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R de Ponte Menii (1225) ; burgum de Pomain (1247).
Localité de 6 à 700 habitants, qui était jadis chapelle auxiliaire de Saint-Ellier, et fut érigée en paroisse le 26 mars 1840, puis en commune le 2 septembre 1876.

Jusqu'en 1209, Pontmain fit partie de la baronnie de Fougères, et jusqu'au milieu du XVIIème siècle, quelques-uns des villages, composant aujourd'hui la petite paroisse de Pontmain, dépendaient de celle de La Bazouge-du-Désert.

Le pays de Pontmain n'est donc pas étranger au nôtre. Mais si les longs rapports que cette localité eut jadis avec le Fougerais avaient presque cessé, ils se sont trouvés subitement rétablis par la mémorable et céleste apparition du 17 janvier 1871 ; au point qu'on pourrait dire que Pontmain, actuellement si fréquenté par les Fougerais, est redevenu, en quelque sorte, partie intégrante de notre pays.

Il n'est, en effet, personne de notre région qui ne soit allé, sinon accomplir de pieux pèlerinages aux pieds de la Vierge d'Espérance, au moins visiter ce lieu à jamais célèbre.

C'est pourquoi j'ai cru qu'il n'était pas mauvais de consacrer quelques pages à l'histoire, non de l'apparition universellement connue, mais du petit bourg de Pontmain, dont nous avons déjà eu à nous occuper à propos des origines de la baronnie de Fougères.

D'après M. Le Bouteiller (I, 268-311), Pontmain tirerait son nom de Main, prince breton, signalé par les traditions de Mayenne, comme étant l'ancêtre, vers le milieu du IXème siècle, des seigneurs de Mayenne et de Fougères.

M. Maupillé (Soc. arch., XI, 291), ayant remarqué sur l'Airon les quatre passages appelés Pontmain, Pont Dom Guérin, Pont-Aubrée et Pont-Juhel, et reconnaissant, dans les trois derniers, les noms des fils de Geoffroy Ier de Mayenne, mort vers la fin du Xème siècle, avait supposé qu'il s'agissait de ponts à péage, dont Geoffroy avait gratifié ses enfants ; et que Main (confondu, par M. Maupillé, avec Méen Ier de Fougères) aurait pu être le beau-frère de Guérin, de Juhel et d'Aubert.

Mais il semble à M. Le Bouteiller (I, 322) que Pontmain et Pont-Aubrée ont une origine plus ancienne, et que Méen Ier de Fougères était non pas le frère de Juhel Ier de Mayenne, mais son fils.

Pontmain est donc un lieu rappelant à la fois le souvenir des Seigneurs de Mayenne, et celui des Seigneurs de Fougères. Cela expliquerait peut-être pourquoi les deux seigneuries voisines, de Mayenne et de Fougères, se le disputèrent.

En 1209, à la suite d'une difficulté entre Juhel III de Mayenne et Geoffroy de Fougères, Pontmain, jusqu'alors membre de la seigneurie de Fougères, fut transféré à celle de Mayenne, avec un petit territoire connu sous le nom de « franchise du Petit-Maine ». Jusque-là, Pontmain faisait partie de la paroisse de La Bazouge. Il n'y a pas d'indices qu'il y ait eu là, jusqu'alors, aucune chapelle, aucun centre religieux.

Après l'arrangement de 1209, le village de Pontmain, devenu mayennais, fut incorporé à la paroisse de Saint-Ellier, et on ne tarda pas à en faire le siège d'une succursale de cette paroisse.

La fortification de terre édifiée par le fondateur de Pontmain est encore visible en partie, près des ruines d'un château-fort, élevé au XIIIème siècle probablement, au bord de l'étang. Une Motte, aujourd'hui disparue, existait encore en 1846.

Quant au château féodal du XIIIème siècle, il fut ruiné par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans, et relevé, au XVIème siècle (Abbé Angot), pour servir de logement aux officiers de la châtellenie ; après quoi, il retomba en décadence.

Ce qui en restait, à l'état de ruines, fut démoli en 1850. Un énorme retranchement (talus et fossé), encore existant, le défendait du côté opposé à l'étang.

Pontmain fut le centre d'une châtellenie de la baronnie, marquisat (1544), ou duché (1573) de Mayenne. Cette châtellenie comprenait les seigneuries de Lévaré, du Buron (Saint-Berthevin), du Parc de Goué (Fougerolles), de la Prévoterie, de Hémenard (Saint-Berthevin), d'Avrillé, d'Orcisse, de la Chancellerie (Saint-Ellier), du Lac (Larchampt), etc... La justice de la châtellenie s'exerçait au bourg de la Tannière.

L'église paroissiale de Pontmain est dédiée à saint Simon et saint Jude. Le chœur a été reconstruit en 1901. Jadis, les chapelles latérales, qui aujourd'hui forment transept, s'ouvraient sur le chœur. Dans un mur voisin est encastrée une pierre tombale assez ancienne, chargée d'écussons illisibles.

Il y avait à Pontmain un poste de gabelle. Des forges et moulins, installés par le seigneur de Goué, furent dévastés par les hommes du seigneur de Mausson (1561).

Depuis longtemps, Pontmain avait perdu son importance. Ce n'était plus qu'un petit bourg ignoré ; mais on lui conservait l'appellation de ville ; de très anciennes routes portaient son nom [Note : Plusieurs tronçons de routes sont encore appelés : « Vieux chemin de Pontmain ». Selon M. Le Bouteiller (I, 97 et notes manuscrites), le Vieux chemin de Pontmain était l'ancienne voie romaine de Chartres à Corseul, traversant la Mayenne à Ambrières et se continuant par Gorron, Hercé, Geray (carrefour important), Pontmain, Chiloup, l'Aucrèche, le Haut-Bouillon, les Vieuxvilles. Parigné, Le Châtellier, Tremblay, Saint-Pierre-de-Plesguen, etc... Pendant longtemps, ce vieux chemin sert de limites de paroisses ; il sépare notamment Landéan de La Bazouges. Un détour dut se former entre Pontmain et les Vieux-villes (Landéan) par la Bignette, la Noë-Chérel et les Tays. — Sur les deux circuits, on retrouve le nom de Vieux chemin de Pontmain] (Le Bouteiller, I, 97), et un dicton assurait que « quand Paris brûlera, Pontmain se relèvera », prédiction réalisée depuis l'apparition du 17 janvier 1871.

La forêt de Glaine, qui couvrait une partie de cette région, a été défrichée en 1759. Elle appartenait au seigneur de Mausson. Tout autour de Pontmain, se trouvent des lieux intéressants : le Pont Dom Guérin, Landivy, Mausson et le Pont-Aubrée, Saint-Mars-sur-la-Futaye, Savigny.

(Emile Pautrel).