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HISTOIRE DU SEMINAIRE DE PLOUGUERNEVEL

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Les deux séminaires que possédait avant la Révolution le diocèse de Quimper, avaient pour fondateur le même personnage, M. Picot de Coëthual (ou Coathual). 

M. Picot, avant de mourir, avait jeté la vue sur M. Paillart dont nous avons déjà parlé, pour en faire le supérieur de son séminaire, et avait communiqué son projet à M. l'Evêque qui crut devoir l’exécuter. Il semble que c’était le meilleur choix qu'on put faire dans les circonstances actuelles ; car, comme je l'ai déjà remarqué, M. Paillart avait rendu quelques années auparavant, des services essentiels au séminaire, en contribuant efficacement à l'obtention des lettres patentes et des lettres de jussion nécessaires pour donner à l'établissement une consistance légale. M. Paillart d'ailleurs était un homme très-éclairé. Il était docteur de Sorbonne et avait fait longtemps des conférences de théologie au séminaire de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris. M. Paillart avait pris dans la capitale l’esprit ecclésiastique, et l’on peut dire qu’il en était plein. M. Paillart savait la pratique du saint Ministère, et en particulier celles des missions dans lesquelles il avait travaillé avec les disciples Saint-Vincent de Paul, et cela peu de temps après la mort de ce grand saint (Note : Peut-être même aurait-il vu vivant Saint-Vincent de Paul qui n’est mort qu’en 1660. Comme cependant il faudrait supposer pour cela qu’il eût été 15 ou 16 ans à Paris et que cette supposition est un peu hardie, je n’ose affirmer bien positivement le fait : au surplus, il n’était pas insolite de voir, en ce temps, les ecclésiastiques de Quimper rester à Paris 15 ou 16 ans. M. Rannou y resta depuis 1674 au plus tard jusqu’en 1689, comme on le verra ci-dessous). M. Paillart avait été intimement lié avec le fondateur du séminaire et il en connaissait parfaitement l’esprit, de même que l’état actuel des affaires des deux maisons dont on voulait lui confier la direction, suivant l’esprit primitif de leur fondation et de leur fondateur. 

Une seule chose semblait devoir s'opposer à sa nomination à la supériorité du séminaire. Il était depuis 1676, ou environ (époque de son retour de Paris), recteur de Ploaré (rattaché à Douarnenez le 14 juin 1945) par résignation d’un autre M. Paillard, son oncle. Il eût été dur de lui faire abandonner son bénéfice pour le charger d’un office qui devait tout au plus lui procurer le simple nécessaire. D’un autre côté, il devait paraître difficile qu'il pût gouverner en même temps. sa paroisse et les deux maisons du séminaire, dont une était éloignée de son presbytère de 4 lieues, et l’autre de 17 lieues. 

Ce dernier, parti fut pourtant celui qu’on prit ; et la suite de l’histoire donne lieu de penser, que malgré la distance des lieux, et la multiplicité des occupations disparates que donnait à M. Paillart sa qualité de recteur et celle de supérieur du séminaire, il remplit avec édification et avec succès, tous les devoirs attachés à ces deux offices. Cela serait impossible aujourd’hui ; parce que la supériorité du séminaire exige depuis longtemps une résidence très exacte, à cause des quartiers, des retraites et des autres occupations de tout genre, qui en sont comme l’apanage. Mais par la raison contraire, il n'était pas si difficile, à la fin du XVIIème siècle, qu'il l'est actuellement, de gouverner le séminaire sans y résider. Tôt après sa nomination à la supériorité, M. Paillart fit un voyage à Plouguernével, pour y prendre possession, au nom du séminaire, de la paroisse dont le revenu y avait été annexé. Cet acte est du 9 mars 1681. 

L'année suivante, M. Henry le Coz fut établi supérieur particulier de la maison de Plouguernével, il eut pour cela un mandement spécial de M. l'Evêque dont je ne sais pas la date précise ; je sais seulement qu'en ladite qualité de supérieur de Plouguernével, il était chargé de faire les fonctions curiales en cette paroisse et qu'il en était reconnu le pasteur immédiat

Ce pieux ecclésiastique, dont nous aurons dans la suite occasion de parler au long, est le premier supérieur, de Plouguernével, que nous puissions dire avec certitude avoir été bullé spécialement pour y faire les fonctions curiales. Je trouve cependant dans un des mémoires qu’on m’a fournis, que M. Philippe de Keryvon avait été supérieur et procureur à Plouguernével six ans, qu'il se démit de ces deux emplois, et que Henry Le Coz lui succéda en qualité de supérieur ; mais c'est un anachronisme, car M. Philippe de Keryvon ne fut envoyé à Plouguernével qu’en 1691, comme nous le verrons plus bas ; il n’a pu, cela posé, être supérieur avant 1682. Si donc il y a eu à Plouguernével un supérieur nommé Keryvon avant M. Le Coz, il faut que ce soit un Keryvon différent (Note : On trouve sur les registres de Plouguernével, un autre Keryvon dont le nom de baptême était Jean-Baptiste : il pouvait être parent et peut-être frère de Philippe, mais – 1° on ne trouve pas sa signature avant 1695 ; - 2° rien ne prouve qu'il ait jamais été supérieur de la maison) de celui qui a succédé à M. Le Coz, ce que nous n’avons aucune raison de présumer. Je présume avec plus de fondement que vers le temps où nous sommes rendus, arrivèrent les brouilleries dont parle M. Moulin, au sujet des inhumations à l’église. Voici en substance ce qu’en dit M. Moulin.

C'était l'usage à Plouguernével, comme en beaucoup d'autres endroits, pour ne pas dire partout, d'enterrer dans l'église. M. Lahuëc qui blâmait intérieurement cet usage, voulut le réformer. Son motif en cela n'était pas celui qui a servi de fondement aux règlements de 1719  et, aux autres postérieurs mais l'exemple des premiers chrétiens ; c'est-à-dire que M. Lahuëc voulait inhumer les paroissiens de Plouguernével dans le cimetière, non pas pour prévenir les accidents que peuvent occasionner les inhumations dans les églises, mais pour renouveler dans les paroissiens de Plouguernével l'esprit des premiers chrétiens, qui se faisaient enterrer dans les cimetières. 

Cette entreprise de M. Lahuëc, quoique sans doute très-louable, en soi, ne plut pas aux habitants de la paroisse, comme il est aisé de le penser. Ils murmurèrent hautement contre l'innovation, et poussèrent quelquefois les choses jusqu'à enterrer leurs parents défunts dans l'église, malgré Messieurs du séminaire. Ceux-ci heureusement ne prenaient jamais pour s'y opposer aucun moyen d'autorité, aucune voie de fait, aucun parti de rigueur ; ils se contentaient toujours de remontrer avec douceur la justice de leurs prétentions, de tolérer avec patience ce qu'ils ne pouvaient empêcher, et d'exhorter avec modération les plus raisonnables d'entre les paroissiens à se soumettre à leurs avis. Ces moyens eurent enfin le succès qu'on en attendait, et l'usage d'enterrer, dans l'église fut réformé efficacement. 

Peu de temps après, M. Lahuëc fut transféré de Plouguernével à Quimper, où il demeura quelques années, après quoi il retourna encore à Plouguernével, où il eut de nouvelles tracasseries à essuyer incomparablement plus sérieuses que celles dont nous venons de parler, nous ferons bientôt l'histoire de cette malheureuse affaire qui donna à M. Lahuëc bien de l'exercice et lui coûta bien de l'argent, dit à ce sujet M. Moulin. Il faut rapporter auparavant quelques faits arrivés vers le temps dont il s'agit, et qu'on ne pourrait placer ailleurs sans inconvénient. 

Le premier de ces faits c'est la mort de M. de Coatsal (Note : il est appelé Coëthal dans la vie du père Maunoir, je crois que c'est une faute d'impression, son vrai nom était Louis Richer. Le nom de Coatsal est une seigneurie, comme on dit dans ces pays-ci) l'un dès premiers compagnons de M. Picot, avec lequel il travailla à Plouguernével pendant que vécut ce pieux fondateur, auquel il ne survécut que deux ans. L'acte de la sépulture qui est du 29 Mars 1683 le qualifie Seigneur de la maison noble de Coatsal dans Lanivigen, trêve de Guiscriff, et le dit âgé de 56 ou 57 ans

Deux mois auparavant sa mort, il avait visité le fameux Père Maunoir dans sa maladie mortelle, et reçu sa bénédiction quelques heures avant qu'il rendit le dernier soupir le 28 Janvier 1683, dans le presbytère de Plévin, où il resta malade, en sortant de Plouguernével où il avait passé quelques jours avec les prêtres du séminaire, ses amis et en quelque sorte ses disciples. C'est dans leur église qu'il fit son dernier sermon et son dernier catéchisme ; en quittant leur maison il y avait laissé son bonnet et son surplis. 

Au mois de Mars de l'année suivante, le séminaire fit encore une autre perte dans la personne de Martin Cadic qui mourut à Plouguernével, dans le temps même qu'il prêchait la station de cette paroisse et celle de Plounévez-Quintin (Note : Sous la même année 1684, on trouve sur les registre de Plouguernével les signatures de MM. Joncour et Poullavec ; ces MM. passèrent quelques années dans la maison, mais ils n'y moururent pas. C'est tout ce que j'ai su d'eux). 

C'est aussi vers le même temps, selon les apparences, que mourut à Quimper M. Porellec qui, après avoir été procureur de la maison de Plouguernével, avait été établi procureur de celle de la ville épiscopale, le 5 Février 1681, par lettre de l'Evêque, dit une ancienne note chronologique du séminaire, que j'ai sous les yeux, on ne sait pas précisément la date de la mort de M. Porellec ; mais M. Moulin dit, en parlant de lui, qu'il fut enterré à Saint-Primel. 

M. Houet (lisez Haouët) mourut aussi vers le même temps, et son corps fut transporté à Saint-Mathieu et enterré dans le cimetière de cette paroisse ; il avait apparemment demandé cette grâce, et cela vraisemblablement parce qu'il avait été chapelain de Saint-Mathieu peut-être même l'était-il encore dans le temps de sa mort, quoique directeur du séminaire. 

Ces différentes pertes durent être pour le séminaire un grand sujet d'affliction. Mais il en eut un plus sérieux encore dans le temps dont nous parlerons, de la part de son supérieur même qui voulut en abdiquer le gouvernement et qui l'abdiqua en effet après avoir obtenu de M. l'Evêque la permission de le faire. Le motif que M. Moulin donne à cette conduite de M. Paillart, c'est que, dit-il en propres termes, M. Paillart s'était fait un scrupule d'être supérieur du séminaire et recteur de Ploaré en même temps

On ne sait pas précisément la date du désistement de M. Paillart, mais on sait qu'en le faisant, il désigna pour son successeur M. Jacques Rannou. Il en parla avantageusement à M. de Coëtlogon, et après avoir obtenu l'agrément de ce prélat, il le fit venir de Paris où il était resté après avoir fini sa science. Dès qu'il fut arrivé à Quimper, l'évêque lui donna le mandement de supérieur du séminaire. Ce mandement est daté du 19 Août 1689. Cette nomination dédommageait le séminaire de la perte de M. Paillart. Il semble même que M. Rannou avait plus de mérite que son prédécesseur. M. Moulin, qui a vécu longtemps avec lui, dit que c’était l'homme du monde le plus poli, gracieux, humble et doux, et j'ai entendu dire à M. Gorgeu dont le témoignage assurément est d’un grand poids, quoiqu'il ne fut pas tout-à-fait du même temps que lui, que c'était un des plus grands hommes qu'il y ait eu dans le séminaire, et qu'il avait fait des biens immenses dans le diocèse. 

M. Rannou en se chargeant du gouvernement du séminaire, le trouva dans une position bien critique. M. l'Evêque était assailli d’un grand nombre de personnes qui lui communiquaient avec trop de facilité, et quelque fois peut-être par un principe de jalousie et de malignité, leurs idées personnelles. Comme l'Evêque d'ailleurs était un peu avancé en âge de d'un caractère facile, il prenait trop aisément les impressions qu’on voulait lui donner, de sorte que quelquefois il paraissait porté à appeler dans son diocèse les Oratoriens pour leur confier son séminaire : tantôt il semblait désirer les Lazaristes : tantôt enfin on croyait que les Jésuites auraient la préférence. 

Dans l'incertitude où ces variations de M. de Coëtlogon mettaient le séminaire, M. Rannou demanda à M. l'Evêque des provisions pour la paroisse de Plouguernével, et les ayant obtenues, il prit possession avec des formalités différentes de celles qu'avaient employées ses prédécesseurs, M. Abgrall et M. Paillart. On prétend que par là il voulait se ménager une ressource pour lui-même en cas d'expulsion du séminaire, je veux dire, se réserver pour lui-même le bénéfice de Plouguernével ; dans le cas où l'évêque aurait ôté le gouvernement du séminaire aux ecclésiastiques dont il était le chef, pour le donner aux Oratoriens, aux Lazaristes, ou aux Jésuites. 

Si ce fait est vrai, comme l'a rapporté M. Moulin, on peut dire sans exagération que ce fut là le plus beau trait de la vie de M. Rannou, mais on peut dire aussi avec plus de confiance encore, que si M. Rannou prit effectivement la précaution industrieuse que je viens de rapporter, et que si cette précaution fut un peu excessive et déplacée, il se comporta le reste de sa vie de manière à effacer sa faute. 

D’abord, en effet, il est constant qu'il fit toujours son possible pour prévenir ou calmer les orages que les intrigues des ennemis de son séminaire pouvaient susciter contre lui ; persuadé que le bien du diocèse demandait qu'on s'en tînt à l'esprit de la fondation du séminaire, il fit valoir dans l'occasion ses raisons vis-à-vis de M. l'Evêque, et en les proposant avec la douceur et l'honnêteté qui lui étaient comme naturelles, il sut gagner son Evêque sans le jouer. Ayant d'ailleurs une attention extrême à ne choisir pour son séminaire que des sujets sûrs, laborieux, zélés, recommandables par leurs talents et leur piété, il ôtait par là aux ennemis de son séminaire et aux siens, le prétexte qui aurait pu favoriser le plus leurs reproches et leurs prétentions. Non content de travailler ainsi au bien de son séminaire, il s'occupait aux besognes extérieures, qui tendaient à la gloire de Dieu. On peut dire qu'il entrait pour beaucoup dans toutes les bonnes oeuvres les plus importantes qui se faisaient de son temps à Quimper. 

Une des plus essentielles auxquelles il ait donné la main, c’est la retraite des dames qui n’avait pas encore alors toute la perfection qu’on y admire aujourd’hui. D’abord elle avait été établie d’une manière assez irrégulière à la Rue-Neuve, ensuite elle fut transférée près du Collège, apparemment par les soins des Pères Jésuites qui voulaient procurer aux femmes les mêmes avantages qu’eux-mêmes procuraient aux hommes (Note : Peut-être aussi que les Pères Jésuites, qui vraisemblablement travaillaient à cette bonne oeuvre, et en avaient la direction, étaient bien aises d'avoir auprès de leur maison, celle où les retraites pour les femmes se donnaient). Enfin la place qu'on lui avait donnée près du Collège n'étant pas assez commode ni assez avantageuse, on lui en procura une autre sur le quai près de la chapelle de Saint-Jean. On ne sait pas bien précisément si M. Rannou contribua à cette dernière translation des dames de la retraite, mais il est certain qu'il rendit beaucoup de services à ces dames, et en particulier à Mademoiselle de l'Estrediagat qui en fut établie supérieure dès l'âge de 20 ans ou environ, et qui a gouverné cette maison avec beaucoup de sagesse pendant plus de cinquante ans, depuis 1693 jusqu'en 1744. C'est sous elle que s'est faite la dernière translation de la retraite des dames, dans l'endroit où elle se trouve aujourd'hui, entre l'église paroissiale de Saint-Mathieu et la chapelle des Capucins vers l'an 1720 , longtemps après la mort de M. Rannou. 

M. Rannou rendit aussi des services essentiels aux dames de Saint-Thomas de Villeneuve qui avaient été chargées de la direction de l'hôpital général de Saint-Antoine, établi à Quimper vers l'an 1680 par les soins et le zèle du P. Choran, jésuite, comme on le voit par les lettres de Louis XIV datées du mois de Juin 1701, confirmatives de cet établissement. Il est naturel de penser que ces dames avaient besoin de toutes sortes de secours, dans la position où elles se trouvaient du temps de M. Rannou, les commencements d'un nouvel établissement étant ordinairement difficiles et orageux. Elles trouvèrent ces secours dans M. Rannou qui était en même temps un sage directeur et un homme de tête capable de mener les plus grandes affaires, surtout dans une ville où son mérite généralement reconnu lui donnait une grande considération. 

Enfin nous pouvons dire que M. Rannou était comme l’âme de toutes les assemblées de charité qui se tenaient de son temps à Quimper en faveur des pauvres malades. C’est ce qu’on a droit de conclure de ce qu’il fut chargé de la direction de la Confrérie de la charité, établie dans la chapelle du séminaire par M. de Coëtlogon, le 29 novembre 1686, à la prière d’un grand nombre de dames charitables de la ville. Cette Confrérie, qui avait pour but immédiat le soulagement spirituel et corporel des malades qui n’avaient point d’asile dans les hôpitaux de Sainte-Catherine et de Saint-Antoine et que M. l'Evêque avait établie sous le titre d’Amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, s’est soutenue jusqu’au temps où fut fondé l’établissement des Filles de la Charité du Saint-Esprit, plus connue sous le nom de sœurs blanches. Ce dernier établissement a été fait en 1749, nous en parlerons plus au long ci-dessous. Ces occupations multipliées jointes aux soins particuliers que M. Rannou était obligé de prendre pour le gouvernement intérieur de la maison de Quimper, ne l’empêchaient pas de visiter souvent celle de Plouguernével. La preuve se trouve encore sur les registres de la paroisse où l’on voit plusieurs signatures de lui sous les années 1691, et suivantes. On remarque même que dans ces actes il prend toujours la qualité de recteur. 

On y trouve aussi sous les mêmes dates ou à peu près les signatures de quatre M. M. le Coz, savoir, Henry, Hervé, Corentin et Jean-Gabriel. Le premier est celui que nous avons déjà dit avoir été nommé supérieur en 1682. Deux des trois autres étaient ses frères et l'autre pouvait être son cousin (Note : Ces trois frères Le Coz étaient de Plounévez-du-Faou. Le quatrième que j'ai supposé leur parent était aussi de la même paroisse selon toutes les apparences). Corentin qui paraît avoir été le plus jeune fut nommé dans la suite Recteur de Saint-Thurien, et il est mort dans cette paroisse. Hervé, l'un des deux autres, sortit du séminaire et devint aveugle quelque temps avant de mourir, peut-être avant de quitter le séminaire. Il se retira à Plounévez-du-Faou ou aux environs d'où il allait dire la messe à Saint-Herbault, conduit par un de ses frères qui était laïque. 

Enfin on voit encore sous les mêmes dates ou à peu près, sur les registres de la paroisse susdite, les signatures d'Yves Lahuëc, de Gilles Le Moulin, de Philippe et de Jean-Baptiste de Keryvon. Ces deux derniers étaient apparemment frères ou proches parents. 

De ces huit prêtres que je viens de nommer, celui qui nous intéresse le plus dans ce moment, c'est M. Lahuëc dont il est temps de rapporter ici la malheureuse affaire que j'ai annoncée ci-dessus. La voici un peu au long. Le 28 Mai 1690, M. de Kerlan Raoult, homme de condition, mourut à Kersanmoal près de la chapelle de Kergrin, sur la paroisse de Plouguernével. Ce gentilhomme avait un fils chanoine de la collégiale de Rostrenen, qui conformément aux dernières volontés de feu son père, voulut l'enterrer dans l'église collégiale susdite. Il fut en conséquence à Plouguernével le lendemain de la mort de son père demander à M. Lahuëc qui, sans être supérieur en titre, remplissait plusieurs des fonc­tions de supérieur, les permissions nécessaires pour cela. M. Lahuëc ayant accordé ces permissions sans difficulté, mais sous les conditions convenables en pareil cas, le chanoine lui donna un écu de soixante-deux sols, et un demi écu de trente et un sols pour faire faire quelques prières pour le repos de l'âme du défunt et ajouta que quand on aurait trouvé l'argent que son père avait caché, il donnerait davantage pour prier Dieu pour lui. Il fut convenu en même temps que la levée du corps si ferait à trois heures après midi le même jour M. Lahuëc partit en conséquence de Plouguernével à une heure de l’après-midi pour se rendre à Kersanmoal. Mais en arrivant là il trouva quelques ecclésiastiques de Rostrenen en surplis et même deux d'entr'eux étaient revêtus d'étoles et de chappes, tout disposés à faire eux-mêmes la levée du corps, et à le faire mettre dans une charrette préparée pour cela. M. Lahuëc, sans se déconcerter à la vue de cet appareil, se disposa à faire lui-même la cérémonie du déplacement. Mais à peine eut-il dit le De profundis qu'on lui demanda ce qu'il cherchait là. On lui rappela qu'on lui avait déjà donné de l'argent, et l'on ajouta qu'ayant été payé pour ses droits il n'avait plus rien à prétendre, qu'il eût à se retirer, et que l'on allait transporter le corps à Rostrenen sans qu'il eût à s'en mêler. 

M. Lahuëc répondit à tout cela qu'il était venu pour faire le dû de sa charge, qu'il avait réellement consenti et qu'il consentait encore à ce que le cadavre du défunt fût enterré à Rostrenen, mais qu'auparavant il fût transporté dans l'église de Plouguernével et qu’on y fit pour lui les prières accoutumées, qu'après cela, on le conduirait processionnellement jusqu'aux limites de la paroisse, pour le déposer là entre les mains des chanoines de Rostrenen ; qu'au surplus ce n'était pas l'argent qu'il cherchait, et qu'il allait rendre celui qu'il avait reçu. En même temps, il porta la main à sa poche et en tira l'écu et demi qu'il avait reçu, mit sur la table ces deux pièces de monnaie et les laissa là, en déclarant qu'il allait commencer la cérémonie du déplacement. Cette réponse de M. Lahuëc n'eut aucun effet, ou si elle en eut quelqu'un, ce fut d'animer de plus en plus les personnes contre lesquelles il avait affaire. Trois sergents, qui étaient venus là tout exprès pour les aider à enlever le corps, eurent l'insolence de vouloir le mettre dans la charrette malgré lui, et en sa présence. Mais plus ces gens paraissaient empressés, et plus aussi M. Lahuëc crut devoir se hâter ; il prit donc sur-le-champ son surplis et son étole, après quoi il entonna le psaume Miserere mei, etc.. sur le premier ton. Les chanoines l'entonnèrent aussi de leur côté, mais sur le septième ton ; ce qui occasionna, comme il est aisé de le penser, une cacophonie indécente. M. Lahuëc crut devoir faire encore à ce sujet quelques remontrances, sur quoi un des chanoines portant chappe, saisit l'étole que M Lahuëc avait au col, et le serrant fortement contre lui, comme s'il eût voulu l'étrangler, il le secoua rudement à plusieurs reprises. M. Lahuëc continua, malgré cette violence, à chanter avec les prêtres de Plouguernével qui l'accompagnaient. Ce que voyant M. Raoult, chanoine de Rostrenen, fils du défunt, dit à ceux qui conduisaient la charrette, qu'on dételât les boeufs et qu'on remît le corps d'où on l'avait tiré. ...

Cet avis était bien placé dans la circonstance actuelle, mais il ne fut pas suivi. Ses partisans, au lieu de s'y conformer vomirent mille injures contre M. Lahuëc et le traitèrent de voleur, d'ivrogne, de podagre, comme ils l'avaient déjà fait auparavant. En même temps deux des sergents qui avaient aidé à mettre le cadavre dans la charrette, prirent les chevaux, dit une ancienne relation de cette affaire, et les touchèrent si fort pour les faire avancer, qu'ils pensèrent venir sur ledit Lahuëc, n'était qu'il les détourna de sa béquille, lesquels s'irritèrent tellement de cela qu'ils levèrent tous leurs bâtons pour le frapper et même un desdits chanoines tira un bâton de dessous sa chappe ou surplis, car il avait l'un et l'autre, qu'il voulut frapper sur la tête, n'était qu'il fut empêché

M. Lahuëc indigné et sans doute effrayé de ces excès, crut qu'il fallait céder aux circonstances de peur de pis (dit encore la relation citée où il est qualifié de supérieur du séminaire), il prit le parti de quitter son étole et son surplis après avoir pris toutefois les assistants à témoins de la violence qu'on lui faisait. Il prit ensuite la route de Plouguernével en habit ordinaire et sans chanter. Arrivé à une certaine distance de l'endroit qui avait été le théâtre de cette scène malheureuse, il vit venir après lui la charrette qui portait le cadavre de M. Kerlan Raoul, croyant, à cette vue, que les assaillants étaient revenus de leur emportement, comme avait paru le désirer le chanoine fils du mort. M. Lahuëc et les autres prêtres qui l'accompagnaient reprirent leurs habits d'église. Un de ces derniers se trouvant auprès de la charrette, qui se trouvait lors dans une espèce de croissant où il y a deux chemins dont l'un conduit à Rostrenen et l'autre à Plouguernével, prit le licol des chevaux pour les détourner dans le chemin de Plouguernével, et ce fut là le signal d'un nouveau combat. Deux hommes qui menaient la charrette, saisirent le prêtre dont je parle (et qui je crois était M. Moulin) et voulurent lui passer au col un des licols des chevaux. En même temps furent donnés plusieurs coups de bâtons par ces malveillants à certains particuliers qui voulurent empêcher ces désordres ; et on leur eût encore donné davantage, n'était qu'on commença à crier au Roi sur eux, ce qui les fit s'en aller en courant avec le corps, si fort, que personne ne pouvait les suivre et que la bière où était le corps creva avant qu'il fut rendu à Rostrenen ; ils se vantèrent même hautement après cela d'avoir roué les prêtres de Plouguernével de coups de bâtons. 

La plupart des auteurs de ces forfaits étaient ivre ; quand ils les commirent; mais comme l'ivresse ne pouvait point les excuser, M. Lahuëc avait prise sur eux tous, et crut devoir se plaindre. Moulin prétend que le procureur fiscal de Rostrenen, qui était gendre du défunt et, qui était aussi entré, pour quelque chose dans cette malheureuse affaire, ne tarda pas à reconnaître ses torts, et se tira de bonne heure de ce pas glissant par s’accorder avec M. Lahuëc. Mais ce fait particulier n’est pas bien certain.

Quoiqu'il en soit, il y eut plusieurs des coupables qui osèrent présenter leurs plaintes aux juges de Carhaix ; mais M. Lahuëc qui se défiait apparemment de ces juges, obtint un arrêt de la cour qui évoquait l’affaire au présidial de Quimper. Il obtint de plus deux monitoires, l’un de M. de Coëtlogon pour être publié à Plouguernével, et l’autre de M. Le Doux, vicaire général du diocèse de Vannes, sede vacante, pour être publié dans la paroisse de Plélauff. 

Le présidial de Quimper ne tarda pas prononcer au moins provisoirement, sur l'affaire dont la connaissance lui avait été attribuée : il décréta de prise de corps quelques-uns des accusés, et quelques-autres d’ajournement personnel.  Je n'ai pas pu savoir quelle fut la sentence ultérieure, et définitive du présidial de Quimper ; mais il est certain que le 21 juillet 1691, le parlement de Bretagne condamna les coupables à 400 francs pour réparations et dépens et à 20 francs d'amende au profit de l'église de Plouguernével, sans cependant leur infliger aucune peine afflictive, apparemment parce que M Lahuëc n'avait pas poursuivi l'affaire au criminel, mais seulement au civil. 

M. Lahuëc signifia cet arrêt au nommé Louis Le Pape, l'un des plus coupable. Il fit exécuter les biens de ce malheureux qui était marchand à Rostrenen. Mais ce particulier voulut se tirer d’embarras, en disant que l’arrêt du parlement ne le rendait pas solidaire pour tout. Cet incident occasionna un nouveau procès où Louis Le Pape eut encore le dessous, après quoi, il se fit une transaction entre lui et M. Lahuëc, par laquelle il fut stipulé que les dépens du second procès seraient abutés à 90 francs qui furent payés actuellement, et que la dette principale serait payée en deux termes par ledit Louis Le Pape sous le cautionnement de François Le Pape, son père. C’est ainsi que se termina cette malheureuse affaire qu’on peut présumer avoir été une suite d’une autre, arrivée quatre ans auparavant à M. de Kerlan lui-même, qui ayant occasionné un scandale public à Plouguernével hors de l'église et même dans l'église, un jour que M. l'Evêque y faisait la visite, fut dénoncé juridiquement par le promoteur à Monseigneur qui dressa sur tes lieux un procès-verbal contre lui. Je n'ai pas voulu exposer au long cette affaire sous la date, je ne veux pas même le faire ici, parce que cette affaire n'intéresse pas directement le séminaire. Comme cependant MM. du séminaire y entrèrent pour quelque chose, il est à présumer qu'elle contribua à indisposer contre eux le famille de Kerlan et que cette famille ayant trouvé ou cru trouver, en 1690, occasion de faire éclater son ressentiment secret centre le séminaire, profita alors de cette occasion avec trop d'empressement. 

Il est probable aussi qu'un des motifs de la translation de Lahuëc à Quimper, tôt après le grand procès dont je viens de faire l'histoire, fut le désir qu'on avait de le tirer du milieu de ses ennemis, et de prévenir de nouvelles tracasseries pour lui. Ce qu'a y a de bien certain, c'est que M. Rannou fut la principale cause de cette translation [Note : La relation de M. Moulin dit en propres termes que M. Rannou retira M. Lahuëc à Quimper, comme si M. Rannou avait agi en cela de son propre chef. On trouve dans nos anciens papiers d'autres expressions qui, semblent présenter le même. C'est ainsi, par exemple, qu'en parlant de M. Moulin et de M. Keryvon, il est dit en propres termes, que c'était M. Rannou qui les envoyait (à Plouguernével). On serait tenté de croire, en lisant ces propositions, que le supérieur de Quimper choisissait qui il voulait, inconsulto Episcopo, pour les places de directeur, soit à Quimper, soit à Plouguernével. Je doute, malgré cela, qu'il l'ait jamais fait, quoique son mandement parut lui en donner le pouvoir, car ce mandement portait qu'il était établi supérieur général des deux maisons, à la charge de fournir à celle de Plouguernével un nombre suffisant de prêtres séminaristes] et qu'il était assez adroit pour soustraire par cette voie M. Lahuëc à la malignité de ses ennemis. Peut-être aussi que le supérieur, connaissant le génie un peu trop ardent de son confrère, fut bien aise de l'éloigner des occasions qu'il avait, ou qu'il pouvait avoir à Plouguernével de faire éclater sa vivacité naturelle. 

A peu près dans le même temps, il survint au séminaire une nouvelle affaire, moins disgracieuse sans doute, que la précédente, mais cependant très sérieuse. On lui demanda des droits d’amortissements et autres qui montaient à plus de 4,660 francs, pour tous les biens du séminaire, y compris même le manoir de Crech-Euzen. 

Il semble que le séminaire ne devait pas s'attendre à une demande si forte, attendu que le roi, en accordant ses lettres patentes pour l'établissement du séminaire, avait amorti, comme nous avons déjà observé, les fonds sur lesquels ledit séminaire et son annexe avaient été ou seraient établis, pour en jouir franchement et quittement de tous droits dont il les affranchissait et faisait don, à quelques sommes qu’ils se pouvaient monter ; mais il paraît que cette clause, qui est en apparence si générale et par cette raison si favorable pour le séminaire, ne s’entendait que des fonds qui servaient et serviraient d’emplacement aux maisons des séminaires et de leurs dépendances les plus voisines et les plus nécessaires, telles que leurs jardins, pourpris ou autres semblables qui étaient censés entrer dans leur clôture, et cela pour ce qui concernait le droit d’amortissement seulement, sans que cela on fut dispensé de payer pour eux les droits de nouveaux acquêts, des deux sols pour livre. Aussi nous ne voyons pas que le séminaire ait jamais contesté les droits qu’on lui demandait. Toute sa ressource fut d’implorer les officiers préposés au recouvrement des deniers dus pour ces sortes de droit et en particulier celle de M. Fumée qui était chargé de cette partie des finances, afin, d'obtenir d'eux ou par leur médiation une remise totale ou partielle des droits en question. 

M. Moulin était lors à Paris, où il était allé pendant le procès d'entre le séminaire et MM. de Rostrenen, pour y faire quelques études à l'Université. Il était cependant prêtre quelques années avant ce voyage, il était même déjà procureur à Plouguernével. Mais dans ces temps-là il n'était pas insolite de voir des ecclésiastiques de ces pays-ci , faire le voyage de la capitale pour y prendre des grades, après la prêtrise. 

Ce fut à ce zélé confrère que M. Rannou s'adressa directement pour tâcher d'obtenir la remise qu'il désirait des droits qu'on lui demandait. Cette protection n'était pas, sans doute, bien puissante ; mais du moins ce protecteur était plein de bonne volonté. Il fit plusieurs visites, pour le sujet dont il s'agissait, à MM. Fumée, d'Argenson et Chaptet. Les premières furent assez inutiles ; cependant, à force d'importunité, il obtint remise d'un huitième de ce qui était dû par le séminaire pour les droits d'amortissement et de nouvel acquêt qui étaient l'objet de la Commission. 

Après l'obtention de cette remise qui réduisait la demande totale pour les droits susdits à 4078 livres, 15 sous 1 denier, le séminaire paya cette somme et en sus celle de 407 livres, 17 sous 6 deniers, à laquelle montaient les deux sols pour livres dus sur la première, mais ce ne fut pas sans beaucoup de difficulté, car le séminaire était alors beaucoup plus pauvre qu'il ne l'est aujourd'hui ; il fut obligé d'emprunter, dit M. Moulin, apparemment pour fournir aux receveurs des droits susdits, ce qui leur était dû, ou pour remplir le vide que laissa dans la caisse du séminaire le défaut des sommes susdites. Un an ou deux après la conclusion de cette affaire, M. Moulin, après avoir passé cinq ans à Paris, revint au séminaire de Quimper, où il trouva M. Kerincuff qui était son ami particulier et qui était docteur de Sorbonne. De Quimper il fut envoyé à Plouguernével ou il fut chargé de la procure pour la seconde fois. Il remplit cette place jusqu'en 1707 (Note : On ne sait pas quand précisément, M. Moulin partit pour Paris, ni quand il en revint ; tout  ce qu'on c'est qu'il fut envoyé à Plouguernével par M. Rannou et par conséquent en 1689 au plus tôt ; alla à Paris après l'aventure de M. Lahuëc ci6dessus rapportée ; qu'après son retour il y resta jusqu'en 1707 au plus tard ; et qu'il y passa 14 ans y compris le temps, antérieur, à son voyage et le temps postérieur à son voyage). 

Tôt après son retour à Plouguernével, il eût la douleur d'y voir mourir le pieux supérieur de cette maison, M. Henry Le Coz. On peut dire qu'il était le modèle des ecclésiastiques de son temps, par son zèle, sa sagesse et sa tendre piété. 

Il avait été établi supérieur de Plouguernével en 1682, comme je l'ai déjà remarqué. Quoiqu’il ne fut âgé alors que de 27 ans il justifia par la conduite qu’il tint pendant les dix-huit ans qu’il eut cette qualité le choix honorable qu’on fit de lui, pour la lui donner. C’était, dit M. Moulin, un saint homme, studieux, laborieux, grand pénitencier, homme d’oraison et un Elie en zèle ; il mourut en odeur de sainteté. 

Les mémoires du temps ne font aucune mention de lui, quand ils parlent des affaires extérieures ou contentieuses du séminaire, et de là nous avons droit de conclure, ce semble, qu'il ne se mêlait aucunement du temporel, mais en laissait tout le soin au procureur de sa maison, ou à ses autres, confrères, pour s'appliquer tout entier au spirituel. 

Mais on voit que quand la charité l'appelait hors de la maison, il abandonnait avec empressement ses exercices de piété pour aller rendre au prochain les services que lui doit un bon prêtre. Il prêchait chez lui et dans les missions avec un zèle véhément qui l’a fait comparer au prophète Elie. Il instruisait jusqu'au milieu des campagnes ; et l'on voit encore aujourd'hui entre Plouguernével et Goarec une fontaine auprès de laquelle on assure qu’il catéchisait les enfants, après y avoir pris, au retour de Goarec où il disait souvent la messe, un déjeuner frugal qui consistait en un morceau de pain ; et c’est sans doute de là qu’est venu le nom de Fontaine de M. Le Coz, que porte encore aujourd’hui cette fontaine. Il confessait beaucoup et c’est en ce sens que M. Moulin l’appelle grand pénitencier. 

Un jour ou deux avant sa mort il voulut aller à l'église recevoir la sainte communion. Mais comme il était trop malade pour y aller sans secours, M. Philippe de Keryvon qui était son confrère et qui fût depuis son successeur fut obligé de lui prêter son bras pour le soutenir. Arrivé à l'église, il reçut le Sacrement dans de grands sentiments de piété. 

Aussitôt qu'il eût rendu le dernier soupir, la nouvelle de sa mort s'étant répandue dans les paroisses circonvoisines, il vint pour assister à ses funérailles une foule immense de tout rang, qui le pleurèrent comme leur père. 

Il fut enterré dans le même endroit où avait été enterré en 1681 M. Picot. Le projet était d'abord de tirer de cet endroit les ossements de ce pieux fondateur et de mettre en leur place le corps de M. Le Coz. Pour commencer l’exécution de ce projet, on exhuma la châsse de M. Picot, mais le corps de M. Picot. ayant été trouvé tout entier à l'ouverture de la bière, on prit le parti, après les premiers moments donnés à la surprise et à l'admiration, de le redescendre dans le même tombeau avec celui Le Coz. Ce qui fut fait après un service solennel qu’on chanta pour le fondateur. Tous ces faits sont constatés par les registres de Plouguernével en l'année 1700, où on lit ce qui suit : Le vingt-quatrième Janvier, mil sept cent, fut inhumé dans le cimetière de la paroisse de Plouguernével, dans la tombe ou avait été ci-devant inhumé Messire Maurice Picot vivant recteur de ladite paroisse, et fondateur du séminaire, le corps de vénérable et discret Messire Henry Le Coz, prêtre, supérieur du séminaire en ladite paroisse, âgé de quarante-cinq ans, dont il avait passé dix-huit dans ledit séminaire, au service de la paroisse et dans la direction du Tiers Ordre de Saint François, dont il était le père et le supérieur en ces quartiers. Il avait reçu tous les sacrements par le ministère de Messire Philippe de Keryvon, prêtre directeur du séminaire, et décéda le vingt-troisième. Le convoi fut le plus solennel qu’ont ait vu en cette paroisse, depuis plusieurs années, tant pour la qualité des personnes qui y assistèrent, du clergé et de la noblesse, que pour l’affluence et le concours de peuples qui le pleurèrent comme leur père, et ont signé : Rannou, supérieur du séminaire de Quimper et recteur ; Ph. de Keryvon, prêtre ; Corentin Le Coz, prêtre ; M. Louboutin, diacre ; G. Le Moulin, prêtre

A la marge de cet acte on trouve ce qui concerne l’ouverture de la bière de M. Picot, l’état actuel de son corps, sa seconde inhumation, et le service solennel fait pour lui à cette occasion, comme je l’ai rapporté ci-dessus.

(G. D. M.)

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