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LA SEIGNEURIE DE QUINTIN PENDANT LA PERIODE DUCALE (1227-1492).

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Le premier seigneur de Quintin fut comme nous l'avons dit Geoffroy Botherel. Son surnom de Botherel qui passa à ses descendants comme une sorte de nom patronymique n'avait par lui-même rien de très flatteur car il signifie crapaud.

Mais on trouve, dit M. de la Borderie, dans la paroisse de Saint-Donan, sur le bord de la rivière de Gouët, une vieille motte féodale encore existante, à double rempart de terre, par conséquent une forteresse de la plus ancienne féodalité et qui s'est toujours nommée le Château Botherel [Note : L'aveu du comté de Quintin de 1664 en parle ainsi : « place et chasteau de Bottrel, avec le lieu et aplacement, terres et bois qui en dépendent, à présent tenu par Me Pierre de Perrien, sr de Crenan, par afféagement, et doit payer 4 l. 4 s. »]. On peut croire que c'était là le chef-lieu primitif de la grande châtellenie donnée en partage au puîné d'Henri d'Avaugour et c'est pourquoi ce puîné et ses descendants prirent le nom de Botherel. Ce serait l'origine du surnom qui rappelerait ainsi, non la laideur physique du premier sire de Quintin, mais son premier titre féodal.

Du Paz, dans son histoire généalogique, dit que Geoffroy Botherel vivait en 1226 et en 1238, qu'il « le trouve par actes », mais il ne cite point ces actes. Il finit ses jours aux Cordeliers de Dinan où il avait pris l'habit religieux (1274) [Note : Nécrologe des Cordeliers de Dinan, cite par M. DE LA BOHDERIE, Geffroy Botherel mourut le 4 septembre 1274. Biblioth. Nationale, Miss., Blancs-Manteaux].

Son fils Jean Ier Botherel, inconnu à Du Paz et à Dom Morice, a été découvert par M. de la Borderie dans une convention conclue en 1283 à Carhaix entre le duc de Bretagne Jean Ier le Roux et Henri d'Avaugour petit-fils et héritier du frère aîné de Geoffroy Botherel. Le sire d'Avaugour donne au duc trois cautions [Note : Dom MORICE, Preuves de l'histoire de Bretagne, I, 1067] dont la première est « Monseignor Jehan Boterel, seignour de Quintin ». Comme son père il se retira au couvent des Cordeliers de Dinan où il mourut en 1293 [Note : Nécrologe des Cordeliers de Dinan, « XIV Kal. Augusti anno Dominici M. CC. XCIII, obiit dominus Johannes Botherel, dominus de Quintino »].

On trouve ensuite les premiers seigneurs de Quintin mêlés à tous les évènements et à toutes les luttes politiques qui agitaient la Bretagne à cette époque : Geoffroy II [Note : Geoffroy II Botherel de Quintin figure dans trois actes publiés par MM. GESLIN de BOURGOGNE et de BARTHELEMY : Anciens évêchés de Bretagne, Actes de 1332, de 1337 et de 1339]] fut tué à la bataille de la Roche-Derrien en juin 1347 [Note : Selon D. Lobineau et D. Morice ce n'est pas Geoffroy c'est son fils Jean qui aurait péri à la Roche-Derrien. M. de la Borderie donne comme preuves du contraire le document suivant tiré du nécrologe de l'abbaye de Beauport : « Junius XIV. Commemoratio dominici Gaufridi de Quintin, qui interfectus fuit juxta Roche-Derrien ». L'auteur des chroniques de Saint-Denis s'exprime ainsi : « Et y moururent des barons, c'est assavoir... le seigneur de Quintin et Monsr Guillaume, son fils : et Messire Jehan son aultre fils ot nez copé »], son fils Jean II, qui y eut le nez coupé, fut tué lui-même cinq ans après à celle de Mauron le 14 août 1352 [Note : Le chef des Anglais, William Bentley dans une lettre où il rend compte de cette bataille (Avesbury), met au nombre des morts « le sire de Quyntine »]. Geoffroy III était ainsi que son père et son aïeul un fidèle partisan de Charles de Blois, il combattait à ses côtés à la bataille d'Auray le 29 septembre 1364.

Geoffroy III était mort au moment de la ratification du second traité de Guérande, 1381, conclu entre le roi de France Charles VI et le duc de Bretagne Jean VI, car c'est son fils Jean qui est mentionné parmi les seigneurs bretons qui assistaient le duc et y est qualifié : « Jehan, sire de Quintin, chevalier » (Dom M0RICE, Preuves II). Ce Jean Botherel de Quintin décéda à la fin de 1384 ou au commencement de 1385 sans laisser d'enfants de Marguerite de Rohan, son épouse, Geoffroy IV, son frère puîné lui succéda et posséda la seigneurie de Quintin jusqu'à sa mort en 1428 [Note : On trouve le nom de ce Geoffroy Botherel de Quintin à chaque instant dans les actes et les évènements de l'histoire de Bretagne, toujours en place honorable et importante, au premier rang de l'aristocratie bretonne (voir Dom M0RICE, Preuves II, col. 557, 583, 587, 650, 661, 663, 730, etc.)]. Quoique ayant épousé trois femmes il ne laissait pas d'enfants. Jean du Perier, fils ainé de Plezou, sa sœur, et de Geoffroy, seigneur du Perier [Note : Le Perrier : ancienne seigneurie de moyenne importance, dont le manoir chef-lieu était dans la paroisse de Kermorochs sons la mouvance de comte de Guingamp], hérita de Quintin.

Le 15 mai 1405, Geoffroy IV fondant avec sa première femme Béatrix de Thouars, un collège de cinq chapelains en l'église de Notre-Dame de Quintin, fait approuver cette fondation par son neveu : « par notre cher et très aimé nepveu Jehan, seigneur du Périer, nostre hoir présomptif » (Dom MORICE, Preuves, II, 748, 750, 754).

Ce fut donc Jean du Perier qui devint seigneur de Quintin en 1428, il ne mourut qu'en 1461 [Note :  S'ensuilt la declaration des terres et héritages, ferme droits, juridiction, seigneuryes et obéissances de la terre et seigneurye de Quintin, que, en aucun temps fut, Messire Jehan du Perier, décédé au moys de juign l'an mil quatre cens soixante-ung, tint et posséda. ». Aveu rendu au duc de Bretagne par Tristan du Perier (titres du château de Quintin)]. Mais depuis longtemps la possession de la baronnie de Quintin lui avait échappé. M. de la Borderie a raconté les vicissitudes de Jean du Perier [Note : « La ceinture de la Sainte-Vierge conservée à Quintin »]. Il s'était marié deux fois ; en 1400 à Olive de Rougé dont il avait eu un fils Geoffroy et en 1428 à Constance Gaudin, fille du seigneur de Martigné-Ferchaud. Cette seconde femme, ambitieuse et intrigante, usait de son influence sur son vieux mari pour avantager ses enfants au détriment de celui du premier lit. Ne pouvant priver Geoffroy de son droit d'aînesse, elle poussa son mari à de folles dépenses. Les richesses que les Botherel avaient amassées au château de Quintin furent dissipées et le vieux seigneur commençait à entamer la fortune territoriale et à vendre diverses pièces de la seigneurie pour payer ses créanciers. Geoffroy, devant cette ruine imminente de sa famille, porta plainte au conseil du duc. L'enquête prouva que son père se

Livrait à de véritables dilapidations sur les conseils de son épouse qui faisait vendre les fiefs pour en donner l'argent à ses enfants. Par une convention de 1437, Jean du Perier, sous la réserve de l'usufruit se démettait de toutes ses terres, notamment de la baronnie de Quintin au profit de son fils [Note : « Item, ung autre contrat, proceix par la convt de Rennes, en dabte du XVIIème jour de novembre de l'an mil IIIIc XXXVII, faisant mencion comme ledit Messire Jehan du Perier avoit transporté la propriété de toutes ses terres et seigneuries, sans rien en retenir, sauff le useffruyt, à feu Messire Geoffroy du Perier, seigneur de la Roche d'Iré. Et deffance à tous et à checun de non contracter avec ledit Messire Jehan ». (Extrait d'un ancien inventaire d'actes des archives de Quintin). La Roche d'Iré en Anjou appartenant à Geoffroy du Perier du chef de sa mère, Olive de Rougé].

Ce dernier conserva la terre de Quintin jusqu'en 1444 date de sa mort, et la laissa à son fils aîné Tristan. Tristan du Perier était mineur, aussi l'aïeul Jean du Perier poussé par son épouse voulut reprendre entièrement sa baronnie et annuler sa démission de bien de 1437. Isabeau de la Motte, mère de Tristan, défendit les droits de son fils, qui trouva de plus un appui dans son curateur le connétable Arthur de Richemont, oncle du duc de Bretagne [Note : « En l'appel que aujourd'hui, davant Monsr le Président, juge universel de Bretagne, sénéchal de Rennes et commit en cestes parties, faisoit faire Geoffroy Challot au nom et comme procureur de hault et puissant le sire de Richemont curateur de noble et puissant Tristan du Perier, seigneur de la Roche d’Iré..... » 13 juin 1444. (Titres du château de Quintin)]. Sous le coup de cette puissante intervention, Jean du Périer renouvela en 1445 sa démission de bien en faveur de son petit-fils. Mais il alla ensuite faire un pèlerinage à Jérusalem et à son retour en passant par Rome, il se fit relever par le Pape de tous les serments qu'il avait prêtés à son préjudice [Note : Testament de Jean du Perier du 1er décembre 1445 et acte du 11 janvier 1447. (Titres du château de Quintin)]. Les procès recommencèrent et la paix ne devint définitive qu'en 1455, probablement après la mort de Constance Gaudin ; à partir de ce moment le vieux du Perier se retira dans son manoir du Perier laissant Tristan paisible posseseur de Quintin [Note : La cession de la seigneurie de Quintin faite par Jean du Perier à son petit-fils Tristan est prouvée par acte du 4 décembre 1445 : « Comme paravant ces heures nous Jehan, sires de Quintin et du Perier, eussions baillé et transporté à nostre très chère et bien aymée fille la dame de la Roche d'Iré et de Boczac, et à nostre bien aymé fils et hoir principal présomptif et attendant, Tristan du Perier, tous et chascun les droits heritelx, ô les appartenances quelxconques que nous avions et nous appartenoint en la terre et seignourie de Quintin..., sans nulle reservation, par ce que ils estoient tenus et obligez nous poïer chacun an, durant notre vie certaine somme de finance pour manière de pencion... ». Le 7 mars 1557, Jean du Perier donne quittance d'une somme que lui a versée son petit-fils : « Nous Jehan du Parier, sires de Quintin et du Perier, nous tenons comptent et bien poié de nostre cher et très aymé fils Tristan du Perier, du nombre et somme de sacxante troys livres, onze soubz cinq derniers monnoies »].

Tristan du Périer avait à la cour du duc de Bretagne une situation des plus hautes. Son alliance avec Isabeau de Montauban lui procurait de belles parentés [Note : Isabeau de Montauban était mariée avant 1451. Elle était la seconde fille de Guillaume de Montauban, chancelier de la reine de France, et de Bonne Visconti. Bonne Visconti était la fille de Bernabo Visconti, de Milan, et la sœur de Tadéa Visconti, épouse d'Etienne duc de Bavière et mère d'Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI. Sa cousine Valentine Visconti avait épousé Louis, duc d'Orléans, et était l'aïeule de Louis XII]. Ce fut en sa faveur qu'en 1451 le duc Pierre II érigea en baronnie sa terre de Quintin :

« Pierre, par la grâce de Dieu, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemont..., scavoir faisons que nous bien certains du degré et parenté dont nostre très cher et très aimé cousin et feal Tristan, seigneur de Quintin, nous attainet, lequel est extraict et consanguin proche de notre maison... puissant en richesses et en autres facultés de tenir estat de Baron, mesme en considération des hauts et honorables services et plaisirs que nostre dit cousin et ses progéniteurs en leur temps ont faict à la maison de Bretaigne en maintes manières ; pour icelles et autres justes causes à ce nous mouvans ; iccelluy avons aujourd'hui de nostre plainière puissance, authorité et grâce especial, faict, croié et institué, faisons croions et instituons par ces présentes Baron en notre pays et duché de Bretaigne, par raison et à cause de sa dite seigneurie et ancienne bannière de Quintin ; et en voullant et octroyant, voullons et octroyons par ces présentes à nostre dit cousin que luy, ses héritiers et successivement seigneurs de ladite seigneurie de Quintin, successivement, chacun en son temps, soient dicts, nommez, censez et réputez en perpétuels Barons, à avoir, tenir user et jouir au temps advenir de tous droicts, progatives, privilèges et noblesses appartenant à Barons, et que en nos Parlemens, conseil, étatz et convensions, ils soient convocqués, appellez et ouiz, et eux tenus y comparoir comme les autres barons de notre pays et qu'ils ayent lieu et assiepte ou ranc de nos autres barons, sans préjudice aux lieux et assieptes des neuf anciens barons de nostre pays, la prééminence desquels en ce cas reservons avecque nos droicts, souverainetez et noblesses en toutes choses... Donné en notre ville de Vannes le 25 may l'an de grave 1451 » (D. MORICE, Preuves, II, 1562, 63).

Tristan du Perier mourut le 24 décembre 1482. Sa femme Isabeau de Montauban lui survécut à peine deux ans ; le due de Bretagne François II faisait expédier le 5 juillet 1484 des lettres d'exemption des droits de rachat dus au trésor ducal pour les biens dont elle jouissait à titre de douaire et le 10 juillet le trésorier général de Bretagne, Pierre Landais, inscrivait et signait au dos de la pièce l'ordre aux receveurs du duc d'en faire jouir la douarière de Quintin [Note : Titres du château de Quintin]. Or le 1er août 1484 un cadet de la famille du Perier reconnaissait avoir reçu d'un des receveurs de « Feue » Isabeau de Montauban, la somme de 30 livres [Note : « Yvan du Perier suis confessant avoir eu et recepu aujound’huy de Guillaume Herviot, naguères receveur de Lomicaël pout feue ma très honorée et puissante damoiselle Isabeau de Montauban, damne de Quintin et du Perier, que Dieu absolve, la somme de trente livres morus... » (Titres du château de Quintin)].

Ce fut Jeanne du Perier, fille unique de Tristan, qui lui succéda en 1482. Elle était veuve de Jean de Laval, baron de la Roche-Bernard [Note : Jean de Laval était né à Redon en 1437 de Guy XIV, comte de Laval, et d'Isabeau de Bretagne (fille du duc Jean V). Il épousa Jeanne du Perier, par contrat du 20 avril 1472, et mourut en 1476], qu'elle avait épousé en 1472. Deux ans après la mort de son père elle se remariait à Pierre de Rohan, baron de Pontchateau, auquel elle donnait par contrat de mariage du 20 novembre 1484 les terres et seigneuries du Perier, de Bossue et de la Thebaudaye [Note : Titres du château de Quintin : Pierre de Rohan joua un rôle dans les guerres entre le duc de Bretagne et le roi de France : Il était du parti du roi. En 1485, le château de Quintin, fut pris et brûlé par deux capitaines bretons de l'armée du duc François II. En 1487, après s'être emparé de Moncontour, Pierre de Rohan rentra par surprise avec Jeanne du Perier dans son château de Quintin, et fit vivement la guerre à ceux de Guingamp avec le secours des Français ; mais de nouveau assiégés dans leur ville de Quintin, ils durent la quitter brusquement et se retirer à Moncontour. Ils rentrèrent peu après à Quintin grâce au concours des habitants]. C'était elle qui possédait la baronnie de Quintin au moment de la réunion de la Bretagne à la couronne de France. Les sires de Quintin jouissaient d'un rang considérable, et le gouvernement ducal leur faisait une pension de 1000 livres comme aux sires de Guémené et de Pont-l'Abbé.

Nous avons vu pendant les XIIIème, XIVème et XVème siècles se former et se développer successivement cette importante seigneurie de Quintin, qui s'élevera au XVIIème siècle à la dignité de duché. Avant de passer à l'étude de la seconde période, il nous paraît utile d'examiner de qui elle relevait et à qui ses seigneurs devaient aveu et hommage.

(René Chassin du Guerny).

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