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LE PRIEURÉ DE ROC'H HIRGLAS EN PLESTIN

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Note : En septembre 1922, M. Bourde de la Rogerie eut l'aimable obligeance de me signaler l'accord de 1261 que l'on trouvera reproduit ici, concernant la chapelle de Lancarré. Quelques mois plus tard, j’obtenais de M. Le Cacheux, archiviste de la Manche, copie de ce document ainsi que bon nombre d'autres renseignements concernant l'abbaye du Mont Saint-Michel et ses possessions en Plestin.

Abréviations : CEM : Carte Etat-Major, 1/80.000 — Chresto = J. LOTH, Chrestomathie bretonne, Paris, 1890. — Le nom de Hirglas se trouve déjà dans la vie latine de Saint Efflam : saxum quod Hyrglas a cultoribus illius provinciœ nuncupatur, vie publiée par LA BORDERIE, Annales de Bretagne, VII, pp. 279 et sq., § 5. Ce nom a été écrit sous les formes les plus diverses ; c'est actuellement le Roc'h-Arlaz qui domine la Lieue-de-Grève, en Plestin, non loin de Saint-Michel-en-Grève.

En 1086, Hugues, évêque de Tréguier, donnait à l'abbaye du Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-Mer, le rocher Hyrglas, ses dépendances et sa dîme sur Plestin : montem quemdam mei juris et patrimonii qui dicitur Hyrglas cum omnibus appenditiis et decimam meam de quadam terra quœ vocatur Plegestin.

Cette charte a été publiée par Dom Morice, Preuves, I, 460, d'après le cartulaire de l'abbaye du Mont Saint-Miche!. Ce car­tulaire existe toujours, il est déposé à la Bibliothèque muni­cipale d'Avranches, sous le n° 210. La charte est au folio LX, sous le titre Carta de Hirglas.

Une bulle du pape Alexandre III, datée de Tusculum le 6 des kalendes de février 1178, confirma toutes les possessions du Mont Saint-Michel ; cette bulle transcrite à la suite du cartulaire, mentionne : in episcopatu Coriobsitenti ecclesiam de Hyrglas cum villa de Treveruer et aliis pertinentiis suis.

Cette mention est curieuse ; elle marque que dès cette époque, on réunissait et confondait déjà le prieuré de Hirglas, évêché de Tréguier, et la villa de Treveruer dans la paroisse d'Elliant, évêché de Cornouaille (lire in episcopatu corisopitensi) [Note : Une chapelle au lieu dit Le Moustoir est la dernière trace de ce prieuré. (CEM). Sur les formes de ce lieu : Treuezver, Treffuezger, Trevezguer, voir Chresto, p. 202 ; Longnon, Pouillés de Tours, pp. 303, 306 ; Cartulaire de Quimper, pp 4 et 6].

Ce second établissement nous est bien connu. Le chanoine Peyron en a écrit l'histoire dans une petite brochure intitulée Recherches sur le culte de Saint-Michel au diocèse de Quimper et de Léon (Rennes, 1896, in-8°, pp. 8 et seq.). Nous n'avons pas la charte de fondation de ce prieuré, mais une confirmation en l'an 1170 de l'incarnation, par laquelle le duc Conan IV confirma la donation de Treveruer (Dom Morice, Preuves, tome I, 662). Ce prieuré a été appelé Locmikael ou Le Moustoir. Plus tard des pièces citées par l'abbé Peyron ajoutent à son nom celui de Roquillas en 1551 (p. 12) : « prieur du prieuré du Moustaer, autrement dit Locmikaël Rocquillas », en 1692 (p. 13) ; « prieuré de Roquillas Trévérer, autrement dit Saint-Michel du Moustoir ». Roquillas est une déformation de Roc’h Hirglas. Le prieuré de Roc'h Hirglas en Plestin ayant été réuni à celui de Trévéruer, comme on le verra plus loin, les deux noms ont été accolés en un seul [Note : L'on verra, par la suite, d'autres documents empruntés aux Archives de la Manche, Fonds du Mont Saint-Michel, qui ont échappé à l'abbé Peyron et qui concernent Tréverer. M. Le Cacheux me signale en outre une charte sans date du XIVème siècle, par laquelle les religieux du Mont nomment Thomas Guette, prieur de Saint-Méloir, leur procureur à l'effet de bailler à ferme pour deux ans les biens et revenus du prieuré de Treverer (Formulaire, p. 62). — il n'y a pas de lieu dit Roquillas, en Elliant, le prieuré portait primitivement le nom de Tréverer, aucun doute que Roquillas est emprunté au prieuré de Plestin].

En 1261, l'évêque de Tréguier et le recteur de Plestin d'une part, les moines de l'abbaye du Mont d'autre part, étaient en désaccord. Le clergé local reprochait aux moines de s'être emparés de la chapelle Notre-Dame de Lancarré, leur déniait le droit d'administrer les sacrements aux habitants des fréries de l'Armorique et de Tréaerdin et des seigneuries de la Haye et de Conan ; on discutait en outre pour des terres sises entre la chapelle de Lancarré et le Roc'h Hirglas, et pour la dîme. Une transaction préparée par l'official de Saint-Malo fut conclue le samedi après la Nativité (1261). Il fut décidé que la chapelle appartiendrait aux moines avec ses dépendances. Les habitants des fréries de Tréaerdin et l'Armorique et des seigneuries de la Haye et de Conan payeraient au recteur de Plestin les mêmes droits et dîmes que les autres paroissiens, et le prieur de Hirglas ne pourrait ni les marier, ni les confesser, ni leur distribuer aucun sacrement sans l'autorisation spéciale du recteur.

Universis presentes litteras inspecturis vel audituris, H. Dei gratia Trecorensis episcopus et magister Guidomarus persona ecclesie de Plestin, salutem in domino. Ad noticiam perveniat singulorum quod cum contencio verteretur inter nos ex una parte et religiosos viros abbatem et conventum Montis sancti Michaelis de periculo maris ex altera, super capella beate Marie de Nangarae sita in parrochia de Plestin et diocesi Trecorensi juxta rocam de Hirglas et super domibus, ortis, mansionariis et terris eidem capelle pertinentibus, et super dampnis et injuriis hinc inde illatis et rebus aliis occasione dicte capelle ; quam capellam dicebant dicti religiosi cum pertinenciis ejusdem eorum cellule de Hirglas pertinere, et quam nos dicebamus pertinentem et annectam ab antiquo dicte ecclesie de Plestin, quia infra fines ejusdem parrochie consistit ; tandem post multas altercaciones et controversias, de communi assensu et mutuo consencu utriusque partis, ad concordiam devenimus in hunc modum : quod predicta capella de Nangarae,  cum domibus et ortis domorum existencium apud Nangarae, et cum mansionariis ibidem residentibus et qui ibidem amodo residebunt, et cum quatuor peciis terrarum inter nos litigiosis ad invicem et sitis inter hayam de Nangarae et rocam de Hirglas in predictis diocesi et parrochia et dicte capelle contiguis et pertinentibus, dictis religiosis salvo jure dioce sano sine contradictione nostra et successorum nostrorum in perpetuum nomine sui monasterii remanebit ; ita quod eorum prior qui ibidem pro tempore erit oblationes cotidianas dicte capelle, census mansionariorum ibidem presencium et futurorum et exitus seu emolumenta dictarum terrarum percipiet et habebit. Homines vero seu mansionarii dicte capelle presentes et futuri, et eciam in Trevros et in Treiarnim et in teneuris Guillelmi de Haya et Conani militum, sunt et erunt in perpetuum parrochiani predicte ecclesie de Plestin sine contradictione dictorum abbatis et conventus seu successorum suorum ; et ab ipsis persona ecclesiœ de Plestin que pro tempore erit jura parrochialia exiget, habebit et levabit ; et omnes et singuli parrochianorum et eciam aliorum ejusdem parrochie prefate ecclesie de Plestin in omnibus juribus parrochialibus obedient ut matrici. Nec poterit prior eorum de Hirglas benedictiones nupciales celebrare inter parrochianos de Plestin, nec eisdem sacramenta aliqua ecclesiastica ministrare, nec corum confessiones audire, in prejudicium dicte ecclesie de Plestin, sine ipsius persone licentia speciali. Poterit tamen ab ipsis oblaciones recipere non coactis. Nec poterunt dicti religiosi nec eorum successores aliquid petere, reclamare seu vendicare in predicta parrochia de Plestin contra dictam personam et ejus successores quantum ad illum terciam partem decimarum quam predicta ecclesia de Plestin jure communi possidet et intelligitur possidere ; sed dicta ecclesia quantum ad illam terciam partem decimarum et quantum ad alia jura parochialia gaudebit suis possessionibus sicut ante contencionem. Id est renunciatum omnibus dampnis, injuriis, controversiis et expensis hinc inde factis et illatis et omnibus obligacionibus et accionibus motis seu que hinc inde moveri possent usque ad datam presencium litterarum. Et nos ad premissa tenenda et fideliter adimplenda per traditionem presentis instrumenti nos et successores nostros sponte obligamus specialiter et expresse parti adverse presentes litteras conferentes sigillis nostris sigillatas ad eternam memoriam rei geste, volentes et concedentes quod dominus metropolitanus Turonensis archiepiscopus hanc compositionem auctoritate metropolitana confirmet, et parti adverse litteras suas super hoc concedat, et quod venerabilis vir magister Radulfus, officialis Macloviensis, qui pro pace tractanda sui gratia pluries laboravit, sigillum suum presentibus litteris apponat in testimonium et munimen. Data die sabbati post octabas Nativitatis Beate Marie Virginis, anno domini M° CC° sexagesimo primo (17 septembre 1261).

Au dos est écrit : Transcripta est, et au-dessous : Littera de Plestin de compositione inter nos et rectorem ecclesie de Plestin ratione capelle de Nangarae. Et en écriture du XVIIème siècle : 1261, Accord entre Henry evesque de Tréguier et les religieux ou sujet de la chapelle et dépendances de Nangarac.

Original parchemin, 282 millim. sur 200, scellé sur double queue (traces de 3 sceaux manquants) 36 lignes 1/2 d'écriture. — Archives de la Manche, Fonds du Mont Saint-Michel, (série H), liasse 136 bis (prieurés de Bretagne).

A cet acte est joint un vidimus sur parchemin, donné sous le sceau de la cour de Rennes, le 2 juin 1432, (signé : Olivier Collet, Bérard avec paraphe) [Note : Détail curieux qui laisserait entendre qu'il y a eu une action en Justice à cette époque].

Il y a quelques difficultés dans ce texte : M. Bourde de la Rogerie m'avait écrit à ce sujet : « Je ne sais où l'acte fut passé, et si le scribe était Breton ou Normand ; s'il était Normand, il a pu mal écrire les noms de lieux ; voici très longtemps que j'ai transcrit cette pièce, je ne me souviens pas si la lettre finale de Nangarac est nettement un c ; vous savez que dans beaucoup d'actes anciens le c et le t se ressemblent. Nangarae est trois fois nommé dans la charte, M. Le Cacheux a lu Nangaraé, j'ai adopté cette leçon. En ce qui concerne l'initiale N, Nangarae au lieu de Lancarae, il semble bien qu'il y ait là une erreur des scribes du Mont Saint-Michel, qui ont presque constamment reproduit cette graphie. On ne la trouve qu'une fois dans les actes passés à Plestin   [Note : Chapelle Notre-Dame de Nantgarré, 16 septembre 1552 ; Archives Dép. C.-d.-N. (aujourd'hui Côtes-d'Armor), E, 1002. — Les formes Nangarae sont une cacographie ; il ne peut être question de supposer que ce nom est composé de Nant = vallée, car le scribe aurait écrit Nant caraé ; en outre, nant ne s'appliquerait pas à la disposition du lieu. La chapelle est à l'estuaire d'une petite rivière, mais n'est pas dans une vallée. — M. Le Cacheux lit Guido-Marus ; je maintiens cette leçon qui a existé à côté des formes Guihomarus, mais j'écris en un seul mot ; cf. Chresto, pp. 176 et 210 ; Cartulaire de Quimper, index] où l'on a toujours écrit Lancarré ou Lantcarré ».

Cette charte offre beaucoup d'intérêt, les documents de cette époque sont rares ; on y voit les moines et le clergé local discuter au sujet de la chapelle de Lancarré, des maisons et jardins et des habitants. Les moines qui sont sous la direction d'un prieur, eorum prior, prior eorum de Hirglas, prétendent que la chapelle et ses dépendances sont sur le territoire appartenant au prieuré, eorum cellulœ de Hirglas pertinere ; le clergé local répond : la chapelle fait partie de la paroisse depuis toujours, parce qu'elle est dans ses limites : pertinentem et annectam ab antiquo dictœ eclesiœ de Plestin, quia infra fines ejusdem parrochiœ consistit ; autrement dit la chapelle n'avait pas été fondée par les moines ; ce n'est pas non plus la chapelle de leur couvent, lequel était non pas à Lancarré mais au Hirglas, cellula de Hirglas, probablement au pied du rocher ; la chapelle de Lancarré était à la limite de leur territoire, mais sur Plestin ; la limite des propriétés du prieuré se trouvait bien au-delà de Lancarré puisque l'on voit qu'on était en désaccord pour quatre pièces de terre situées entre la haie de Lancarré et le rocher du Hirglas, inter hayam de Nangarae et rocam de Hirglas. Tout laisse entendre que le clergé local avait raison contre les moines, et que ces derniers s'étaient permis d'arrondir leurs propriétés en s'emparant de la chapelle voisine de Lancarré.

Les noms de lieux doivent retenir l'attention. En dehors de Lancarré et du Hirglas l'on voit que les moines prétendaient avoir des droits sur les habitants qui résidaient in Trevros, et in Treiarnim, et in teneuris Guillelmi de Haya et Conani militum, c'est-à-dire en Trévros, en Tréfarnim, et dans les seigneuries de Guillaume de la Haye et de Conan, tous deux Chevaliers. Trévros est l'ancien nom de la frérie de l'Armorique ; l'on trouve encore mention de la frérie de Tréfros jusqu'en 1620 (Archives départementales des Côtes-d'Armor, E. 2.525). Après cette date la frérie de Tréfros est appelée en breton Tref an arvor, et en français frérie de l'Armorique. Son territoire s'étendait sur le territoire désigné au cadastre sous le nom de Section de l'Armorique ; deux fermes, Trevros braz et Trevros foennec, se trouvent encore sur le territoire de cette frérie. Tréfarnim est le nom d'une autre frérie dont le territoire comporte toute la région enserrée entre la rivière de Lancarré et celle du Pont-ar-Yar ; le Roc'h Hirglas est en cette frérie ; Tréfarnim, actuellement Tréaerdin, désigne seulement la frérie, il ne semble pas qu'il ait jamais désigné un hameau ou une seigneurie [Note : Ce nom est écrit Treffarnim, Trefarnin, Trefarzin et Tréardin dans des pièces des XVI-XVIIème siècles (Archives départementales des Côtes-d'Armor, E, 2203, 2527, 2536, 2537). En 1749 les registres de baptêmes, mariages et sépultures donnent un Tréarnin, corrigé en Tréardin. Actuellement l'on prononce Tréardin]. La mention de ces deux fréries en 1261, in Trevros et in Treiarnim est importante, nous savons par là que Plestin était déjà divisé par frèries en 1261.

La seigneurie de la Haye, dont Guillaume est seigneur, a son manoir à la ferme actuelle de la Haye (CEM) sur un mamelon assez puissant qui domine la chapelle Saint-Efflam et la Lieue-de-Grève. Cette seigneurie s'étendait jusqu'à la rivière de Lancarré ; son moulin, encore appelé Moulin de la Haye, est sur cette rivière, et les fourches patibulaires en pierre se trouvaient auprès de la ferme de Kerravenou. La seigneurie de la Haye constituait une frérie, sous le nom breton de Tref an Haye, en français frérie de la Haye [Note : Cette seigneurie s'est appelée La Haye Kaer ou La Haye Quer, du nom d'une famille qui l'a possédée ; sur cette seigneurie, voir Archives départementales des Côtes-d'Armor, E. 1828].

Quant à la seigneurie possédée par Conan, la charte ne nous a malheureusement pas donné son nom ; il est difficile de l'identifier ; peut-être qu'un dernier souvenir du nom de son seigneur a subsisté dans le nom d'un pont sur lequel la route de Plestin à Tréduder traverse la rivière de Pont-ar-Yar et qu'on appelle le Pont-Conan (Cadastre) [Note : L'on notera que les seigneuries qui plus tard ont eu des droits de prééminence sur la chapelle de Lancarré, comme fondateurs de cette chapelle, n'interviennent nullement dans l'acte, probablement parce que ces droits n'existaient pas encore. Voyez les aveux de la seigneurie du Leslac'h et de la Haye Quer concernant cette chapelle, en 1583, 1629, 1682, 1683, 1708, 1760 (Archives départementales Côtes-d'Armor, E, 1002, 1196 et 1828)].

Quoi qu'il en soit, on voit par là que le prieuré de Hirglas n'émettait de prétentions que sur la partie Nord du territoire de Plestin.

L'on a vu qu'en 1551, le prieuré de Tréveruer et celui de Roc'h Hirglas étaient réunis en un seul sous le nom de Locmikael Rocquillas. Cette réunion en un seul semble remonter à 1337. En effet, en 1337, les religieux du Mont, apportant leur contribution à l'enquête prescrite par le pape Benoît XII sur la valeur des bénéfices ecclésiastiques, adressèrent aux commissaires nommés par le Souverain Pontife dans les provinces de Rouen et de Tours un relevé très long et très détaillé de tous leurs prieurés. Dans ce relevé, ils ne citent pas de prieuré en Plestin, ils parlent uniquement du prieuré de Tréveruer.

Item in Britania, in Coriosopitensi dyocesi unum prioratum videlicet prioratum de Treverer... Sequitur de facultatibus prioratus de Treverer. Primo et totaliter dictus prioratus habet estimative communibus annis in valore XXXIIII libras tres solidos, quas prior dicti loci et ejus socius quem habere consuevit ipsorumque familiares bene expendunt et vix sufficiunt ad onera et statum  dicti prioratus supportanda... (Archives de la Manche, fonds du Mont Saint-Michel).

Dès lors, le prieuré du Roc'h Hirglas disparaît complètement ; les moines de Tréverer gardant seulement le nom de prieuré de Roquillas, pour celui de Tréverer, et n'ayant plus en Plestin que la chapelle de Lancarré, dont ils reproduisent le nom sous la forme erronée où ils la trouvaient dans les titres antérieurs. Une supplique adressée en 1643 au pape Urbain VIII pour la collation à Toussaint Hermant du prieuré de Rocquillas, débute ainsi : Cum prioratus Sancti Michaelis de Rocquillas, ordinis sancti Benedicti, Corisopitensi diocesis, cum illi annexis capellis Sancti Igurii intra limites parrochie parrochialis ecclesie de Meneaco, Macloviensis diocesis et Beate Marie de Nangaret intra limites parrochie parrochialis ecclesie de Plestin, Trecorensis diocesis, ..

Ce prieuré était vacant depuis 1626, date de la mort du titulaire Guillaume du Chastellier ; la chapelle de Sancti Igurii est la chapelle actuelle de Saint-Iger (CEM., Rosenzweig, Dictionnaire topographique du Morbihan) dans la paroisse de Ménéac, canton de La Trinité-Porhoët (Morbihan), autrefois évêché de Saint-Malo, Le prieuré de Tréverer eut des prieurs jusqu'à la Révolution. Le dernier fut (1787-1790) Henri Alexandre Boissière (Chanoine Peyron, op. cit., p. 15).

Le prieur de Tréverer ne s'occupait plus de la chapelle de Lancarré ; c'était le clergé de Plestin qui la desservait ; elle apparaissait comme une chapelle ordinaire. Elle avait son fabrique, et les comptes depuis 1667 existent toujours aux archives paroissiales de Plestin, sans qu'il soit nulle part fait allusion aux moines du Mont Saint-Michel ni au prieuré de Tréverer. La chapelle fut vendue comme bien national le 23 messidor an VI.

Telle est l'histoire du prieuré du Roc'h Hirglas fondé en 1086 par Hugues, évêque de Tréguier. L'on notera que nulle part il n'est fait allusion à la paroisse de Saint-Michel-en-Grève, ancien prieuré-cure, et dont le nom breton est Lokmikel, ce prieuré n'a pas été prélevé sur le territoire de Plestin, mais sur celui de Plouzélambre ; ceci ressort de l'examen de la carte ; par ailleurs il semble n'avoir jamais relevé des moines bénédictins du Mont Saint-Michel, et on l'a vu, il n'est jamais fait allusion à des dépendances que le prieuré de Hirglas aurait eues de ce côté. L'origine de Saint-Michel-en-Grève n'a semble-t-il (à confirmer) aucun rapport avec l'établissement de Hirglas [Note : Il y a en Plestin un lieu dit Toubelaine, c'est une maison un peu plus bas. Cf. Archives départementales des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor), G, Plestin, en 1716, « le lieu noble des toubbelaine au bas du bourg de Plestin » on retrouve ce nom dans d'autres titres : Toubelaine, en 1699, E. 2534 ; E. 2526. Nul doute que ce nom avait été importé par les moines, cf. Tombelaine en Plélo, et peut-être aussi Tombalon en Saint-Gouéno, Côtes-d'Armor (CEM)].

(René Largillière).

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