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L'ÉGLISE DE SAINT-HERBOT ET SON HISTOIRE.

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Cet ancien prieuré des Carmes de Rennes, depuis quelques mois église paroissiale, est l'un des édifices les plus intéressants du Finistère [Note : Ch. Chaussepied, Notice sur la chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou, dans les Mémoires de la Société archéologique du Finistère, 1914, p. 128-139. — Chanoine J.-M. Abgrall, Le pardon de Saint-Herbot, Ibid., 1916, p. XXVI-XXVIII]. Ses différentes campagnes permettent, en effet, de suivre l'évolution du style gothique en Cornouaille et montrent la curieuse coexistence d'éléments retardataires et précoces ; son mobilier est encore important ; enfin, sa tour et, son portail ont servi de modèles à de très nombreux édifices.

Plonévez-du-Faou (Bretagne) : chevet de l'église Saint-Herbot.

Historique. — L'on ne sait absolument rien du pieux ermite sur le tombeau duquel s'est élevée la première chapelle.

Largillière, remarquant qu'il n'est l'éponyme d'aucun plou, lann, tré ou lok, et que les lieux portant son nom comportent une chapelle dont il est demeuré patron, indique que l'on a ainsi la preuve que son culte n'est pas ancien. Ceci est d'ailleurs confirmé, ajoutait-il, par le fait que le saint a partout la même spécialité : protéger les bestiaux.

Cet érudit estimait donc qu'il s'agissait d'un religieux, peut-être originaire de l'Ile-de-Bretagne, venu se retirer dans les gorges boisées de Plonévez-du-Faou et ayant vécu au XIIIème ou au XIVème siècle.

Il semble qu'il soit prudent de reculer son existence entre le XIème et le XIIIème siècle. Une bulle d'indulgences du 10 mars 1389, en faveur de la reconstruction de la chapelle, indique, en effet, qu'elle avait été détruite pendant la guerre de succession du duché et que c'était alors un lieu de pèlerinage très fréquenté. Suivant une notice rédigée peu après cette destruction et conservée jadis à Berrien, les Anglais auraient alors emporté le chef du saint enfermé dans un riche reliquaire, ainsi que le précieux manuscrit relatant sa vie.

C'est donc à l'extrême fin du XIVème siècle que fut entreprise la construction de l'édifice actuel. Elle était terminée avant 1424, année à laquelle le duc Jean V y envoya un messager pour offrandes et messes à l'intention de sa fille Isabelle, reine de Sicile, sans aucune mention de l'œuvre.

A la fin du XVème siècle et probablement à la suite d'une donation de la duchesse Anne d'une rente annuelle de dix louis sur ses domaines à charge de deux messes par semaine, de grands travaux furent entrepris : construction d'un porche méridional et réfection du pignon occidental avec adjonction d'une tour flanquée au sud d'une grande chapelle. Les travaux du porche, commencés en 1498, furent terminés en 1509, année en laquelle, par lettres patentes du 15 février, la reine Anne prorogeait sa précédente donation.

Quelques années plus tard, en 1516, le portail occidental fut commencé et la tour dut être achevée peu avant 1529, date du transport de l'atelier à Carhaix pour la construction d'une tour semblable à Saint-Trémeur.

Vers 1550, la chapelle occidentale au sud de la tour fut modifiée et le mur adjacent, jusques et y compris la tourelle du porche, reconstruit en tailles. Le chevet fut alors également réédifié en tailles en conservant l'ancienne fenêtre de la nef, mais en éclairant, par deux fenêtres nouvelles l'extrémité des bas-côtés. Les vitraux furent exécutés en 1556 et, deux ans plus tard, en 1558, un ossuaire.

A cette époque, le pèlerinage était très fréquenté et l'on y jouait des Mystères, ainsi que le font connaître des lettres de rémission pour homicide volontaire accordées à Louis Colober, laboureur, qui, sans doute, s'y était livré à de trop copieuses libations.

Au début du XVIIème siècle, en 1615, le pignon oriental fut consolidé, ainsi que l'indique cette date gravée sur un contrefort. Enfin, au XVIIIème siècle fut édifiée au nord-ouest une sacristie à deux étages et, sur le mur nord, un perron circulaire à double volée restauré en 1853.

Plonévez-du-Faou (Bretagne) : plan de l'église Saint-Herbot.

Plan. — Construit à l'emplacement de l'ermitage du saint dans un terrain accidenté présentant une dénivellation de 4 mètres environ du sud au nord et de 2 mètres de l'ouest à l'est, l'édifice consiste en un vaisseau avec bas-côtés de cinq travées à chevet plat. De plan sensiblement carré, il mesure 20 mètres de longueur sur 19 mètres de largeur.

Les deux dernières travées du vaisseau central, fermées par un chancel, forment le chœur. Au midi, au droit de la troisième travée, s'ouvre le porche méridional, tandis qu'au nord, lui faisant face, une porte du XIVème siècle donne accès au perron circulaire.

Au bas de la nef, en avant du pignon occidental, s'ouvre le porche ouest, surmonté d'une tour carrée de 8 mètres de côté et flanqué sur sa face sud d'une grande chapelle. Sur le mur nord s'ouvre la sacristie.

Intérieur. — L'édifice, du type à nef obscure, est seulement éclairé par les fenêtres des pignons et des bas-côtés. Il est entièrement lambrissé, lambris reposant sur des fermes apparentes dans le vaisseau central et sur des demi-fermes dont seuls les entraits et les poinçons sont apparents dans les bas-cotés. Le toit, à doubles rampants, couvre à la fois la nef et les bas-côtés ; mais chacun des rampants est à double pente, celle-ci changeant à l'aplomb des grandes arcades.

Ces arcades, à deux voussures bien moulurées, reposent par l'intermédiaire de chapiteaux sur des piliers. Ceux-ci, dont chaque assise est monolithe, ont comme section un octogone irrégulier cantonné de quatre demi-colonnettes. Leurs chapiteaux, également monolithes, passent de la forme complexe du pilier, que suit encore l'astragale, à la forme losangée du tailloir par l'intermédiaire d'une corbeille décorée de grosses feuilles. Les bases sont très irrégulières, tantôt séparées pour chaque colonnette et, chaque élément adjacent du pilier, tantôt, au contraire, ayant un socle commun pour plusieurs éléments, tantôt, enfin, ayant un socle commun pour tous les éléments.

Ces piliers, par leur section découpée et leurs harmonieuses proportions, donnent une impression de grande légèreté et, comme l'indique également, la décoration des corbeilles, sont très nettement inspirés par l'atelier de Pont-Croix. Aussi Mérimée, visitant le monument en 1835, ne pouvait-il croire que cette nef fût de la fin du XIVème siècle, ainsi qu'on le lui indiquait, et l'estimait, du XIIIème siècle.

Comme à Locronan, à Saint-Guénolé et à Saint-Nonna de Penmarch, la tour est ouverte sur la nef par une très haute arcade, qui, dans le projet primitif, devait être coupée en deux par une tribune sur croisée d'ogives dont on voit les départs des arcs, ainsi que ceux de la balustrade.

Extérieur. — La face nord appartient entièrement, à la reconstruction du XIVème siècle, à l'exception de l'escalier à double volée et de la sacristie à deux étages qui y furent accolés au XVIIIème siècle. Elle est en maçonnerie de blocage et ne présente aucune décoration.

La façade sud, au contraire, avec ses avancées, ses pignons et ses sculptures, est, ainsi que dans la plupart des chapelles bretonnes, la plus remarquable.

En partant du pignon oriental et jusqu'au porche, on trouve d'abord une portion de mur en maçonnerie de blocage appartenant au XIVème siècle, mur percé d'une petite fenêtre à deux lancettes tréflées surmontées d'un triangle curviligne également tréflé.

Le porche qui lui fait suite est parfaitement daté par l'inscription suivante, indiquant, à l'intérieur, le début des travaux : « Messire Jehan de Laulnay p(re)b(t)re, gouverneur de céans fist faire cette portail. Commencement le premier jour de Juiet, mil quatre cents quatre vingt dix ouit », et, par la date de 1509 marquant son achèvement sur le phylactère de l'un des angelots.

Sa porte extérieure, en tiers point et d'une ouverture sans tympan assez aiguë, a ses voussures nettement séparées par des moulures toriques interrompues par des chapiteaux à l'aplomb des sommiers. Au-dessus de ceux-ci, les trois voussures principales sont décorées de statuettes sous dais et, au-dessous, de feuilles d'acanthe. Il est à remarquer que l'accolade extérieure est fortement accusée, ainsi qu'il se voit, par exemple, au porche latéral de Notre-Dame-de-l'Assomption à Quimperlé. Les anges portant les phylactères et volant de chaque côté du fleuron ont été inspirés, ainsi que l'a remarqué De Groër, par ceux de La Martyre.

A l'intérieur, le porche est divisé en deux travées voûtées d'ogives. Deux portes jumelées en anse de panier donnent, accès à l'intérieur de l'église, séparées par un trumeau portant un bénitier d'attache et surmontées d'un linteau orné de trois consoles dont celle du milieu porte la statue du saint patron. Elles sont encadrées par une large voussure en tiers point décorée de feuilles d'acanthe et bordée de deux moulures toriques à filet saillant qui ne sont interrompues par aucun chapiteau.

Toute cette décoration est entièrement gothique, ainsi, d'ailleurs, que celle des faces latérales, qui comprend, au-dessus d'un banc d'attache, cinq arcatures par demi-travée surmontées d'un bandeau sculpté et servant de consoles aux apôtres abrités dans trois niches sous des dais en kersanton.

Le porche est surmonté d'une chambre qui servait jadis aux délibérations des fabriques et aux archives, local éclairé à l'est par une fenêtre rectangulaire à meneaux. L'on y accède de l'intérieur de l'église par une tourelle surmontée d'une petite flèche et reconstruite au milieu du XVIème siècle.

Dans l'angle formé par cette tourelle et le mur occidental du porche a été édifié en 1558 un petit ossuaire de style classique. Sur son stylobate s'élèvent cinq piliers décorés sur leur face extérieure de pilastres corinthiens et supportant un linteau surmonté d'une frise et corniche avec pinacles Renaissance.

La portion du mur qui fait suite a été reconstruite lorsque l'on a agrandi la chapelle au sud du clocher, ainsi que le montrent, le fenestrage de la fenêtre qui y fut percée, semblable à celui du pignon de la chapelle, le cordon mouluré au-dessous de ces fenêtres, ainsi que la belle plinthe de cette partie de l'édifice qui contourne également la tourelle.

La reprise pour l'agrandissement de la chapelle sur ses deux faces ouest et sud est très visible. Bien que les pinacles soient encore entièrement gothiques, ainsi que les gargouilles, les choux frisés des rampants et des fenestrages, le tracé de ceux-ci est tardif et il semble que l'on doive dater cette campagne du règne d'Henri II.

La tour dérive très nettement de celles de Quimper, avec ses baies jumelées sur chaque face, ses faux arcs en mitre décorant les angles, ses meneaux tréflés et ses contreforts étagés garnis de pinacles.

Le porche percé à sa base est très remarquable. En tiers point assez aigu, ses voussures sont séparées par des moulures, soit toriques avec filet saillant, soit prismatiques, qui ne sont interrompues par aucun chapiteau. Au-dessus de la voussure extérieure, une accolade décorée de choux frisés et couronnée d'un fleuron s'amortit dans des piédroits prismatiques. L'accolade est elle-même surmontée d'un faux gâble, également décoré de choux frisés et qui, comme à Saint-Corentin, ne lui est pas tangent, mais coupe les piédroits au-dessus d'elle.

Plonévez-du-Faou (Bretagne) : portail occidental de l'église Saint-Herbot.

A l'intérieur, deux portes jumelées en anse de panier donnent accès à l'église. Elles sont séparées par une colonne torse couronnée d'un petit personnage tenant deux chiens affrontés, colonne qui paraît, avec la petite porte de Saint-Servais bâtie en 1510, l'une des premières manifestations de la Renaissance en Cornouaille. Au-dessus des portes, une frise les sépare du tympan décoré d'une niche abritant la statue de saint Herbot et de deux angelots tenant des phylactères. L'un d'eux précise la date de la fondation de la tour : « L'an mil VcXVI (1516) fut cest portal commencé, messir Cho(rentin) Kerdetfez gouverneur ».

La sculpture de ce porche est, très particulière. Les feuilles d'acanthe décorant les voussures s'inscrivent sensiblement dans un carré ; quant aux tiges, elles ont soit la forme d'un S sur les piédroits, soit d'une arête de poisson sur les frises et les linteaux. Les faux gâbles sont très nets et coupent les piédroits, au lieu d'être, comme généralement, coupés par eux. Cette décoration permet d'identifier un atelier qui, dérivé de celui de Quimper, eut une aire de dispersion considérable.

Le porche est surmonté, comme à Saint-Corentin, d'une galerie portée par une corniche sculptée derrière laquelle s'ouvre une fenêtre élancée avec accolade décorée de choux frisés et d'un fleuron et amortie sur deux angelots. Deux portes donnent accès par la galerie d'un escalier à l'autre pour monter au sommet de la tour, escaliers pratiqués dans l'épaisseur des murs.

Au-dessus de la fenêtre, deux longues baies jumelées de tradition normande donnent à la tour son aspect élancé ; elles sont surmontées d'une frise sculptée au-dessous de la corniche de la terrasse. On remarque sur cette dernière l'amorce de quatre clochetons qui devaient contre-buter la flèche, laquelle ne fut jamais construite. Seul l'un des clochetons fut édifié au XVIIIème siècle pour abriter l'extrémité de l'escalier. La terrasse est entourée d'une balustrade décorée de quatre-feuilles avec petits pinacles gothiques aux angles.

Au nord de la tour, la fenêtre du pignon occidental éclairant le bas-côté nord est ornée d'un fenestrage en fleur de lis d'excellente facture.

Le pignon oriental fut reconstruit en tailles vers 1550 en conservant l'ancien fenestrage rayonnant de la nef de l'extrême fin du XIVème siècle ou des toutes premières années du XVème. Les fenestrages des bas-côtés furent, au contraire, refaits alors dans le style flamboyant.

Y eut-il dans la suite menace de déversement ? Il est certain que ce pignon fut, remonté en partie au début du XVIIème siècle, ainsi que l'indique sur le contrefort sud l'inscription M. MA. DERIEN 1615. Les contreforts furent alors couronnés de lanternons surmontés d'un croissant, lanternons dont le modèle fut introduit par l'atelier de Kerjean à Lanhouarneau en 1582 et dont Yvon Jacq avait déjà orné le chevet de Gouesnou en 1607.

Mobilier. — Il est important et comprend le tombeau du saint, quelques statues anciennes, les vitraux et surtout le chancel.

Tombeau de saint Herbot. — C'est une dalle en granit, supportée par quatre piliers carrés sans aucune moulure. Elle porte en bas-relief l'effigie du saint, vêtu d'une robe monacale et d'un camail, les pieds appuyés sur un chien. Au-dessus de sa tête, un arc en mitre avec feuillage semble indiquer une œuvre du XVème siècle.

Statues anciennes. — De chaque côté du maître autel, portées sur des culs-de-lampe en pierre très décorés, deux niches en bois à volets renferment les statues vénérées de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle et de saint Herbot.

La Vierge mère, dans une gloire entourée de séraphins, paraît remonter au XVIème siècle. Les volets sont décorés de peintures plus récentes représentant les bustes des prophètes ; à gauche, Daniel, Zacharie et Jérémie ; à droite, Isaïe, Joël et, David.

Le saint, en robe à longs plis avec camail à capuchon, porte un livre sur son bras droit et une crosse abbatiale de la main gauche. De bonne facture, cette statue paraît dater également du XVIème siècle ; les volets, plus récents, sont décorés simplement de losanges.

Mentionnons encore la Crucifixion au-dessus du chancel, ainsi que les statues anciennes de saint Corentin, saint Laurent, saint, Yves, saint Gilles, saint Sébastien, saint Roch et, en avant du chancel, une Pieta du XVIème siècle.

Vitraux. — La maîtresse vitre est consacrée à la Passion, dont elle représente six scènes en douze panneaux : le Christ au jardin des Oliviers, le Baiser de Judas, le Christ devant Caïphe, le Christ devant Pilate, le Couronnement d'épines, la Montée au calvaire. Ces panneaux sont surmontés des armes des du Rusquec, de la Marche de Bodriec, Kerlech du Chastel, Trefflech, Berrien, Rosily de Maros, prééminenciers de la paroisse. Le millésime de 1556 et les initiales T. Q. du peintre verrier morlaisien Thomas Quemener, époux de Jeanne Collin, y figurent à plusieurs reprises. La verrière a été restaurée en 1716 par Claude Le Roux, puis, en 1886, par MM. Hucher et fils, du Mans.

Si les couleurs, notamment le bleu, sont encore très belles, le dessin est très quelconque et irrégulier, peut-être par suite des restaurations.

La verrière du bas-côté nord représente le martyre de saint Laurent et celle du bas-côté sud saint Yves entre le riche et le pauvre. Elles portent également le millésime de 1556 et sont dues certainement au même atelier.

Chancel. — De la seconde moitié du XVIème siècle, il clôt le chœur sur trois côtés et comprend une série de panneaux sculptés en haut et en bas, séparés par des balustres tournés formant claire-voie. Les panneaux du bas sont, décorés d'arabesques Renaissance. Sur ceux du haut regardant la nef sont figurés les douze apôtres en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les faces latérales, au nord les petits prophètes, au sud les sibylles.

Plonévez-du-Faou (Bretagne) : intérieur de l'église Saint-Herbot.

A l'intérieur, seize stalles font corps avec le chancel. Les panneaux qui les surmontent sont décorés, dans la partie centrale, de douze saints et saintes en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les côtés, de motifs décoratifs. Les jouées d'extrémité des stalles supportent un entablement formant baldaquin décoré de dix-huit bustes des évangélistes, des prophètes et des docteurs.

En avant du chancel, deux tables de pierre servent à déposer les offrandes le jour du pardon, d'un côté les crins, de l'autre les mottes de beurre.

Une restauration récente a mis au jour l'inscription suivante se rapportant à la Crucifixion qui le couronne :
L'AN — 1659 — O VOS OMNES QUI TRANSITIS PER VIAM ATTENDITE ET VIDETE SI EST DOLOR SICU(T) DOLOR ME(US)
— O : VOUS TOUS PASSANS ARRESTEZ VOUS E VOYEZ S'IL EST UNE DOULEUR SEMBLABLE A LA MIENNE : LAM...

Orfèvrerie. — Signalons la croix processionnelle en argent, du XVIIème siècle, du type finistérien à boules godronnées.

Croix-calvaire. — Sur la place de l'église se dresse l'une des plus intéressantes croix-calvaires du Finistère : elle est datée de 1571.

Un massif à trois gradins orné d'une plinthe bien moulurée sert de support au fût monolithe en granit figurant un tronc écoté. La base du fût est ornée de deux séries de niches superposées, sans doute destinées à recevoir les statues des apôtres, et son sommet porte une élégante console formant, nœud et décorée, sur sa face principale, du Christ-Juge en bas-relief et, au revers, du voile de la Véronique entouré d'angelots.

De cette console émergent les trois croix du Sauveur et des deux larrons, ainsi que deux petites colonnettes intermédiaires servant de socles à la sainte Vierge et, à saint Jean l'Évangéliste. Des angelots recueillent le sang du Sauveur et entourent la croix du bon larron, tandis que des démons veillent sur celle du mauvais.

Au revers de la croix se trouve, suivant l'usage, la statue du saint patron, saint Herbot ; elle surmonte ici une Pieta encadrée de deux angelots.

Filiation. — A peine la tour de Saint-Herbot était-elle achevée que l'atelier se transporta à Carhaix pour en édifier une semblable à Saint-Trémeur, dont le porche, identique, porte les dates de 1529 et 1535. Il construisit ensuite, peu après cette dernière date, le portail ouest de la chapelle de la Trinité-en-Melgven, puis, en 1538, celui de la chapelle du Moustoir-en-Kernevel, identiques aux précédents.

De 1535 à 1570, ce porche inspira très nettement aussi ceux des chapelles Saint-Tugen-en-Primelin, Saint-Germain-en-Plogastel-Saint-Germain, Saint-Theleau-en-Plogonnec, ainsi que ceux des églises de Plogoff, Plouhinec, Langolen, Esquibien, Landudec, Mahalon, Briec, Ploaré, Ploneis.

Cette longue liste montre l'influence considérable que la tour de Saint-Herbot, si nettement inspirée, d'ailleurs, de celle de Saint-Corentin, a exercée sur l'architecture cornouaillaise du XVIème siècle.

(René Couffon).

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