « fondée par les châtelains de Malleville, qui y avaient un enfeu, deux bancs avec accoudoirs, et leurs armes à la maîtresse vitre derrière l'autel Sainte-Anne » (déclaration de 1680). Un chapelain spécial, à la présentation du seigneur de Malleville, était attaché au service de cette chapelle. Là, fut inhumé, en 1752, Alexandre le Sénéchal de Carcado, âgé de 11 ans, petit-fils de Louis-René-Alexis, marquis de Carcado, et de Marguerite de Boisgelin, de Malleville. Ce fut dans cette chapelle que fut placé, en 1821, le tombeau des ducs de Bretagne, transféré en 1895 dans la chapelle du Crévy. L'autel en bois sculpté est moderne ; on remarque sous sa table un magnifique reliquaire ancien en bois doré.

Cette chapelle était éclairée par trois fenêtres, qui ne portaient plus, en 1860, que des fragments de vitraux et des écussons aux armes et alliance des Bréhault et des Bourgneuf (Claude de Bréhault, sgr. de Malleville, époux, en 1595, de Marguerite de Bourgneuf, de Cucé). Les vitraux existants ont été placés vers 1872. Celui de la fenêtre au-dessus de l'autel Sainte-Anne, au Sud, retrace des scènes de la vie de saint Gaëtan, et porte en bas les écussons de ses donateurs, le marquis Marc-Antoine de la Boëssière, châtelain de Malleville, époux de Françoise-Ghislaine de Thiennes, et leur fils Gaëtan, époux de Henriette de Lannoy. Celui de la fenêtre à l'Est représente des scènes de la vie de sainte Elisabeth. Il porte au bas les écussons des du Rocher du Quengo et des Henry du Quengo (don de Mlle. Zoé du Rocher du Quengo, fille de dlle. Henry du Quengo). Celui de l'Ouest représente des scènes de la vie de saint Paul ; il a été donné par Mgr. Guillou.

AUTEL SAINT-JEAN.

Cet autel n'existe plus. En 1694, Jean Richard, sgr. de Morfouace, de la Ville-Martel, demanda par son testament que trois messes par semaine fussent célébrées pour lui et sa famille, à cet autel, qu'il fonda de 60 livres de rentes. Il était au-dessous de la fenêtre garnie d'un vitrail moderne, qui représente les scènes de la vie de la bienheureuse Françoise d'Amboise, et porte au bas l'écusson en alliance des Préaudeau et Anger de Kernisan, et ceux de Mgr. Bécel et de Mgr. Nogret, évêque de Saint-Claude.

Il existe encore six autres verrières dans la cathé­drale de Ploërmel.

Celle au bas de l'église, à l'Ouest, est moderne ; elle représente des scènes de la vie de saint Jean-Baptiste, et a été donnée, en 1868, par le curé de Ploërmel, l'abbé Lagrée.

La verrière au-dessus, au Nord, portait encore, en 1862, un vitrail que décrit ainsi M. Ropartz, dans sa Notice sur Ploërmel : « Cette belle verrière, du plus beau style du XVIème siècle, porte au sommet les armes de Bretagne, entourées de la cordelière ; on y voit sous un riche dais d'or la Sainte Vierge et sainte Anne, accompagnées des membres de la sainte Famille : saint Joachim, saint Joseph et saint Jean Baptiste, dont les noms sont écrits sur des phylactères ». — Il n'existe plus rien de ce beau vitrail, qui a été remplacé par une verrière moderne, représentant, en haut, le Christ bénissant les petits enfants, et, au bas, la fondation de l'Institut des Frères de l'Instruction chrétienne, et les armes de l'abbé J.-M. de la Mennais.

Les deux verrières au-dessus du porche Nord sont anciennes. Celle de gauche représente, au sommet, la Résurrection ; et, dans les panneaux principaux, le crucifiement, au centre, et, au bas, saint Marc, saint Luc et saint Mathieu, ce dernier présentant le donateur, agenouillé et vêtu d'une longue robe de velours fourrée. Celle de droite, remarquable par la beauté du dessin et la richesse du coloris, représente la Pentecôte. Au bas, et mêlé aux Apôtres, on voit le donateur agenouillé ; il est vêtu, comme le précédent, d'une robe fourrée et présenté par son patron saint Yves, en costume d'official. Au bas de ce vitrail, on lit : « l'an M.C.xxxxXXXIII (1533), Yvon Audran a doné ceste vitre, Dieu luy pardoing ». On prétend que cette verrière avait été donnée, en expiation du meurtre de son frère, par Yves Audren, sgr. de Malleville et des Petits-Prés.

La fenêtre au-dessus du maître-autel est moderne et représente l'Assomption et le Couronnement de la Sainte Vierge.

La fenêtre au-dessus du portail du Sud a été restaurée et presque entièrement refaite en 1865 ; elle porte dans le vitrail l'arbre de Jessé (M. de Bellevue).

 © Copyright - Tous droits réservés.