Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA SEIGNEURIE DU HILGUY

  Retour page d'accueil       Retour page "Plogastel-Saint-Germain"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Le corps principal de la seigneurie du Hilguy était dans la paroisse de Plogastel-Saint-Germain ; et son chef-lieu, le château du Hilguy, est situé au proche voisinage de Plogastel [Note : La seigneurie avait quelques possessions hors de cette paroisse. Ex. Kerlan tout près de Quimper, séparé de l'enclos du Calvaire, (aujourd'hui le Séminaire), par le ruisseau qui après avoir longé le mur entre dans l’enclos]. La seigneurie avait haute justice exercée à Quimper dans la salle basse du couvent de Saint-François.

Château de Plogastel-Saint-Germain (Bretagne).

Le Hilguy eut pendant longtemps des seigneurs particuliers. L'un d'eux est nommé en 1327 [Note : Le Men, Monog. de la cath. Geffroy du Hilguy fait un legs en 1327 à un autel de cette église]. On peut signaler Jean du Hilguy écuyer du comte de Montfort (1417) [Note : M. Couffon de Kerdellec’h, Chevalerie de Bretagne, I. p. 541. Le comte de Montfort François, fils aîné de Jean V, depuis François 1er, alors âgé de sept ans] ; et un peu après Guillaume du Hilguy, écuyer tranchant à la cour de Jean V, et assurément fort habile en son art puisqu'on le voit trancher devant le duc et la duchesse (1425) [Note : M. Couffon de Kerdellec’h, Chevalerie de Bretagne, I. p. 468] ; devant la reine de Sicile, devant Marguerite de Bourgogne, femme du connétable de Richemont (1426) [Note : M. Couffon de Kerdellec’h, Chevalerie de Bretagne, I. 543 et M. de Courcy. Nobiliaire, Ve Hilguy Reine de Sicile est un titre donné prématurément... Il s'agit d'Isabelle, fille aînée de Jean V, alors enfant. Depuis 1417, elle avait été fiancée à Louis, duc d'Anjou et roi de Sicile. Après la monde Marguerite, sa sœur cadette (1429), fiancée à Guy XIV, comte de Laval, Isabelle, renonçant au titre de reine d'un royaume à conquérir, devint (ce qui était plus sûr) comtesse de Laval et baronné de Vitré. Le mariage fut célébré à Redon, le 1er octobre 1430. Marguerite de Bourgogne, fille de Jean-sans-Peur, veuve de Louis, duc de Guyenne, dauphin, frère aîné de Charles VII, et, depuis mars 1423, femme d'Arthur de Bretagne, comte de Richemont et connétable, et dite même pendant son second mariage Madame de Guyenne], devant la comtesse de Montfort (1431) [Note : Couffon, I, p. 542. — Comtesse de Montfort. Yolande d'Anjou, première femme de François, comte de Montfort, morte à Plaisance près de Vannes, le 17 juillet 1440. Un livre couronné par l'Académie (Littoral de la France, Bretagne, p 150) dit que la comtesse, morte en 1410, était la célébre comtesse de Montfort. C'est désigner Jeanne de Flandre, femme de Jean de Montfort et mère de Jean IV, et nous dire qu'elle a survécu cent six ans à son mariage et quatre vingt quinze ans à son mari !!] ; Selon toute apparence, c'est le même qui est écuyer de Pierre de Bretagne (1436) [Note : Couffon, I, p. 543].

Au siècle suivant, le Hilguy allait passer en la possession d'uue maison dont le nom apparaît souvent dans nos annales, les Lezongar. Voici (sauf information plus précise) comment s'opéra cette transmission.

Roland de Lezongar, héritier de la seigneurie de Pratanras, (et qui sera Roland VI), avait épousé Jeanne du Fresne (et non Fresnay), fille de Alain et de Jeanne du Hilguy. Elle mourut en 1538, laissant deux filles dont l’aînée nommée Jeanne [Note : Nécr. de St-Francois de Quimper].

D'un second mariage avec Claude du Juch, Roland VI eut un fils, Roland VII, qui mourut le 28 mai 1556, et fut inhumé le lendemain aux Cordeliers de Quimper [Note : L'extrait de nécrologe qui nous reste a omis la mention de cette inhumation, Elle se trouve au registre de Saint-Julien].

Il semble que Roland VII mourait sans hoirs, peut-être sans alliance, et que sa sœur consanguine, Jeanne ait été son héritière. Du moins, dix-sept ans plus tard, en 1573, la voyons-nous rendre aveu pour les seigneuries de son père, notamment Pratanras. — En même temps, elle apparaît comme dame du Hilguy, sans que nous puissions dire si cette seigneurie lui vint de sa mère ou de succession collatérale.

En 1536 (contrat du 18 mars) Jeanne de Lezongar s'était mariée dans une maison illustre qui a donné trois amiraux à la Bretagne [Note : Ogée n'a nommé qu'un amiral du Quélennec qui aurait exercé son office pendant cinquante et un ans. D'autres en distinguent deux, notamment Mrs de Courcy et Couffon. Il faut en compter trois ayant eu mêmes prénoms et mêmes titres : 1° Jean Vte du Faou, en charge en 1433, 1451, 1454, Morice. Pr. II. 1259 - 1604 — 1685 ; 2° Jean Vte du Faou, nommé le 28 décembre 1459. Lob. Pr. col. 1035. Morice. Pr. II 1261 ; 3° Jean Vte du Faou, nommé le 10 avril 1484 (1485 n. s.) « en remplacement d'autre Jehan du Quélenec, mort dans les douze mois précédents » Lob. Pr. 1411. Morice. Pr. III. 460, — Destitué (mars 1489)]. Elle avait épousé Jean du Quellenec, d'une branche cadette, seigneur de Bienassis, Saint-Quérec, etc. De 1538 à 1553, ils eurent quatre fils et quatre filles au nombre desquels, Claude, l’aîné, Pierre, mort sans hoirs, et Jean, plus tard seigneur de Saint-Quérec et du Hilguy, le calme et courageux gouverneur de Quimper au temps du siège de 1594 [Note : Chanoine Moreau, p. 160 et autres].

Devenue veuve (7 novembre 1558), Jeanne de Lezongar abandonna Bienassis qui appartenait à son fils aîné, et revint à son berceau. Elle mourut à Pratanras, le 29 novembre 1587, et vint reposer dans le chœur des Cordeliers [Note : Encore une mention omise à l'extrait des nécrologes ! Ces faits résultent du minu fourni au roi pour le rachat dû à raison du décès de Jeanne de Lezongar, 8 janvier 1588, et de la délivrance faite, le même jour, par Jean du Quelenec (le gouverneur de Quimper), d'un legs fait, par sa mère aux Cordeliers].

Claude, fils aîné et principal héritier, était mort avant sa mère, vers 1569. De son mariage avec Julienne de Launay-Cosmat il laissait six enfants mineurs, sous la tutelle de son frère le gouverneur de Quimper : parmi eux, un seul fils héritier principal nommé Jean et une fille nommée Françoise [Note : Ces détails extraits des généalogies des du Quelenec et Visdelou semblent certains. En 1605, le parlerment eut à juger un procès entre les héritiers de Jeanne de Lezongar. L'arrêt a été recueilli et critiqué par Pierre Belordeau au 1er volume de ses Controverses (1619), p. 224 et 225 Controverse LXXV. Il donne l'héritière de Jean pour sa tante sœur de son père Claude. L'erreur est certaine. Un frère de Claude, Jehan, le capitaine de Quimper, survivait à son neveu et eût hérité avant la tante. Pour que Françoise héritât de Jean il fallait qu'elle fût sa sœur].

A la mort de Jeanne de Lezongar, Jean, déjà pourvu dans la succession paternelle, prit dans la succession, de sa grand-mère le principal manoir, Pratanras. Le Hilguy fut attribué à son oncle et tuteur, le capitaine de Quimper.

Presqu'aussitôt Jean mourut laissant sa sœur Françoise pour principale héritière, dame de Bienassis, Pratanras, etc.

Elle avait dix-sept ans ; et elle fut bientôt mariée à Christophe de Tréal, qui mourut prématurément lui laissant une fille [Note : Françoise de Tréal épousa, le 12 juillet 1608, Jacques, baron de Névet, qui fut tué aux Etats de Rennes en 1616 par Thomas, baron de Guémadeuc. La jeune veuve, violenta luctu, n'eut de repos qu'après l'exécution de Guémadeuc en place de Grève (27 septembre 1617)] ; et, dès 1592, Françoise, remariée à Gilles de Visdelou, seigneur de la Goublaye, avait un fils auquel allaient passer les seigneuries des Quelenec et des Lezongar.

Le gouverneur de Quimper vit naître ses petits-neveux. Né en 1545, il survécut jusque après 1605 ; et, à sa mort, sa seigneurie du Hilguy fut recueillie par la dame de Visdelou.

Quand celle-ci mourut, le, 24 juin 1624, à Lamballe, son second fils Jacques, seigneur d'Ellien ou du Dellien, venu de la succession paternelle, reçut le Hilguy en partage. Jacques fut commandant de l'arrière-ban et de la garde-côte de Cornouaille, juge du point d'honneur de la noblesse du diocèse et chevalier de Saint-Michel.

D’un second mariage [Note : Il avait été marié en premières noces sans enfant (1626) avec Mauricette, veuve de Maurice du Rusquec, fille de François du Chastel, et de cette plaintive Marie de Keroulas qui, selon la ballade, mourut de douleur ; mais qui pourtant eut le temps d'avoir trois enfants. Mieux mariée que sa mère, la fille mourut sans enfant après un an d'union] avec Marie Lohéac, fille de Mathieu Lohéac, procureur du roi à Quimper au temps de la Ligne [Note : Moreau, son collègue au présidial, le signale comme dévoué au roi, p. 214 et autres. Ce nom de Lohéac ne doit pas faire illusion. Ceux qui le portaient n'avaient rien de commun avec les Lohéac, possesseurs de la seigneurie de Lohéac, (Ille-et-Vilaine) qui d'eux passa aux Montfort, Laval, Rieux etc. Les Lohéac de Quimper ont été déhoutés à l'intendance en 1704. Ils avaient figuré à une montre de 1481. Marie Lohéac, veuve de Jérôme de Bahuno, était fille de Mathieu et de Marguerite Le Baud] ; Jacques eut un fils nommé Guy.

Celui-ci, seigneur du Hilguy après son père, fut conseiller du roi, alloué, puis lieutenant criminel au siège de Quimper, enfin il devint conseiller au parlement (1661).

D'un premier mariage avec Françoise de Kerbloyson, Guy eut un fils nommé François (bapt. du 13 octobre 1658. Saint-Ronan) ; qui hérita le Hilguy dont il prend le titre en 1681. (Bapt. 20 janvier. Saint-Mathieu).

Le 22 février 1683, François épousa, à la Chandeleur de Quimper, Suzanne-Claude de Plœuc, fille de Nicolas de Plœuc seigneur de Kerharo, Le Guilguiffin, etc.

Après lui, le Hilguy passa à sa fille unique Marie-Françoise. Le 21 février 1708, celle-ci épousa à la Chandeleur, François-Roger Robert, conseiller du roi en ses conseils, intendant de justice, police et finances de la marine à Brest. Devenue veuve, elle épousa le comte du Gué, lieutenant général des armées navales. Elle semble avoir survécu aux deux fils et à la fille de son premier mariage [Note : Le mari de sa fille, M. de Lantivy, était remarié en 1761, ses fils ni leurs enfants ne figurent au nombre des prétendant droit à sa succession. Arch. du Finist. (Inv. sommaire B. 88 (lire 87), f° 45 r°. Procès entre héritiers Robert et autres] ; elle mourut, au milieu de l'année 1765.

Voir   Ville de Plogastel-Saint-Germain (Bretagne) " Un décret de mariage au siège du Quéménet, 1703 ".

Un peu plus tard, la seigneurie du Hilguy fut acquisé par César François Le Gac de Lansalut et sa femme Caroline de Deux-Ponts, Le père de Mme de Lansalut était Christian IV, prince, palatin du Rhin, duc de Deux-Ponts, prince de Birkenfeld et de Bischevilier, comte de Velden, de Sponheim, etc. Sa mère était comtesse de Forbach. [Note : Et non Sulzbach (de Courcy. Nobiliaire V° Le Gac..) Sulzbach est une ville de Bavière, voisine de Nuremberg, qui a donné son nom à une branche de la famille de Bavière, comme nous allons voir. — Le nom de Forbach n’est pas celui de la ville de France voisine de Sarreguemines. Ci-dessous].

« Ce mariage fit grand bruit, » me disait notre regretté confrère le vicomte Aymar de Blois ; c'est pourquoi j'ai cru pouvoir faire quelques recherches à cet égard [Note : Je dois beaucoup des renseignements qui suivent à nos confrères le chanoine Peyron et du Crest, à M. Bienvenue, avoué à Morlaix, à M. Hélo, notaire à Plogastel saint-Germain, à M. Vaillant, greffier au tribunal de Quimper, et enfin à des érudits belges et bavarois, qui ont bien voulu accueillir la requête d'un inconnu].

***

Christian IV avait hérité le duché de son père Christian III, en 1737. Il résida longtemps à Paris, où il menait grand train et fut de l’intimité de Louis XV et de Mme de Pompadour. Le duc épousa morganatiquement Marie-Anne Fontevieux, sœur du conseiller Fontevieux, juge de Birkenfeld, et, il la fit comtesse de Forbach, du nom d'un domaine acquis par eux en Lorraine.

En 1758, Christian abjura le protestantisme, et ses enfants furent élêvés dans la religion catholique. Il mourut en 1775. A sa mort, son mariage morganatique fut reconnu, et sa veuve reçut le titre de douairière de Deux Ponts.

Le duc avait eu six enfants : deux moururent jeunes. Les quatre survivants, deux fils, Mme de Lausalut et une sœur, prirent tous le titre de comte ou comtesse de Forbach qui fut plus tard (1792) échangé contre le titre de baron de Deux-Ponts qui subsiste. Mais ils n'étaient pas aptes à recueillir le duché ; bien plus, le mariage morganatique de leur père a enlevé à sa descendance l'occasion de monter sur le trône de Bavière. Christian IV avait eu deux frères, Charles et Frédéric, Michel. C'est un fils de ce dernier qui fondera la dynastie de Bavière, aujourd'hui régnante. Nous le verrons plus loin.

Une longue épitaphe, écrite en latin sur le monument funéraire de Christian IV à Croillus (?), donne les noms et les qualités de ses enfants [Note : Cette épitaphe latine est curieuse. Elle commence ainsi de façon profane : « Divi Christiani... etc. ». Le mot chiliarchus (commandant de mille hommes) est employé pour colonel, tribunus pour lieutenant-colonel, centurio pour capitaine, legio pour régiment, arx pour château, parlant du Hilguy. L'épitaphe donne la situation de la famille de Christian au lendemain de sa mort une note qui m'a été adressée complète ces indications].

Mme de Lansalut, née la troisième, avaient deux frères aînés qui servirent en France dans le régiment de Deux-Ponts et se distinguèrent dans la guerre de l'indépendance américaine [Note : Christian (l'aîné), lieutenant colonel du régiment français de Deux-Ponts, chevalier de Saint-Louis et de l'ordre de Cincinnatus à sa fondation, est mort général en Bavière. De Adélaïde-Françoise-Léontine de Béthune, qu'il avait épousée en 1783, il a laissé deux filles dont une, l'aînée, nommée Caroline-Augustez-Amélie. Guillaume (le cadet), capitaine au régiment français de Schomberg, cavalerie, devint lieutenant-colonel du régiment français de Deux-Ponts (cavalerie), chevalier de Saint-Louis. De son mariage avec Martine-Rogère-Françoise-Adélaïde de Polastron (10 janvier 1780), il laissa deux fils : Christian et Charles et peut-être des filles. Christian, général de cavalerie, capitaine général de la garde du corps à cheval, est mort en 1859. En lui s'est éteinte la descendance masculine des barons de Deux-Ponts]. Sa sœur cadette, Élisabeth-Auguste-Frédérique, devint, quand elle avait dix-huit ans, chanoinesse d'honneur du chapitre noble d'Avesnes [Note : L'acte dit : « Capituli nobilis de Laveine in Arvernia » (de Laveine en Auvergne), nom inconnu. J’ai cru qu'il fallait lire Avesnes, où il y avait un chapitre noble de dames].

Voici traduite mot à mot la mention de l'épitaphe concernant Caroline.

« Caroline de Deux-Ponts, née le 18 juin 1755, mariée le 4 avril 1771 à un gentilhomme breton, César-François Le Gac de Lansalut, seigneur de Lansalut, Keraveran, Coëtando, chevalier de Saint-Louis, colonel-honoraire du régiment français du jeune Condé (apparemment Enghien), demeurant en son château du Hilguy dans la petite Brètagne ».

Au temps de son mariage, Mme de Lansalut était dans sa seizième année et elle épousait un mari de trente-cinq ans. César Le Gac de Lansalut était né le 29 décembre 1736 à Saint-Martin de Morlaix ; il était fils d'écuyer Pierre-Louis, seigneur de Lansalut (Plouézoch, canton de Lanmeur) et de Marie-Hyacinthe de Kerret.

Il avait deux frères, Rolland-Pierre, seigneur de la Villeneuve, et Louis-Gabriel. Tous les trois entrèrent dans l'armée. Rolland et Louis se retirèrent comme capitaines, avec la croix de Saint-Louis [Note : Le grade de capitaine et la croix de Saint-Louis après vingt ans de services. Telle était l'ambition de beaucoup de gentilshommes ! Roland est l'aïeul de Mrs Le Gac de Lansalut nos contemporains]. César fut plus ambitieux ou plus heureux que ses frères.

A quel grade parvint-il ?... On a écrit qu'il fut colonel ou mestre de camp d'infanterie, colonel de dragons (c'est encore infanterie) ; les actes de l'état-civil lui donnent l'un ou l'autre de ces titres ; mais je n'ai jamais vu l'indication de son régiment. L'épitaphe que nous venons de citer lui donne le titre de colonel honoraire du régiment du jeune Condé, c'est-à-dire d'Enghien (infanterie). Toutes mes recherches à cet égard dans l'Etat militaire ont été vaines [Note : Notre confrère, M. Lemoine, a bien voulu faire faire des recherches au ministère de la guerre. Elles ont été sans résultat. Il m'apprend qu'il n'existe de répertoire alphabétique par noms de personnes que depuis la fin de la Révolution ; et antérieurement les états de services (et avec de nombreuses lacunes) ne remontent qu'à 1760. Dans une déclaration de 1777, M. de Lansalut prend le titre de mestre de camp de dragons].

Le mariage se fit du plein consentement du duc Christian.

La preuve c'est qu'il donna à son gendre le titre de chambellan [Note : Le titre de chambellan ne lui fut pas continué après la mort de son beau-père : dès 1777, M. de Lansalut prend le titre d'ancien chambellan de son S.A.S...] et qu'il fut le parrain du premier enfant de sa fille.

Le titre de chambellan laissait apparemment liberté entière à M. de Lansalut : il emmena sa ferme en Bretagne ; et, dès 1775, nous trouvons les époux habitant la paroisse Saint-Martin de Morlaix. C’est là que, le 25 juillet 1775, naquit leur premier fils.

Le lendemain, il fut baptisé dans l'église de Saint-Martin. Il reçut les noms de Christian-Marie-Thérèse-Joseph-Corentin. Il devait le premier à son grand-père, le duc de Deux-Ponts, et les autres à sa marraine.

La marraine était la dernière du nom d'une des plus nobles et plus anciennes familles de Bretagne : « haute et puissante dame Marie-Thérèse-Josèphe-Corentine de Nevet, dame (d'honneur) de Mesdames, veuve de très-haut et puissant seigneur Jean-Antoine Franquetot, comte (ou marquis) de Coigny, lieutenant général des armées du Roi, chevalier de ses ordres, gouverneur des ville et château de Caen et de la maison royale de Choisy… » [Note : Marie de Nevet (dernière du nom) était fille de Malo, l’ermite de la montagne de Locronan, et de Marie de Gouzillon. Elle avait quatre ans à la mort de son père, en 1721. En novembre 1729, quand elle avait douze ans, elle épousa Jean, comte, puis marquis de Coigny, fils du maréchal duc, tué en duel du vivant, de son père, en 1748. Mme de Coigny mourut le 19 août 1778. Son fils aîné, Marie-François-Henri, duc de Coigny, fut comme son aïeul maréchal de France (1816) ; et sa petite fille épousa le général, depuis maréchal Sébastiani. Mme de Coigny a donc été bru, mère et belle-grand'-mère de maréchaux].

Il va sans dire que l'abbé Expilly, recteur de Saint-Martin [Note : Le premier évêque constitutionnel du Finistère, guillotiné le 22 mai 1794 à Brest, avec vingt-cinq administrateurs du Finistère], ne vit pas le vieux duc de Deux-Ponts ni la marquise de Coigny, tenir l'enfant sur les fonts. Tous les deux furent représentés : le duc, par Louis-Gabriel-Claude Le Gac, frère du père, que nous avons nommé plus haut ; la marraine, par une parente, Mlle Ursule de Lansalut, dame de Lansalut.

Peu après la naissance de leur fils, M. et Mme, de Lansalut transportèrent leur résidence au pays de Quimper.

Ils y avaient acquis la seigneurie du Hilguy de la succession de Marie-Françoise de Visdelou ; et, le 6 décembre 1777, ils étaient devenus propriétaires de la maison de la rue Saint-François, dont ils comptaient faire leur pied à terre en ville. Bientôt, changeant d'avis, ils louèrent cette maison, puis la vendirent ; et ils habitèrent Hilguy [Note : V. Maison n° 17 de la rue Saint-François. — Buil. de 1898. p. 372-373]. C'est là que d'autres enfants allaient naître.

Le 2 octobre 1778, naquit un second fils : baptisé à Plogastel. Saint-Germain le 15 août 1779, il eut, pour parrain un cousin de sa mère, fils du jeune frère du duc Christian, Maximilien-Joseph, comte palatin du Rhin, qui donna ses prénoms au nouveau-né. La marraine fut la grand’mère maternelle douairière de Deux-Ponts [Note : Elle est désignée sous le nom de Marie-Anne de Forbach, et sous le titre de comtesse de Deux-Ponts, nom et titre qui ne lui appartenaient pas. Elle était, nous l'avons vu, comtesse de Forbach et douairière de Deux-Ponts... Mais il fallait dissimuler le nom bourgeois de Fontevieux]. Rolland-Pierre Le Gac de Lan-salut représente le parrain ; il ne se doutait pas qu'il représentait un futur roi.

En février 1781, un troisième fils naquit au Hilguy. Le 27 de ce mois il fut seulement ondoyé ; onze ans plus tard, les cérémonies du baptême n'étaient pas suppléées ; et, en 1792, cet enfant était encore anonyme.

Le 20 septembre 1783, un autre fils né la veille recevait au baptême les noms de César-Joseph-Marie. Il fut tenu sur les fonts par son frère aîné Christian, alors âgé de huit ans, qualifié sous-lieutenant de dragons à la suite du régiment de Deux-Ponts, et par Ursule Le Gac de Lansalut, « dame du dit nom », sans autre indication.

Enfin, le 28 novembre 1789, fut ondoyée une fille née la veille, qui reçut plus tard le nom de Léontine.

Entre les dates 1783-1789, il y a place à deux naissances. Nous n'avons sur ce point aucun renseignement. Il y a peu d'apparence que d'autres enfants soient nés après Léontine.

Quoi qu'il en soit, trois fils seulement vivaient en 1792. C'est la mère elle-même qui nous renseigne sur ce point.

M. de Lansalut n'avait pas émigré [Note : Du moins n'y en a-t-il pas d'apparence qu'il ait émigré. Sa femme et ses enfants ne figurent pas aux délibérations du Comité de surveillance de Quimper]. Aurait-il repris du service, bien qu’il eût, et de quelques années, dépassé la cinquantaine ? On pourrait le supposer quand on voit un acte de l'état-civil lui donnant, en 1805, le titre de général [Note : Acte de décès de son fils Maximilien rédigé sur la déclaration de Christian, son frère. Plogastel-Saint-Germain, 13 prairial an XIII (6 juin 1805)] ; mais les recherches faites à cet égard au ministère de la guerre ont été sans résultat.

Quoiqn'il en suit, en 1792, il ne résidait pas, semble-t-il, au Hilguy ; nous y voyons Mme de Lansalut seule avec ses enfants et chargée de l’administration.

En 1791, Mme de Lansalut avait envoyé à sa famille de Deux-Ponts son troisième fils (l'anonyme) âgé de dix ans.

Un décret du 19 septembre 1792 ordonnait que les parents d'enfants émigrés paieraient pour chacun d'eux une indemnité destinée à l'habillement, armement et solde de deux hommes. Un décret des 30 mars - 8 avril précédent permettait d'interpréter par « enfants émigrés » les « fils de famille en état de porter les armes » [Note : Duvergier. Lois. T. IV. p. 518. — Décret du 12 septembre 1792, art. 2. Décrets des 30 mars-8 avril, art. 24, p. 112]. Mais, pour les administrations de ce temps, les, rigueurs de la loi étaient insuffisantes.

Aux premiers jours de novembre 1792, Mme de Lansalut reçut du directoire de Pont-Croix sommation de payer la somme de 1100 fr. 14 sols comme indemnité pour son fils absent. Elle invoque l'interprétation rèsultant du décret de mars-avril ; elle dit qu'elle a deux autres fils de seize et treize ans (Christian et Maximilien) ; et elle ajoute : « Si j'avais eu l’intention de nuire à ma patrie française, je n'aurais pas fait émigrer celui de mes trois fils, le moins propre au service militaire. Le motif de son absence est son avancement. Je l'ai envoyé dans le duché de Deux-Ponts où j'ai pris naissance. Cette puissance amie de la France peut lui offrir de grands avantages : il travaille à s'en rendre digne dans un collège d'Allemagne ».

Pour le district ce bambin de onze ans est un présumé émigré portant les armes ! Sans aucun examen, en recevant sa lettre, il répond à Mme de Lansalut « qu'elle est tenue de payer 1.101 francs, sauf à prouver par la suite que son fils est vraiment dans le duché de Deux-Ponts livré aux études » [Note : Arch. du Finistère. L. 51].

Nous ne trouvons plus trace de ce jeune fils en Bretagne.

Ses deux frères aînés, Christian et Maximilien, furent sans doute compris dans quelque réquisition de la République ou de l'Empire. Toutefois nous n'avons aucun renseignement du cadet jusqu'à sa mort.

Le 13 prairial an XIII (6 juin 1805), son aîné, Christian, vint déclarer le décès de son frère survenu la veille au Hilguy. L'acte donne seulement l’âge du décédé (27 ans) ; mais n’indique pas sa profession. Il attribue au père le titre de général ; et qualifie Christian de rentier {Note : Le titre de rentier est de style à Saint-Germain. Il est donné dans le même acte à Louis-Armand Fortuné, de Plœuc, du Guilguiffin ; et, dans l'acte qui va suivre, à César de Lansalut et à ses témoins Kerbringal, Alexandre de Plœuc, rue Kéréon à Quimper... de Trégain... à Quimper], titre insuffisant sinon inexact. Christian devait à ce moment servir dans l'armée, et était sans doute en congé : il n'apparaît plus aux actes de décès qui vont suivre.

Un an après son fils, Mme de Lansalut mourut au Hilguy dans la nuit du 4 au 5 août 1806, à cinquante-six ans. Le lendemain elle fut inhumée dans la chapelle du château. D'après la déclaration, sa mère, douairière de Deux-Ponts, lui survivait [Note : L'acte porte : — « fille de Sa Majesté son altesse sérénissime Monseigneur... etc. et de Marie-Anne-Françoise, comtesse de Forbach, douairière des Deux-Ponts » ].

M. de Lansalut lui-même avait déclaré le décés de sa femme ; il lui survécut seulement cinq mois.

On lit au registre des décès de Quimper pour 1807. « Du 21 janvier, acte de décès du sieur César-François Le Gac de Lansalut, veuf de dame Caroline des Deux-Ponts, décédé ce jour, à quatre heures du matin, rue Mezgloaguen, âgé 71 ans, natif de Morlaix ». — De ses titres anciens pas un mot.

Vingt-deux jours plus tard, Leur fille Léontine mourait en sa fleur, à dix-sept ans, dans la même maison, 11 février 1807.

En vingt mois, Christian de Lansalut avait porté le deuil de son frère cadet, de sa mère, de son père, et de sa jeune sœur. Il allait survivre treize ans. Il mourut, le 2 janvier 1822, à Quimper. Son acte de décès lui donne les titres de capitaine de dragons en non activité, chevalier de la Légion d'honneur.

Le troisième frère (l'anonyme de 1792) bien accueilli du cousin de sa mère duc de Deux-Ponts, était resté en Bavière. Un de ses cousins de Bretagne, fils de Rolland de Lansalut, le vit un jour à Quimper chez son frère Christian. Selon toute apparence, il était mort avant Christian et sans laisser d'enfants.

Ainsi s'explique que Christian ait fait légataire universelle sa tante maternelle Elisabeth-Auguste-Frédérique de Deux-Ponts, alors veuve de Esprit-François du Chastellier, marquis du Mesnil [Notel : Nous avens parlé d'une sœur de Mme de Lansalut portant ces trois prénoms chanoinesse d'Avesnes, quand elle avait dix-huit ans. C'est la légataire. Le jugement du 23 décembre constate que le testateur est son neveu].

Des créanciers se présentèrent ; et la succession fut acceptée sous bénéfice d'inventaire. La vente des immeubles, distribués en vingt lots, fut ordonnée par jugement du 23 décembre 1822 ; et, le 26 mars suivant, le château du Hilguy fut adjugé avec ses proches dépendance, à la barre du tribunal [Note : Le Hilguy fut adjugé à la dame Marguerite-Jeanne Masson, veuve en premières noces du sieur Faudet, et en secondes du sieur Féret. Elisabeth Faudet, sa fille, épousa le sr Gilles La Fontaine dont elle eut une fille, Marie-Louise La Fontaine. Le 1er septembre 1837, la dame Faudet-Féret légua le Hilguy à sa petite fille qui, le 1er octobre 1843, épousa M. Charles Le Batard. Le 20 juillet 1891, Mme Le Batard est décédée laissant pour héritière sa fille Louise épouse (le 10 août 1874) de M. Joseph Le Coq].

La descendance masculine du duc Christian IV s'est éteinte en 1859, en la personne de son petit fils Christian-Auguste-Guillaume, fils du second frère de Mme de Lansalut.

La descendance féminine subsiste ; mais il ne reste pas de descendants de César Le Gac de Lansalut et de Caroline de Deux-Ponts.

***

En finissant, qu'il me soit permis de dire quelques mots de la succession de Deux-Ponts après Christian IV, et de la réunion de Deux-Ponts et de l’électorat de Bavière.

Christian III, de son mariage, avec Catherine de Nassau, avait laissé trois fils :

1° Christian IV, duc de Deux-Ponts, ne laissait pas d'enfants pouvant hériter le duché ;

2° Charles était mort avant lui (1767), laissant un fils également inhabile à succéder au duché [Note : Charles avait un fils de même nom né d'un commerce illégitime, d'après une note que j'aie reçue. La même note dit qu'il devint (en 1775) duc de Deux-Ponts ; mais elle ajoute que Maximilien-Joseph (duc en 1795) était frère de son prédécesseur. Le prédécesseur était donc Charles-Auguste ; l'autre Charles, fils de Charles, n'était que cousin de Maximilien. Il y a confusion entre les deux Charles. Une seconde note indique ainsi la succession : Christian IV — Charles-Auguste — Maximilien-Joseph] ;

3° Frédéric-Michel, de la princesse Françoise Dorothée de Sulzbach, avait deux fils, Charles-Auguste, né en 1749, et Maximilien-Joseph, né en 1756, que nous avons vu parrain d'un fils de Mme de Lansalut.

Après la mort de son oncle Christian IV, Charles-Auguste devint duc de Deux-Ponts. Il mourut sans enfants en 1795.

Avant cette époque, son cousin Charles-Philippe-Théodore, de la branche de Neubourg-Sulzbach, électeur palatin depuis 1742, avait hérité la principauté de Bavière, en 1777. Il mourut à Munich, le 12 février 1799 ; et la branche de Neubourg s'éteignit en lui [Note : Charles avait eu le titre de colonel du régiment d'Alsace, que son successeur eut après lui. Charles commanda longtemps la place de Strasbourg].

Maximilien-Joseph, son cousin éloigné, de la branche de Bickenfeld, duc de Deux-Ponts, hérita l'électorat de Bavière, et y réunit le duché de Deux-Ponts [Note : Une sœur de Maximilien, Marie-Amélie-Auguste, a épousé le roi Frédéric-Auguste de Saxe, morte, 1828. Une autre (Marie-Anne) fut épouse du duc Guillaume de Bavière morte en 1824].

En 1805 (26 décembre), il obtint le titre de roi de Bavière ; et il a fondé la dynastie aujourd'hui régnante.

Maximilien Le Gac de Lansalut, mort le 6 juin 1805, n'a pas vu son parrain roi ; mais Mme de Lansalut, vivant jusqu'au 6 août 1806, a salué la royauté de son cousin-germin. Si elle vivait aujourd'hui, elle serait l'arrière-grande-tante à la mode de Bretagne du roi Othon, au septième degré de parenté.

Généalogie des Lansalut (Seigneurie du Hilguy).

(Trévédy).

© Copyright - Tous droits réservés.