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LA COMMUNAUTÉ DES PRÊTRES DE CHŒUR DE SAINT-ARMEL A PLOËRMEL.

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La paroisse de Ploërmel a toujours été très étendue. Avant la révolution, outre l'église paroissiale et les chapelles des communautés religieuses, il y avait huit chapelles frairiennes où l'on disait la messe tous les dimanches [Note : Archives municipales. — Délibérations de la communauté de ville, registre n° 15, folio 1. Supplique à l'évêqne de Saint-Malo pour un collège]. Pour ce service un grand nombre de prêtres était nécessaire ; aussi les notables de la cité, soucieux des intérêts spirituels, autant que des intérêts matériels de leurs concitoyens, se préoccupèrent-ils de bonne heure de cette question, et, dès le début du XVIIème siècle, d'accord avec l'évêque de Saint-Malo, duquel relevait alors Ploërmel, ils créèrent une sorte de collégiale composée de dix prêtres séculiers, que l'on désignait sous le nom de Communauté des prêtres de chœur de Saint-Armel.

L'acte de fondation est du 20 mars 1617 (A. M. délibérations, reg. n° 8, fol. 95). Malheureusement les archives municipales et départementales ne nous ont conservé que la date de cette fondation ; l'acte lui-même a disparu dans la tourmente révolutionnaire, et il ne nous reste de cette institution que les détails contenus çà et là dans les délibérations de ville de Ploërmel. C'est à l'aide de ces détails que nous allons l'étudier. Le but de cette fondation fait honneur à nos ancêtres et montre combien grandes étaient leur foi et leur piété. Une communauté de dix prêtres de chœur est « établie dans l'église Saint-Armel pour y célébrer tous les jours une grand'messe et vêpres ». Ainsi s'expriment plusieurs délibérations de la communauté de ville, et notamment celles du 7 novembre 1738 et du 20 mai 1742 (A. M. reg. n° 8, fol. 52 et 92).

Par ailleurs ces prêtres accomplissaient les divers services paroissiaux, remplissaient les fondations pieuses faites par les fidèles, et le dimanche se dispersaient dans la campagne pour dire la messe et faire le catéchisme aux chapelles frairiennes.

Au nombre de ces dix prêtres était compris le Recteur de la paroisse. Nous avons en effet entre les mains un carnet de quittances pour une fondation faite par Jean Richard. Dans ce carnet, qui va de 1726 à 1761, nous retrouvons les noms des prêtres attachés à l'église Saint-Armel, et il n'y a jamais plus de dix signatures en comptant celle du recteur, celui-ci faisait donc partie de la communauté fondée en 1617. Mais son élection échappait aux habitants de Ploërmel ; d'après M. Guillotin de Carson (Pouillé de l'Archevêché de Rennes, I. 717) il était nommé à l'alternative par le Pape et par l'Evêque de Saint-Malo.

Les autres prêtres devaient être choisis par les « nobles, bourgeois et habitants » de Ploërmel (A. M. reg. n° 10, fol. 77), mais ce choix ne leur donnait aucune juridiction spirituelle. Ne pouvant convoquer tout le monde, pratiquement ces élections se faisaient par les deux premiers corps de la ville réunis : la communauté de ville, et le général de la paroisse. En 1755, le maire déclare cette participation de la communauté de ville « immémoriale, non interrompue, reconnue par le général et MM. les juges qui en font partie pour y avoir toujours assisté » (A. M. reg. n° 10, fol. 77).

Les assemblées électorales avaient lieu au « jubé ou vieux chœur » de l'église Saint-Armel, au-dessus de la sacristie, quelquefois dans la sacristie. Elles se tenaient en présence du sénéchal et du procureur du roi : ainsi le 30 juillet 1701, le recteur veut surseoir à une nomination jusqu'au retour de ces personnages qui étaient alors aux Etats (A. M. reg. n° 3, fol. 7-8).

Elles étaient présidées ordinairement par le sénéchal, à son défaut, par le recteur, l'alloué ou le maire. Il s'élevait parfois des contestations entre ces personnes au sujet de la préséance. Le 7 novembre 1738, l'assemblée était présidée par l'alloué, et en signant le registre, le recteur, alors M. René Pogam, fait suivre son nom de ces mots « sans approbation de la présidence déférée » (Reg. n° 8, fol. 52).

Quelques années plus tard, le 20 mai 1742, l'assemblée fut présidée par M. le Recteur « du consentement de MM. Tuault, sénéchal, et de la Quérantonnais, maire, attendu la contestation de ces deux derniers sur la présidence, le tout sans préjudice aux droits des parties et sans afaire à la dite contestation » (Reg. n° 8, fol. 92).

Plus on avance dans le XVIIIème siècle, plus on voit la prédominance du maire, et les dernières élections que mentionnent les registres sont présidées par le maire.

Les assemblées devaient être annoncées « pour la communauté de ville par le son de la cloche, et pour le général par deux publications faites dans les formes et délais prescrits par les règlements » (Reg. n° 10, fol. 77). La perte de l'acte de fondation nous laisse dans l'ignorance en ce qui concerne ces formes et ces délais, mais nous savons par les procès-verbaux d'élection ce qui se passait. Quand un prêtre de chœur décédait, dès le lendemain la cloche sonnait pour appeler à l'assemblée ceux qui devaient y siéger. Le fabrique en charge annonçait aux membres présents le but pour lequel ils étaient réunis, et leur demandait de choisir un successeur au prêtre défunt.

Quand les électeurs n'étaient pas en nombre suffisant pour délibérer, ou quand il ne se présentait aucun candidat, l'affaire était renvoyée à une assemblée ultérieure.

Les voix étaient recueillies par billets, qui étaient remis au président (A. M. reg. n° 10, fol 78) ; s'il y avait plusieurs candidats, celui qui réunissait le plus de voix était déclaré élu. Ce fut le cas le 17 juin 1722 (A. M. reg. n° 5, fol. 36). A l'assemblée tenue ce jour « le sr Bertrand de la Croix, fabrique en charge, a remontré à la communauté que Messire François Banifeville, l'un des prêtres de chœur de l'église paroissiale de cette ville de Ploërmel, étant décédé et ayant été enterré ce jour, il vaque par son décès une place de prêtre de chœur dans la dite église, comme il est nécessaire d'en nommer un dans sa place, pourquoy il requiert à Messieurs de la communauté assemblée pour cet effet en l'église dût dit lieu en la manière accoutumée après l'avertissement fait faire par le dit fabrique ce jour 17 juin, 1722 par le son de la cloche ordinaire.
Sur quoi la communauté délibérant sur les deux sujets qui se sont présentés qui sont MMres Mesnage et Métheyer, prêtres, à la pluralité des voix de 12 contre 10 ont nommé pour prêtre de chœur le dit sr Mesnage, parce qu'il remplira les fonctions conformément aux statuts et fondations. Au nombre desquels délibérants qui ont nommé le dit sr Mesnage : MM. Jossin, doyen des prêtres en l'absence de M. le Recteur, Desgrée, sénéchal, Baron, alloué, Le Goaesbe, procureur du roy, Charpentier de Gourhel, doyen de la noblesse, de la Tronchaye le Chevallier, Richart de Morfouace, Fablet du Pâtis, Baron le père, Robert, Thomas et Bertaut lesquels signent ci-après, et à l'égard des voix données au sr Métheyer sont les ci-après nommés au nombre de 10 : MM. Charpentier, Lieutenant, du Chesnevert Houet, Perret, fabrique, Dumay, Penhouet-Bouczo, le sr de Tamlé Gouro, un des gentilshommes, Duquercron, Le Songeux, Desaince-Quéneau et Maillart, lesquels se sont retirés après avoir refusé de signer. En conséquence le sr. Mesnage a été élu pour prêtre de chœur au lieu et place du dit feu sr Banneville »
.

Enfin le résultat de ces élections devait être transcrit sur le registre de la communauté de ville, et signé par le prêtre élu. Sur ce point nous avons la délibération du 22 février 1713 (A. M. reg. n° 4, fol. 31). « Messire François Le Clerc a remontré que le 8 du présent mois la communauté de la paroisse s'étant assemblée pour élire un prêtre de chœur au lieu et place de feu Messire Yves Rocher, il aurait eu le bonheur d'avoir le suffrage des principaux habitants qui l'auraient nommé au lieu et place du dit feu Rocher, mais comme le greffier de la communauté se trouva absent sans en avoir le sujet, le requérant, sur le défaut de représentation du présent registre, fit rapporter la nomination par forme de procès-verbal, qui dans la suite aurait pu être querelle, ce qui l'a forcé de présenter sa requête à la cour pour faire commander au dit greffier de représenter son dit registre et d'y faire rapporter sa nomination ; sur laquelle requête est intervenu arrêt le 14 de ce mois, conforme à ses conclusions, et aux fins duquel cette assemblée s'étant faite après le son de la cloche, il requiert que MM. les recteur, sénéchal et autres nobles bourgeois et habitants aient la bonté de sàuscrire derechef à sa présente nomination ».

De cette déclaration il résulte que Messire Le Clerc considère l'inscription de son élection aux registres de la communauté de ville comme une simple garantie de son droit, comme un acte qui doit enlever tout sujet de contestation, de querelle, mais non comme une condition sine qua non de la validité de son élection. Si de ce texte nous rapprochons le procès-verbal du 20 mai 1742, où il est dit que le sénéchal « protesta d'abus en ce que les nominations des prêtres de chœur sont rapportees sur le registre de la communauté, cet usage étant opposé à l'acte de fondation de la prêtrise de chœur » (A. M. reg. n° 85 fol. 92), nous sommes portés à croire que cette inscription sur les registres de la communauté n'était pas prévue dans l'acte de 1617, et que l'usage dut s'en introduire, quand on décida de confier l'élection aux membres du général et de la communauté de ville.

Les candidats devaient être prêtres, et c'est par exception que, le 11 juin 1746, on nomme un sous-diacre, le sr Josse, condition qu'il se fera remplacer pour les obligations qu'il ne pourra remplir.

Dans tous les procès-verbaux d'élections, les prêtres élus sont qualifiés « prêtres de cette ville ». Ne pouvaient être choisis que les prêtres originaires de Ploërmel, ou ceux qui étaient amenés à demeurer dans cette ville par suite des bénéfices qu'ils obtenaient.

Le chapelain des Ursulines, et celui de l'hôpital pouvaient en même temps être prêtres de chœur de Saint-Armel : en 1740, Mre Pierre Trégouet est en même temps prêtre de la communauté de Saint-Armel et directeur des Ursulines (Arch. mun., casier 4, Confrérie des agonisants). Mais comme leur ministère les aurait empêchés de remplir les obligations imposées par la fondation, souvent ils n'en faisaient pas partie. Ainsi le 21 mai 1733 (Reg. n° 7, fol. 45), Messire Joseph Mesnage donne sa démission de prêtre de chœur, parce qu'il vient d'être nommé directeur des dames Ursulines.

Les prêtres qui obtenaient des lettres de curé, nous dirions aujourd'hui les vicaires, pouvaient aussi faire partie de la communauté des prêtres de Saint-Armel. Dans le livret de quittances signalé plus haut, après la signature du recteur, nous trouvons celle de François Le Clerc, avec cette addition « curé ».

Il n'y avait entre les membres de cette communauté d'autre préséance que celle qui résultait de la date de leur nomination. Nous avons bien trouvé deux fois le nom de « doyen des prêtres » et notamment dans la délibération du 17 juin 1742, que nous avons citée précédemment, ce titre est donné à Messire Jossin ; mais il est probable qu'il ne s'agit là que d'un doyen d'âge. Quand il fallut remplacer Messire Jossin, on ne lui donne plus ce titre (A. M. reg. n° 9, fol. 7), et la nomination d'un véritable doyen, ayant autorité sur les autres membres, eût laissé quelques traces dans les archives. Si quelque prêtre commandait aux autres, il est plus naturel de penser que c'était le recteur de la paroisse, la communauté des prêtres de chœur n'ayant d'autre but que de l'aider à accomplir le service divin dans son église paroissiale.

***

Parmi ces prêtres de chœur il en est un qui mérite une mention spéciale, et dont les fonctions demandent une étude plus étendue : nous voulons parler du sacriste de l'église Saint-Armel.

A dire vrai, la charge de sacriste était antérieure à la constitution de la communauté des prêtres de Saint-Armel ; les instructions qui la concernaient dataient du 27 avril 1614 (Reg. n° 5, fol. 87). Lorsque survint la fondation de 1617, cette charge fut réunie à la communauté, et confiée à l'un de ses membres. Cependant il était toujours permis de choisir un sacriste en dehors des prêtres de chœur, cela se voit en 1692 (Reg. n° 2, fol. 64) ; et en 1726 ( Reg. n° 5, fol. 87) ; mais dans ce cas le prêtre élu avait droit à la première place vacante. Ainsi Messire J. F. Bouczo, nommé sacriste en 1692, fait valoir ses droits devant l'assemblée de paroisse le 30 juillet 1701 (Reg. n° 3, fol. 7-8), et soutient que, en vertu de l'acte de fondation, la place laissée libre par le décès de Messire Bourdon lui appartient.

Le sacriste était nommé comme les autres prêtres de chœur, et le procès-verbal de son élection était transcrit sur les registres de la communauté de ville. Il pouvait démissionner tout en restant prêtre de chœur de Saint-Armel, et sa démission était insérée sur les mêmes registres (Reg. n° 5, fol. 86 ; reg. n° 6, fol. 2-3 ; reg. n° 10, fol. 76).

Outre les obligations communes à tous les prêtres de la communauté de Saint-Armel, obligations que nous indiquerons bientôt, le sacriste avait des devoirs spéciaux. Les voici tels que nous les trouvons inscrits sur les registres des délibérations de la communauté de ville à la date du 14 avril 1726 (A. M. reg. n° 5, fol. 87).

« Le sacriste se chargera des ornements et meubles servant à l'église par inventaire et de quelle valeur qu'ils puissent être, et baillera caution pour la somme de 1.000 livres et prendra demeurance dans l'enclos de la dite ville, quel inventaire à chaque changement de trésorier sera rempli ou augmenté s'il a été donné quelque chose, ou diminué, et aura une clef tant du sanctuaire et des fonts outre celles de la dite église et sacristie.

L'église sera ouverte depuis Pâques jusqu’à la Toussaint à 5 heures et fermée à 6 heures du soir, et à l'issue des messes la porte vers midi fermée, et entre la Toussaint et Noël la dite église ouverte à 7 heures du matin et fermée à 5 heures du soir.

A l'ouverture et à la fermeture de la dite église et à midi sera sonnée la cloche en mémoire de la salutation de la Sainte Vierge, sera la lampe entretenue d'huile et de mèche jour et nuit incessamment selon le salaire et gage qui lui sera accordé.

Le grand autel à chaque dimanche sera réparé de nappes blanches, et les autres autels de mois en mois s'en trouvant à ce commodes et blanches pour le faire, et garnira la chapelle de chasubles, aubes, étoles, cannons et livres, calices, corporaux et choses nécessaires qui sont dans la dite sacristie, même les courtines au côté du grand autel, s'en trouvant en la dite sacristie, fournira de pain pour la communion à Pâques, aux jours de Saint-Armel, aux prêtres hors paroisses qui viendront célébrer, tiendront les cierges du sr recteur allumés pendant la grand'messe, vespres, matines et autres temps que le dit recteur en fournit, fournira d'eau pour faire l'eau bénite et aux fonts, sonnera et fera sonner toutes sonneries requises et accoutumées comme à matines, grand'messe, procession, prédication, vespres, pardon, et fournir des cordes aux cloches, et pour le premier des grand'messes et vespres sonnera la seconde cloche, pour le second la seconde plus petite, et pour le dernier les trois, et tendront la chère du prédicateur quand il y aura sermon.

Bailleront la dite église une fois le mois, et outre les veilles de fêtes de Chandeleur, Pâques, l'Ascension, Saint-Armel, Toussaint, Noël, et épousseteront les images et ôteront les araignées, couvriront et découvriront les images en Carême.

Sera tenu de garder et attirer les livres de chant, et le papier des défunts dont on fera marque certaine qu'ils délivreront de mois en mois au trésorier. Montrera la place de la sépulture, et donnera avis au trésorier afin d'être payé des enfeux, et fera aux héritiers de ceux qui auront été inhumés réparer la place qui aura été ouverte, et dressera les ossements au reliquaire.

Outre fournira de vin, d'eau et d'herbes pour le sacrement des autels de la dite église au jeudi absolu.

Et au cas d'omission aux dites conditions les trésoriers les faisant rabattre sur les gages dudit sacriste ce qu’ils auront déboursé.

Aura deux sols par chaque sermon et attirera les reliques, et cinq sols par chaque service outre son salaire ordinaire, s'il est homme d'église, attendu qu'il attire la chape et chasuble des messes et délivrance de la Croix et droit mortuel, et pour devoir de sonnerie tant par dépense qu'autrement seize sols de ceux qui feront faire service et sonner.

Et à la fin de chaque année la somme de trente-six livres par les trésoriers qui sont en charge, le tout conformément aux ordonnances de Monseigneur de Saint-Malo ».

Avec le temps ces instructions se modifièrent un peu, ainsi en 1726, les délibérations font remarquer que l'usage s'était établi pour le sacriste de ne plus fournir l'huile et la mèche de la lampe du sanctuaire, et le trésorier ne lui payait plus les 36 livres marquées comme traitement (A. M. reg. n° 5, fol. 87).

***

Étudions maintenant les obligations communes à tous les prêtres de chœur. En vertu de l'acte de fondation ils étaient, croyons-nous, tenus à deux choses : dire un certain nombre de messes, et assister assidument au chœur.

La première obligation nous est indiquée par le procès-verbal de l'élection du sr Josse, sous-diacre. Celui-ci est élu « à condition qu'il fera desservir les messes jusqu'à ce qu'il ne soit pourvu à l'état de prêtrise » (Reg. n° 9, fol. 31-32). Il s'agit là évidemment des messes demandées par l'acte de fondation, messes auxquelles il était tenu par le fait même qu'il touchait les émoluments, et non d'autres messes dont on ne pouvait pas lui faire obligation puisqu'il n'était pas prêtre. Combien de messes chacun d'eux devait-il célébrer ? Nous ne le savons pas. Peut-être la grand'-messe chantée tous les jours était-elle réservée par la fondation ? C'est une hypothèse que nous faisons, mais nous n'avons rien pour la soutenir.

L'autre obligation est plus claire, et, comme pour les chanoines, son omission était soumise à certaine peine. Le 7 novembre 1738 Messire Bouczo est élu prêtre de la communauté de Saint-Armel, à condition de souscrire « d'être assidu à assister à la grand'messe et aux vêpres conformément à la fondation et établissement de la dite communauté et sous les peines y portées » (A. M. reg. n° 8, fol. 52). Ces peines consistaient probablement en une amende pécuniaire à retenir sur les émoluments du défaillant.

Pour remplir ces obligations, les prêtres de Saint-Armel devaient habiter la ville de Ploërmel. Le recteur et les vicaires avaient à leur disposition le presbytère dans l'emplacement où il existe encore aujourd'hui.

Il y avait aussi dans la rue des Patarins une maison dite « des prêtres de la communauté de Saint-Armel ». Cette maison appartenait en 1628 à Messire Pierre Jarno ; en 1645, à Messire Jean Crouzil ; en 1660, à Messire Guy Bocquého ; en 1679, à Messire Yves Gaudaire, tous dits prêtres de chœur et communauté de Ploërmel (Note fournie par M. de Bellevue). Tous les prêtres de chœur vivaient-ils en communauté dans cette maison ? Nous ne le croyons pas. Nous voyons en 1742 Messire Mathurin Havart habiter au faubourg Grimaud, et donner en mourant sa maison à l'hôpital [Note : Archives municipales hospitalières, série D, testament de Mre Havart, daté du 10 octobre 1742] ; un autre demeurait au haut de la rue Roulleau ; le chapelain de Malleville occupait en 1679 l'hôtel de Malleville. Notre avis est donc que ces prêtres habitaient un peu partout en ville. Cette maison de la rue des Patarins était à la disposition de l'un d'entre eux ; elle avait dû être donnée primitivement par quelque personne charitable ou par un prêtre de la communauté, et le titulaire en transmettait en mourant la propriété à un autre.

Dans ses travaux sur Ploërmel, M. le marquis de Bellevue nous apprend que la communauté de Saint-Armel était très riche. Ses revenus atteignaient 14.500 livres en 1774. Mais il est probable que dans ce chiffre étaient compris les revenus des fondations pieuses faites dans l'église Saint-Armel, car la paroisse ne donnait qu'un revenu assez faible. Ce revenu était de 680 livre pour les dix prêtres, sans compter les émoluments du sacriste [Note : A. M. reg. n° 10, fol. 95. — Cette somme était payée sur les fonds du général de la paroisse. Aux archives départementales du Morbihan, série G, existent les comptes de gestion d'un sr Duportal, fabrique de l'église Saint-Armel, en 1777-1778. Dans ces papiers, on trouve les quittances de l'argent versé aux prêtres de la communauté].

Peut-être suffisante en 1617, cette somme ne l'était plus au milieu du XVIIIème siècle par suite de la dépréciation de la livre. Aussi en 1733 (Reg. n° 7, fol. 45) il y a deux places libres, et personne ne se présente pour les remplir ; en 1746 (Reg. n° 9, fol. 31) on nomme un sous-diacre parce que les prêtres capables de remplir l'office n'en veulent pas. Les bourgeois de Ploërmel ne se dissimulent pas les causes de ce peu d'empressement ; ils savent qu'il n'y a pas de candidats « parce que la rétribution est insuffisante », et ils décident le 23 mai 1733 que le fabrique en charge demandera à Mgr l'évêque de Saint-Malo « de réduire le nombre de dix prêtres à sept, et que la rétribution des trois prêtres sera augmentée aux sept qui resteront » (Reg. n° 7, fol. 45).

En 1756, le maire proposa d'aller encore plus loin. Il demanda à la communauté de se transporter à l'église pour nommer un prêtre de chœur « si mieux elle n'aime laisser la place vacante dont le profit sera partable entre les neuf autres prêtres de la communauté à la charge du service, jusqu'à ce que le nombre des prêtres ne soit réduit à quatre, dont deux seraient nommés chantres, et les deux autres diacre et sous-diacre à la charge de remplir entre eux quatre toutes les obligations et de desservir la fondation. Le service divin se ferait avec plus de décence et de cérémonie, et la somme de 680 livres, partable entre quatre, pourrait permettre à MM. les prêtres de remplir leurs obligations, le tout sous le bon plaisir du seigneur évêque de Saint-Malo » (Reg, n° 10, fol. 95). La communauté ne voulut pas entrer dans les vues du maire, et continua, comme par le passé, à élire des prêtres de chœur, mais ces détails montrent que les revenus assignés par la fondation de 1617 n'étaient plus à cette époque en rapport avec les obligations imposées.

***

Nous avons dit plus haut, à propos de la présidence de l'assemblée de paroisse, que plus nous avancions, dans le XVIIIème siècle, plus nous constations la prédominance du maire. Est-ce cette prédominance qui déplut à certaines personnes ? Nous ne le savons pas. Toujours est-il qu'un conflit éclata entre le général et la communauté de ville à propos de l’élection des prêtres de chœur de Saint-Armel.

Ce conflit commença en 1755, à la démission de es Messire Jean Guymart comme sacriste de l'église Saint-Armel.

Le 2 avril 1755 (A. M. reg. n° 10, fol. 77), à l'assemblée des nobles bourgeois et habitants de Ploërmel, tenue en la manière et au lieu accoutumés « Monsieur le Maire expose que la communauté est en droit de nommer et procéder aux élections des prêtres de chœur et sacriste de cette ville et paroisse de Ploërmel, non seulement par le titre de fondation des prêtres de communauté, qui en donne l'élection aux nobles bourgeois et habitants, mais même par une possession immémoriale et non interrompue, possession reconnue par le général et MM. les Juges qui en font partie pour y avoir toujours assisté et nommé concurremment avec la communauté, sur le registre de laquelle communauté les démissions ont toujours été faites, et les élections et nominations aux places vacantes insérées, après avoir convoqué la communauté par le son de la cloche, et le général par deux publications faites dans les formes et les délais prescrits par les règlements. Cependant M. le Procureur de cette juridiction, qui ne doit pas ignorer les règlements, non plus que le droit de la communauté, ayant lui-même assisté à l’élection d'un prêtre de chœur dont la nomination fut faite par la communauté, s'est avisé de faire assembler le général de cette paroisse le jour d'hier, sans observer aucune des formalités prescrites par les arrêts et règlements, notamment par ceux des 17 février 1703 et 28 mai 1706, fait procéder à la nomination d'un sacriste de la paroisse Saint-Armel de cette ville, malgré que la démission du sacriste à remplacer soit faite à la manière accoutumée sur le registre de la communauté de cette ville, ce qui est une innovation qui ne peut avoir pour objet que la brigue et le tumulte qui se font dans les assemblées, lorsqu'il s'agit de procéder à l'élection et nomination d'un officier dans une place vacante. Ce sont ces motifs qui ont occasionné les arrêts et règlements auxquels le sr procureur du Roi de cette juridiction a contrevenu, il est intéressant pour la communauté qui n'a jamais pensé à anticiper sur les droits du général en procédant aux nominations, qui s'est toujours transportée en corps politique à l'église après avoir fait sonner la maison de ville pendant une demi-heure consécutive, qui ne s'est jamais comportée qu'avec décence, et qui n'a jamais agi secrètement ni à la sourdine pour procéder aux élections, où ceux qui composent le général ont toujours assisté et n'ont jamais été exclus de leurs voix, de se pourvoir contre la délibération du jour d'hier qui n'a d'autre objet que d'anticiper sur des droits si bien acquis à la maison de ville. Ainsi il croit qu'il serait à propos de demander à Mgr l'Intendant la permission de se pourvoir contre cette délibération, et, attendu la célérité du fait, de nommer quelqu'un de la communauté pour se transporter à Rennes et solliciter l'agrément de Mgr l'intendant pour la communauté, et ensuite consulter trois avocats tels qu'il lui plaira choisir, suivant l'avis desquels la communauté se conformera pour l'instruction de la procédure contre le général de cette paroisse, et, afin qu'on justifie de plus en plus le droit de la communauté, qu'il soit descendu aux archives à l'issue de la maison de ville pour y prendre des extraits en forme des anciens registres ».

La requête fut présentée. Mgr l'Intendant permit de procéder contre le général, et les avocats déclarèrent que, si la communauté laissait le général faire quatre élections sans opposition, cela suffirait pour rendre douteux le droit de la communauté, ou même par le lui faire perdre tout à fait.

L'affaire en resta là, et les années suivantes les nominations se font normalment. Cependant il y avait toujours, un peu d'animosité entre les deux premiers corps de la cité, et pour rétablir l'union, le 18 octobre 1758, le maire, M. de la Querantonnais, propose à la communauté d'énvoyer « des députés à MM. les Juges pour les engager à choisir un arbitre sur les différends tant pour la nomination d'un sacriste que pour les prêtres de chœur, parce que la communauté en choisira un, et qu'aussi il sera appelé un tiers aux dépens du corps qui aura tort en cas que les deux arbitres ne s'accordent pas » (A. M. reg. n° 11, fol. 37).

Les membres présents n'étant pas en nombre suffisant, la question fut renvoyée sans être solutionnée.

L'habitude pourtant se prenait de ne plus consulter la communauté de ville pour nommer les prêtres de chœur de Saint-Armel, car, à partir de 1758, nous ne trouvons plus sur ses registres de délibérations aucun procès-verbal d'élection. Nous savons, au contraire, par une déclaration de M. Mahot de la Quérantonnais, fils du précédent, datée du 2 février 1764 (Reg. n° 11, fol. 122), que le général seul venait encore de nommer le sr Laval prêtre de chœur. Après cette déclaration, le maire reçut mission de poursuivre l'affaire, et de l'activer auprès du sr Le Minihy, procureur de la communauté.

Comment fut réglé ce conflit ? Les documents nous manquent pour le dire d'une façon certaine. En tout cas, le silence que gardent les registres de la communauté semble indiquer que la question fut réglée contre elle, et que, depuis cette époque, le général s'attribua seul l'élection des prêtres de chœur.

***

Telle était la communauté des prêtres de chœur de Saint-Armel, autant que nous avons pu la reconstituer en l'absence de l'acte de fondation.

Cette communauté n'était pas une réunion de prêtres vivant en commun comme des religieux. Ce n'était pas non plus un chapitre, quoique le titre de chanoine soit donné en 1664 à l'un de ses membres dans les registres paroissiaux de Gourhel. C'était un simple collège de chapelains élus par les notables de la cité, et salariés par eux pour chanter tous les jours les louanges de Dieu, et aider le recteur dans le service de la paroisse.

L'acte du 20 mars 1617 n'était en définitive qu'une fondation pieuse de la ville et paroisse de Ploërmel, et le fait d'être choisi par la communauté et le général ne donnait aux prêtres aucune juridiction spirituelle ; sous ce rapport, ils dépendaient uniquement de Mgr l'évêque de Saint-Malo.

 

Liste des prêtres de chœur que nous avons pu retrouver.

— Charles Tayart, recteur de Ploërmel, de 1617 à 1655.

— Pierre Jarno, prêtre de chœur, en 1625.
Jean Renault, sacriste, en 1648.
Jean Bouhours, sacriste, en 1654.
Jean Crouzil, prêtre de chœur, en 1655.

— Louis Janvier, recteur de Ploërmel, de 1655 à 1667.
Guy Bocquého, prêtre de chœur, en 1660.
Yves Gaudaire, prêtre de chœur, en 1679.
Jean Vendange, sacriste, en 1679.
Claude Boudart, prêtre de chœur, en 1679.

— Maturin du Tressay, recteur de Ploërmel, de 1667 à 1684.
François Bouexel, prêtre de chœur, en 1682.
Jean Guymart, sacriste, en 1684.

— Pierre Ermar, abbé de Beaurepaire, recteur de Ploërmel, de 1684 à 1720.

— Pierre Havart, prêtre de chœur, en 1687.

— Etienne Bourdon, prêtre de chœur, élu le 23 janvier 1688.

— Michel Delourme, sacriste, élu le 29 mars 1688.
Michel Sébille, prêtre de chœur, en 1690.

— Julien Havart, prêtre de chœur, élu le 28 février 1690.

— J. F. Bouczo, sacriste, élu le 11 mai 1692.
François Rigoire, prêtre de chœur, élu le 19 juin 1702.
Yves Rocher, prêtre de chœur, élu le 2 février 1710.

— Joseph Jocet, prêtre de chœur, en 1712.
Mathurin Hobé, prêtre de chœur, élu le 7 juillet 1712.
François Le Clerc, prêtre de chœur, élu le 22 février 1713.

— Pierre Rozé, prêtre de chœur, en 1713.
Maturin Roulleaux, prêtre de chœur, élu le 23 septembre 1713.

— François Rozé, prêtre de chœur, élu le 10 mars 1715.

— Mathurin Havart, prêtre de chœur, élu le 10 novembre 1719.

— René Pogam, recteur de Ploërmel, de 1720 à 1751.
Joseph Mesnage, prêtre de chœur, élu le 17 juin 1722.
François Banneville, prêtre de chœur, en 1722.
Jean Jossin, prêtre de chœur, en 1722.
Armel Métheyer, prêtre de chœur, élu le 15 novembre 1722.
Charles Hobé, prêtre de chœur, en 1726.
Jean Guymart, sacriste, élu le 14 avril 1726.

— Joseph, Richard, prêtre de chœur, élu le 22 mai 1728.
Pierre Bocquého, prêtre de chœur, élu le 26 décembre 1728.
Pierre Trégouët, prêtre de chœur, élu le 23 septembre 1729.
Julien Roulleaux, prêtre de chœur, élu le 23 mars 1734.

— Jean-François Bouczo, prêtre de chœur, élu le 7 novembre 1738.
Jean-François Folleville, prêtre de chœur, élu le 20 mai 1742.
Alexis-François Le Sancquer, prêtre de chœur, élu le 13 octobre 1742.

— Jean Le Songeux, prêtre de chœur, élu le 10 juin 1744.

— Jean Harel, prêtre de chœur, élu le 15 octobre 1745.

— Guillaume Bouczo, prêtre de chœur, élu le 3 janvier 1746.
P. Josse (sous-diacre), élu le 11 juin 1746.
A. Mouchay, prêtre de chœur, en 1747.

— Laurent Trahoué, recteur de Ploërmel, de 1752 à 1767.
J. Hio, prêtre de chœur, élu le 16 octobre 1756.
Le Clainche, prêtre de chœur, élu le 28 mars 1757.
Jean Bonno, prêtre de chœur, élu le 27 juillet 1758.
J. M. Laval, prêtre de chœur, élu en 1760.

— Joseph Vavasseur, recteur de Ploërmel, de 1767 à 1791.
Hyacinthe Berruyer, prêtre de chœur, en 1773.

En 1789, nous trouvons à Ploërmel comme vicaires, MM. Josse, Michel et Danion ; comme prêtres : MM. Hio, sacriste, Bonno, de la Bigne Villeneuve, chapelain de l'hospice, Brouxel, chapelin des Ursulines, Bernard, Berruyer, Maubec de Lorgeril, Quéneau-Desaince.

Etaient-ils tous membres de la communauté de Saint-Armel ? Peut-être. En ne comptant pas les chapelains de l'hospice et des Ursulines, nous trouverions juste le nombre dix.

(l'abbé Marmagnant).

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