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Jean LE DREVEZ, prêtre guillotiné à Brest
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

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201. — Jean Le DREVEZ naquit à Ploumoguer, au manoir de Kerouzien, de Thomas Le Drevez et d’Anne Le Ru. Il fut baptisé le 21 novembre 1743, jour de son entrée dans la vie. Il vint au grand séminaire de Saint-Pol-de-Léon à l’âge de 20 ans et, après avoir reçu la tonsure à Noël 1770, il obtint l’année suivante les deux chapellenies de Saint-Jean et de Saint-Yves de Plougonvelin. Il fut ordonné prêtre aux quatre-temps de Noël 1772 et durant quelques mois il exerça le ministère comme prêtre auxiliaire à Lamber, trêve de Ploumoguer. Le 30 mars 1773, ayant été approuvé pour les confessions, il desservit dès lors cette même trêve à titre de curé jusqu’au 1er juin 1778, date à laquelle il fut chargé du service paroissial attaché à la chapelle du couvent de Saint-Mathieu. Le 10 avril 1780, on le voit signer aux registres de la paroisse Saint-Sauveur de Recouvrance, et c’est dans ce poste que le trouvera la Révolution.

202. — Comme tel, M. Le Drevez, le 1er novembre 1790. s’associa aux 312 prêtres du Léon qui protestèrent avec leur évêque contre la schismatique Constitution du Clergé. Le 31 janvier de l’année suivante, le vicaire de Recouvrance refusa de prêter serment à cette néfaste Constitution, et aux vêpres de l’office de ce même jour, sur l’invitation de son recteur, il signifia à un de ses confrères jureurs de « se retirer pour éviter le scandale », et comme celui-ci ne voulut point obtempérer, le clergé fidèle refusa de célébrer l’office.

A la suite des élections du 13 mars 1791, tout un clergé jureur ayant pris possession de l’église de Recouvrance, M. Le Drevez dut l’abandonner et exerça désormais dans les chapelles où de nombreux fidèles le suivirent.

Les autorités du Finistère ayant porté le 28 juin de cette année un arrêté prescrivant l’arrestation provisoire, « pour leur sûreté personnelle », de tous les prêtres non sermentés, M. Le Drevez se vit saisir le lendemain même et renfermer dans l’ancien couvent des Carmes de Brest, où il n’est pas d’avanie que lui et ses confrères n’eurent à subir.

Par application de l’amnistie votée par l’Assemblée Nationale en réjouissance de l’acceptation par Louis XVI de la Constitution, M. Le Drevez fut rendu à la liberté le 28 septembre 1791. avec injonction de se tenir à quatre lieues au moins de distance de son ancienne paroisse. Ce voyant, l’ancien vicaire de Recouvrance se retira au bourg de Plouarzel, où il séjournait le 20 octobre de l’année précitée. Cette paroisse, dont le clergé et les fidèles étaient demeurés fermement attachés à l’orthodoxie, lui servit d’asile jusqu’au mois de septembre 1792. Il y recevait la visite de quelques-unes de ses ouailles de Recouvrance, ainsi que leur correspondance. Une de ces lettres, conservée jusqu’ici dans son dossier du tribunal révolutionnaire, fait connaître les périls qui le menaçaient et atteste l’estime qu’il avait su inspirer comme vicaire de Saint-Sauveur.

203. — La situation étant devenue intenable à Plouarzel depuis l’application de la loi du 26 août 1792, M. Le Drevez se réfugia à Ploumoguer, son pays natal, où, croyait-il, il trouverait un asile inviolable au milieu de ses compatriotes. Il se trompait, les asiles inviolables n’existent pas en temps de Révolution, quand la tête des prêtres qui se dévouent à faire du ministère est mise à prix. Après avoir laissé passer sans s’y soumettre les lois des 21-23 avril 1793 et cetle des 29-30 vendémiaire an II, qui sous les pénalités les plus graves obligeaient le clergé Orthodoxe à se faire renfermer dans une maison d’arrêt, M. Le Drevez fut vendu par un fermier, Hervé Jézéquel, cultivateur au Pouldu, qui pour gagner la prime de cent livres accordée à celui qui ferait arrêter un prêtre réfractaire s’en fut en hâte prévenir à Saint-Renan qu’un ecclésiastique insermenté allait se rendre la nuit prochaine au village de Kerhouant.

De fait, Le Drevez sortit à la nuit tombante, et après avoir administré un malade, pénétra dans une maison voisine pour y baptiser un nouveau-né ; mais, lorsqu’il voulut s’en aller, tout le village était cerné et il tomba aux mains du citoyen Hignet, commandant les sans-culottes révolutionnaires, flanqués du maire et des officiers municipaux jacobins de Ploumoguer. Ceci se passait le 13 décembre 1793.

204. — Conduit aussitôt à Brest, le vicaire de Recouvrante fut incarcéré deux jours après dans le château de cette ville, alors transformé en prison. On attendit pour le juger la création du tribunal révolutionnaire brestois, siégeant à l’instar de celui de Paris, par le citoyen Jean-Bon-Saint-André, futur préfet de Mayence. Ce tribunal n’entra en fonctions que le 7 mars 1794. Le 21 de ce même mois, l’ex-jésuite Donzé-Verteuil dressa l'acte d’accusation. On a déjà vu souvent les mêmes motifs d’inculpation : Le Drevez est un prêtre insermenté, demeuré sur le territoire français au mépris des Lois qui en chassaient le dernier ecclésiastique catholique romain. Il mérite la mort.

Le lendemain, samedi 22 mars, le proscrit subissait devant le juge Maurice Le Bars, l’interrogatoire d’identité prescrit par la Loi. Il y fit preuve d’autant de fermeté et de franchise que de prudence. Ainsi cette réponse à la demande : « De quel endroit veniez-vous lors de votre arrestation ? — Je venais, déclara-t-il, de ma demeure, à dessein d’aller chercher un autre asile ».

L’audience pour condamner à mort M. Le Drevez fut fixée au lundi 4 germinal an II (24 mars 1794). Ainsi qu’il était payé pour le faire, Donzé-Verteuil demanda au nom de la loi la tête de l’abbé Le Drevez, et les juges, après avoir pris le temps de dresser leur jugement, ne manquèrent pas de la lui accorder. La loi des 29-30 vendémiaire ne tenait-elle pas le couperet de la guillotine suspendu sur la tête des prêtres assez audacieux pour tenter de ne pas laisser sans secours spirituels les catholiques romains encore nombreux en France malgré la persécution ?

205. — L’exécution du vicaire de Saint-Sauveur de Recou vrance eut lieu le même jour que fut rendue la sentence, aux trois heures de l’après-midi, et l’huissier audiencier près le tribunal dressa le jour même le procès-verbal de son trépas.

La mémoire de M. Le Drevez est encore conservée à Ploumoguer par des anciens de cette paroisse qui se souviennent toujours du lieu de son arrestation et de celui de son exécution. De nombreuses personnes portant le nom de Le Drevez existent encore dans cette localité.

BIBLIOGRAPHIE. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne (1845), op. cit., II, p. 11. — Levot, Histoire de la ville et du port de Brest sous la Terreur (1869), op. cit., p. 280. — Téphany, Histoire de la Persécution religieuse dans les diocèses de Quimper et de Léon (1879), op. cit., p. 337. — Peyron, Les Prêtres morts pour la Foi au diocèse de Quimper (1919), op. cit. — Chanoine Saluden, Procès et supplice du confesseur de la Foi Jean Le Drevez. Brest, in-8°, 1928. Toutes les pièces officielles de son procès figurent dans cet opuscule.

(Archives Nationales, série W, dossier 544).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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