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LES NAUFRAGES A PLOVAN.

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Les courants capricieux qui règnent entre le Raz et la pointe de Penmarc'h rendent la baie d'Audierne extrêmement périlleuse, notamment quand la tempête souffle du suroît. De nombreux naufrages s'y sont produits au cours des siècles. Voici, d'après les documents de l'Amirauté de Cornouaille, ceux qui intéressent Plovan, au XVIIIème siècle (Archives du Finistère, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, série B, tome III).

Le 11 Août 1723, La Marie, de Boulogne, 20 tonneaux, capitaine Coillot, appartenant à Friancourt, de Boulogne, échoue sur la côte de Plovan. Friancourt fut noyé.

Le 10 Janvier 1725, c'est au tour du Saint-Jacques, de Dieppe, 35 tonneaux, capitaine Nicolle. Des « inconnus » volèrent les hardes du capitaine, son argent et une partie de ses marchandises.

Le 20 Janvier 1726, plusieurs hommes furent noyés dans le naufrage de l'Anne, de Londres, 140 tonneaux. Le pilote Jean Cook, déclara « qu'en arrivant à terre, il fut très bien accueilli par quelques particuliers qui s'y trouvèrent, qui le firent transporter dans une maison où on lui fit du feu et à ses compagnons, et on leur donna des hardes ».

Le 3 Décembre 1730, la Louise-Aimée, des Sables-d'Olonne, 70 tonneaux, se brisait sur la côte de Kerguen. Le capitaine déclara qu'il n'eut aucun lieu de se plaindre des habitants de la côte, « au contraire, il a eu l'aide et le secours qui ont dépendu d'eux ».

Le 25 Décembre 1733, La Marie, de Nantes, sombra, et sa cargaison de savon fut pillée par Plovan, Tréguennec et Tréogat. Près de deux ans plus tard, le 14 Septembre 1735, on choisit dans chaque village les individus les plus compromis, afin d'intimider les voisins et de les déterminer à restituer : huit personnes furent incarcérées. Les captifs furent élargis à la fin de l'année ; ils pleuraient de joie en quittant la prison, et ainsi se termina l'affaire.

Le 22 Novembre 1737, le Jeune Paon, d'Amsterdam, de 150 tonneaux, se jetait sur les étaux de Penmarc'h. Quelques jours plus tard, l'abbé Thoer, recteur de Plovan, donnait avis de restitution de barriques de vin et d'eau-de-vie.

Le 20 Janvier 1739, l'Ange-Gardien, de Calais, de 58 tonneaux, échouait à la côte de Plovan. Le capitaine, Louis Marrelle, déclara que dans la nuit qui suivit le naufrage, ses hardes et celles de l'équipage furent enlevées de la tente où elles avaient été déposées sur la dune.

Le 22 Septembre de la même année, c'est le naufrage de la Marie-Anne, de Landerneau, de 25 tonneaux. Le 20 Décembre 1739, c'était la perte de l'Angélique, de Granville, de 80 tonneaux. Sur 15 passagers, 6 furent noyés. François Hamel, passager, déclare que « loin d'être pillé par les voisins de la côte, il n'en a reçu que mille politesses et soulagements ».

Le 19 Septembre 1741, naufrage du Marie-Nicolas, de l'Aber-Ildut, 28 tonneaux.

Le 9 Avril 1747, c'est le Postillon de Venise, de 100 tonneaux, qui se jette à la côte. Le capitaine déclare « qu'il n'a aucun lieu de plainte contre les riverains, bien loin de cela, qu'ils lui ont donné secours et qu'ils ont bien travaillé pour tâcher de sauver ses huiles ».

Le 17 Mars 1748, Le Rebecca, prise anglaise faite par l'Heureux-Malouin, vint échouer sur la côte, avec sa cargaison de beurre. Le seul survivant, le matelot Priauchat, déclara que les habitants l'avaient bien accueilli et bien traité, mais avaient pillé la cargaison. Voici les noms des habitants de Plovan qui contribuèrent au sauvetage du beurre : Michel Le Pape, de Tréménec ; Alain Le Montet, de Bronnanvelec ;  Burel, de Renongar ; Gourlaouen et Thomas, de Kerlech ; Jean Le Lay et Nicolas Le Cudennec, de Toulancavel ; Michel Le Berre, de Trébannec ; Yves Guéguen, de Kerdrezec ; Guillaume Le Bourdon, de Pontpouillec ; Jean Lossouarn, Yves Gadona, Jean Jacq, de Crumini ; Olivier Lagadec, de Mezellec ; Michel Le Goff, de Keralin ; Alain Le Goff, de Kervaon ; Alain Lagadic, de Cruguel ; Guillaume Goyat, de Kerstephan ; Pierre Le Brun, Joseph Lotredou, de Kerguen ; Yves Rafalen, de Kerguelen ; Corentin Le Pape, de Kervardès ; Yves Kerveillant, de Kerlaben-Huelaff ; François Kerveillant, son frère, de Trébannec ; Jacques Guéguen, de Trébannec-Izellaf ; Alain Cudennec, de Corlan ; Jacques Stéphan, de Penquer-Kervardès ; Jean Le Seau, de Kerlaben ; Yves Kernoa, de Kervalen ; Guillaume Loussouarn, du Crugou.

Tous ces braves gens reçurent comme indemnité le 1/3 de leur prise, un baril de beurre sur trois.

55 barils de beurre, 1 baril de boeuf, 1 baril de goudron, furent remisés au presbytère, ainsi que des mâts, vergues, voiles et autres débris du navire, et l'ancre, sauvée par Michel Le Pape, à l'aide de 14 hommes. Le Pape reçut 20 livres pour le service rendu. Les barils de beurre furent vendus 660 livres.

On remit au recteur, Le Garrec, 12 livres pour prier Dieu en faveur des 5 catholiques noyés dans le naufrage (Arch. dép. Liasse B. 4359).

Le 1er Février 1750, Le Joseph, 250 tonneaux, avec une cargaison de faïence, quincaillerie, mercerie, etc..., quittait Nantes à destination de Léogane, en Saint-Domingue. Une violente tempête se déchaîna huit jours plus tard, qui déchira la grand'voile. Le lendemain 9 Février, une autre voile, mise en vergue, est emportée au bout d'une heure. Le jour suivant, ce sont les huniers qui disparaissent. Le 12, à midi, le capitaine Caillaud, s'estimant à 60 lieues à l'Ouest de Belle-Ile, et apercevant la chaussée de Sein, tint le vent de son mieux pour tâcher de l'éviter. A 6 heures du soir, voici que les vents tombent au Sud-Sud-Ouest, forçant le capitaine à virer de bord. Vers les 11 heures, les vents ayant remonté à l'Ouest, il met le cap au Sud sous la misaine et l'artimon, le navire ne pouvant porter d'autre voile à cause du gros temps et de la grosse mer. Le 13 au matin, il se trouve dans la baie d'Audierne parmi les brisants. De violents coups de mer emportent les jambettes et la seconde ancre, ce qui oblige à couper les tables sur les billes. Bientôt la mer envahit le navire qui donne de la bande ; on coupe le grand mât et le mât d'artimon, hélas ! tout est vain, le capitaine et son équipage se sauvent sur un radeau, avec le secours des personnes présentes sur la côte.

Dans la journée 13 Février et celle du 14, ils s'occupent à sauver tout ce qu'ils peuvent saisir. Le capitaine déclare que le recteur de Plovan et plusieurs autres particuliers de la paroisse lui ont rendu tous les services possibles, et qu'il n'a aucune plainte contre son équipage ni ses passagers.

Le 15 Février, les délégués de l'Amirauté sont à Plovan où ils organisent et dirigent le sauvetage jusqu'au 2 Mars inclusivement. La plupart des objets sauvés furent transportés et emmagasinés à Poulgoazec, le reste au presbytère de Plovan (Arch. dép. Liasse B. 4361).

Le 30 Novembre 1757, à quatre heures du matin, M. Guéguen, recteur de Plovan, était avisé qu'il y avait un navire espagnol à la côte. Il s'y rendit immédiatement et trouva l'équipage du bateau sain et sauf. Ces hommes ne sachant que l'espagnol, il ne put en rien tirer. Il vit, d'autre part, tout le rivage couvert d'oranges et de citrons, et chacun emportant son morceau. Immédiatement, il informa de l'événement ces Messieurs de l'Amirauté, les priant de venir mettre fin au pillage.

Qu'était donc ce naufrage. Voici :

C'était le Notre-Dame de Charité et Saint-Joseph, navire portugais de 120 tonneaux, capitaine Joseph Blanco Cazaricq, qui venait de sombrer dans la nuit du 29 au 30 Novembre. Il avait quitté Faro, en Portugal, le 15 de ce mois, avec un chargement d'oranges et de citrons en caisses, de roseaux et de linge, pour le compte d'Emmanuel Dias de Santos, demeurant à Londres. Le 27 Novembre, le vent tomba à l'Ouest-Nord-Ouest et la tempête commença à sévir. Le capitaine essaya pendant deux jours de gagner le large, mais ce fut en vain. Par la brume qui régnait sur mer, il se croyait, dans la nuit du 28 au 29, à vingt-quatre lieues en dehors d'Ouessant, quand, entre 11 heures et minuit, l'ouragan le jeta à la côte.

Le navire en abordant se remplit d'eau, et le capitaine, se sentant couvert par les lames, fit mettre sa chaloupe à la mer pour sauver sa vie et celle de son équipage.

Le 30 Novembre, le recteur de Plovan, au prône de la grand'messe, désigna 42 hommes pour sauver ce qui aurait pu venir à terre, le même jour ou la nuit suivante. Dirigés par le Procureur terrien, ces travailleurs ramassèrent un certain nombre de débris et les portèrent sur la falaise.

Le 1er Décembre, vers 11 heures, les délégués de l'Amirauté étaient à Plovan, sur la côte. Un curieux spectacle s'offrit à leurs yeux. A l'endroit appelé Loc'h-Kerguen, c'étaient les débris du navire. La falaise était couverte d'oranges et de citrons, ainsi que de liège, de planches et de roseaux. S'étant enquis de l'équipage, on leur répondit que le capitaine et ses hommes venaient de quitter, une demi-heure plus tôt, pour se retirer au manoir de Tréménec. Au cours de la matinée, ils avaient construit une tente au haut de la falaise, et s'étaient efforcés de retirer les tables entrelacés dans les débris du navire.

Les enquêteurs prirent alors les noms des 42 travailleurs choisis par le Procureur terrien, puis ils firent porter sur la falaise un petit canon de fer et une petite ancre retirés du sable, et ordonnèrent de mettre des orins sur les bouts de câbles ensablés. Ils recommandèrent alors au Procureur terrien et à ses travailleurs de tâcher, à la mer basse de la nuit, de retirer les câbles ensablés et entortillés dans les débris du navire, puis ils leur mandèrent de faire bonne garde sur les effets sauvés et d'en empêcher le pillage. Ils rentrèrent alors au bourg de Plovan.

Le lendemain, 2 Décembre, ces Messieurs de l'Amirauté se rendent à la côte : Au cours de la nuit, les travailleurs avaient ôté le sable qui recouvrait les câbles, mais de nouveau il y fut restitué par les houles de la mer montante. On décide de vendre au plus tôt les citrons, les oranges et les débris du navire, et un huissier s'en va faire bannir la vente à Quimper, Pont-l'Abbé et à Audierne. On charroie alors au presbytère de Plovan tout le liège ramassé sur la côte, puis on fait « amulonner » citrons et oranges. Pour ce qui est des câbles, on essaie de les enlever, moyennant dix charrettes à la fois, mais sans y réussir. Et l'on s'en retourne au bourg, la nuit venue, laissant des gardiens à la côte.

Le 3 Décembre, la besogne recommence. On ramasse encore nombre de citrons et d'oranges. Entre 11 heures et midi on les met aux enchères devant les personnes accourues sur la côte. Le tout est adjugé pour 156 livres à Breyer, le jeune, marchand à Quimper; « à la charge d'aumôner à l'église paroissiale de Plovan la somme de 3 livres ». La chaloupe jetée sur la falaise, par la lame est adjugée au recteur de Plovan, M. Guéguen, pour la somme de 12 livres qu'il a payées comptant. Quant aux débris du navire éparpillés le long de la côte, le recteur de Plovan et deux de ses paroissiens, Allain Le Quéméneur et Corentin Le Pappe, en deviennent acquéreurs pour 45 livres payées comptant, « à la charge d'aumôner aux Capucins d'Audierne la somme de trois livres ».

Le Procureur terrien amène 20 chevaux qui peinent pendant une heure à vouloir extraire les câbles du sable. La chose étant impossible, on décide de couper les câbles et de les porter sur la falaise. Puis le Procureur terrien est préposé à leur garde.

Le 4 Décembre, à l'issue de la première messe, trois charrettes partirent pour la côte, et s'en revinrent avec les cables qui furent remisés au presbytère de Plovan.

Le 31 Mai 1758, l'abbé Guéguen, désirant faire réparer son presbytère, demande à l'Amirauté de Cornouaille de vouloir bien le libérer des effets qui y furent remisés lors du naufrage du 30 Novembre de l'année précédente (Arch. dép. Liasse B. 4368).

D'autres naufrages suivirent : 29 Décembre 1763, le Saint-Antoine, du Portugal ; 14 Janvier 1767, la Marguerite, de Saint-Briac ; 5 Septembre 1768, la Concorde, de New-Castle.

Le 16 Septembre 1768, c'est la Marie-Anne, de Rouen, qui échoue, près de Tréménec. L'abbé Le Pappe, prêtre de Plovan, reçoit 18 livres, pour avoir nourri et soigné pendant cinq jours le capitaine blessé et son second.

Le 20 Novembre 1780, c'est au tour du Saint-Antoine, d'Ostende ; le 11 Novembre 1784, naufrage de la Marie-Hélène, d'Amsterdam, 180 tonneaux ; le 8 Octobre 1786, perte de La Brunette, de Nantes.

Ce qui frappe dans ces récits d'archives, ce sont les témoignages élogieux rendus par les naufragés aux habitants du pays. Grâce au clergé et aux représentants de l'Amirauté, le sauvetage s'organise et le pillage est écarté. Au cours de la Révolution, le clergé n'est plus là pour brider les instincts populaires, et Cambry écrira en 1794 : « Cette année même, au moment d'un naufrage, les habitants de Plozévet et de Plovan obligèrent la troupe à gagner ses casernes ; alors, ivres d'avidité, mus par le démon du pillage, ils s'élancèrent sur les débris du bâtiment... ». Plus tard, le 24 Nivose an VII (13 Janvier 1799), les communes de Plovan, Pouldreuzic, Lababan, Tréogat, Tréguennec et Plozévet furent frappées d'une contribution de 24.889 livres et d'une amende égale à cause du pillage commis dans la nuit du 28 au 29 Brumaire (18-19 Novembre 1798), à bord de 4 navires chargés pour le compte de la République (Arch. dép. Série L. Tribunal de Quimper, affiches et placards. Liasses 114, 348, 402)  (H. Pérennès).

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