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LA SEIGNEURIE DE QUINTIN SOUS LES CHOISEUL.

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Le Procès Choiseul et Durfort-Lorges.

Louis de Durfort, duc de Lorges, décéda en 1775. Immédiatement le vicomte de Choiseul, comme mari de sa fille aînée, prit possession de la terre de Quintin et donna des ordres pour la régir. Le nouveau duc de Lorges y mit opposition et ce fut le commencement d'un procès qui dura plusieurs années [Note : La duchesse douairière de Lorges écrit le 10 mars 1777 à Le Minihy : « Ce procès ne sera pas long, Dieu merci, car il est bien fâcheux de voir toute une famille désunie pour une affaire qui n'en est pas une ; les prétentions du vicomte de Choiseul sont aussi malhonnêtes que mal fondées. La terre appartient au duc et à la duchesse de Lorges et l'indemnité seule est dans la succession, on en offre les deux tiers à la vicomtesse de Choiseul, ce qui est plutôt une grâce qu'une justice, puisqu'en rigueur, elle n'en devrait avoir que la moitié. Voilà l'état présent des choses depuis 1773. Le duc de Lorges est vrai propriétaire et M. le duc de Lorges, mon mari, n'était qu'usufruitier » (Titres du château de Quintin)]. On peut distinguer deux phases successives : dans la première, la vicomtesse de Choiseul demande l'annulation de la démission faite par son père du duché de Lorges ou baronnie de Quintin en faveur de sa sœur et réclame la seigneurie comme étant fille aînée ; dans la seconde, la duchesse de Lorges demande le partage de la baronnie de Quintin.

En mariant sa fille aînée en 1754, le duc de Lorges avait déclaré dans le contrat qu'il s'obligeait à « n'avantager aucun de ses autres enfants au préjudice de la future épouse dans sa future succession ». Il ne prévoyait pas qu'il décederait sans laisser d'enfants mâles, puisque, à cette époque, il avait un fils. Aussi était-ce devant la prochaine extinction du duché de Lorges, qu'il avait conçu le projet de marier sa seconde fille à un Durfort [Note : Le comte de Durfort appartenait à une branche cadette de la famille, celle de Civrac], aqui alors lui succédait dans son fief le plus important. Le titulaire de Lorges devait rester un Durfort Il avait alors fait démission de sa terre en faveur de son gendre et le roi l'avait pour ainsi dire sanctionnée par la nouvelle érection en duché. Madame de Choiseul s'appuyant sur la clause de son contrat de mariage disait qu'elle était dépossédée d'une partie de la succession de son père si on lui refusait Quintin, que la renonciation qu'il avait faite était nulle en la forme, que, d'ailleurs, il ne s'agissait que d'une propriété et qu'elle ne contestait pas à son beau-frère son titre de duc.

Comme c'était l'usage à cette époque, les deux partis firent imprimer de nombreux mémoires qui furent distribués à profusion à Paris et à la Cour. Les avocats les plus célèbres du temps donnèrent d'importantes consultations au sujet de cette affaire. Après plusieurs jugements le Conseil d'État du roi par arrêt du 29 septembre 1778 « fit droit à l'instance et sans s'arrêter à la démission du duc de Lorges déclara que la terre de Quintin-Lorges devait être rapportée à la succession » [Note : Archives du château de Quintin. Nombreux mémoires tant en faveur des Durfort que des Choiseul].

Madame de Choiseul, en qualité de fille aînée, demanda la totalité de la baronnie de Quintin, ce à quoi sa sœur s'opposa et la seconde phase du procès commença.

« La duchesse de Lorges, disait l'avocat de Madame de Choiseul, n'a pas demandé au parlement que le mari de sa sœur fut tenu de la pourvoir par mariage, elle était mariée, elle l'avait été par le fou duc de Lorges, son père, qui l'avait dotée, il ne pouvait plus être question de mariage. Elle ne demandait pas non plus au mari de sa sœur de lui donner une dot sur la baronnie, suivant le conseil de sa famille ; ce qui est un droit accordé aux filles puînées quand elles demandent à être mariées. Elle n'a pas demandé enfin qu'on lui donnat un avenant bienfait tel qu'il appartient aux puînés mâles sur les baronnies, et tel qu'il a été quelque fois accordé aux filles puinées par les arrêts. Qu'a-t-elle donc prétendu ? Il est bien important de saisir l'objet de son exploit de demande. Par cet exploit elle a conclu à ce qu'il fut ordonné que la Baronnie de Quintin soit partagée entre elle et sa sœur, des deux tiers au tiers comme se partagent toutes les successions nobles ».

Ce fut alors que l'on invoqua l'assise au comte Geoffroy, qui, dans son article premier, disait « qu'à l'avenir il ne serait fait aucun partage de baronnies et fiefs de chevaliers ; l'aîné aura la seigneurie en entier... » (Archives du château de Quintin).

Le parlement de Paris rendit un arrêt en faveur de la vicomtesse de Choiseul, La duchesse de Lorges en appella au conseil du roi prétendant trouver des moyens de cassation dans le quatrième article de cette même assise au comte Geoffroy « que s'il n'y a que des filles, celui qui épousera l'aînée aura la terre, et il mariera les puînées de la terre même de l'avis du seigneur et de ses proches parents ». Le principal argument coutre ce nouveau moyen était que la duchesse de Lorges avait été mariée par son père et que cette disposition de l'assise accordait une dot et non un partage.

Quintin resta donc à la famille de Choiseul et pour consoler les Lorges de la perte de cette seigneurie, le roi fit une nouvelle érection en duché de Lorges d'une terre située en Orléanais.

La seigneurie de Quintin cessa d'être duché pour redevenir baronnie ; le vicomte de Choiseul, devenu duc de Praslin, en présenta le minu et fit l'aveu au roi en 1784 (Archives du château de Quintin). En 1787, il avait payé le droit de rachat qui s'élevait à la somme de 25,200 l. 7-11 pour les deux tiers de la baronnie, car le dernier tiers restait « pour la survie » à la duchesse douairière de Lorges [Note : Quittance du 26 septembre 1786 de M. de Quérangal, receveur du domaine royal à Saint-Brieuc].

L'année suivante il sollicitait de la commission intermédiaire des Etats de Bretagne l'abonnement du vingtième. Quand arriva la fameuse séance de la nuit du 4 août 1789, qui effaça tout ce qui subsistait de la féodalité, la seigneurie de Quintin était toujours la possession du duc de Praslin [Note : La terre de Quintin fut mise en vente en 1809, mais la famille de Choiseul conserva le château de Quintin et les terres de la seigneurie, le château et la forêt de Lorges passèrent seuls à cette époque à un autre propriétaire. La petite-fille de Renaud-César de Choiseul (1735-1791) et de Guyonne-Maguerite-Philippine de Durfort (1739-1806, mariée le 29 ou 30 janvier 1754) l'a transmise par alliance en 1839 à la famille de Nédonchel (Georges, comte de Nédonchel, 1813-1901). Elle est au début du XXème siècle (vers 1905) la propriété de Madame de Calonne de Courtebourne, née de Nédonchel].

(René Chassin du Guerny).

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