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Jean OLIVIER, prêtre mis à mort en 1795 par les colonnes mobiles
dans le territoire du diocèse de Vannes.

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396. — Jean Olivier, fils de Marin et de Louise-Julienne Le Gal, naquit le 19 juillet 1722 et fut baptisé le même jour à Pontivy, dans le diocèse de Vannes. Tonsuré le 27 mai 1747, minoré le 23 septembre de cette année, M. Olivier eut son titre clérical assuré par Louis-Marie Olivier, son frère germain, à l’occasion de son ordination au sous-diaconat. Mgr Dondel, sede vacante, lui conféra le diaconat le 5 avril 1749 et, le 20 septembre suivant, il fut ordonné prêtre. Il demeurait à Guégon en 1753 et on le voit figurer en 1786 comme prêtre habitué à Quistinic.

397. — L’abbé Olivier avait 68 ans en 1790. Ses fonctions ne lui faisaient point l’obligation du serment à la Constitution Civile et ses convictions religieuses l’écartaient également de cet acte qui répugnait à sa conscience. Cependant les révolutionnaires au début eurent pour lui, à cause de son grand âge, quelque considération et lorsqu’ils chassèrent les prêtres insermentés de Quistinic, par leur arrêté du 3 septembre 1791, ils l’exceptèrent de cette mesure.

Le serment de Liberté-Egalité prescrit les 14-15 août et le 3 septembre 1792 ne l’atteignait pas plus que le précédent, n’étant ni fonctionnaire ni pensionné de l’Etat. Il ne le prêta pas davantage que celui à la Constitution Civile. Le Directoire du Morbihan, par extension donnée à la loi du 26 août 1792, ayant ordonné la réclusion de tous les prêtres insermentés sexagénaires ou infirmes, son arrêté visait directement l’abbé Olivier. Celui-ci ne put se résigner à cette mesure, jugeant qu’en l’espèce il donnait son adhésion à une loi injuste, et bien qu’il fût alors « caduc, infirme et incapable de marcher », il ne craignit pas, dix-huit mois durant, de mener l’existence si pénible des prêtres réduits à chercher à tout instant un asile bien difficile à trouver.

398. — A la fin, n’en pouvant plus, M. Olivier revint à Quistinic et se logea dans sa propre habitation, que sa domestique, la fidèle Marguerite Passal, gardait en son absence. Il s'y dissimulait de son mieux, lorsque, le 11 mars 1794, l’agent national, deux commissaires et deux municipaux de l’endroit, qui faisaient le recensement des grains, parvinrent à découvrir sa retraite. Ils le firent aussitôt garder à vue en attendant que le Directoire d’Hennebont, qu’ils prévinrent de leur trouvaille, leur fit connaître ses intentions. Les ordres de celui-ci ne se firent pas attendre. Bien qu’incapable de marcher, M. Olivier devait être dirigé sur les prisons de Lorient, malgré son âge et ses infirmités. Sa servante, coupable de ne pas l’avoir dénoncé aux autorités jacobines, devait, elle aussi, l’accompagner dans son calvaire. A peine arrivés à Lorient. Marion, l’accusateur public, demanda leur comparution devant le tribunal criminel, le 13 mars 1794. Dès le lendemain, on fit droit à sa requête.

On a les réponses que le septuagénaire fit à ces juges de sang le quatrième vendredi du mois de mars de cette année, aux neuf heures du matin. En réalité, on ne pouvait lui reprocher que de ne pas avoir observé la loi des 21-23 avril 1793, car aucune des précédentes, vu sa situation de prêtre libre, ne l’obligeait au serment, pourvu qu’il ne fît pas de ministère public. Pour raison de ne s’être pas rendu volontairement à la maison de détention créée pour les ecclésiastiques de sa catégorie, il allégua qu’il n’avait pas assez de confiance pour se présenter devant les administrations du Morbihan. Quant à sa domestique, à son service depuis dix ou douze ans, elle répondit aux juges « qu’elle ne se croyait pas obligée de dénoncer son maître aux autorités révolutionnaires ».

M. Olivier dut à ses 71 ans et à son état de caducité, de n’être condamné qu’à la détention « dans le lieu à ce désigné », sans oublier l’obligatoire confiscation des biens. Deux mois plus tard, ni ses infirmités, ni son âge, ne lui eussent épargné la peine de mort.

399. — L’abbé Olivier entra au Petit-Couvent de Vannes, lieu de réclusion pour les coupables de son espèce, le 28 mars 1794. Il y resta jusqu’au 12 janvier de l’année suivante. Transféré ce jour à la prison dite « la Retraite des Femmes », il fut mis en liberté le 25 mars 1795, en même temps que ses compagnons de captivité, en vertu d’un arrêté pris la veille par Brue, représentant du peuple.

Le vieux prêtre reprit le chemin de Quistinic et trouva généreusement asile chez le notaire Loher. Lors de la loi du 3 brumaire an IV, qui rouvrit la persécution violente, les autorités du Morbihan l’autorisèrent, comme intransportable, à demeurer en cette demeure hospitalière « jusqu’à ce qu’il fût possible de le transférer au dépôt de Vannes ».

Il pouvait donc se croire en sécurité. C’était une illusion, la sécurité n’existait nulle part en France à cette époque pour les prêtres catholiques romains. M. Olivier devait l'apprendre à ses dépens.

400. — On l’a dit, la troupe était excitée alors au plus haut degré contre le clergé fidèle ; or, « le 29 décembre 1795, environ les 8 heures du matin, la colonne mobile de Baud arriva au bourg de Quistinic, pénétra dans la maison du notaire Loher, réclama après lui, puis demanda à sa femme, Marguerite Le Corvaisier, quel était l’individu qui était couché dans un lit au milieu de l’appartement. Cette dame leur répondit que c’était Jean Olivier, prêtre, ecclésiastique sexagénaire, qu’elle allait leur faire voir son passeport s’ils l’exigeaient, mais que les autorités constituées du département n’ignoraient pas que ledit Jean Olivier logeait chez elle depuis son élargissement.

Les militaires s’en allèrent, mais pour peu de temps. A leur retour, ils se firent présenter le passeport du prêtre Olivier, lui ordonnèrent de se lever, l’obligèrent à marcher avec eux et, l’ayant conduit jusqu’au village de Locunohen, à la distance de deux portées de fusil, ils l’assassinèrent à coups de baïonnette » (Arch. Morbihan, L290).

L’acte de décès de l’abbé Olivier fut enregistré le jour même de son trépas, le 8 nivôse an IV (29 décembre 1795). Il porte expressément que cet ecclésiastique, alors âgé de 73 ans, périt sous les coups de la colonne mobile de Baud.

401. — Le seul grief, le seul motif de haine que la troupe, qui assassina M. Olivier, pouvait avoir contre lui, se résume en sa qualité de prêtre catholique romain. On a vu que ses infirmités le tenaient cloué au lit. On ne pouvait lui reprocher en tant qu'individu de nuire à la chose publique. Il n’est donc pas exagéré de dire qu'on la mis à mort comme prêtre orthodoxe en haine de la Foi. Rien n’autorise à dire qu’il n'a pas subi bon supplice avec les sentiments qui font les martyrs. Quand il se vit entraîné par cette bande de soudards féroces, il ne put douter du sort qu’on lui réservait, et, dans les quelques minutes qui le séparèrent de son supplice, il eut le temps de renouveler expressément le sacrifice de sa vie.

Ce souvenir de l'assassinat de M. Olivier n’est pas encore perdu chez les habitants de Quistinic, qui n’oublient pas qu’un prêtre a péri dans leur paroisse en haine de la Foi.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, op. cit. (1821), IV, p. 168. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit. (1845), II, p. 15. — Abbé Guilloux, Les Prêtres de Quistinic pendant la Révolution, in Revue de Bretagne et Vendée, t. XVIII (1897), p. 263 et 342-344. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution, op. cit., p. 267.

(Sources : Archives du Morbihan, L 290, 773 ; LZ 501).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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