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L'Etang-au-Duc : Ce magnifique étang, ou plutôt ce lac, de trois lieues de tour, est formé par la rivière du Duc, dont l'une des sources est la fameuse fontaine de Baranton. La légende raconte qu'il dut sa création à une gageure d'amoureux, et que la chaussée aurait été construite au XIIème siècle par un duc de Bretagne.

Toujours est-il que l'Etang-au-Duc et sa chaussée appartenaient avec les moulins, dès le XIIIème siècle, aux Bénédictins de Saint-Gildas de Rhuys, qui en avaient donné la jouissance à ceux de Saint-Nicolas de Taupont. Par une charte, en date du mois d'avril 1257, « les religieux de Saint-Gildas de Rhuys cédèrent, contre le droit de coutume de la foire de la Clarté, en la paroisse de Lauzac'h, au duc de Bretagne, Jean Ier, lequel possédait déjà un château près de la chaussée de l'étang (manoirde Saint-Malo), les moulins à eau au-dessous de la chaussée, se réservant le droit de pêche en cinq endroits de la dite chaussée, et le droit de mouture franche aux dits moulins ». Le droit de pêche resta la propriété des Bénédictins de Taupont jusqu'à la Révolution, et fut acheté, le 12 mars 1791, paie M. Le Gouësbe, moyennant 410 l. Quant au droit dit « des Mouteaux de Taupont », il occasionna au XVIIIème siècle plusieurs procès entre les moines et les châtelains de Lambilly, alors propriétaires des moulins et locataires de la pêche de l'Etang-au-Duc.

Depuis 1257, l'étang, avec les moulins et le manoir de Saint-Malo, continuèrent à faire partie du domaine ducal, puis royal de Bretagne. Le manoir de Saint-Malo, à 300 mètres à l'Est de l'étang, appartenait au XIVème siècle aux Rohan, qui le cédèrent en 1432 aux Keradreulx, lesquels le vendirent en 1480 aux Salmon. Il vint, par alliances, des Salmon aux Beysit en 1585, et aux Guillot en 1609, puis aux Dumay, qui le vendirent en 1677 aux Dames Ursulines de Ploërmel. Vendu nationalement en 1793, il appartient vers 1909 aux Mesnil.

Le 8 janvier 1688, le Domaine Royal vendit à Pierre de Lambilly « les moulins, tant à grains qu'à fouler », non compris le fond et la pêche de l'Etang-au-Duc, moyennant une rente annuelle de 1410 l., l'obligation de les entretenir ainsi que la chaussée, et l'engagement de maintenir les droits de mouture franche, dont jouissaient les Bénédictins de Taupont et les Carmes de Ploërmel. En 1721, les Lambilly versèrent au trésor royal une somme de 17.880 l. pour se libérer de la rente de 1410 l. Ils conservèrent jusqu'à la Révolution la propriété des Moulins, qu'ils affermaient alors 3.000 l., plus 500 anguilles, par an.

Le droit de pêche de l'Etang-au-Duc continua à appartenir au domaine royal. Il fut affermé successivement à différents particuliers. Il avait pour locataires en 1646, alternativement le vicomte de Loyat et le châtelain de Lezonnet. Le premier jouissait de la pêche, chaque mois, du 9 au 16 et du 24 au 30 ; le second, du 1er au 9, et du 16 au 24. En 1656, le vicomte de Loyat sous-afferma sa location à Pierre Perret, sgr des Croslais ; et le châtelain de Lézonnet, la sienne à François du Beysit, sgr du Bignon. Enfin, en 1730, le marquis de Lambilly loua, moyennant 100 l. par an, la pêche de tout le grand étang, que les Lambilly conservèrent jusqu'à la Révolution. Devenu alors bien national, l'Etang-au-Duc, fond, eau et pêche, avec les sept moulins, qui s'étageaient sous la chaussée, fut vendu vers 1868 au marquis de la Bouëssière, châtelain de Malleville et de Lézonnet, qui en est propriétaire en 1909.

(Marquis de Bellevue).

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