Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE CLERGE DE PLOREC ET DE LESCOUET, sa trêve

  Retour page d'accueil       Retour page "Plorec-sur-Arguenon"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

ANDRÉ LORRE, recteur, né au village de Grammont en Evran, le 3 juin 1738, d'André et de Guillemette Le Carpentier, fut noté durant son séminaire comme ayant de la voix et du chant, très faible sur le latin, médiocre à ses examens. Il reçut la prêtrise à Dol, par dimissoire en date du 27 novembre 1762, après avoir été jugé comme suit à l'examen préparatoire : « A peu près faible à son dernier examen, averti sur le latin, a répondu passablement à celui-ci, a de la voix et du chant ».

D'après ses propres dires, l'abbé Lorre desservit six mois Plorec comme vicaire et quelques mois la trêve de Lescouët. Enfin, à la mort du recteur François Henry [Note : Mathurin-Francois Hesry ou Henry, prêtre du diocèse de Dol et recteur de Trébédan avait obtenu le rectorat de Plorec, le 14 mai 1762, peu permutation agréée en cour de Rome avec Thomas-Thérèse Lucas qui en avait été pourvu au concours le 29 janvier 1756], il fut pourvu, le 15 juin 1776, de la cure de Plorec par l'évêque de Saint-Malo, et dix jours après il en prenait possession.

Grâce, croyons-nous, à la funeste influence de l'avocat P.-A. Urvoy de Saint-Mirel, il se laissa entraîner à prêter le serment constitutionnel pour conserver sa paroisse où son traitement, misérable jusqu'alors, atteignit désormais 1.500 livres par an. Elu notable de Plorec le 9 décembre 1792, puis officier public le 1er janvier suivant, l'abbé Lorre se laissa aller de concession en concession, jusqu'à écrire les lignes suivantes, le 26 février 1794, dans une lettre à la municipalité de Plorec :

« Puisque son état de prêtre paraît troubler notre heureuse Révolution, il déclare en conséquence ne plus faire usage de son état et abandonner les fonctions d'icelles, malgré qu'il dit s'y être bien comporté et qu'au lieu d'avoir causé des troubles, il les a empêchés de toutes manières en prêchant l'amour de la patrie et des nouvelles lois. Il se déclare aussi prêt à déposer ses lettres de prêtrise, s'il en était requis. Il les croit à Dinan, et, après les avoir retirées, il ne veut plus s'occuper que de l'agriculture et des nouvelles lois et de prêcher l'amour et la soumission qu'on leur doit. Il veut en outre se retirer dans le sein de sa famille, de crainte que sa présence à Plorec n'y fût regardée nuisible ».

A cette lettre, si peu digne d'un prêtre de J.-C., si platement servile devant les exigences du pouvoir, le Conseil général de Plorec répondit par l'octroi d'un élogieux certificat de civisme, dont voici la teneur :

« Il reconnaît que les comportements en tous gens du citoyen André Lorre, au lieu d'avoir fait préjudice à qui que ce soit, ont fait du bien, tant en particulier qu'en général. Que, depuis plus de 28 ans qu'il est dans cette commune et en celle de Lescouët, voisine, il s'est comporté en homme de paix et en vrai républicain. En conséquence, la municipalité l'invite à continuer ses fonctions, qui ont rendu cette commune républicaine ; il atteste que, grâce à lui, il ne s'y est opéré aucun trouble, les lois s'y sont exécutées avec le zèle de vrais sans-culottes et montagnards ». Il invite aussi le dit Lorre « à ne pas s'absenter de la commune, pour le bien d'icelle. Il déclare se charger de sa personne et répondre du mal qu'il fera, et le représenter quand et à qui être devra. Enfin, ajoute-t-il, si on fait droit à la présente et au vœu des membres de la municipalité, qui est celui de tous les habitants de Plorec, ceux-ci déclarent ne rien exiger de la République pour le traitement du dit Lorre, et déléguer la dite municipalité deux de ses membres pour présenter la présente aux administrateurs de Dinan ».

(Registre de délibérations de la municipalité de Plorec, aux Archives de la mairie de cette commune. Communication de M. l'abbé Merceron.).

Ni la soumission d'André Lorre, ni la touchante supplique de ses administrés ne purent conjurer ie sort qui l'attendait. « Le 22 ventôse (12 mars 1794), le citoyen Gabriel Rabot vint, au nom du représentant Ruamps, le sommer de se rendre à Dinan, pour s'y faire incarcérer, et de livrer ses titres et papiers, sur lesquels on apposa les scellés. » (Archives C.-du-N., Lm 5, 58). Emprisonné à la maison Saint-Charles avec ses autres collègues, les prêtres constitutionnels du district de Dinan, André Lorre signa, le 9 messidor an II (27 juin 1794), la promesse de se marier afin d'obtenir son élargissement. En conséquence, l'ex-abbé adressa, le 13 thermidor an II (13 juillet 1794), au Directoire du district de Dinan la copie de l'acte de mariage qu'il avait la veille contracté à Evran, par-devant le citoyen Michel, maire de cette commune, avec sa nièce, Marie-Julienne Puel, native d'Evran, alors âgée de 13 ans et 10 mois, et fille d'André Puel et de Guillemette Lequeux.

La Terreur passée, les deux parties firent dissoudre par le divorce ce mariage fictif, le 12 frimaire an III (2 décembre 1794).

André Lorre retourna à Plorec et reprit ses fonctions. Il s'y trouvait encore à la réorganisation du culte. Le préfet Boullé le note dans son enquête vers 1803 « comme résidant à Plorec depuis 35 ans, semblant aimé dans son canton, marié durant la Terreur, mais réintégré dans ses fonctions ; à laisser à sa place ». Mgr Caffarelli ne jugea cependant pas pouvoir condescendre jusque-là et laissa André Lorre sans emploi lors des nominations aux cures. Du reste, ce prêtre mourut peu après à Plorec, le 31 janvier 1804, âgé de 66 ans. Le Nécrologe de l'Evêché lui donne le titre de « prêtre de Plorec ».

FRANÇOIS LORRE, frère du précédent, vicaire, naquit à Evran le 4 novembre 1719 et étudia à Dinan, où on le note en ces termes : « entend et explique bien, répond avec sens, chante un peu » ; mais sa vocation semblait douteuse. Ordonné prêtre le 3 septembre 1749, nous retrouvons cet ecclésiastique, cette même année, chapelain de la Daviais, dans sa paroisse natale.

En 1790, M. Lorre, qui vivait depuis huit ans et quelques mois avec son frère, prêta le serment constitutionnel le 9 octobre 1791 et remplit dès lors officiellement les fonctions de vicaire de Plorec, ainsi qu'en font loi les lignes suivantes extraites du 1er registre des délibérations du Directoire du district de Dinan : « Le 11 octobre 1791, s'est présenté M. Lorre, curé de la paroisse de Plorec, qui a représenté les lettres de vicariat, données au sieur François Lorre, le 7 de ce mois, par M. l'évêque des Côtes-du-Nord et le procès-verbal de la municipalité de Plorec, du 9 du même mois, portant prestation du serment dudit François Lorre en qualité de vicaire… ».

Nous n'avons pu trouver ce que ce prêtre devint ensuite. Nous avons vainement recherché son décès sur les registres d'Evran et de Plorec.

Devint recteur de Plorec, le 16 janvier 1804, FRANÇOIS-PIERRE LE MAIGRE, né à Saint-Brieuc, le 2 février 1750 (ou 1754), du mariage de François, cordonnier, et de Toussainte Vieuloup. Il reçut le sacerdoce le 18 avril 1778 et vivait simple prêtre de l'église Saint-Michel de Saint-Brieuc, lorsqu'il obtint, le 15 octobre 1788, le visa pour le rectorat de Saint-Igneuc dont il venait d'être pourvu. Comme tel, M. Le Maigre, ayant refusé de s'assermenter, dut le 13 septembre 1792 quitter ses ouailles, qui furent unies pour le spirituel à Jugon, et faire viser deux jours après à Saint-Brieuc un passeport pour l'Angleterre. Voici son signalement, tel qu'il figurait sur cette pièce. On y voit que ce prêtre mesurait 5 pieds 3 pouces, avait les cheveux, la barbe et les sourcils châtains, les yeux louches, mais possédait par contre un nez et une bouche ordinaires. Les registres de Mgr de Cheylus mentionnent M. Le Maigre parmi les prêtres qui recevaient des secours à Jersey en août 1796. Boullé, dans son enquête, indique cet ecclésiastique comme revenu à Saint-Igneuc depuis floréal an X (avril-mai 1802) et le note comme pouvant rester curé dans sa paroisse. Nommé cependant recteur de Plorec le 16 janvier 1804, M. Le Maigre devint, à la mort de M. Julien Le Marchand, curé de Plélan, le 28 février 1810. Il y mourut en fonctions, le 23 mai 1821.

Son successeur à Plorec, fut JEAN-FRANÇOIS-JOSEPH CLÉRIVET, né à Erquy, le 17 mars 1751, du mariage de Mathurin et de Mathurine Douard, qui avait été ordonné prêtre à Saint-Malo le 19 mars 1774.

M. Clérivet vivait dans sa paroisse natale lorsqu'il fut pourvu du rectorat de Cohiniac, pour lequel il obtint le visa le 20 mai 1788. Après s'être assermenté comme tel le 2 janvier 1791, Clérivet fut élu curé de Saint-Jean de Lamballe, pour lequel l'évêque Jacob lui donna l'investiture le 9 juin 1791. Quoiqu'il se soit montré dans ce poste « ardent montagnard » écrit l'abbé Pommeret (L'Esprit public, op. cit., p. 237), et acquéreur pour 2.500 l. de biens ecclésiastiques à Erquy, ce constitutionnel fut cependant mis en prison, vers 1794, et s'y trouvait encore le 21 août de cette année, pour avoir refusé de remettre ses lettres de prêtrise ainsi que de se marier.

Une fois la Terreur passée, Clérivet, remis en liberté, s'éloigna de Lamballe et devint l'an IV (1796) curé constitutionnel de Plurien, poste qu'il devait occuper jusqu'à l'époque de la réorganisation concordataire. Il déclarait comme tel, à Pléneuf, l'an VI, « avoir jusqu'alors prêté tous les serments exigés par la loi et n'en avoir rétracté aucun ».

Dans sa dernière enquête de l'an IX, publiée par Sévestre, Boullé note ce prêtre « instruit comme théologien et comme citoyen, ayant des mœurs et du caractère, propre à remplir dignement des fonctions dans l'Eglise ». Un peu plus tard, il le désignait à Mgr Caffarelli comme « un ecclésiastique capable de gouverner ». Mais toutes les instances du préfet ne purent décider ce prélat, qui voulait ramener la paix dans les paroisses troublées par le schisme constitutionnel, à conserver Clérivet comme recteur de Plurien. Bien qu'au dire du préfet, Clérivet méritait une place supérieure (Boullé l'avait en effet présenté pour une des cures de Saint-Brieuc), l'évêque proposait de le nommer à Plestan, mais comme Boullé insistait toujours pour le maintenir à Plurien, Mgr Caffarelli, qui n'ignorait pas combien son départ était favorable au bien de la religion, nomma Clérivet au rectorat de Le Merzer et cette nomination fut sanctionnée par Bonaparte, le 16 janvier 1804 ; ce qui n'empêcha pas Clérivet de refuser ce poste en alléguant son ignorance de la langue bretonne. Comme il était remplacé à Plurien, il s'en fut vicaire à Plouagat avec l'ex-assermenté Bourgneuf. Nous y relevons sa première signature le 29 octobre 1804 et sa dernière le 9 mars 1806.

Toujours protégé par Boullé, Clérivet fut vainement présenté par celui-ci pour le rectorat de Plouer, en 1805. Il parvint cependant à le faire désigner pour celui, moins important, de Plorec le 1er octobre 1810. Clérivet y demeura jusqu'à sa mort, qui eut lieu à Erquy le 24 octobre 1818, à l'âge de 68 ans.

Fut nommé vicaire à Plorec le 9 décembre 1806, MATHURIN LAMANDE, originaire de Plouguenast où Julien et Jacquemine Guerlagar lui avaient donné le jour vers 1751.

Cet ecclésiastique, simple prêtre dans son pays natal en 1790, s'y était assermenté et s'associa à une partie des aventures du fameux Laletton. Le 19 octobre 1792, l'évêque Jacob l'avait envoyé comme vicaire à Saint-Caradec. (Archives C.-du-N., Lm 5, 34). Le 18 floréal an II (27 août 1794), nous le retrouvons emprisonné à Uzel avec ses collègues, les ecclésiastiques assermentés du district de Loudéac. On lui donne 43 ans et on l'indique comme prêtre de Plouguenast. (Archives C.-du-N., Lm 5, 61).

Le préfet Boullé le note, dans son enquête vers 1802, comme « instruit, de bonnes mœurs et attaché au gouvernement ». Il le proposa, en 1803, comme recteur de Saint-Martin-des-Prés, mais l'évêque lui répondit « qu'il avait renoncé à son état en 1794 et n'avait pas encore repris à dire la messe ». Lamandé était vicaire concordataire à Lanvollon lorsque Mgr Caffarelli le transféra à Plorec. Il y décéda, âgé de 65 ans, le 28 mai 1816.

(A. Lemasson).

© Copyright - Tous droits réservés.