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La ville ducale et le domaine royal de Ploërmel |
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Tribunal, Prisons, Mairie, Halles, Foires et Marchés, Octroi, Papegault, Messageries.
Constituées au commencement du VIème siècle par Saint-Armel, la paroisse et la cité de Ploërmel (« Plou » et « Plebs ») appartenaient au IXème siècle à une dynastie de « Machtierns » (seigneurs suzerains), qui possédaient en même temps Augan, Caro et Campénéac et avaient en Ploërmel deux résidences, dites « Ruyac » et « Botalaoc », actuellement Boyac et probablement Guillac. Leurs autres résidences étaient « Lis-wisson » (Trécesson) et « Lis-Bronewen » (Bernéan) en Campénéac ; « Ran-Winiau » (le Binio), « Ran-Gleumin » (Lemo), « Ardouan » (Hardouin), « Colworetan » (le Col), « Ran-Cordouan » (Coduan), en Augan ; « Liscoët » (Lescouët), en Caro ; « Conjubot » (Couëbot) en Guer.
Les invasions successives des Normands pendant les Xème et XIème siècles chassèrent les anciens Machtierns avec leurs vassaux, détruisirent les châteaux et les villes et ravagèrent tout le pays breton.
Quand enfin la paix fut rendue à la Bretagne, à la fin du XIème siècle, nous trouvons Ploërmel et son domaine en la possession de la puissante Maison de Porhoët, dont les seigneurs avaient, entre autres, un hôtel à Ploërmel et un château dans le voisinage (« Castellum apud Plormel »), probablement Saint-Malo au-dessus de l'Etang-au-Duc.
En 1175, Ploërmel ayant été conquis des Porhoët par le duc de Bretagne, Geoffroy, celui-ci le fit entrer dans le Domaine Ducal, dont il continua à faire partie, et qui devint Domaine Royal, après la réunion de la Bretagne à la France, à la fin du XVème siècle.
Ce domaine propre de Ploërmel comprenait : le Château ducal, la résidence ducale du manoir de Saint-Malo, l'Etang-au-Duc, avec les moulins-à-eau et sa chaussée ; la suzeraineté en la ville même de Ploërmel et dans toute la sénéchaussée.
Le château de Saint-Malo fut donné par le duc au XVIème siècle aux Rohan. En 1434 le duc Jean II arrenta moyennant un revenu annuel de 60 sols à Jean de Lambilly, douze journaux de terre, prés et au-dessus de la chaussée de l'Etang-au-Duc. Le château ducal à Ploërmel fut aliéné, comme nous l’avons dit, vers 1498. En 1567 le roi Henry II « fit cession des droits de suzeraineté » des terres et seigneuries de Ploërmel, Auray, Vannes, Brest, Carhaix, Dinan, Châteaulin, Hennebont, Jugon, Lannion et Morlaix, dont les revenus étaient estimé 500 livres par ressort, soit en tout 6.000 livres, à Charles Halwin, seigneur de Piennes. Ce seigneur était gouverneur de Metz ; il avait aliéné son patrimoine jusqu’à la valeur de 120.000 livres pour venir en aide au roi Charles IX et n’avait reçu qu’une compensation de 10.000 livres de rentes. Mais, en 1587, le roi Henry III racheta les droits de suzeraineté cédés en 1576, et nomma Charles d'Halwin duc et paire de France.
En 1676, le roi Louis XIV fit faire la réformation du domaine royal de Ploërmel : réformation qui ne fut terminée qu’en 1685.
En 1688, le 8 janvier, les moulins-à-eau de l'Etang-au-Duc furent achetés, moyennant une rente de 1.410 livres, par Pierre de Lambilly, chevalier, seigneur châtelain de Lambilly et baron de Kergroix, qui s’engagea à maintenir aux moines du prieuré de Taupont et aux Carmes de Ploërmel le droit de mouture franche dont ils jouissaient à ces moulins. Puis en 1721, les Lambilly versèrent au trésor une somme de 17.880 livres pour se libérer de la rente annuelle de 1.410 livres. Ils gardèrent jusqu’à la Révolution la propriété de ces moulins, qu’ils affermaient 2.000 livres par an.
Le droit de pêche dans l'Etang-au-Duc dépendait aussi du domaine ducal. En 1257 le duc Jean Ier concéda aux moines de Taupont le droit de pêcher en cinq endroits de la chaussée, droit qui leur appartint jusqu’à la Révolution et fut acheté en 1792 par M. le Goaësbe de Bellée. Ce droit réservé, la pêche dans l'Etang-au-Duc fut affermée successivement à différentes personnes.. En 1646 elle appartenait alternativement au vicomte de Loyat et au seigneur de Lézonnet : le premier en jouissait, chaque mois, du 9 au 16 et du 24 au 30 ; le second du 1er au 9 et du 16 au 24. En 1656, le vicomte de Loyat sous-afferma son droit de pêche à Pierre Perret, seigneur des Croslais, et le seigneur de Lézonnet à François du Beisic, seigneur du Bignon.
Par un édit royal du mois d’août 1708, ce qui restait du domaine Royal de Ploërmel, c’est-à-dire le fond, l’eau et la pêche de l'Etang-au-Duc et les droits seigneuriaux de la ville de Ploërmel, fut mis en vente. Après plusieurs adjudications, il fut attribué le 5 juin 1715, moyennant 42.000 livres, à M. Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, duc de Penthièvre, prince de sang royal, gouverneur et lieutenant général de Bretagne, qui loua la pêche, de 1730 à la Révolution, moyennant 100 livres de rentes, au marquis de Lambilly.
Les ducs de Bretagne avaient établi à Ploërmel le siège d’une des neuf Baillies du duché et de la sénéchaussée du Froërec'h (Broërech) ; et, lors de l'Ost (revue de l’armée du duc) fait à Ploërmel le 19 août 1294, la Baillie et sénéchaussée de Ploërmel fut reconnue devoir à elle seule vingt-sept chevaliers et trois écuyers, alors que la Bretagne tout entière ne fournissait que cent-soixante-six chevaliers et dix-sept écuyers : soit le sixième.
Le Sceau de la Cour de Ploërmel fut de 1222 à 1305 l’échiquier de Dreux avec un franc canton d’hermines (scel de 1286) ; il porta ensuite les hermines pleines de Bretagne, surmontées de la lettre P, avec la légende : Scel des Lettres de la Cour de Ploërmel.
Sous le duc Jean II, le fondateur et le grand bienfaiteur des Carmes de Ploërmel, il fut frappé dans cette ville une Monnaie spéciale, portant : au droit : +. Dei : Gratià : P. — ION — et deux mouchetures d’hermines ; au revers : +. Dux Britaniae —, et une croix pattée [Note : Une de ces pièces de monnaie faisait partie de la collection du vicomte de Bréhier, à Josselin en 1890].
La Sénéchaussée de Ploërmel avait une superficie de cinq-cent-mille hectares environ, s’étendant de Rieux à Langourla et de Baud à Mordelles ; elle comprenait deux-cent-quarante paroisses ou trèves, réparties entre plusieurs châtellenies, elle avait à sa tête un Sénéchal, dont le pouvoir s’étendait sur tout le ressort, qui était composé comme suit :
Le domaine propre de Ploërmel, contenant 14 paroisses.
Le Comté de Porhoët, contenant 36 paroisses.
La Vicomté de Rohan, contenant 90 paroisses.
Le Marquisat de Rieux, contenant 15 paroisses.
La Baronnie de Malestroit avec la Chapelle à Quintin, contenant 13 paroisses.
La Châtellenie de la Gacilly, contenant 8 paroisses.
La Baronnie de Renac, contenant 10 paroisses.
La Châtellenie du Crévy et de la Chapelle, contenant 6 paroisses.
La Baronnie de Gaël, avec Montauban et Comblessac, contenant 28 paroisses.
Le Comté de Maure, contenant 6 paroisses.
La Châtellenie de Guer, contenant 7 paroisses.
La Châtellenie de Plélan et des Brieux, contenant 4 paroisses.
Le Comté du Bois-de-la-Roche, contenant 3 paroisses.
Les villes de Ploërmel, de Josselin, de Malestroit, de Pontivy, de Corlay.
Les Châtellenies de la Gaudinaye, de Quéheon, de Loyat, de Campel, des Bouessières, du Plessis-Anger, du Bois-Basset.
Ce ressort comprenait en outre primitivement le Comté de Rochefort, qui fut rattaché à la sénéchaussée de Vannes et Redon, la baronnie de Lohéac et tout le Comté de Montfort, qui furent rattachés à la sénéchaussée de Rennes.
La Barre de Ploërmel était autrefois la première et la plus considérable de Bretagne ; le roi Henry II l’érigea même en Présidial en 1551, avec les mêmes pouvoirs que les Présidiaux de Rennes, de Nantes, de Vannes et de Quimper ; mais cette haute magistrature n’eut à Ploërmel qu’une existence éphémère, ce Présidial ayant été rattaché à celui de Vannes par édit Royal du 10 août 1552. Il en fut de même de la grande Maîtrise des eaux et forêts, établie à Ploërmel en 1555, et transférée ensuite à Hennebont.
La justice était rendue à Ploërmel par un Procureur Royal assisté d’autres juges ou procureurs, de greffiers, d’huissiers, d’un lieutenant de police et d’un sergent féodé, chargé de la garde des prisonniers. Elle s’exerçait dans un Auditoire, ou Tribunal, qui était situé près et au Nord des Halles, et où se réunissaient deux fois par an les Plaids Généraux, auxquels avaient droit de Menée les seigneurs hauts justiciers du ressort.
Ce « droit de menée » était à l’origine l’obligation imposée par le concédataire d’un fief noble à son vassal de venir à certains jours, avec tous ses hommes liges, rendre hommage à son suzerain. Cette obligation ne visait d’abord que le service militaire, on l’étendit plus tard à la justice ; et alors ce qui était primitivement une corvée devint un avantage, permettant au concessionnaire du fief jouissant de ce droit de faire rendre la justice à ses vassaux, à jour fixe et de préférence à tous autres, en amenant ou faisant conduire ses tenanciers devant le tribunal du ressort, où il avait un procureur et des greffiers spéciaux à sa juridiction.
Ce droit de menée pendant la durée des Plaids généraux appartenait :
Le lundi : au Comte de Porhoët, au Vicomte de Rohan, au baron de Malestroit, au seigneur de la Chapelle-Quintin, et à celui de Rieux.
Le mardi : au baron de la Gacilly, au baron de Renac, aux seigneurs du Crévy, de Comblessac, de Couédor, de Peillac et du Courrouët.
Le mercredi : aux seigneurs de Montauban, de Gaël, des Brieux, et des Bouexières.
Le jeudi : au comte du Bois de la Roche, aux seigneurs de la Gaudinaye, de Quéheon, de Mauron, de Saint-Malon, du Boisbasset et à l’abbé de Saint-Méen.
En plus de la Cour Royale, il y avait à Ploërmel quatre Hautes Justices et quatre Moyennes Justices, dont les juridictions s’exerçaient à Ploërmel, dans des auditoires privés. C’étaient les Hautes Justices de la Gaudinaye, du Crévy, de Quéheon, et de Malville ; et les Moyennes Justices du Chesnoran, de Lézonnet, de Gourhère et du Boishélio. Comme chacune de ces juridictions avait ses procureurs fiscaux, ses notaires, ses huissiers, ses greffiers, on comptait dans la ville de Ploërmel à la fin du XVIIème siècle, un Procureur du Roi, quarante cinq Procureurs fiscaux, cinquante-deux notaires, deux huissiers-audienciers, quatre généraux d’armes, douze sergents et six arpenteurs royaux.
Il y avait à Ploërmel à partir de 1740 une brigade de gendarmerie.
Les Prisons étaient sous la direction et la surveillance des châtelains du Crévy, « sergents et geoliers féodés de la sénéchaussée de Ploërmel », qui les avaient aménagées dans un immeuble, situé sur la place du Martray, près des halles, détaché en 1572 de l’hôtel du Crévy. Ces prisons étaient malsaines et en mauvais état, quand en 1783, sur la demande des Etats de Bretagne, le comte de Brilhac, seigneur du Crévy, consentit à céder pour leur agrandissement la totalité de son hôtel du Crévy, à condition d’être déchargé de l’entretien de la prison, de la surveillance et de la nourriture des prisonniers et du paiement des geôliers. Les travaux d’aménagement de la nouvelle prison furent adjugés le 9 octobre 1783 et terminés en décembre 1789.
Il y avait en moyenne dans la maison d’arrêt de Ploërmel chaque année un seul prisonnier au criminel et trois au civil.
L’hôtel du Crévy servit de prison jusqu’en 1840, époque vers laquelle fut bâtie la prison actuelle vers le Nord-Ouest.
Le Pilori, avec sep et collier (pilier et carcan) existait à l’entrée de la rue du Val, près du Placis du Trouisset et devant la maison du Four à ban. Sur le pilier étaient les armes des châtelains du Crévy.
La ville de Ploërmel possédait dès le XVème siècle un Octroi, dont les limites étaient marquées par des croix, dites « Croix-bornes », et dont les revenus étaient perçus par des « Miseurs », choisis par la Communauté de Ville parmi les notables bourgeois : ces revenus étaient estimés rapporter en 1776 environ 2.300 livres par an.
C’était à Ploërmel qu’en 1309 le duc Arthur II avait réuni les Etats de Bretagne, où furent convoqués pour la première fois des représentants de l'Ordre du Tiers. Cette ville continua à jouir du privilège de « députer aux Etats », droit dont ne bénéficiaient que trente-deux villes de Bretagne. Elle était en outre la résidence de l’un des Commissaires des Etats de Bretagne.
Les halles de Ploërmel existent encore à l’endroit où elles furent élevées au commencement du XVIème siècle sur l’emplacement de la première église Saint-Armel, à l’extrémité Ouest du Martray. Elles sont dites, dans un acte de 1694, avoir 129 pieds de long sur 48 pieds de large (43 m. sur 16 m.), leur toiture était soutenue, au milieu, par vingt-quatre colonnes rondes en granit, placées sur deux rangs, hautes de 20 pieds et de 2 pieds de diamètre ; et, dans les côtés, par vingt poteaux en chêne de 8 pieds de haut. Elles furent diminuées de longueur en 1786.
Il y avait, comme maintenant, Marché à Ploërmel tous les lundis.
Il s’y tenait deux Foires par an : la « foire de Pâques-Fleurie », le samedi qui précédait et le lundi qui suivait le dimanche des Rameaux, et la « Foire Saint-Thomas », le lundi qui suivait le 21 décembre. D’autres foires avaient lieu dans les environs : à Saint-Antoine, les foires Saint-Benoist et Sainte-Eugénie, les 11 juillet et 15 novembre ; à Saint-Jean de Villenart, les foires Saint-Georges et Sainte-Catherine, les 23 avril et 25 novembre ; à Saint-Denis, le 9 octobre.
La « Coutume » de ces foires appartenait à différentes personnes. On appelait « Coutume » ou « Devoir de Coutume » le droit de percevoir une taxe pécuniaire sur toutes les marchandises, denrées ou bestiaux, vendues à une foire ou à un marché.
La Coutume des foires à Saint-Antoine appartenait aux châtelains de la Gaudinaye.
La Coutume de la foire Saint-Thomas, à Ploërmel, appartenait primitivement au prieur de Saint-Nicolas de Ploërmel, qui la céda en 1660 au seigneur de la Guichardaie, en Loyat.
La Coutume de la Foire de Pâques-Fleurie appartenait, le lundi, moitié au Domaine Royal, moitié au châtelain de la Gaudinaye ; le samedi, un tiers au châtelain de Quéheon ; un tiers à celui du Chesnoran, puis de Lemo, après 1667 ; un tiers à celui de Lézillac, puis de Lambilly, après 1650. Ce tiers était estimé rapporter environ 20 sols tournois en 1680.
Le « Droit de Coutume » ne fut perçu que jusqu’en 1720. Les châtelains qui en bénéficiaient devaient, à tour de rôle, « faire parvenir à l’église des Taupont, le dimanche des Rameaux, pour l’heure de la grand'messe, un fust et baston de bouais rabouté et travaillé à rabot, bon, suffisant, et honneste à porter le drap de la bannière de la dicte église, et, de plus, une surceinture bonne et suffisante à ceindre le chapelain qui dirait la messe à la dicte église ». Il parait que les seigneurs bénéficiaires de la coutume n’étaient pas très exacts à s’acquitter de cette redevance, et que souvent le fût de la bannière et la ceinture du célébrant se faisaient attendre, car les archives et la paroisse de Taupont sont pleines de réclamations à ce sujet du XIVème au XVIIIème siècle.
Les moyens de transport tant pour les voyageurs que pour les Postes et les Messageries, étaient autrefois très défectueux. Ce service n’exista même régulièrement qu’à partir de 1760 et ne fut modifié qu’au milieu au XIXème siècle. Une « diligence », allant de Rennes à Vannes, passait par Ploërmel les lundi, mercredi, et samedi de chaque semaine et assurait le service des dépêches et des voyageurs. Ces derniers, rendus à Rennes, trouvaient des moyens de transport de cette ville à Paris, à Nantes, à Saint-Malo et à Avranches. La « Malle-Poste », allant de Rennes à Paris, partait de Rennes, les mardi et vendredi à neuf heures du matin, pour arriver à Paris les vendredi et lundi dans la soirée. En sens inverse, la diligence partait de Paris les dimanche et mercredi à minuit, pour arriver à Rennes les jeudis et dimanche soir.
Le « fourgon à bagages », ou « Messageries » ne partait de Rennes pour Paris que le mercredi et mettait huit jours à faire le voyage.
La ville de Ploërmel jouissait d’un Papegault et d’un Jeu de Paulme.
Le droit de Papegault fut concédé à la ville de Ploërmel par le Roi Henry II en août 1557. Il n’y eut en Bretagne que trente villes à jouir de ce privilège, concédé à Rennes en 1443, à Hédé en 1446, à Nantes en 1482, à Saint-Malo, en 1534, à Châteaubriant en 1559. On appelait « Papegault », « Papegai » ou « Joyau », un oiseau en bois, peint en vert ou en blanc, que les bourgeois de la Milice s’exerçaient à abattre en tirant de l’arc, de l’arquebuse, puis du fusil [Note : A Rennes en 1595, il y avait encore trois papegaults différents : celui de l’arc, celui de l’arbalète et celui de l’arquebuse. — Une ordonnance royale de 1544 défendit aux ecclésiastiques de tirer le papegault]. L’un lui enlevait une aile, l’autre la queue, un troisième la tête ; c’étaient des coups perdus ; il fallait pour remporter le prix abattre le dernier morceau, de sorte que cet exercice qui commençait le premier dimanche de mai après les vêpres, durait souvent plusieurs autres dimanches. On tira d’abord l’oiseau en l’air, au sommet d’une longue perche en fer, puis horizontalement à deux mètres de terre. Les faveurs et les privilèges réservés aux chevaliers du Papegault étaient honorifiques et pécuniaires. Les honneurs consistaient dans le titre de Roi que le vainqueur portait pendant un an ; le droit d’emporter comme trophée l’oiseau abattu, et celui de tirer le premier au concours suivant. Les avantages étaient des exemptions de contributions et de droits d’octroi. Le Papegault de Ploërmel se tirait au faubourg Grimaud, dans les douves au Nord-Est de la Porte d'En-Haut. Le tireur adroit, qui avait réussi à abattre le dernier morceau de l’oiseau, jouissait du privilège de faire entrer en franchise à Ploërmel dans le courant de l’année, trente-cinq tonneaux de vin ; et il pouvait céder ce privilège à un cabaretier. Ce droit de franchise donna lieu à des abus ; et il fut réduit en 1697 à quinze tonneaux au lieu de trente-cinq. Enfin par un édit du 7 mai 1770, le roi supprima tous les Papegaults de Bretagne à l’exception de ceux de Saint-Malo et du Croisic. Mais ce jeu s’est continué dans nos campagnes ; et souvent, dans l’après-midi des dimanches de mai, plusieurs paysans se rassemblent dans une lande ou au fond d’un ravin, pour tirer le Papegault : l’oiseau d’antan est remplacé par une cible en planche, et le vainqueur gagne tantôt un coq, tantôt un mouton, tantôt une montre, tantôt un bouquet ou une simple cocarde en rubans.
Ploërmel avait aussi un Jeu de Paulme, établi sur un terre-plein ou enceinte murée, en avant des fortifications, vers l'Est. L’emplacement de ce Jeu de Paulme fut comblé et transformé en 1755 en une place, dite d’abord « Place d’Armes », puis « Place Neuve » en 1758, « Motte à Madame » en 1760, « Place d'Aiguillon » en 1765. Cette place fut plantée d’ormeaux en 1758 ; elle avait environ 100 mètres de long sur 40 mètres de large ; on y accédait par un perron de huit marches, fait avec les matériaux provenant de la démolition des anciens remparts, et qui était au Sud de la place.
La Sénéchaussée de Ploërmel avait à sa tête un Sénéchal, nommé par le Roi.
La Place de Ploërmel était sous les ordres d’un Capitaine-Gouverneur assisté d’un Lieutenant ou Alloué.
La Ville de Ploërmel était gérée par une assemblée composée des bourgeois notables, dite « Communauté de Ville », qui avait à sa tête un Syndic jusqu’en 1692, et depuis un Maire, qui était élu par les notables de la ville, et dont les fonctions ne duraient que deux ans.
La Mairie de Ploërmel. — Antérieurement à l’année 1692, date à laquelle les Maires succédèrent aux Syndics, il n’y avait pas en fait d'Hôtel de Ville à Ploërmel ; la Communauté de Ville se réunissait dans la demeure du Syndic, puis du Maire. En 1740 elle loua pour ses réunions une salle dans le couvent des Carmes, moyennant 20 livres par an ; puis, en 1778, elle acheta une maison au haut et au Nord de la Place d'Armes, où fut établie la Mairie. Sous la Révolution cette Mairie changea souvent d’emplacement. Elle était résidante en 1791 à l’emplacement de l'Hôtel de France actuel ; et, depuis 1798 dans la Communauté des Ursulines, dans une partie de cet immeuble que la ville céda le 5 août 1832 à l’abbé de la Mennais pour agrandir son Institut. La Mairie reprit alors son ancien siège en haut de la Place d'Armes ; et elle y resta jusqu’en 1885, époque vers laquelle fut construite la nouvelle Mairie sur la place Saint-Nicolas (M. de Bellevue).
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