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LA FRERIE DE KERILIS EN PLOUJEAN

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FRÉRIE DE KERILIS.

Cette frérie contenait le bourg de Ploujean, tenu prochement sous la juridiction de Bodister, l'église paroissiale, dédiée à Saint-Jean Baptiste, la chapelle de Notre Dame, le cimetière et son reliquaire, et enfin les maisons nobles de Penanguer, de Keranroux et des deux Kerédern.

L'église, qui n'a rien de monumental, est un édifice de diverses dates. La nef, formée de deux rangées de massives et courtes piles rectangulaires soutenant des arcades romanes très basses, remonte au moins au XIème siècle, si même elle n'est pas antérieure aux invasions normandes. Un arc triomphal en ogive, surmonté extérieurement d'un clocheton, sépare cette nef du choeur, qui semble dater du XVème siècle, avec son chevet droit percé d'une grande fenêtre centrale garnie d'une rose au tympan, et de deux petites baies latérales, et ses arceaux gothiques retombant sur des colonnes hexagones à chapiteaux.

Le clocher qui surmonte la façade ouest, flanquée de contreforts couronnés par des lanternons Renaissance, est accosté d'une tourelle ronde d'escalier et terminé par une flèche courtaude ; il fut construit en 1586. De la même date était le porche latéral, qui a été récemment refait, ainsi qu'une partie des murailles extérieures.

Le maître-autel, ouvrage moderne en bois sculpté, est surmonté à gauche d'une jolie Vierge-Mère du XVIIIème siècle, bien drapée, tenant à la main une couronne de roses, et à droite d'un Saint-Jean-Baptiste de la même époque, vêtu d'une robe en poil de chameau, avec l'agneau couché à ses pieds. Les statues de Saint-Yves et de Saint-Antoine de Padoue se voient sur des consoles, de chaque côté du chœur.

L'autel latéral de gauche est dédié au Sacré Cœur dont l'image s'y trouve placée entre les figures de la Foi et de l'Espérance. Trois enfeus à arcature gothique pratiqués dans la muraille, abritent des bancs familiaux modernes dont le premier est décoré des armoiries de la famille Boudin de Tromelin (une épée en pal entre deux étoiles) et de sa devise : Ad sidera tentat. Ces enfeus dépendaient respectivement des terres de Keranroux, de Coatserc'hô et de Keredern.

L'autel de droite possède l'image vénérée de Notre Dame de Ploujean, très belle et très digne statue gothique de Vierge-Mère qui peut dater du XVème siècle. Un enfeu ogival, qui servait jadis de sépulture aux seigneurs du Launay, contient encore une dalle chargée de deux écussons martelés ; l'un d'eux est absolument fruste ; sur l'autre, on ne distingue qu'une bordure engreslée à la partie sénestre. Au pied du pilier voisin se voit dans le dallage une pierre offrant le blason de la famille de Goezbriand, qui portait : d'azur à la fasce d'or.

Dans la chapelle de Sainte-Anne, à droite, existent une statue de Saint-Pol, tenant l'épée et le livre, et des restes de sablières sculptées, qui se retrouvent également dans d'autres parties de l'église, présentant un enroulement fantastique de banderoles, de feuillages, de pampres, coupé çà et là de mascarons, de statuettes d'anges munis d'écussons ou de cartouches, de personnages grotesques. L'un de ceux-ci, en chemise, tient un marteau et un ciseau ; un autre semble occupé à se raser. On distingue, dans la frise de cette chapelle, deux écussons ; l'un aux armes des la Forest, d'azur à six quintefeuilles d'or, l'autre partie de la Forest et de Danglade : d'azur au poignard d'argent en pal garni d'or, accosté vers le chef d'une étoile et d'un croissant d'argent. J'ignore comment cette dernière famille, d'origine vannetaise, peut avoir ses armes dans l'église de Ploujean. Autrefois, la chapelle de Sainte-Anne dépendait des seigneurs de la Boissière du nom de Kersulguen ; la devise de cette famille se lit en caractères gothiques, sur le pignon extérieur, au-dessus de la fenêtre : Laissez dire.

La chapelle de gauche, dite des Trépassés, contient l'autel et les images de la Sainte Famille, ainsi que la statue de Saint Jacques et d'un autre saint sans caractéristique. On y voit le banc de feu le général Le Flô, surmonté de ses armoiries : trois rencontres de cerf et de sa devise : Sounch hag gortoz (Réfléchis et attends).

Au bas du collatéral de droite se trouvent les fonts baptismaux garnis d’un joli baldaquin de bois supporté par quatre colonnes torses enguirlandées de vignes chargées de raisins. L’inscriptions suivante est gravée sur la corniche : Faict du temps Jan Braouezecq et Jan Prigent, fabriques 1660.

Les orgues, de la fin du XVIIème siècle, ont quelques boiseries décorées de sculptures rudimentaires.

Dans la longère Nord de l’église, entre la porte latérale et le clocher, une inscriptions apprend que là repose le « chef de très vénérable et très respectable abbé de Lanlay, né à la terre de Lanlay, paroisse de Plésidy, le 2 décembre 1722, mort à Ploujean le 22 mai 1795 ». M. Francois Bahezre de Lanlay avait courageument refusé le serment en 1791, malgré les efforts et les dénonciations du procureur-syndic de la commune, M. Denis de Trobriant. Remplacé par un intrus, le citoyen Lucas, il ne quitta la paroisse qu’à la dernière extrémité, et fut arrêté en 1792 au château du Guerrand, d'où on le conduisit dans les prisons de Brest, puis dans celles de Saint–Lô. Il n'en sortit que pour s’en revenir mourir au milieu de ses ouailles, épuisé par les souffrances physiques et morales de sa captivité.

La chapelle de Notre Dame, situé dans le cimetière, servait surtout aux sépultures ; lorsqu’elle fut démolie en 1809, on en exhuma une quantité considérable d’ossements. Les seigneurs de Kergariou y avait leur tombe, où lon retrouva, enfermé dans une boîte de plomb, le cœur d’Alexandre de Kergariou, gouverneur de Morlaix, mort à Saint-Mathieu de Morlaix le mercredi des Rogations 6 mai 1592 et inhumé à Ploujean le 5 juillet suivant. Ce cœur fut rendu par M. de la Fruglaye, maire de Ploujean, à l’une des branches encore existantes de la famille de Kergariou (V. G. Le Jean, Histoire de Morlaix p. 197). La statue de Notre Dame de Ploujean orne aujourd’hui un autel sous le même vocable, dans l’église paroissiale.

Le reliquaire ou chapelle de Saint–Roch est une robuste construction en pierres de taille, aux pignons garnis de crochets et de pinacles, percée sur la facade d’une série de baies en plein cintre, séparées de petites colonnettes cylindrique. Il ne porte aucune date, mais doit remonter à la fin du XVIème siècle. C’était un ossuaire à autel intérieur, servant seulement pour conserver les chefs des défunts. On y voit une ancienne statue de Sainte Marguerite debout sur le dragon, une croix dans la main gauche.

L’église de Ploujean a souffert de ce vandalisme révolutionnaire, qui, malgré la position de notre province, y a sévi avec plus de fureur peut-être qu’au centre de la France, et dont nos édifices religieux gardent encore les affligeantes traces. De beaucoup de nos anciennes églises, il n’a guère survécu à la tourmente que l’édifice lui-même ; tout ce qui pouvait se briser, s’enlever, se détruire, a disparu, et si d’aventure quelque chose avait échappé à cette dévastation méthodique, les recteurs et les fabriques ont su depuis y mettre bon ordre. Ils n’existent plus, les vitraux aux somptueuses couleurs où brillaient les armoiries de la noblesse locale, où s’étaient fait peindre, agenouillés aux pieds de leurs saint patrons, les donateurs de la verrières, preux chevaliers vêtus d’acier et châtelaines en surcot d'hermines. Les écussons sculptés dans la pierre des consoles et des arcades ont été martelés ; on a brûlé les bancs seigneuriaux, rompu les pierres tombales, violé les sépultures, arraché à leur prison aérienne, pour en faire des sous ou des canons, les cloches séculaires de la paroisse.. Quant à nos bons vieux saints bretons, taillés naïvement, avec talent parfois, avec verve toujours, en plein cœur de chêne ou en granit de nos falaises par quelque imaygier, ils ont fait place à ces langoureuses figures de plâtre étrangement bariolées que des maisons juives nous fabriquent à la grosse !

On conçoit donc quel puissant intérêt s’attache aux anciens titres qui font renaître, telles que les virent nos aïeux, ces églises qui pleurent aujourd’hui tant d'irréparables pertes. Je dois à l’aimable et distingué héraldiste qu’est M. de Bergevin communication d’un précieux document de ce genre, le « Proceix verbal des Prééminences de la paroisse de Ploujan » (Mss. A–19 des Archives départementales f. 144-149) , comprenant celle de l’église et de la chapelle Notre Dame, relevées le 7 novembre 1679 par François Bouyn, seigneur de Rains, conseiller du Roy et maistre ordinaires en sa chambre des Comptes de Bretagne. Cette pièce étant fort longue, et M. de Bergevin se proposant d’ailleurs de publier en entier, avec des notes, le curieux manuscrit d’où il a bien voulu l'extraire à mon intention, je me contenterai de l’analyser rapidement ici, en complètant ses indications par celles d’un autre titre de 1749 relatant les prééminences et droits honorifiques du marquis de Locmaria.

François Bouyn interrogea d’abord noble et discret Missire René Yves le Rouge, recteur, au sujet des prières nominales et des usurpations d’écussons, de bancs et de lizières dont il avait connaissance ; celui–ci répondit qu’il n’avait vu, depuis les huit ans qu’il était recteur, aucune innovation en son église, et qu’on ne disait les prières nominales pour aucun seigneur particulier, mais seulement pour le Roi et pour les bienfaiteurs de la paroise. Ecuyer Charles du Parc, sieur de Kerguiniou, fondé de pouvoirs du marquis de Locmaria, protesta contre cette déclaration au nom d’un arrêté de la cour du 26 juin 1671, maintenant ledit marquis de Locmaria dans les droits de fondateur de l’église, comme seigneur de Bodister, et requit que les prières nominales fussent désormais dites à son intention.

La maîtresse vitre, garnie d’un vitrail colorié, se composait de 4 panneaux et d’une rose, au milieu de laquelle étaient les armes de France, et plus bas, celles de Bretagne, ainsi qu’un écusson des armes de Goesbriand, d’azur à la fasce d’or, en alliance avec : 1er de Coatredrez ; 2ème de Boiseon ; 3ème du Ponthou ; 4ème de la Boissière-Plourin. Charles du Parc déclare que l'enlèvement de ces blasons aux frais du sieur de Goesbriand, avait été ordonné par arrêt de la Cour du 17 octobre 1673, pour, à leur place, être posées les armes des du Parc-Locmaria, seigneurs supérieurs de l’église et du fief.

Dans les panneaux étaient quatre priantz, avec des prie-Dieu aux armes de Goesbriant pleines et alliées à celle du Ponthou, de Toupin de Kervenniou et de la Boissière. Au bas du premier panneau, du côté de l’évangile, il y avait deux écussons aux armes des Mériadec de Crechonvel, d’argent fretté d’azur, au lambel de gueules, et des Kersulguen de la Boissière ; au bas du second, les armes des Quintin de Kerscau, d’argent au lion de sable accomp. de 3 molettes, et d’un croissant en chef de même ; au bas du troisième, celles des Le Lévyer de Kerochiou, d’argent à la face d’azur surmontée d’une merlette de même et accomp. de 3 tréfles de gueules ; au bas de la quatrième, un écusson mi–parti de Mériadec et de Trogoff.

La lizière du chœur et de la nef était chargée des armes de France, de Navare et de Bretagne.

A gauche du maître-autel, au second pilier, sous l'image de Saint-Mandez, existaient un banc et une chaise aux armoiries des Kersulguen de la Boissière, et, au milieu du chœur, dans le sanctuaire, « une tombe eslevée armoyé de deux écussons des mesmes armes de la Boissière », parti de Mériadec et de Lanloup. Plus bas était un petit banc orné des armes alliées des Oriot et de le Borgne appartenant aux héritiers du sieur du Runiou Oriot pour leur terre de Kerochiou.

Du même côté, dans la vitre de la chapelle de la Trinité (aujourd'hui du Sacré Cœur), on voyait deux écussons, l'un du Parc plein, d'argent à trois jumelles de gueules, l'autre au 1 de du Parc, au 2 de Huon du Herlan, au 3 de la Forest de Keranroux, appartenant au sieur du Parc Lézerdot pour sa terre de Keranroux, ainsi que l'enfeu adjacent, portant un fretté, qui est Guicaznou de Coatgrall, un bénitier aux armes des la Forest, et deux bancs armoriés joignant les balustres.

Le second enfeu appartenait au sieur de Tromeur le Diouguel, pour sa terre du Petit-Coatserhou, et le troisième, au sieur du Roudour le Bihan, pour sa terre de Keredern, avec un banc et, au dessus une petite fenêtre contenant un écusson parti de le Bihan et de la Forest. Dans la même chapelle était aussi un banc armorié, au sieur de Kersauson du Trévou pour sa terre de Trofeunteuniou.

Du côté de l'épître du grand autel, dans la vitre de la chapelle, de Saint-Germain (aujourd'hui de la Sainte-Vierge), vulgairement nommée la chapelle de la Boissière, se voyaient quatre écussons des armes des Mériadec de Crechonvel pleines et parti de Crechonvel et de Trogoff, et, sous la première arcade, un enfeu avec cinq écussons de la Boissière-Crechonvel ainsi qu'une tombe plate aux mêmes armes. En face de l'autel se trouvait un banc blasonné d'un échiqueté, armes des Kergournadech, au sieur Claude Allouin, marchand à Morlaix, pour sa terre de Kermoal. Y joignant, un autre banc aux sieur et dame de Kersauson du Trévou, et plus bas, contre le second pilier, un banc aux armes de Kersulguen avec une chaise de pierre armoriée de Mériadec. Au dessous de ce pilier, une tombe élevée appartenant au sieur de Goesbriand, et, à l'opposé, une voûte et enfeu dépendant de la terre du Launay, au sieur de Mousterou Blanchard.

Du côté de l'évangile, dans une chapelle fermée dite du Sacrement (aujourd'hui des Trépassés), il y avait une lizière portant d'argent au croissant de gueules accompagné de trois coquilles de même, qui est le Moyne de Trévigny, et autres armes en alliance. Dans la vitre étaient deux écussons, l'un parti de Kergariou et d'un coupé de Quélen et de Guernisac, l'autre parti de Kergariou et de Quélennec. Les mêmes armes de Kergariou se voyaient encore sur les piédestaux de deux statues placées de chaque côté de l'autel et sur le pignon extérieur, et la chapelle appartenait au sieur de Kergariou de Lochrist [Note : Pierre Lollivier, seigneur de Lochrist, Saint-Maur, Kergariou, la Villeneuve. etc.] de sa terre de Kergariou.

Contre la clôture du chœur, du même côté, était un banc armorié de Toulcoet, aux du Runiou Oriot, avoisinant un autre banc au sieur de Lézerdaut du Parc. Au troisième pilier s'appuyait un autel armorié de deux écussons des armes de Guicaznou. Plus bas existaient deux lucarnes et une fenêtre, le tout sans armes, de même que les trois lucarnes qui éclairaient la nef à droite.

Du côté de l'épître se trouvait la chapelle de Saint-Sébastien (aujourd'hui Sainte- Anne), prohibitivement prétendue par le sieur de la Boissière de Kersulguen, et entourée d'une lizière de ses armes, d'or au lion de gueules onglé et couronné de sable, au canton écartelé de gueules et d'or, et alliances, lesquelles se voyaient aussi dans le vitrail sur le piédestal du saint, dans une petite rosace vitrée, et au dessus de la fenêtre [Note : On lit, sur le pignon extérieur de cette chapelle, la devise des Kersulguen en caractères gothiques : Laissez dire]. En dehors contre le second pilier de la nef, un banc aux armes des la Forest appartenait aux sieur et dame de Kersauson du Trévou.

La fenêtre située au bas de l'église contenait trois écussons des armes de France et de Goesbriand ; un autre blason indistinct surmontait le portail ouvert au dessous.

L'inventaire de l'église achevé, François Bouyn procéda à celui de la chapelle Notre Dame, dont la maîtresse vitre, composée de 3 panneaux et 3 soufflets, renfermait dix écussons ; le premier, en supériorité, des armes de Bodister ou Dinan de Montafilant ; le 2 parti de Goesbriand et de Bodister, le 3 parti de Goesbriand et de Coatredrez, le 4 et le 5 de Guicaznou, d'argent fretté d'azur ; le 6 et le 7 de Coëtélan Collin écartelé de Guernisac et parti de Coatquis. Dans le panneau de gauche étaient deux figures de priantz portant sur leurs vêtements les armoiries alliées de Goesbriand et du Ponthou. Les trois autres écussons offrait le blason des Kersulguen, des Goesbriand, et de le Bihan du Roudour, parti de la Forest, « avec une devise en lettres gotthicques au dessus ».

Contre le second pilier du côté de l'évangile était un banc armorié, dépendant de la terre de Kergariou, et contre le même pilier du côté opposé, un autre banc au sieur de Saint Maure Lochrist, dépendant de la terre de Kergariou. Plus bas, à gauche, contre la clôture du chœur, existait un banc armorié de du Parc, appartenant aux héritiers du feu sieur de Gorrequer Denis, marchand à Morlaix, pour sa terre du Cosquérou ; en face, un autre banc sans armes. Le chœur et la nef étaient entourés d'une lizière des armes alternées de Kergariou et le Moyne de Trévigny, « desquelles armes il y a plusieurs autres escussons en bocze et en peinture ».

A gauche du maître autel se trouvait la chapelle de Saint-Yves, éclairée d'une vitre à deux panneaux et un soufflet, contenant trois écussons [Note : En 1749, ce vitrail renfermait 4 écussons : 1° de Goesbriand plein ; 2° parti de Goesbriand et de la Marzelière ; 3° de Goesbriand plein ; 4° écartelé au 1 de Arel, au 2 de Tournemine, au 3 de Goesbriand ; au 4 écartelé lui-même au 1 de Lesmais, au 2 de sable au lion d'argent, au 3 vairé d'argent et de gueules, au 4 de Boiséon], dont deux brisés, et le troisième mi-partie de Goesbriand et de Coatanlem. Devant l'autel, un banc armorié de Le Lévyer était prétendu par les héritiers du sieur du Runiou Oriot pour leur terre de Kerochiou-Lévyer. Plus bas, contre le troisième pilier du chœur s'appuyait un autre banc armorié des armes de Kergariou Lochrist, ainsi que l'autel placé en-dessus.

A droite du maître-autel, la chapelle de Saint-Michel possédait une vitre à un soufflet contenant un écusson en bannière des armes de Bretagne et deux panneaux portant deux écussons, l'un de Guicaznou plein, l'autre écartelé de Guicaznou, de Goesbriand et de Boiséon. En cette chapelle étaient deux voûtes ou enfeus aux armes de Guicaznou, avec, dans la seconde, un banc et deux tombes plates dépendant de Trofeunteuniou. En face, sous la première arcade du chœur, se voyait une tombe élevée blasonnée des armoiries de Kergariou.

Plus bas, dans la même aile droite, autre arcade et vitre non armoriée, au-dessus d'un banc timbré des armes de Kergournadech, au sieur Claude Allouin pour sa terre de Kermoal. A l'extérieur, sur le pignon du chevet, écusson de Goesbriand, et sur les murailles, quelques autres « qu'on a peine à distinguer, lesquels on attribue au sieur de Lochrist et qui sont en platte peinture ».

Enfin le reliquaire contenait un autel armorié de Kergariou, parti d'une fasce chargé de 3 étoiles ainsi que la vitre, et offrait plusieurs écussons en bosse et en peinture, attribués au sieur de Lochrist comme dépendant de la maison de Kergariou.

Deux constatations ressortent surtout de ce procès-verbal ; la première est l'usurpation par les Goesbriand, seigneurs de Kerantour et de l'Armorique en Ploujean, des prééminences des possesseurs du fief de Bodister, lequel, depuis son passage aux Dinan-Montafilant jusqu'à son acquêt par le marquis de Locmaria en 1638, n'appartint qu'à des familles étrangères à la région et même à la Bretagne, et conséquemment moins jalouses de leurs droits honorifiques que l'eussent été des seigneurs locaux. L'arrêt de la cour du 17 octobre 1673 mentionné plus haut, relatif à l'enlèvement des armes des Goesbriand de la maîtresse-vitre, ne fut d'ailleurs pas mis à exécution, car en 1749 elles s'y voyaient encore. On constate aussi l'importance et le nombre des prééminences qui dépendaient de la terre de Kergariou, chapelle prohibitive, lizières extérieures et intérieures, banc, tombes élevées, etc., toutes prérogatives attestant l'ancienne puissance de cette maison.

Le poétique cimetière qui entourait l'église a disparu depuis quelques années. Certaines raisons d'hygiène et de commodité peuvent légitimer cette mesure ; néanmoins, nous regrettons le bouleversement du vieux champ des morts où tant de chrétiens reposaient sous les tertres moussus plantés de croix noires, au pied de la tour de granit dont les cloches chantèrent pour leur baptême et gémirent à leurs funérailles. Nul autre cimetière ne réalisait davantage le type parfait des humbles nécropoles tassées près de nos églises bretonnes que celui de Ploujean, avec son mur enlierré, ses échaliers à pilastres, sa ceinture d'arbres, son reliquaire gothique, le fouillis de ses tombes dans l'herbe, sous la verdure, les dalles usées et frustes voisinant avec les marbres gravés d'or des riches fermiers, les humbles tumulus gazonnés avec les monuments des familles nobles ornés d'oeuvres d'art comme ce beau, groupe de Buors dont la blancheur s'accusait dans un angle, sur le caveau des de Nanteuil-le Flô.

Au sud du bourg s'étend le vaste domaine de Keranroux, bordé, dans sa partie inférieure, de belles prairies occupant l'ancien lit de la rivière et asséchées par le redressement du chenal au moyen d'une chaussée pour laquelle les Etats de Bretagne, réunis à Morlaix en 1772, votèrent 72.000 livres. Elles furent d'abord afféagies, puis acquises par le châtelain de Keranroux, M. de la Fruglaye, qui y découvrit nombre de troncs d'arbres mi-pétrifiés, enfouis dans les vases, les ruines d'un édifice gallo-romain en tuiles, et une fontaine entourée de pierres brutes.

La seigneurie de Keranroux appartenait en 1301 à Yvon de Keranroux, garde de la forêt de Cuburien pour Hervé V de Léon, et en 1427 à Ollivier Le Treut. L'année suivante, par acte sur vélin daté du pénultième jour de mai 1428, passé devant la cour de Lannion, Jehan Le Treut transporta à Ollivier de Coatquis, à titre d'échange, son hôtel et manoir de Keranroux, bois, seigneurie, juridiction, provostée, rentes et obéissances et tous autres droits à lui appartenant en la châtellerie de Morlaix et en celle de Lanmeur.

En 1445, Keranroux avait passé à Jean Estienne, et en 1543 à Alain de la Forest, père d'Yves, marié à Catherine Marc'hec, fille et héritière du fameux Jean Marc'hec, seigneur de Guicquelleau, ar dichentil dirol, décapité en 1527 sur la grande place de Lesneven pour avoir assassiné son voisin Henry, seigneur de Penmarch, couronnant ainsi par un lâche guet-apens une vie d'excès de tous genres.

Leur fils Charles de la Forest, épousa Françoise de Kerc'hoent, dame du Herlan, dont Françoise de la Forest, héritière de Keranroux, Coatgrall, Herlan, etc., qui transmit ces terres aux du Parc en épousant vers 1600 François du Parc, seigneur de Lezversault, qui mourut le 26 mars 1629 au manoir de Guicquelleau, près de Lesneven et fut inhumé le 30 dans la chapelle de Keranroux en l'église de Ploujean.

Son fils aîné Ronan se maria à : Renée le Moyne ; 2ème Renée le Cardinal, et décéda en 1636, laissant du second lit François du Parc, seigneur de Lezversault, né en 1629, mort en 1638, époux de Marie Olive de Clisson, dont deux fils, Olivier et Claude-Joseph. Olivier, maintenu en qualité d'écuyer et chevalier d'ancienne extraction par arrêt de la Chambre de la Réformation, le 10 juillet 1669 et qualifié dans un acte de baptême de 1691 de seigneur marquis de Lézerdault et de Keranroux, mourut à Paris vers 1695 capitaine de dragons et chevalier de Saint-Louis, sans avoir eu d'enfants de sa femme Jeanne Elisabeth de Kermel. Cette dame, liée avec la célèbre marquise de Maintenon, qui lui donna son portrait, fonda en 1699 dans son hôtel de Tréguier, l'institution des Filles de Saint-Paul, dites Paulines, qui avait pour but l'instruction des filles pauvres de la campagne, la visite des malheureux à domicile et la tenue des bureaux de charité. Mgr. Jégou de Quervilio, évêque de Tréguier, leur donna des constitutions, statuts et règlements, qu'il publia le 23 juin 1727. Ces Sœurs établirent des maisons en divers endroits, à Pontrieux, à Pédernec, au Guerlesquin, où l'ancienne chapelle de leur couvent, dédiée à Saint Jean, est encore entretenue en 1908. Leur ordre a disparu à la Révolution (Abbé Tresvaux — l'Eglise de Bretagne p, 629-630 et 374).

Claude du Parc hérita de son frère aîné, et devint, par le déçès sans hoirs de ce dernier, seigneur de Lezversault, Keranroux, Kergariou, Coatgrall, Coatmorvan, Herlan, Keraël, etc., Il épousa Charlotte Rogon de Carcaradec, et était en 1704 capitaine des milices garde-côtes de l'évêché de Tréguier. Il est mentionné comme suit au rôle de la capitation de 1703 ; — le sieur du Lézardo du Parc ; soixante livres ; quatre domestique, six livres, et mourut le 15 mai 1707, âgé de 52 ans, à son manoir de Keranroux.

Joseph-Gabriel du Parc, comte de Lezerdot et de Keranroux, son fils, né en 1699, épousa d'abord Marie-Joseph de Kersulguen ; resté veuf en 1727, il se remaria à Marie-Anne-Gabrielle de Cleuz du Gage, et mourut jeune, n'ayant eu de celle-ci qu'un fils, Charles-Marie du Parc. Ce dernier devint en 1745 marquis de Locmaria et du Guerrand, par le décès de son cousin Jean-Marie-François du Parc, dernier de la branche aînée. Possesseur d'un des plus riches patrimoines de Bretagne, il ne sut qu'en gaspiller follement à Paris, au milieu de fêtes et d'orgies, les magnifiques revenus, et mourut en 1769 d'une mort prématurée, sans enfants de sa femme Marie-Louise de Ploësquellec.

Plusieurs familles se disputèrent les débris de sa fortune, dont il avait institué légataire un du Parc de Kerret, de Guerlesquin, son habituel compagnon de plaisir.

Les Quemper de Lanascol, entre autres, obtinrent le château et marquisat du Guerrand. Cependant, une grosse part du bien fit retour à sa tante Claude du Parc, qui vivait pauvrement à Morlaix, secourue dans sa détresse par Madame de la Fruglaye, née Sophie de Caradeuc, fille du fameux procureur général du Parlement de Bretagne Louis-René de Caradeuc de la Chalotais, auteur en 1761 du Compte-Rendu des Constitutions des Jésuites, dont la grand'mère maternelle était une du Parc de Pennanech, issue d'une branche cadette des du Parc Lezversault. Aussi reconnut elle les bontés de Mme de la Fruglaye en lui donnant immédiatement la terre de Keranroux et ses annexes.

L'ancien manoir fut remplacé, en 1773, par le château actuel, où vint alors résider la famille de la Fruglaye, et où mourut, le 3 octobre 1776, Messire Joseph Marie de la Fruglaye, seigneur de Kervers, âgé de 75 ans. Son petit-fils, M. Paul-Emile de la Fruglaye, né à Quimper en 1766 de François-Marie-Gabriel et de Sophie de Caradeuc, entra d'abord à l'Ecole militaire et devint officier de dragons. Emigré en 1792, il lutta pour la cause royale en Belgique et sur le Rhin, puis tenta vainement d'arracher la fille de Louis XVI à la prison du Temple. Chargé par les princes d'une importante mission en Normandie, il faillit être fusillé comme espion par les royalistes, et ne dut la vie qu'à l'arrivée des lettres qui l'accréditaient près de M. de Frotté. Rentré en France en 1802, il se voua tout entier à ses entreprises de dessèchements et d'agriculture, à ses recherches minéralogiques. La Restauration le nomma chevalier de Saint-Louis, maréchal de camp, (général de brigade) en 1817, colonel de la Légion du Finistère, et l'appela à la Chambre des Députés, puis à la Chambre des Pairs. Après 1830, il reprit ses travaux et ses études favorites, et mourut en 1849 au château de Keranroux, « laissant, dit la Biographie Bretonne, la réputation méritée d'un homme d'une piété éclairée, d'une loyauté éprouvée, d'une bienfaisance qu'une fortune considérable lui permettait d'exercer largement ». « Une aménité continuelle, a écrit aussi Fréminville, tempère l'éclat du rang de ce noble général qui se plaît à déployer à Keranroux sa magnificence hospitalière, et de qui l'homme d'honneur, quels que soient son état et sa fortune, est toujours accueilli avec une égale distinction ».

De son mariage avec Mlle Caroline Loz de Goasfroment, le général de la Fruglaye ne laissa que des filles, dont l'une, la pieuse et vénérée Mlle Maria de la Fruglaye, fut en 1834 la restauratrice de l'ancien couvent de Cuburien, où elle installa des religieuses de l'ordre des dames chanoinesses hospitalières de St-François. Mlle Caroline de la Fruglaye, sa sœur aînée, épousa le général Nicolas-Charles-Stanislas Nompère de Champagny [Note : Mort le 4 mai 1863 à son château de Kerduel en Pleumeur-Bodou, à l'âge de 73 ans. Il était maréchal de camp, ancien aide-de-camp de S. A. R. Monseigneur le Dauphin et sous-secrétaire d'État au ministère de la guerre, chevalier de Saint-Louis et grand officier de la Légion d'honneur] et lui apporta la terre de Keranroux, qui, depuis la mort, en 1898, de M. le comte Paul de Champagny, décédé sans enfants de son alliance avec Mlle de Saisy de Kerampuil, appartient par succession à la famille de Gouyon de Beaufort.

Le château de Keranroux, restauré et remanié par M. Paul de Champagny, dont les armes, accolées à celles de sa femme, décorent le fronton, est assis à mi-pente d'une colline ombragée de futaies séculaires et domine l'un des coudes de la rivière de Morlaix, sorte de Rhin en miniature qui possède aussi ses bois, ses rochers, son monastère, ses châteaux, non de vieux burgs ruinés, perchés comme des aires d'aigles au sommet des hauteurs, mais de pimpants et vivants manoirs, montrant partout dans le feuillage les luisantes coiffures d'ardoise de leurs tourelles. Keranroux en est l'un des plus beaux, en tous cas le mieux situé, et nombre d'artistes ont reproduit le frais paysage qu'il anime, exquis surtout par les belles soirées printanières, lorsqu'un rayon attardé, filtrant à travers les ramures, en rosit encore la blanche façade, qu'une buée légère estompe dans les bas fonds le vert humide des prairies, et qu'au pied du château, sur la nappe a soupie, du canal, glissent sans bruit les grandes voiles rouges des barques.

La chapelle, bel édifice construit par M. de la Fruglaye avec plusieurs rares variétés de pierres qu'il découvrit au cours de ses explorations géologiques en Bretagne, et qu'un habile mécanisme de son invention polissait et sciait au moulin même de Keranroux, contient un magnifique autel en marbre de Plounez, orné d'un tabernacle d'améthyste, et abrite les sépultures des derniers châtelains. Au-dessus, près d'un étang où l'eau brune dort dans sa coupe de verdure, sont les ruines de l'ancienne chapelle, dédiée à Notre-Dame de la Clarté, et jadis très vénérée des marins. On y a rassemblé un groupement de débris divers ; écussons armoriés aux armes des Barbier et des la Forest, parti d'un vairé, saints de granit, statuettes mutilées, et jusqu'au tombeau d'un chevalier étendu sur sa dalle funéraire, armé de toutes pièces, mains jointes sur la poitrine, impériale et cheveux bouffants du temps de Louis XIII. Ce mausolée, apporté du château de Penallan près de Pontrieux, avait été érigé à Gilles de Lanoë, sieur du Couespeur, le Plessis et la Villefebvre, fils de Jean de Lanoë, sieur de Couespeur, capitaine des troupes de la Ligue, et de Marguerite Le Véer, dame de Coetnevenoy, qu'il contraignit à l'épouser après avoir assassiné au château de Coetnevenoy son premier mari, Jean le Borgne, sieur de Kerfalais.

Le parc renferme, à son extrémité nord, la ferme modèle de Rozarmenez, créée par M. de Champagny et dont les étables possèdent les plus beaux échantillons de la race bovine qu'on puisse voir dans le pays.

Les seigneurs de Keranroux avaient des prééminences en l'église collégiale de N. D. du Mur à Morlaix. En 1679, on voyait dans la seconde vitre de l'autel de la Trinité du côté de l'évangile, un écusson écartelé au 1 de du Parc, au 4 de Huon du Herlan, au 2 de Clisson et au 3 de la Forest. Plus bas étaient les armes des la Forest surmontées d'un lambel, pleines et parti d'hermines à la quintefeuille de gueules, qui est le Voyer de Tréfalégan ou le Bihan de Kerellon, « et dans ladite vitre sont plusieurs priantz et priantes armoyez des memes armes et au dessoulz est une arcade chargé de 2 écussons en bocze des mesmes armes... et dans ladite arcade il y a un banc... au dessoulz duquel il y a des tumbes armoyez ». Au dessous du pilier qui joignait la chaire à prêcher de la même église, était, aussi un banc « appartenant au sieur de Lézersaut du Parc, armoyé de ses armes et de celles de Keranroux ». [Note : V. Mss. A-19 des Arch. Départ. Préém. de N. D. du Mur. f. 118-124].

A la sortie du bourg, sur la route de Kerbaul, on rencontre deux vieilles et solides maisons du XVIème siècle, à pignons aigus et élevés, portes et fenêtres gothiques et escalier extérieur. Cette disposition de l'escalier faisant saillie sur la façade et formant, au niveau du premier étage, une petite terrasse abritée sous un auvent, se retrouve fréquemment dans les fermes anciennes de la commune.

Le hameau de Keredern, entre les chemins de l'Armorique et de Suciniou, était jadis formé de deux ou trois maisons nobles, dont il subsiste quelques vieux bâtiments à portes cintrées sans grand caractère. L'un des Keredern appartenait en 1427 à Jacques de Penc’hoadic, seigneur dudit lieu en Guiclan, et en 1540 à la même famille. Il passa ensuite aux la Forest du Roudour, puis aux Le Bihan par alliance.

Un autre Keredern était possédé, en 1678, par Maurice Guillouzou, écuyer, sieur de Keredern, maire de Morlaix, qui prit en 1693 possession du gouvernement de la ville au nom du marquis Gédouin de la Dobiays. Au siècle suivant, cette terre devint la propriéré d’une branche de la famille Denis de Trobriant établie à Ploiugneau, et dont est issu un hardi marin, Jean-Francois Denis de Keredern, né vers 1730. Pilotin sur le Caribou, il s’empara, avec la chaloupe du bord, d’un corsaire anglais réfugié dans une crique à Saint-Domingue. Nommé en 1757 lieutenant de vaisseau pour sa belle conduite en diverses campagnes, il commandait en 1762 la corvette l'Eclair sur laquelle il fut entouré, au large d'Aurigny, par plusieurs navires anglais, et contraint d’amener pavillon après une défense héroïque. Echangé à la suite d’une assez longue captivité, il fit, en 1769 pour le compte de divers négociants de Nantes, une expédition sur la Thétis à la côte d'Afrique et, en 1774, fut envoyé, sur la flûte l'Etoile, tirer vengeance des naturels de Bornéo, qui avaient massacré l’équipage de l'Epreuve, il détruisit cinquante bateaux chargés d’artillerie et ravagea les pêcheries des Malais , auxquels il tua et blessa plus de 200 hommes. Après avoir commandé, au combat d'Ouessant, le vaisseau de 50 canons l'Amphion, il mourut à Brest en 1780 capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-Louis (V. Biographie bretonne ; t II).

La famille Denis de Trobriant de Keredern existe encore en 1908 ; elle a produit deux maréchaux de camp en 1825 et en 1835, dont l’un baron de l’Empire, fut aide de camp du maréchal Davout, duc d’Eckmülh, qui lui prête dans ses mémoires des mots typiques. Il causait un jour avec un officier prussien, qui lui dit que les Français se battaient ordinairement pour de l’argent, et les Allemands pour l’honneur : — Parbleu ! s’écria Trobrian, chacun se bat pour ce qui lui manque. — En 1815, il fut envoyé vers le général prussien Thielman, qui avait autrefois combattu dans nos rangs, pour lui annoncer que l’armée venait de prendre la cocarde blanche. — Vous autres Français, dit Thielman, vous changez bien souvent de cocarde. — Il vaut mieux, Monsieur, changer de cocarde que de patrie.

On trouve encore un Keredern possédé vers 1669 par Messire Hiérosme ou Jérôme de Carné, seigneur de Keredern, époux à Saint-Melaine, le 28 novembre 1651, de demoiselle Catherine Harscouët, dame de Keromp, et maintenu écuyer d’ancienne extraction par arrêt du 1er juillet 1669. Il résidait à Plouénan et comparaît en 1672 dans une revue passée par le duc de Chaulnes en qualité de maréchal de logis de la compagnie de cavalerie de marquis de Coatanfao. Son fils aîné, Jérôme de Carné, seigneur de Keredern, épousa Françoise de Pensornou. Le 9 mai 1719, ils marièrent à Ploujean leur fille Juliette-Francois-Eléonore de Carné avec écuyer Pierre Balannet, sieur de Kerjégu, de la paroisse de Saint-Melaine.

(L. Le Guennec).

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