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NOTICE SUR LA CHAPELLE DE SAINT-HERROT EN PLONÉVEZ–DU-FAOU (FINISTÈRE)

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En 1847, M. Jonker, dans un rapport sur cet édifice, s'exprime ainsi :

« L'époque de la fondation de cette chapelle n'est pas bien connue, aucune tradition n'en parle, aucun document écrit ne la précise ; des lettres patentes de la Duchesse Anne, du 15 février 1509, portent continuation d'une rente de dix louis sur ses domaines à la chapelle de Saint-Herbot, à charge de deux messes par semaine. Il est probable que cette rente avait été constituée par la Duchesse au moment où elle quitta la Bretagne pour épouser Charles VIII en 1491.

A cette époque, la chapelle avait déjà un certain renom, mais comme ces sortes de vogues pieuses ne sont jamais acquises qu'après un grand nombre d'années, il peut paraitre vraisemblable que les premières constructions de l'église remontent au commencement du XVème siècle ou à la fin du XIVème siècle ; c'est ce qui résulte de l'examen des caractères architectoniques fait par M. Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques lors de sa tournée en Bretagne en 1835. Il a été même tenté de rapporter au XIIIème siècle la fondation de la chapelle d'après le style de quelques détails intérieurs et a constaté des retouches survenues comme le prouvent les dates qu'on y lit : 1516 — 1558 — 1609 ».

« C'était autrefois un prieuré relevant des Carmes de Rennes. Le dernier prieur résidant, le chanoine Guillo, mourut en 1774 d'une chute de cheval ; l'abbé de Beauvais, dignitaire de l'église de Rennes, vicaire-général de Cornouaille, en devint alors titulaire ».

Chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (Bretagne).

Pendant la Révolution, cette chapelle comme tant d'autres fut abandonnée ; mais, grâce peut-être à son éloignement de tout centre, perdue dans la montagne, elle échappa aux passions des hommes et nous est parvenue telle qu'elle était autrefois.

Certes, le temps, comme partout ailleurs, a gravé son œuvre sur ses pierres en les émoussant, en les dégradant ; mais il leur a donné aussi cette belle parure de lichen et de mousse qui, avec le ton roux des vieux granits, lui donnent une patine si fondue et si chaude qui fait l'admiration de tous les artistes.

Aujourd'hui cette chapelle dépend de la paroisse de Plonévez-du-Faou dont elle est distante d'environ 10 kilomètres. Chaque année il s'y fait un important pardon;

Le saint vénéré est particulièrement invoqué pour la protection des bêtes à cornes ; en les promène processionnellement autour de la chapelle, et l'on dépose des crins de vaches ou de bœufs sur les autels, non sans avoir fait son offrande de lait ou de beurre à saint Herbot.

Elle a été bâtie sur l'emplacement de l'ermitage du pieux solitaire dont elle renferme encore le tombeau.

C'est au fond d'un vaste entonnoir formé de hautes collines, dans une nature grandiose et presque sauvage qu'elle semble s'être cachée, tout près de la petite rivière d'Elez qui coule à ses pieds, venant descendre dans ce bas-fond par une suite de méandres et de cascatelles de près de 2 kilomètres de développement.

Sur le sommet qui la domine au nord, on peut admirer ce qui reste du château des seigneurs du Rusquec qui avaient certaines prérogatives sur la chapelle. On y admire une belle vasque de granit de 4 m 10 de diamètre d'un seul morceau, un colombier et quelques tours démantelées.

Chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (Bretagne).

Ce qui frappe tout d'abord le visiteur, lorsqu'il arrive à Saint-Herbot c'est son imposant clocher que l'on découvre perdu dans la verdure et le rocher à plus de 4 kilomètres sur la route de Huelgoat. Il ressemble beaucoup à celui de Carhaix dont il est antérieur, mais dépourvu comme lui de sa flèche et sans clochetons. Cet édifice fut construit à flanc de coteau sur un terrain très accidenté présentant une déclivité d'au moins 4 mètres du sud au nord et de 2 mètres de l'ouest à l'est ; l'abside, comme le veut la tradition, tournée au Levant.

Il se compose d'une nef avec bas-côtés de 20 mètres de longueur sur 19 de largeur totale. Le clocher, non terminé, tout à fait en dehors, la termine au Couchant. Il mesure extérieurement 8 mètres de côté et s'élève à près de 30 mètres du parvis de l'église à la plate-forme supérieure.

A la façade nord, très sobre, vint s'accoler au XVIIIème siècle une sacristie à deux étages avec, dépendances, et un large perron circulaire accédant à une petite porte latérale qui semble dater des premières années de la construction. Sur la façade sud, la plus remarquable par la diversité de ses édicules s'ouvre un large et profond porche auquel est appuyé un charmant petit ossuaire de l'époque de la Renaissance. Une grande chapelle basse s'avance sur la façade au-devant du clocher.

Si nous passons à l'est, nous voyons le mur droit de l'abside flanqué de hauts contreforts carrés, surmontés de lanternons à petits dômes couronnés du croissant, et de belles fenêtres à meneaux et rinceaux flamboyants ; celle du milieu très grande, à 6 travées, se termine par une rose d'un travail intéressant.

Comme il a été dit plus haut, cet édifice a subi plusieurs transformations ; il se composait primitivement d'une nef avec bas-côté ; du reste, on remarque encore des substructions assez anciennes dans les murs latéraux vers le chevet, et la petite porte ogivale nord indique plutôt l'art de la fin du XIIIème siècle. Les arcades et piliers de la nef nous paraissent dater du commencement du XIVème siècle. Aux XVème et XVIème siècles furent successivement construits le porche sud, le clocher et la chapelle du bas qui elle-même fut remaniée et agrandie quelques années plus tard. Sous Henri II on édifia le petit ossuaire et l'on remania l'abside ; enfin au XVIIIème siècle se bâtirent les constructions nord énumérées ci-dessus.

Chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (Bretagne).

Revoyons maintenant en détail cette belle chapelle :

La façade principale à la base du clocher est décorée d'une grande ouverture ogivale à contre courbe et galbes feuillages et fleuronnés;  les voussures sont formées de fines moulures décorées de sculptures et de bases délicates mais sans chapiteaux. Elles encadrent deux portes géminées à anse de panier séparées par un pilastre en spirale et couronné d'un petit personnage tenant dans ses bras deux animaux allongés. Les galbes viennent s'amortir sur de jolis culs-de-lampe représentant des anges tenant des banderoles avec inscriptions.

Dans le tympan, au-dessus d'une frise sculptée et dans une niche la statue de saint Herbot revêtu d'une coule à capuchon, tenant un livre fermé, et la figure ornée d'une grande barbe frisée. A ses côtés, deux anges tenant également des inscriptions. Celle de droite porte : L'an V C XVI (1516) fust cest portail consacré et mise iche cesti pierre.

Cette entrée monumentale est surmontée d'une élégante galerie portée sur une corniche richement sculptée munie de petites gargouilles pour l'écoulement des eaux du passage qu'elle protège. Derrière, une belle fenêtre élancée, terminée par un galbe fleuronné supporté par des anges, mais sans meneaux, et deux petites portes donnant accès d'un escalier dans l'autre pour monter au sommet de la tour. Ces escaliers sont pratiqués dans l'épaisseur des murs très larges de ce côté. Ce clocher est flanqué aux angles de hauts et puissants contreforts étagés, ornés de pinacles et clochetons ; sur leurs parties inférieures deux belles niches avec dais. De longues et belles fenêtres en garnissent la partie principale ; elles sont surmontées d'accolades feuillagées qui se répètent sur la partie nue des murs et forment avec la frise à rinceaux aveugles et la corniche supérieure un très beau couronnement. La dernière balustrade, plutôt un peu grêle, est composée de quatre lobes réunies par des courbes allongées, mélange de XIVème siècle et XVème siècles assez fréquents dans l'architecture bretonne, et terminée en pans coupés devant lesquels s'élèvent aux angles quatre petits pinacles isolés.

On remarque sur la terrasse, l'amorce des quatre clochetons qui devaient s'élever autour de la flèche centrale. L'un d'eux fut achevé sur une tout autre donnée au XVIIIème siècle pour couvrir l'arrivée de l'escalier.

La question de l'écoulement des eaux n'a pas été négligée dans cette construction partout où la nécessité s'en faisait sentir, faisant établir des gargouilles aux angles du clocher, dans les cordons sculptés soulignant les grandes fenêtres, à la chute des pignons et des lucarnes ; toutes çes gargouilles sont d'une composition variée et amusante.

N'oublions pas de mentionner à gauche de la façade ouest, une jolie petite fenêtre ornée d'une fleur de lys habilement composée. Sur le long mur de la chapelle, à droite, devait autrefois s'ouvrir une large fenêtre géminée dont on retrouve les débris entassés tout près de là, à moins que ces pierres travaillées ne proviennent d'une lucarne latérale pareille à celle qui existe au sud, lucarne qui aurait été démolie lors de l'agrandissement de cette chapelle. Quoiqu'il en soit, il serait à souhaiter que ces pierres, encore en bon état sur les herbes et la mousse qui les recouvrent, fussent employées à décorer ce grand mur et à donner plus de lumière dans le bas de cet édifice.

La façade sud avec ses avancées, ses pignons et ses clochetons, offre une silhouette des plus variées. Le beau porche, ayant quelque parenté avec celui de Notre-Dame du Folgoët et de la chapelle du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon, est orné de nombreuses sculptures bien conservées. Ses arceaux sont décorés de statuettes reposant sur de petits socles formant dais à celle du dessous. De fins pilastres triangulaires surmontés de culs-de-lampe arrêtent l'archivolte fleuronnée qui encadre l'ensemble. Dans le petit tympan, le Père éternel assis, le chef couronné, porte la boule du monde et bénit ; à ses pieds deux anges volants semblent le soutenir. De chaque côté deux autres anges portant banderolles gravées d'inscriptions sur l'une desquelles on lit la date de 1609.

Enfin, au-dessus, décorant le pignon, des dalles portant des armoiries mutilées, et un cadran solaire en ardoisine.

Les contreforts un peu massifs, placés sur les angles, se terminent maigrement par de petits pinacles carrés.

L'intérieur de ce porche est divisé en deux travées couvertes de voûtes d'arêtes très élancées. Sur les parois des murs, au-dessus du banc de pierre, règne une riche arcature surmontée d'une frise largement sculptée d'où se détachent des culs-de-lampe portant les statues des douze apôtres avec leurs attributs et une banderole sur laquelle est écrit l'un des articles du Credo. Ces statues de pierre, autrefois peintes, sont encadrées dans de belles niches surmontées de dais richement sculptés.

Les nervures de la voûte viennent se perdre sur les colonnettes sans chapiteaux. Au fond de ce porche, une double entrée dans le même genre que celle du clocher mais moins importante, avec la statue du saint patron, toujours vêtu de la robe monacale, et tenant un bâton et un livre ouvert. — A côté on déchiffre péniblement cette inscription : Messire Jehan de Launay prebtre, gouverneur de céans fist faire cest portail, commencement le premier jour de Juillet mil quatre cents quatre vingt dix huit.

Le petit ossuaire ou charnier renaissance accolé au côté ouest de ce porche est composé d'un haut soubassement sur lequel vint s'élever une ordonnance classique séparant par des pilasters corinthiens des baies étroites que termine tout un entablement. Le comble en appentis est masqué par une chevronnière venant s'arrondir dans le bas pour s'arrêter au pied d'un joli motif de couronnement.

Derrière ce petit édicule, émerge la tourelle de l'escalier conduisant à la chambre haute placée au-dessus du porche ; cette-tourelle est recouverte d'un toit pyramidal en pierre surmonté d'un beau fleuron. A signaler la belle lucarne éclairant le bas-côté. La partie au delà du porche vers l'est, paraît plus ancienne ; la petite fenêtre dénote le XIVème et ses murs en moëllons remontent certainement aux constructions premières de cette édifice. La façade orientale dont nous avons parlé précédemment porte la date de 1618.

L'intérieur de cette chapelle, quoique plus simple que l'extérieur, ne manque pas de charme et de dignité. La nef, large de près de 7 mètres, est séparée des bas-côtés par d'élégants piliers formés de colonnes cantonnées recevant des arcs en tiers point sur de beaux chapiteaux sculptés, tous variés ainsi que les bases triangulaires qui supportent ces piles. A l'entrée du chœur, deux autels en pierre très simples, deux autres plus œuvrés se trouvent dans la chapelle du bas ; leurs tables sont portées par des colonnes ornées ou contournées. La nef et les bas-côtés sont couverts d'une voûte en lambris laissant paraître les fermes de charpente peu travaillées. Le comble qui recouvre ces voûtes est à deux pentes seulement, comme cela se voit fréquemment en Bretagne. — Sur les murs de l'abside dans les angles formés par les murs goutereaux, deux énormes culs-de-lampe sculptés de figures et d'ornements végétaux, et plus bas, à droite, une jolie piscine ou crédence pratiquée dans l'épaisseur du mur. Dans le chœur, est le tombeau du saint patron : c'est une table de pierre mesurant 2 m 19 sur 1 mètre, soutenue par quatre piliers carrés et sur laquelle repose la statue couchée de saint Herbot, vêtu d'une robe à longs plis et d'une cuculle ou camail à capuchon. Il a les mains jointes sur la poitrine, tient un bâton sur le bras gauche et un livre suspendu sous le bras droit ; au-dessus de sa tête est un fronton feuillage dans le style du XVème siècle, et à ses pieds un chien ou un lion.

Chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (Bretagne).

La chapelle basse près du clocher est voûtée de deux travées en arc d'ogive à peu près égales ; les fines nervures viennent s'amortir dans les angles ou se perdre dans les murs après s'être entrecroisées en tous sens. Les clefs de voûte sont ornées d'anges portant écussons. On remarque très bien les remaniements qui s'opérèrent dans cette chapelle sorte de transept placé au bas de l'église. Les anciens formerets plus bas ont été buchés au ras des murs, et sur leur naissance on est venu en élever d'autres plus élancés et plus hauts. Quelques culs-de-lampe décorent aussi les murs et portent des statues. Mais ce qui attire particulièrement l'attention et l'admiration des visiteurs, c'est le magnifique cancel en bois de l'époque de la Renaissance qui enclôt le chœur, ouvrage d'un style et d'une richesse remarquables. En face, c'est-à-dire du côté de la nef, ce cancel est surmonté de la scène du crucifiement presque grandeur naturelle : Le Christ en croix ; sous ses deux mains clouées deux anges recevant le précieux sang dans des coupes ; à ses pieds la Madeleine éplorée ; des deux côtés la sainte Vierge et saint Jean debout, puis les deux larrons crucifiés. Pour mieux représenter le Calvaire on a mis des têtes de morts disséminées sur le rocher.

Chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (Bretagne).

Cette belle clôture est formée de panneaux pleins dans le bas et dans le haut et constitue dans la partie médiane une vraie claire-voie en balustres délicatement tournés. Les panneaux du bas sont couverts d'arabesques sculptées, toutes variées entre elles, ceux du haut sont séparés par des cariatides également variées et renfermant dans la façade les statuettes des douze apôtres, tandis que sur le côté nord se trouvent les douze petits prophètes et sur le côté sud les douze sibylles avec leurs attributs. — Dans le couronnement composé de pinacles tournés et de frontons ornés à contre-courbes, se détachent des têtes saillantes ou bustes des docteurs de l'Eglise, analogues à celles des sculptures de Solesmes et du retable de Quimperlé. A l'intérieur, attenantes à ces boiseries qui leur forment dossier, sont quinze stalles surmontées de dais saillants et continus, les accoudoirs et le dessous des miséricordes sont ornés de sujets variés.

Nous ne quitterons pas l'intérieur de cette chapelle sans dire un dernier mot sur le clocher. Sous la haute arcade qui en précède l'entrée devait s'ouvrir une belle salle voûtée sur plan carré dont on voit les armorces sur les fines colonnettes placées aux angles. Au-dessus de cette voûte s'étendait une tribune avec balustrade en pierre dont on aperçoit du reste les départs dans les gros piliers. Problème assez curieux que cette voûte se profilant dans le vide sur un de ses côtés pour supporter une balustrade ajourée. Le beffroi, ou charpente recevant les cloches, est porté sur un empoutrement reposant sur des corbeaux en pierre. Un peu avant d'arriver au faîte de la tour, quatre petites trompes à arcs plein cintres superposés portent les pans coupés devant recevoir la base de la flèche polygonale.

Enfin notre description serait incomplète si nous ne parlions pas des quelques statues et des beaux vitraux qui décorent l'intérieur de cet édifice : à droite du maître-autel, dans une niche d'angle, une statue de la sainte Vierge entourée d'un nimbe en amande, les pieds posés sur le croissant et ayant aussi à ses pieds le buste de notre mère Eve qui tient en la main la pomme fatale ; autour de la tête de la Vierge, cinq anges lui font une cour d'honneur. Sur les volets de la niches ont peints les bustes des six prophètes. Dans la niche de gauche se trouve la statue de saint Herbot, vêtu d'une robe et d'un manteau à capuchon, portant crosse et livre. Cette niche est gothique, tandis que celle de la Vierge est Renaissance, mais les volets n'ont reçu aucune décoration.

Chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (Bretagne).

A l'autel nord on trouve un saint tenant un livre et une palme cassée ou un bâton ; puis saint Laurent. — A l'autel, sud saint Corentin et saint Yves avec surplis, camail et barrette. Le riche et le pauvre sont sculptés en bas-relief sur les volets de la niche.

Le vitrail qui est au-dessus de l'autel sud contient aussi la représentation de saint Yves entre le riche et le pauvre et porte trois fois la date de 1556.

Dans la maîtresse vitre ce sont des scènes de la Passion : l'Agonie au Jardin des Oliviers. — Le baiser de Judas. — Le Christ devant le Grand-Prêtre. — Pilate se lavant les mains. — Le Couronnement d'épines et le Portement de Croix.

A l'autel nord : saint Laurent sur le gril — 1556.

A l'entrée du chœur est une belle statue Notre-Dame de Pitié, puis des petites statuettes de saint Sébastien, saint Roch et autres sur les piliers.

Dans la chapelle du bas il y a une statue de moine en pierre blanche et une statuette d'évêque. Sur un vieux parement d'autel ou antipendium, on voit en peinture la sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus, saint Yves en robe d'official ou d'avocat, et un saint évêque avec entourage de fleurs.

Dans le cimetière, aujourd'hui petit placitre entouré de muretins une belle croix en pierre élevée sur un haut soubassement portant la date de 1625. Son chapiteau très évasé est accompagné de sortes de culs-de-lampe qui portent les personnages et les croix. Il est orné en bas-relief de scènes de la Passion et du voile de sainte Véronique. Au-dessus du Christ, sur le sommet de la croix, deux petits anges adossés portent sur leurs ailes l’âme du Sauveur, et deux autres anges placés au-dessous des bras sur des colonnettes, reçoivent dans des coupes le précieux sang des mains du crucifié. De chaque côté les deux larrons : le bon supporté par des anges, le mauvais par des démons grimaçants. Au devant, la sainte vierge, et saint Jean dont il manque la tête. Derrière le Christ la statue de saint Herbot toujours vêtu d'une robe à long plis et tenant un livre ouvert; à ses pieds, une descente de croix. Tous ces personnages groupés tiennent dans un espace relativement restreint de 0 m 70 de large sur 1 m 20 de hauteur, du dessus du chapiteau au faîte du monument.

Si dans ces vieux monuments la Bretagne ne possède pas un système de construction très défini, elle a eu une architecture bien a elle, parfaitement appropriée à la nature de ses matériaux et aux mœurs et coutumes de ses habitants. Certes, elle s'est inspirée dans ses œuvres de granit de ce qui se faisait, autour d'elle dans les vieilles écoles françaises, et ses constructeurs allèrent sans doute étudier les monuments des régions voisines ; mais elle a su donner à ses édifices un caractère spécial répondant parfaitement aux besoins et aux idées de ses populations. Ses clochers à jours ne sont-ils pas là pour nous montrer les particularités dans l'art de bâtir en Basse-Bretagne ; ces sortes de quillages de pierre étonnent encore aujourd'hui par la hardiesse de leur conception. Ses petits porches voûtés remplis souvent de statues, ses ossuaires presque toujours richement conçus tenant à la fois de la construction civile et religieuse, ses calvaires, véritables scènes de pierre racontées par le sculpteur, toutes ces choses ne sont-elles pas l'image réelle de ce que fut cet ancienne province si attachée à ses mœurs et à ses traditions ?

Nulle part on ne rencontre plus de diversité, plus de naïveté aussi dans la conception et la décoration des édifices, mais aussi plus d'unité dans l'ensemble qui fait comme une grande famille de tous ses monuments.

Les églises en Bretagne étaient le plus généralement recouvertes de beaux lambris de bois ornés de curieuses sculptures, et laissant voir leur charpente apparente ; les voûtes n'étant guère employées que pour les porches donnant sur le dehors et dans les constructions de quelque importance. Quand les constructeurs employèrent la voûte, ils suivirent ce qui se faisait alors en Normandie ou dans les provinces voisines en y apportant cependant leurs idées personnelles basées sur la nature de leur granit.

Il faut bien l'avouer cependant, ce n'est pas en Bretagne que l'on peut rencontrer les beaux problèmes de constructions des Écoles Françaises du Centre et du Nord de notre Patrie ; mais nos monuments continuent de nous charmer, de nous intéresser même, car ils sont eux aussi une belle page du passé. Nous devons donc contribuer à les conserver, à les maintenir tels que nous les ont laissés nos pères ; et les transmettre intacts aux générations futures qui comme nous, nous l'espérons, sauront les respecter.

(Charles Chaussepied, architecte).

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