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LE PARDON DE PLOUGRESCANT

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Nous avons plusieurs fois déjà nommé les habitants de Plougrescant : c'est dans leur paroisse que se trouve la belle chapelle de Saint-Goneri dont-le pardon est justement célèbre.

Chapelle Saint-Gonéry de Plougrescant (Bretagne)

Saint Goneri fut un solitaire du VIème siècle qui vécut longtemps aux environs de Rohan en Browerech, puis vint se retirer près de Plougrescant où il mourut. Vers 1436 l'évêque de Tréguier, Raoul Rolland de Kerhéloury, institua la fête de saint Goneri comme fête de précepte pour la ville épiscopale et pour les paroisses de Plougrescant et de Plouguiel, à cause des miracles qui s'opéraient à cette époque par son intercession. Plus tard les papes Clément IX en 1668 et Clément X en 1673 attachèrent des indulgences à la visite de la chapelle de Saint-Goneri en Plougrescant.

Ce dernier édifice se compose de deux parties très distinctes. la tour et la chapelle proprement dite. La base de cette tour est très antique et des archéologues ne craignent pas de la faire remonter au VIIIème siècle, et même au VIème siècle [Note : Bulletin de l'Association bretonne, classe d'archéologie, IX, 17]. Ce doit être le premier sanctuaire élevé en l'honneur de saint Goneri pour conserver son tombeau, Plus tard on construisit au-dessus un clocher terminé par une jolie flèche en bois et plomb ouvragés qui semble du XIVème siècle. Sous cette tour se trouve un cercueil de pierre appelé Lit de saint Goneri ; il présente tous les caractères d'une haute antiquité et a fort bien pu être la sépulture du saint. Mais vis-à-vis, dans le mur de la tour est une sorte de petite crypte au-dessus de laquelle repose un tombeau en granit orné de balustres dans le style du XVIIème siècle. A côté sur une pierre est gravé ce qui suit : Ceste tombe de Monsieur Sainct Goneri a esté... en 1663. Ce cénotaphe moderne est recouvert de petits sacs de toile pleins de terre dont voici la raison d'être. Les malades, particulièrement les fiévreux, venant invoquer saint Goneri, ont coutume de descendre sous le cénotaphe et d'en rapporter un peu de « terre sainte » qu'ils renferment dans un petit sac : ils se suspendent ensuite ce sachet au cou et le portent jusqu'à leur complète guérison ; ils reviennent ensuite le placer en ex-voto sur le tombeau du saint.

A cette portion antique du sanctuaire de Saint-Goneri se joint la chapelle proprement dite, œuvre des XVème et XVIème siècles ; elle affecte la forme d'un tau, a une maîtresse vitre de style flamboyant, présente peintes sur ses lambris diverses scenes de l'ancien testament et renferme un superbe reliquaire en chêne sculpté. Mais aujourd'hui ce vieux meuble, remarquable par de nombreuses statuettes, est vide et le chef de saint Goneri se trouve sous la table du maître-autel dans un beau reliquaire de bronze doré. Il faut encore signaler dans cette chapelle une superbe statue de la Sainte-Vierge en albâtre et le monumental tombeau de Guillaume du Halgoët, évêque de Tréguier, décédé en 1602.

Le pardon de saint Goneri se célèbre le quatrième dimanche de juillet. Ce jour-là le prêtre célébrant la messe revêt une chasuble en satin, de forme antique, que le peuple attribue à saint Goneri, mais qui ne semble pas remonter au delà du XVIème siècle.

Pardon de Saint-Gonéry de Plougrescant (Bretagne)

Dès le matin du pardon, quelque hardi gars monte dans le clocher, grimpe le long de la flèche de plomb moyennant les crochets fleuris qui la décorent, et attache au coq posé au sommet de grands rubans de toutes couleurs. C'est le commencement de la fête auquel applaudissent tous les assistants [Note : Ogée, Dict. de Bret. nouv. éd. II, 331].

De tous les environs on vient alors honorer saint Goneri : pèlerins et pèlerines sont tous munis de baguettes de saule ou de coudrier écorché ; ces baguettes, que les jeunes garçons coupent et ornementent avec leur couteau pour les offrir aux jeunes filles, demeurent comme un souvenir du pardon. Mais les marins surtout viennent en foule à la fête de saint Goneri pour lequel ils ont beaucoup de dévotion. Ils ne partent jamais pour un long et périlleux voyage sans venir prier à sa chapelle, y faire célébrer une messe et brûler un cierge béni. Loin de leur pays, en danger de périr en mer, en proie à la fièvre des Tropiques ou en lutte au feu de l'ennemi, ils se souviennent de saint Gonéri et, font souvent vœu de venir, pieds nus, lui tendre grâce d'avoir sauvé une vie qui est l'unique gagne-pain de leur famille. On comprend dès lors combien ils tiennent, lorsqu'ils sont à terre, à prendre part à la grande fête de leur saint protecteur.

Lorsque les pèlerins ont visité la chapelle et prié sur le tombeau de saint Goneri, ils se rendent à sa fontaine en passant sur une pierre portant, dit-on, les empreintes des genoux du Bienheureux qui avait coutume d'y venir prier. Quelques-uns même visitent une grotte creusée dans un rocher qu'entoure chaque jour la marée montante ; la tradition veut que saint Goneri ait habité cette grotte, à côté de laquelle on montre une autre cavité qu'on prétend lui avoir servi d'étable et un petit jardin ou plutôt un coin de rocher recouvert d'un peu de terre végétale que le saint cultivait, dit-on, et dont chaque pèlerin emporte pieusement une petite fleur sauvage.

On conserve à Plougrescant un plat d'argent de forme ovale, daté de 1651, entouré d'une jolie dentelle d'argent et au milieu duquel repose sous un grillage une relique de saint Goneri. A la demande des pèlerins le prêtre remplit ce plat d'eau et récite, en la bénissant une formule de prière spéciale approuvée par l'Ordinaire. Cette façon de bénir « l'eau de saint Goneri » remonte à des temps fort reculés et les plus anciens procès-verbaux en mentionnent le rit. L'eau ainsi bénite possède, suivant la croyance populaire, la Vertu de faire disparaître la fièvre et l'on cite dans le pays plusieurs cas de guérisons opérées par son entremise.

A une île voisine nommée Loaven faisant aussi partie de la paroisse de Plougrescant se rattache le souvenir de sainte Eliboubane, mère de saint Goneri. Là s'élève en l'honneur de la Bienheureuse une chapelle très ancienne. D'après la tradition, Eliboubane, devenue veuve, rejoignit son fils à Plougrescant et mena non loin de lui et à son exemple la vie érémitique. Elle est représentée dans la chapelle de Loaven dans un costume royal, portant un riche manteau et la couronne en tête. On se rend en bateau au pardon de sainte Eliboubane et l'on y transporte solennellement le chef de saint Goneri de sa chapelle en celle de sa mère. Lorsqu'arrive la procession c'est une pieuse émulation entre les bateliers de Plougrescant, à qui aura l'honneur d'embarquer la précieuse relique. Rien n'est plus touchant que ce culte rendu le même jour à la mère et au fils et que cette visite des reliques de saint Goneri au lieu qu'habita sainte Eliboubane. Durant tout l'été, d'ailleurs, les mères de familles conduisent leurs jeunes enfants à l'île de Loaven pour les y recommander à sainte Eliboubane qui a le pouvoir particulier de faire marcher ces pauvres petits.

(Abbé Guillotin de Corson, 1902).

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