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LA TERRE OU SEIGNEURIE DE QUINTIN, SES VASSAUX ET TENANCIERS.

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La seigneurie de Quintin, comme nous l'avons déjà vu, s'étendait sur 28 paroisses ; elle était partagée en trois membres formant trois baillages ou recettes : le plain de Quintin, la forêt de Quintin et Botoha

Le baillage de Botoha comprenait la région cornouaillaise du comté [Note : C'est-à-dire le territoire placé à l'ouest de la limite orientale des trêves et paroisses du Leslai, Saint-Gildas, le Vieux-bourg de Quintin, Saint-Bihi, Lanhermoët et le Bodéo. Botoha était une des paroisses de cette région. Après la révolution, le culte fut transporté à Saint-Nicolas-du-Pelem, qui n'était qu'une simple chapelle et qui devint cure de canton, pendant que l'antique église de Botoha tombait au rang de chapelle ; depuis quelques années, elle est devenue paroisse succursale dans la commune de Saint-Nicolas-du-Pelem]. Dans l'autre partie le plain était, comme son nom l'indique, l'opposé de la forêt, c'est-à-dire le plat pays, non boisé. Le baillage du plain embrassait toute la région briochine de la seigneurie, excepté la vaste forêt au sud-est qui se trouvait dans la trêve de l'Hermitage, la paroisse d'Allineuc et quelques extensions dans les paroisses voisines [Note : Le baillage de la forêt avait quelques extensions peu considérables dans les paroisses voisines, celles de Lanfains, Saint-Brandan, Lanhermoët, etc.].

La forêt formait à elle seule le troisième paillage. Les sires de Quintin y possédaient leur manoir de l'Hermitage qui fut remplacé au XVIIIème siècle par le château construit par les Durfort de Lorges.

Le chef-lieu officiel de la seigneurie était le château de Quintin qui existait dès le XIIIème siècle, il avait été reconstruit dans seconde moitié du XVème s., mais pendant les guerres de Charles VII et au siècle suivant pendant la ligue, il fut à demi ruiné [Note :  Archives d'Ille-et-Vilaine, série. F. fonds DE LA BORDERiE, Quintin. - 15 mai 1464, Mandement de Pierre II pour le sire de Quintin qui a fait construire un mur de clôture autour de son château de Quintin. - 26 avril 1480, reconstruction du château de Quintin : contestation au sujet de l’exécution d'un marché fait en 1470 pour la reconstruction du second étage et autres travaux entrepris par Pierre Le Febvre. - D'ARGENTRÉ, Histoire de Bretagne, rapporte le pillage de la ville el du château de Quintin en 1485 par Yvon de Rocerf, chevalier, sieur du Bois de la Roche, et Pierre Lelong ; celui fait par Gouicquet en 1487 et le siège fait par le prince d'Orange, lieutenant général du duc de Bretagne. Le comte de Quintin était à cette époque Pierre de Rohan, qui comme les membres de sa famille, avait embrassé le parti du roi de France].

Il est cependant permis de douter que le château existait dès l'origine de la seigneurie, car dans les actes du XIIIème et du XIVème siècle il est appelé : « chastel neuf » et la ville bâtie autour : « la ville du chastel neuf de Quintin » par opposition au Vieux-bourg qui devait être la première paroisse de Quintin. Le Vieux-bourg était dans l'évêché de Cornouailles, les seigneurs de Quintin construisirent leur château sur le territoire de l'évêché de Saint-Brieuc. Nous avons déjà remarqué que le surnom de Botherel porté par Geoffroy, puîné de Penthièvre, et ses descendants, pouvaient provenir d'une vieille motte féodale située en Saint-Donan sur le bord de la rivière du Gouët qui s’est toujours nommé « Château-Botherel ». Cette forteresse de la plus ancienne féodalité aurait été le chef-lieu primitif de la grande chatellenie donnée par Henri d'Avaugour à son puîné.

Le domaine proche du seigneur de Quintin comprenait les jardins, les pâturages et l'étang qui avoisinaient le château, de nombreuses terres en culture, des moulins, la forêt, etc... L'autre partie de la seigneurie était concédée aux vassaux et suivant la qualité du concessionnaire comprenait des fiefs nobles et les fiefs proches ou censives.

 

§ I. — VASSAUX OU TENANCIERS NOBLES.

A l'origine, les vassaux ou tenanciers nobles devaient prêter au seigneur l'hommage et le serment de fidélité, l'aider à rendre la justice, lui fournir des secours en argent qui se nommaient les aides féodales, quand il été créé chevalier, se mariait ou partait pour la guerre. Certains de ces vassaux étaient devenus eux-mêmes puissants et avaient concédés des portions de terre de leurs propres seigneuries, ils devaient toujours foi et hommage, le droit de rachat, et des obligations auxquelles ils cherchaient à se soustraire ce qui occasionnait de fréquents procès avec le seigneur suzerain.

« Le duc de Lorges, plusieurs années après le décès de son père, le maréchal, n'a pu rendre aveu au roi pour se seigneurie de Quintin, car le minu ne peut être complet que quand ses vassaux auront rendu le leur. Plusieurs d'entre eux : MM. de Robien, des Noë des Fossés, de Galinée, de Francheville, de Baaulieu, siégeant au parlement de Bretagne, il lui est très difficile de se faire rendre justice, aussi adresse-t-il une requête au roi afin d'obtenir une évocation générale des affaires concernant le duché de Lorges en un autre parlement que celui de Rennes » (Archives du château de Quintin).

Parmi les seigneuries importantes relevant féodalement du comté de Quintin., on peut citer les suivantes dont beaucoup avaient haute, moyenne et basse justice.

Dans la paroisse du Fœil : Robien, Crenan et la Noë-Seiche. La seigneurie de Robien poussait ses fiefs assez loin en dehors du Feil dans les diverses paroisses environnantes et avait entre autres dans son domaine proche « le lieu et manoir noble du Vieux-Chastel avec les vestiges d'un vieux château situé en la trêve de Saint-Gueltas (Saint-Gildas) paroisse du Vieux-Bourg de Quintin ». On trouve autrefois les seigneurs de Robien assez souvent en procès avec les comtes de Quintin pour leur juridiction. Dom Morice donne une prétendue lettre du duc Jean IV, du 8 mars 1349, (Preuves à l’Histoire de Bretagre, I, 466) qui exempte le seigneur de Robien de la juridiction de Quintin et le met sous le ressort immédiat de la cour ducale de Goëllo. « Mais cette pièce » dit M. de la Borderie « a parfaitement l'air d'être fausse » [Note : La ceinture de la Sainte-Vierge conservée à Quintin. Documents inédits, p. 65. Procédure contre Allain, sieur de Robien, Pierre et Geoffroy de Robien, accusés de violence et de voie de fait contre Guillaume Brexin, sergent de la cour de Quintin, devant Me Julien Havart, notaire de la cour de Rennes et commissaire délégué, 29 janvier 1465 (V. st.). Dans une transaction entre Tristan, sire de Quintin, et Alain de Robien, 24 juin 1466 : « reservez au dit sire (de Quintin) la suzeraine seigneurie et justicement sur le dit de Robien, ses hommes et subjects du dit terrouer par ressort ou autrement comme seigneur suzerain l'a de la coutume du pays sur ses subjects ». Aveu de Tristan de Robien au sire de Quintin du 25 janvier 1495 (v. st.), le sieur de Robien a « congneu estre homme et subject de hault et puissant Pierre de Rohan, baron de Pontchateau, comte de Quintin ». Archives d'Ille-et-Vilaine, série F., fonds DE LA BORDERIE. Quintin].

Crenan était au XVIème siècle, la propriété des Le Nepvou puis passa aux Urvoy, Perrien, Lannion et au XVIIème siècle aux Bellingant qui prenaient le titre de Marquis de Crenan.

En Plaintel, la seigneurie importante de la Ville-daniel et celle de Saint-Quihouët. En Saint-Brandan, trêve de Plaintel, la terre de Saint-Bedan propriété des Le Gascoing puis Urvoy ; le lieu noble de Quenfer dont le possesseur devait au comte de Quintin, le jour de la Saint-Michel, un collier de levrier.

En Allineuc, la Villeneuve.

En Saint-Julien, trêve de Plainehaute, la seigneurie de la Coste.

Dans la paroisse du Bodeo et sa trêve Lanhermoët (la Harmoie) la seigneurie de Lanhermouët dont les possesseurs étaient au nombre des plus fidèles vassaux des comtes de Quintin. En Haut-Corlay, la terre de Bocozel, haute justice. Dans le Leslay, trêve du Vieux-Bourg de Quintin, la seigneurie de Beaumanoir à la famille Eder [Note : Beaumanoir est le berceau de : Guy Eder de Beaumanoir, baron de la Fontenelle, célébre chef de bande, pillant au moment de la ligue bourgs et châteaux de Basse-Bretagne, exécuté à Paris en place de Grève le 27 septembre 1602] ; nous verrons plus loin la curieuse redevance à laquelle étaient soumis ses possesseurs.

En Botoha, Beaucours aux Loz de Beaucours ; le Pellen ou Pelem « grosse seigneurie dont le chef-lieu ne pouvant se faire château a fait un bourg qui a mangé Botoha et en a hérité ».

En Canihuel, le Gloazan ou Glazan, le Pellinec, « l'un plus des anciens fiefs du comté de Quintin avec une énorme et curieuse motte féodale où l'on a trouvé les bases d'une tour en pierre au bord d'un immense étang ».

En Lanrivain, « le vieux manoir au nom bizarre de Quenequivillé, Quecquivilliau ou Kerguilliau, qui a produit une race fort agissante, dont on trouve souvent le nom dans l'histoire de Bretagne ».

En Peumerit-Quintin, Rocleuz ; en Plounevez-Quintin, la chatellenie de ce nom, rattachée à la baronnie de Rostrenen, mais relevant cependant du comté de Quintin [Note : Les autres terres et seigneuries de la mouvance de Quintin étaient : Beaulieu en Lanrivain, Le Colledic en Saint-Brandran, La Garenne en le Vieux-Bourg de Quintin, La Goupillière en Plaintel, Kerbastard en Lanrivain, Kergau en Saint-Donant, Kerlevenez en Botoba, Kersegalec en Canihuel, Lescanic en Saint-Gilles-Pligeaux, Mangueran en le Fœil, Le Ruflai en Saint-Donant, La Villeblanche en Canihuel].

Parmi les redevances auxquelles étaient soumises les seigneuries vassales du comté de Quintin se trouve nue servitude assez curieuse du seigneur de Beaumanoir, que- donne l'aveu de 1558. C'était à cette époque Robert Eder qui possédait Beaumanoir et la Haye-Eder, à sa demande le roi avait crée une foire le 10 août « à la chapelle du Coledoc en la paroisse du bourg de Quintin ». Mais il devait « en peine d'amende arbitraire, luy et ses hoirs successeurs et détenteurs de la dicte seigneurerie de Beaumanoir » donner ce même jour au receveur de Quintin « une paire de vervelles et sonnettes d'argent pour faucon, armoyées des armes du dict sieur, et doibvent les susdites vervelles et sonnettes d'argent estre par le dict sieur de Beaumanoir, son procureur ou son suffisant commis environ neuf ou dix heures du matin dit dict jour, dixième d'aougst, par chacun an portées, attachées et pendentes en une gaule blanche, hault enlevées en l'air par le pourprin de Saint-Michel du Coledoc » puis « doict le sieur de Beaumanoir ou son commis, tenant les dictes vervelles en la dicte gaule enlevées, appeler à haulte voix par ces mots le repveur de Quintin et lors lui bailler et présenter les dictes vervelles et sonnettes » avant ce moment le seigneur de Beaumanoir ne pouvait « prelever aucun droit sur les marchands et les marchandises qui étaient à la foire » [Note : Archives d'Ille-et-Vilaine, série F., fonds DE LA BORDERIE, Quintin. Déclaration du comté de Quintin du 4 mai 1558].

 

§ II. — TENANCIERS NON NOBLES.

Le servage avait généralement disparu en Bretagne au XIème siècle, aussi les tenanciers non nobles établis dans la campagne et désignés sous le nom de villains, rustici, censarii, c'est-à-dire qui devaient un cens ou redevance fixe, n'étaient plus soumis à la servitude antique qui restreignait la liberté humaine. Ces tenanciers pouvaient quitter leur terre et la vendre à leur gré, ils la transmettaient régulièrement à leurs héritiers, ils plaidaient devant les tribunaux et parfois même contre leur seigneur (DE LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, III, 100).

Les redevances et services qu'ils devaient pour prix de la terre, loin d'être arbitraires étaient fixés par la coutume ou par des actes écrits. Ils consistaient en argent ou en quantités de blés de diverses espèces : seigles, avoine, parfois en volailles. Les tenanciers du fief de Quintin devaient à leur seigneur la dîme en argent ou en graines et des rentes féodales et convenantières (DE LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, III, 100).

Les principaux services étaient les corvées, qui consistaient en un certain nombre de journées de travail ; labourer, semer, moissonner, faucher les terres du domaine proche du seigneur ou lui faire des charrois.

Certains tenanciers devaient également des harnais.

Dans l'aveu de Quintin de 1558, le comte avait pour son château un « capitaine, droict et debvoir de capitainerie, de guet et assens qui se lève par le dit capitaine à Noël et à la Saint-Jean alternativement et se paie par les gens partables et du tiers entat en la dicte juridiction à cinq sols, chacun deux par an et moictié à Noël ».

Parmi d'autres redevances intéressantes mentionnés dans ce même aveu, on peut citer les deux suivantes : Le propriétaire d'une certaine maison, c'était Michel Guillouy, en 1558, « estant en la ville close du dit Quintin, au bout d'en haut de la Cohuë, joignant d'une part au marché aux toilles » devait fournir tous les ans au seigneur le jour de la mi-août une paire de verges de menue bruyère et une douzaine d'aiguilettes de ruban de soie ferrés de laiton. Le même jour un autre tenancier, qui se nommait Jehan Robert, à la même époque, était tenu de fournir un gant à jouer à la paume et quatre œufs (DE LA BORDERIE, Mélanges d'histoire et d'archéologie bretonne, II).

Une certaine partie de la baronnie de Quintin était en domaine congéable. M. de la Borderie fait mention d'actes du XVème et du XVIème siècles constatant l'existence de cette sorte de tenure dans le pays de Quintin à l'est de cette ville (DE LA BORDERIE, Histoire de Bretagne, III). Les redevances et services des domaniers étaient également fixés par la coutume, mais pour assurer les domaniers contre le congement, ou plutôt pour suppléer à l'insuffisance de ces redevances qui étaient très légères, le propriétaire du fonds les obligea à prendre de lui un acte appelée baillée, par lequel moyennant une somme d'argent il s'engageait, pendant une période plus ou moins longue à ne pas les congédier. C'était ce qu'on nommait le bail à convenant [Note : « Il nous semble incontestable, disent MM. GESLIN DE BOURGOGNE et DE BARTHELEMY, que le domaine à convenant a succédé au domaine non congéable, qu'il a remplacé à peu près partout. Bien qu'en ait dit vaguement LOBINEAU, (Histoire de Bretagne, I, 75,) On n'aperçoit aucune trace du convenant avant l'invasion normande ». « Le convenant était une aliénation indéfinie, mais non perpétuelle des superfices ». « Le propriétaire pouvait, dès qu'il le voulait, sauf des conventions spéciales, évincer le tenancier en lui remboursant ses améliorations ». Anciens évêchés de Bretagne, III, prolégomènes].

(René Chassin du Guerny).

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