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PLOUHINEC DURANT LA RÉVOLUTION

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Au moment où s'ouvrit la période révolutionnaire, M. de Perrien, recteur de Plouhinec, était assisté dans son ministère par René Biliec, curé, Yves Kerdréac'h et Jacques Donnart, prêtres habitués, le premier, depuis 1775, le second, depuis 1787.

Yves Kerdréac'h, né le 10 octobre 1744 à Brenfuès, neveu de Guillaume, était cousin-germain de Jacques Kerdréac'h, curé de Pouldreuzic.

De Perrien et Biliec refusèrent le serment à la Constitution civile du clergé ; Kerdréac'h et Donnait le prêtèrent.

Après avoir signé une dernière fois au registre, le 2 mai 1791, M. De Perrien disparaît et est remplacé par Clet Le Gall, curé constitutionnel.

René Biliec signe encore à Plouhinec, le 4 octobre. Il reste dans la paroisse, mais, pour éviter de prêter son assistance au curé Le Gall, il va dire sa messe dans les chapelles de Plouhinec. En décembre 1792, il se rend volontairement à Pont-Croix et s'y constitue prisonnier. Nous le retrouvons le 2 juillet 1794 aux Capucins de Landerneau, exempté de la déportation en raison de son âge et de ses infirmités : il avait perdu un oeil. Le 3 février 1795 il fut transféré à la maison d'arrêt à Quimper. Libéré quelques mois plus tard, il déclara, le 4 prairial an III (23 mai 1795) fixer sa résidence à Pont-Croix. Arrêté de nouveau en novembre, il fut dirigé sur la maison d'arrêt de Quimper ; c'est là qu'il dût mourir.

Yves Kerdréac'h signe au registre pendant l'année 1792. Le 3 fructidor an II (30 août 1795) il aurait déclaré à la municipalité de Plouhinec se retracter du serment à la Constitution civile du clergé. C'est la raison qu'allègue, le 21 avril 1796, le district de Pont-Croix pour décréter qu'il serait arrêté et conduit au Département (D. BERNARD, Documents et Notes..., p. 72-73). Le 27 thermidor an VI (14 août 1798) il déclara devant la municipalité de Plouhinec n'avoir jamais rétracté le serment exigé par la loi, et s'être toujours soumis à toutes les lois de la République (Arch. dép. 10, L. 89). Il mourut à Brenfuès, le 19 janvier 1803.

Jacques Donnart signe « vicaire de Plouhinec » le 22 juillet 1791. Quant à Clet Le Gall, il devient officier public en 1793 et signe encore en cette qualité à la fin de fructidor an III (22 septembre 1795). Lui aussi, comme Kerdréac'h, déclara, le 17 thermidor an VI, devant les municipaux de Plouhinec, qu'il n'avait jamais rétracté le serment exigé par la loi et qu'il était toujours resté soumis à toutes les lois de la République;

 

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Messire Jacques KERDRÉAC'H, Confesseur de la Foi.

Jacques Kerdréac'h, né à Ros-Daniélou le 20 juin 1759, fut nommé vicaire de Pouldreuzic en 1784. Avec M. Dieuleveut, son recteur, il refusa de prêter le serment schismatique. Tous deux furent dès lors traqués par le directoire du district de Pont-Croix. Pendant qu'on les poursuivait ainsi, les deux prêtres de Pouldreuzic, restés au pays, exerçaient leur ministère en cachette. On peut voir à l'Evêché de Quimper les registres de baptêmes  et mariages tenus par M. Kerdréac'h, du 23 octobre 1793 au 9 juillet 1798 [Note : Quelques actes sont rédigés et signés par l'abbé Dieuleveut, en 1793 et 1794. La signature de « Jacques Le Gall, sous-diacre », apparaît à deux reprises, le 11 mars 1794 et le 8 janvier 1798]. De ces baptêmes et mariages, voici le nombre : 1793: 25 baptêmes et 14 mariages ; 1794 : 45 baptêmes et 18 mariages ; 1795 : 21 baptêmes et 15 mariages ; 1796 : 8 baptêmes et 6 mariages [Note : Les registres de cette année sont fort incomplets] ; 1797 : 91 baptêmes et 32 mariages ; 1798 : 13 baptêmes et 8 mariages.

Les enfants baptisés, comme les jeunes gens mariés, sont surtout de Pouldreuzic, Lababan, Plovan, Plozévet, mais aussi de Plogastel-Saint-Germain, Pouldergat, Guilers, Tréméoc, Tréogat, Tréguennec... Beaucoup d'enfants reçoivent le baptême sous condition, ayant été ondoyés à la maison, « par nécessité » ou « par défaut de prêtre ».

Six mariages seulement, l'un de Pouldreuzic, les autres de Plozévet, sont réhabilités, ayant été célébrés par des prêtres « sans juridiction ». M. Kerdréac'h rappelle constamment qu'il est « délégué par l'autorité apostolique ».

Ce confesseur de la foi exerça aussi son ministère à Meilars et Mahalon où il fit deux baptêmes et cinq mariages en 1797-1798 ainsi qu'à Plouhinec, sa paroisse natale, de février 1796 à mai 1802 comme l'attestent plusieurs feuilles volantes rédigées et signées de sa main, actuellement annexées aux registres de cette paroisse.

Dans la nuit du 3 au 4 février 1798, M. Kerdréac'h dit la messe à Plonéour-Lanvern.

Le district de Pont-Croix continue à le rechercher. Voici le récit d'une perquisition qu'il fit faire à Plouhinec, le 17 juillet 1799 :

« Le rebelle Kerdréac'h, prêtre réfractaire, domicilié dans la commune de Pouldreuzic, canton de Plozévet, redouble d'efforts et trouble notre commune et Plouhinec par des mariages et des baptêmes, et que ces incursions nocturnes nous inquiètent, vu que sa famille, très nombreuse, habite les côtes de cette commune... Il seroit bon d'envoyer une forte garnison dans les communes de Plozévet, Lababan et Pouldreuzic, payée et nourrie par les individus des dites communes, et qui ne quitteroit que quand les réfractaires seroient livrés, car on les cherchera toujours en vain dans les communes, dont les habitants sont si fanatiques, qu'ils les cachent bien soigneusement et qu'ils les escortent dans le besoin de village en village.

Assemblés le 29 messidor an VII (17 juillet 1799) à quatre heures du matin pour l'exécution de l'arrêté du département du 26 courant relatif à l'exécution de la loi du 18 qui autorisoit à ordonner des visites domiciliaires, nous nommâmes Jean Le Borgne, agent de la commune de Plouhinec, cultivateur estimable et homme très prononcé pour notre nouveau gouvernement, commissaire à l'effet d'exécuter les visites dans sa commune, et notamment chez le Citoyen Donnars, la maison la plus suspecte de ce canton, maison riche, repaire des prêtres et de tous les ennemis du gouvernement républicain, maison très écartée, près laquelle se trouve une anse où l'on peut débarquer dans les beaux tems.

Ce commissaire étoit accompagné d'un détachement de 18 hommes, y compris un sergent qui le commandoit. Avant d'arriver au village de Donnars, l'on vit deux hommes courir du champ à la maison. Le détachement presse le pas, arrive au village et le cerne. L'on voit arriver Joseph Donnars qui paroissoit venir de la côte et ses ouvriers qui travailloient du côté opposé, à quelque distance de la maison. Le commissaire, le sergent et deux fusiliers entrèrent avec lui dans la maison. La visite se fait d'abord en bas où l'on trouve un lit tout chaud, au chevet duquel se trouvait un fusil à deux coups bien chargé, un fusil de calibre, aussi chargé, un bon sabre et quelques autres armes qui ont été tous déposés dans une des salles de notre administration.

Ayant bien visité le bas, le commissaire demanda à voir le haut de la maison, et toujours accompagné du Citoyen Donnars Joseph, ils entrent dans une chambre où il y avoit une table de 25 à 30 personnes encore couverte des débris d'un grand repas. On y voyoit des restes de vin, liqueurs et desserts de plusieurs espèces, avec couvert d'argent. Sur un lit, dons le même appartement, il y avoit une aube à larges dentelles et des ornements pour la messe. Ce spectacle, rare chez les cultivateurs, surprit le sous-officier commandant le détachement...

Un petit garçon gardant ses moutons a déclaré avoir vu, à quatre heures du matin, le jour de la visite, le fameux Kerdréac'h, prêtre réfractaire, fléau de notre campagne, sortir du village de Donnars. Nous avons fait notre possible pour nous en assurer, mais nos recherches sont encore sans succès ; ce petit garçon dit aujourd'hui n'être pas sûr de son fait... ».

Vicaire de Pouldreuzic en 1802, nommé recteur de Lababan, le 16 juillet 1803, l'abbé Kerdréac'h mourut le 19 décembre suivant et fut inhumé au cimetière de Pouldreuzic. Sa pierre tombale portait l'inscription : « Jacques Kerdréac'h, prêtre ». Les contemporains ont rendu hommage à l'activité apostolique et au zèle intrépide des deux prêtres de Pouldreuzic : « Vers la fin de 1796, lisons-nous au manuscrit Boissière, M. Kerdréac'h, curé de Pouldreuzic, est l'apôtre de ce canton. Quand il dort, il est assis ou étendu sur un banc. M. Dieuleveut, recteur de Pouldreuzic, est devenu sourd ; il a passé six mois d'hiver sur les bords d'un ruisseau, dans une brousse de saule ». Ce sont là des souffrances physiques. Que dire de la détresse morale qui accablait ces héros constamment pourchassés, toujours sur le qui-vive, à chaque instant menacés, au cours de la Terreur, d'être saisis et mis à mort dans les vingt-quatre heures ! Que l'on songe à MM. Dieuleveut et Kerdréac'h, continuant leur ministère après l'exécution à Quimper de deux de leurs bons amis, l'abbé Riou, recteur de Lababan, guillotiné le 17 mars 1794, et M. Raguénez, prêtre de Landudec, décapité le 13 avril suivant !

(H. Pérennès).

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