Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

L'EGLISE ET LES COUVENTS DE LA SEIGNEURIE ET VILLE DE QUINTIN.

  Retour page d'accueil       Retour page "Etude administrative de la seigneurie de Quintin"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Il était de tradition à Quintin que le Vieux-Bourg avait été la première paroisse. « Un acte conservé dans les archives de cette localité, donnait à son recteur le droit de porter le saint sacrement le jour du sacre à Quintin. On ignore pourquoi et à quelle époque cet usage tomba en désuétude ; peut-être quand on délimita les deux évêchés de Saint-Brieuc et de Cornouailles, dons les bornes étaient demeurées longtemps incertaines » [Note : Notes manuscrites datant de la fin du XVIIIème siècle. Le vieux bourg de Quintin était de l'évêché de Cornouailles, tandis que la ville de Quintin était de celui de Saint-Brieuc].

Avant la fondation de Geoffroy Botherel et de Béatrix de Thouars son épouse, 1405, il n'y avait pas d'église paroissiale à Quintin, la messe était dite dans la chapelle du château, appelé « autel de l'ange gardien ou de la charité » et tous les offices curiaux, fiançailles, bannies, mariages, y étaient célébrés. Le comte et la comtesse de Quintin firent construire une église qui prit le nom de « Notre-Dame de Blain ». Ils donnaient : « cent vingt livres tournois de rente assise sur les dimes de la paroisse de Quessouay, en la Chatellenie de Moncontour, au diocèse de Saint-Brieuc, à la somme de 36 tonneaux, 6 perées de gros blé à la mesure du dit lieu de Moncontour, de rente annuelle et perpétuelle valans communs ans la somme de 120 livres de la dite monnaie monnaie… à ceux qui seront pour le temps avenir, doyen et chapelain ». En outre les « dimes des trois cours ou parcelles de la paroisse de Quintin, c'est-à-dire du bourg de Quintin, du Vauchermelin, de Cressoual, entièrement, ainsi qu'ils sont accoutumés à être divisés des autres cours, sous la charge de 25 perées de gros bled de rente annuelle deue à Colin du Bruel et 20 perées du dit bled de rente annuelle deue à Guillaume de Pledran, montant à 45 perées, la quelle somme nous voulons être payée aux du Bruelet de Plédran, dessus les dimes des trois cours pour toute charge et quittement des autres charges, lesquelles sont : à scavoir, la charge de 5 tonneaux de gros bled, que feue Madame notre mère que Dieu absolve, ordonna pour la fondation d'une chapelle en la dite église paroissiale de Quintin ; 4 perées d'orge deues à l'abbaye de Bosquien ; demie-perée de gros bled à la fabrique de Quintin ; de 14 perées de gros bled deues à Mr Rolland Madeuc, chevalier, retenus à payer sur les autres dîmes de la paroisse ». Les doyen et chapelains jouissaient sur ces cours de 36 tonneaux et 6 perées, moins les 45 perées qui restaient dues aux seigneurs du Bruel et de Plédran. « En outre, avons voulu et ordonné, voulons et ordonnons que les deux clers cureaux ordonnés par nous, et que nous devons tenir à estre présens et aidant au divin sacrifice, faire ès heures et messes collégiaux, qui seront revocables à notre volonté et à celles de nos successeurs, aient et prennent chacun an durant leur temps, 18 perées de gros bled au cours du Bouessic, paroisse de Quintin, divisées par moitié entre les deux ». « Et en outre pour la somme de 60 sols tournois d'annuelle et perpétuelle rente par nous ordonnez pour célébrer une messe par le dit doyen et chapellain en la chapelle de Notre-Dame de la Porte de Quintin, cède à héritage à jamais, les sommes et chacunes des rentes qui ensuivent : dessus la place et maison de Jean Pierre, rente 16 sols, Geoffroy Mengui 16 sols, Boschier Pepin 10 sols, Geoffroy Droualais, autrefois Guillaume Le Gal 12 sols, Olivier Perrin, autrefois Guillou Kerital, autrefois Guillou le Tareignon 3 sols, partie dans la paroisse et faubourg de Quintin ». Geoffroy Botherel s'engageait également à construire une habitation « convenable » pour les doyens et chapelains ; il leur promettait quatre charretées de foin par an, ou à leur défaut 100 sols et leur « octroyait l'usage perpétuel en sa forêt et bois de Couetra, tant pour la réparation de la dite chapelle que de leur maison, et pour leur chauffage, à leur être baillé à marteau par ses officiers, et en cas que iceux officiers en seraient refusant ou déloyant, iceux suffisamment requis, les dits doyens et chappelains pourront en prendre et emporter pour eux, ou d'autres en nom d'eux raisonnablement et au moins endommageable de notre dite forêt, nonobstant l'absence de nous et des dits officiers » [Note : Dom MORICE, Preuves de l'Histoire de Bretagne, fondation de la collegiale de Quintin, II, 748, 754. Archives de Bretagne. Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, VI, 2314].

Une fois la collégialle fondée, le comte et la comtesse de Quintin adressèrent au pape une supplique pour qu'elle soit reconnue paroisse. La réponse se fit attendre pendant un an. Ce fut alors que les habitants de Quintin trouvèrent qu'il était préférable pour leur ville, déjà assez considérable et continuant à s'accroire, d'avoir une paroisse particulière, différente de l'église des chapelains. Ces derniers, pensaient-ils, obligés au chant du grand office seraient gênés pour accomplir les autres services paroissiaux. « Ils prirent à cœur cette affaire » et promirent de bâtir cette nouvelle église, à leurs frais, « dans le cimetière où était une chapelle que l'on nommait la chapelle sépulchrale ». Le seigneur loin de contrarier les projets de ses vasseaux chercha à les favoriser ; il s'engagea à établir « des coutumes » sur les foires du 3 juillet, des premier et dernier jour d'août pour atteindre la somme nécessaire à la construction ; et il promettait de plus de fournir les bois pour la charpente. Il y mit comme seule condition que les dimanches et jours de fête la grand'messe paroissiale serait chantée à l'église de Notre-Dame. Cette clause fut observée fidèlement jusqu'au XVIIIème siècle ; à cette époque plusieurs dimanches furent retranchés, le prône ne s'y faisait plus et les prêtres de Saint-Thurian ne se rendaient plus à Notre-Dame.

La bulle du pape arriva enfin et la collégiale était désignée pour la paroisse de Quintin « ce qui affligea beaucoup tout le monde ». Pour obvier à cet inconvénient, il fut décidé de mettre dans l'acte dressé pour la réception de cette bulle, que la désignation de Notre-Dame était une erreur, la paroisse se trouvant hors des murs de la ville. D'où plaintes du doyen et des habitants du bourg, de son côté l'official de Tréguier refusa d'accepter cette décision.

Les offices curiaux se faisaient tous à Notre-Dame, les fonds baptismaux y avaient été installés en 1414, Geoffroy Botherel et Béatrix de Thouars firent une nouvelle fondation de cinq prébendes canoniales et la nouvelle église ne s'édifiait pas. Plus tard les seigneurs de Quintin voyant persister cet état de choses, refusèrent de donner les fonds promis par leurs prédécesseurs si la construction ne se faisait pas. « On se mit à l'œuvre et on commença cette église que l'on avait tant désirée, et dont on se passait si facilement. Une fois achevée elle fut mise sous le vocable de Saint-Thurian ». « Le doyen et les chapelains de la collégiale s'y rendaient chanter la messe assistés d'une nombreuse affluence, qui diminua bientôt et il finit par y aller si peu de monde qu'ils cessèrent d'y célébrer les offices » (Archives du château de Quintin).

A la prière de l'évêque de Saint-Brieuc l'ancienne coutume interrompue d'aller chanter la messe à Saint-Thurian fut reprise et les sieur et dame Alaneau de la Grangerie, dont le manoir était voisin de cette église, firent une fondation afin que les vêpres y fussent dites et lui donnèrent « un tabernacle et un ciboire ». Malgré celà un grand nombre d'habitants de Quintin considéraient toujours Notre-Dame comme la véritable paroisse. (Archives du château de Quintin)

Depuis 1420, les chapelains de Quintin possédaient le titre de chanoine. L'évêque de Saint-Brieuc, Alain de la Ruë [Note : Alain de la Ruë était, dit-on, né à Saint-Brandan. Il fut nommé évêque de Léon en 1611, puis évêque de Saint-Brieuc en 1619, conseiller du duc Jean V il avait pris chaudement son parti lors de la trahison des Penthièvre. Décédé le 4 juin 1424. Dans les anciens évêchés de Bretagne il est dit que le manuscrit de 1726 rapporte qu'Hervé Huguet de Boiscolin, évêque de Saint-Brieuc de 1431 à 1435, ajouta deux chanoines à la collégiale de Quintin], frère du doyen de la collégiale François de la Ruë, leur avait accordé de porter le camail, comme celà se faisait déjà dans plusieurs autres collégiales.

Comme on le voit le doyen de l'église de Notre-Dame de Quintin était également recteur de la paroisse Saint-Thurian et ses chanoines venaient l'aider pour les offices. Pour celà, il avait droit à 8 sols, ainsi que le chapitre, c'était plutôt qu'une rénumération « un droit de préeminence de la grande église sur Saint-Thurian et une marque de reconnaissance pour l'origine que celle-ci tirait de cette première église ». Mais l'évêque de Saint-Brieuc résolut d'envoyer à Quintin des prêtres « étrangers » pour « se joindre au peu qui y étaient et mettre le doyen recteur dans la possibilité de desservir sa paroisse sans le secours des chanoines ». Ces derniers protestèrent vivement et reclamèrent un droit dont ils étaient en possession et qu'ils avaient exercé de tout temps. Ce fut alors, dit la chronique, qu'on les pria « en mots clairs et intelligibles de se retirer de leur église, de n'y plus revenir, d'en emporter leurs habits de chœur et tout ce qui leur appartenait. On les regarda comme les chapelains du seigneur, destinés à chanter leurs offices, à régler leur chœur et leur chant et non à s'occuper de la paroisse ». Le chapitre présent a une requête à l'official, puis voyant l'affaire traîner en longueur, il alla devant le présidial. Pendant ce temps tout restait en suspens, selon le bon plaisir des habitants de Quintin, les cérémonies avaient lieu tantôt dans l'une, tantôt dans l'autre des églises. A la mort de M. Landais, doyen et recteur, le général et le clergé de Saint-Thurian voyant qu'il se faisait beaucoup plus d'enterrements à la collégiale que dans leur paroisse présentèrent une requête au parlement. Celui-ci leur donna gain de cause en décidant que la fabrique et le clergé de Saint-Thurian toucheraient les droits des cérémonies faites à la collégiale, comme si elles avaient eu lieu dans leur paroisse. Privés de leurs droits sur Saint-Thurian, les chanoines perdirent aussi les dîmes sur la paroisse de Quintin, qui consistaient en 32 tonneaux de seigle et 4 de froment, et les coutumes des foires qui étaient affermées 2.400 livres (Archives du château de Quintin).

Nous avons vu en étudiant la communauté qu'au commencement du XVIIème siècle la connaissance des affaires du général lui avait été accordée. « Celà avait amené une grande confusion et en présence de ce désordre, des représentations et des mémoires dressés sur cet objet, la communauté reconnut l'abus d'usage où elle était » et abandonna ses droits par une délibération du 5 novembre 1740.

Un arrêt du parlement de Bretagne du 17 janvier 1742 établit un règlement pour le général et la fabrique de Saint-Thurian de Quintin [Note : « Arrêt de la Cour rendu sur les remontrances et conclusions de M. le procureur général du roy, portant règlement pour la paroisse de Saint-Thurian de Quintin, du 17 février 1742 ». Rennes, Guillaume Vatar, imprimeur du roi, du parlement et du droit, au coin du Palais, à la palme d'or, 1742. « La Cour, faisant droit sur les remontrances et conclusions du procureur général, a déclaré les arrêts et règlement concernant les généraux des paroisses et les droits des fabriques de la province communs avec la paroisse de Saint-Thurian de la ville de Quintin »].

Dans la huitaine après la publication de l'arrêt les fabriciens étaient obligés d'avoir un registre sur papier timbré, chiffré et millesimé par le juge du lieu. Les délibérations devaient avoir lieu dans la sacristie et être insérées sur ce registre, elles ne pouvaient désormais avoir lieu à l'hôtel de ville, ni être portées sur les registres de la communauté sans qu'il y ait nullité.

Aux assemblées capitulaires ne devaient entrer que les juges, le recteur et « ceux qui ont passé en charge de fabriciens et ont rendu et soldé leur compte : entre lesquels seront élus par le général, douze délibérants qui seront tenus d'assister aux dites assemblées, sous peine de 10 livres d'amende au profit de la fabrique, à moins de légitimes empêchements. ». Ces assemblées étaient indiquées par le recteur ou curé « à l'endroit du prône de la grand'messe de la dite paroisse, ou à l'issue d'icelle par les trésoriers, notaires ou sergents sur ce requis ». La présidence était attribuée aux juges, ou à leur défaut, au plus ancien des fabriciens délibérants ; le recteur pouvait néanmoins occuper la première place, signer le premier les délibérations, donner sa voix immédiatement avant celui qui présidait, « sauf au dit recteur à représenter avant la délibération ce qu'il trouvera à propos pour le bien de l'église et de la fabrique, seulement par forme de simple proposition ». La présence de 12 délibérants, sachant signer, était nécessaire pour la validité de la réunion.

Les fabriciens étaient nommés chaque année le dimanche de la Passion ; huit jours auparavant une assemblée capitulaire arrêtait le nom des « sujets qui devaient être proposés et jugés convenables à la pluralité des voix ». La liste était « insérée sur le registre, sans qu'il y pût être fait, lors de l'élection, aucun changement, et nul suffrage ne serait reçu que pour ceux qui y étaients inscrits ». Aussitôt l'élection faite le nouvel élu venait prêter serment, souscrire sur le registre son acceptation, et entrait en fonction le dimanche de la Quasimodo.

Vers 1762, le général de Saint-Thurian s'aperçut que l'église paroissiale menaçait ruine. Sur sa réquisition, le sieur Perrond, ingénieur des ponts-et-chaussées au département de Saint-Brieuc, constata le 1er septembre 1763 son mauvais état (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 1.210).

Les habitants de Quintin demandèrent au roi « d'ordonner que leur église serait vue et visitée par experts, pour sur leur avis être procédé à sa démolition et à la construction d'une nouvelle ». Dans une lettre datée du 11 août 1765, le comte de Saint-Florentin demandait au subdélégué de l'Intendance de lui « marquer si cette église menaçait une ruine aussi prochaine que l'exposaient les habitants, et s'il n'y avait nul inconvénient de proposer au roi de leur accorder les conclusions qu'ils avaient prises dans leur requête ». M. de Clevry répondait, le 19 août, que « l'église menaçait une ruine certaine et inopinée, qu'on présumait devoir arriver auparavant la fin de l'hiver », qu'il était nécessaire de retirer les autels et les meubles de la sacristie, pour qu'ils ne soient pas trop endommagés par une chûte imprévue (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 1.210).

Avant de donner satisfaction le comte de Saint-Florentin voulut prendre l'avis des principaux seigneurs résidant en Saint-Thurian et du chapitre de Saint-Brieuc.

Le duc de Lorges avait été informé de cette question par les commissaires nommés par le général, en mai 1765, il n'était pas très partisan de la reconstruction de l'église ; et la duchesse de Lorges demandait que la chapelle des Carmes, où depuis un an avait lieu l'office paroissial, remplaçât Saint-Thurian « que la cabale voulait faire abattre de fond en comble, sans réfléchir aux conséquences ruineuses et peut-être à l'inutilité d'un pareil ouvrage » (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 1.210).

En 1767, les seigneurs de Crenan et de la Noë-Seiche écrivent un mémoire pour le mal fondé de cette reconstruction. Le chapitre de Saint-Brieuc « gros décimateur de la paroisse de Quintin » s'exprime en ces termes : « L'église Saint-Thurian est grande et vaste plusqu'il n'en faut pour contenir les paroissiens dont le nombre a considérablement diminué avec le commerce des fils et toiles, qui est toute la richesse du pays, et qui est devenu si médiocre depuis bien des années, que les ouvriers ne pouvant plus gagner leur vie vont chercher ailleurs quelque ouvrage pour subsister. Les habitants de Quintin trouvant au milieu d'eux une collégiale dont le doyen est recteur et trois autres églises où l'on célèbre les offices divins, fréquentent très peu l'église paroissiale qui est à la campagne, éloignée de la ville. Cette église peut se diviser en trois parties : la tour où est le portail, la nef et le chœur. La tour où est le portail est belle, faite à neuf depuis trente ans ; la nef est composée de deux rangs de piliers dont quelques-uns ont besoin de réparations ; le chœur est beau et en bon état. Le ruineux projet de raser jusqu'aux fondements une église qui a le malheur de n'être pas construite dans le nouveau goût a été insinué aux délibérants, peu ou point intéressés dans la dépense, par un ingénieur qui a envie d'élever un bel édifice de 50.000 écus » (Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 1.210). A celà le général répondait que le chapitre voulait se soustraire à une dépense nécessaire, il n'était propriétaire que du chœur, et depuis plus de deux siècles il n'avait fait aucune réparation.

En 1769, la duchesse de Lorges écrivait que « malgré les expressions du danger le plus imminent, le bâtiment condamné n'a souffert depuis deux ans d'aucune altération nouvelle ».

Une ordonnance rendue par M. de Fleselles, le 3 mai 1767, désignait le sieur Dorotte, ingénieur des ponts-et-chaussées à Rennes, pour la visite de l'église. Sur son avis le conseil du roi rendit enfin son arrêt le 11 septembre 1773 : « Le roi étant en son conseil a ordonné et ordonne que l'église paroissiale de Quintin sera démolie en entier et qu'il en sera construit une nouvelle sur le même emplacement ». Un expert nommé par l'intendant ou son subdélégué devra procéder « à la vérification des marques de dignité, supériorité, fondation et préeminances qui se trouveront soit intérieurement, soit extérieurement de la dite église ; dont il sera rapporté procès-verbal, lequel contiendra les dires, réquisitions, consentement ou contestation des parties. Ordonne qu'il sera dressé un plan et devis estimatif de la reconstruction, en observant les ouvrages qui devront être faits par les seigneurs fondateurs, gros décimateurs ou autres seigneurs et ceux se trouvant à la charge du général de la paroisse, qu'il sera procédé à une adjudication au rabais de la démolition et reconstruction de l'église » [Note : Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 1.210. Les seigneurs fondateurs durent faire opposition ; et l'église ne fut ni démolie, ni reconstruite].

La collégiale de Quintin possédait une précieuse relique, c'était un « fragment de roseau à mailles inégales, vénérée depuis des siècles comme ayant appartenu à la ceinture de la Sainte-Vierge » [Note : Deux notices ont été publiées sur cette relique : Notre-Dame de la Délivrance et la ceinture de la Sainte-Vierge à la collégiale de Quintin en Bretagne. Deuxième édition (Le Mans, Monnoyer, 1881). Suivant cette notice, le donateur de la relique est Geoffroy Boterel, premier seigneur de Quintin. La ceinture de la Sainte-Vierge conservée à Quintin par Mr DE LA BORDERIE. (Saint-Brieuc, Prud'homme, 1890) refutant cette opinion d'après l'enquête de 1611, disant que la plus ancienne mention de la ceinture à Quintin est du règne de Pierre II, 1450 à 1457, donnant comme conclusion probable qu'elle a été apportée par Isabeau de Montauban, épouse de Tristan du Perier, comte de Quintin avant 1451, et citant à l'appui de cette opinion le cantique populaire composé par l'abbé Le Floch de Volozeene, grand chantre de Saint-Brieuc, vers 1735]. Il n'existe aucun document sur son origine avant le commencement du XVIIème siècle. En janvier 1600, un incendie consuma entièrement la sacristie de la collégiale et la relique fut retrouvée, quelques jours après, intacte au milieu des cendres. Les registres capitulaires de l'église mentionnèrent le fait et en 1611, l'évêque de Saint-Brieuc ordonna une enquête canonique. Plusieurs témoins furent appelés et nous font connaître l'opinion courante à cette époque. Le doyen de la collégiale déclare « qu'il a ouy dire des anciens la ceinture de Notre-Dame avoir été apportée par les anciens seigneurs de Quintin, de la Terre-Sainte ». Un chanoine rapporte « avoir ouy dire des anciens, la dite ceinture avoir été rapportée par les seigneurs de Quintin ou de Laval ». Marie Le Flo, veuve de Jean Le Bras « a ouy dire que la ceinture de Notre-Dame avait été ici apportée par les anciens seigneurs de Quintin, des païs lointains où ils étaient allés à la guerre, n'ayant voulu après leur victoire pour toute part de butin, que le dit présent joyau ». Un autre chanoine dépose « avoir été par ses parents mis enfant de chœur en la dite église dès l'âge de cinq ou six ans, dès lequel temps comme dès auparavant, regardait en la dite église la Ceinture de Notre-Dame, touchant laquelle se souvient avoir ouy dire des anciens y avoir eu autrefois acte au dit chapitre portant attestation authentique de la sainteté d'icelle relique, et qu'autrefois elle avait été rapportée du dit lieu de la Terre-Sainte, par les anciens comtes de Quintin » [Note : Enquête sur la présentation miraculeuse de la ceinture de la Sainte-Vierge, conservée à la collégiale de Quintin].

« L'ignorance complète du nom du donateur, dit Mr de la Borderie, allant même jusqu'à l'incertitude sur le nom de la dynastie seigneuriale à laquelle il appartient est le principal caractère de la tradition formulée dans l'enquête de 1611 ».

La paroisse de Saint-Thurian de Quintin avait comme dépendance l'église treviale du Fœil ; Une trève avait son général, son église, son clergé, son administration distincte, mais elle ne jouissait que d'une demi indépendance [Note : A. DUPUY, Etudes sur l'administration municipale en Bretagne au XVIIIème siècle. Luttes des paroisses avec les treviens. Quintin contre la trêve du Foeil (Archives de Quintin, registres de Saint-Thurian)]. Le doyen recteur de Quintin plaçait au Fœil un curé ou un vicaire pour faire les offices il allait quelquefois lui-même voir comment ce curé s'acquitait de ses obligations et disait alors la grand'messe.

En 1710, un prêtre « mal consulté » dit l'arrêt de la cour, s'était avisé de prendre « un dévolu sur la dite rectorie de Saint-Thurian, supposant à sa Sainteté que sa paroisse était incompatible à être possédée par une même personne avec le doyenné ». C'était par surprise qu'il avait obtenu son entière liberté, cachant au pape que les bénéfices de Saint-Thurian avaient tous été admis par un de ses prédécesseurs dans la bulle de 1405. « Malgré cela ce curé se défendait et le duc de Lorges faisait opposition à cette chose aussi contraire et préjudiciable à ses droits de patronage et de présentation ». Le dimanche 19 octobre, M. Antoine Rouxel de Laverty, doyen de Quintin, arrive au Fœil pour chanter la grand'-messe ; à peine a-t-il commencé l'aspersion de l'eau bénite, que la comtesse de Lannion, propriétaire de la seigneurie de Crenan, se lève et déclare hautement qu'elle ne veut pas laisser le doyen officier, et elle défend au curé et aux autres prêtres présents de l'assister. Le doyen fut obligé de se retirer dans la sacristie, mais il porta plainte au parlement de Bretagne qui par arrêt du 4 novembre 1710, le rétablit dans l'exercice de ses fonctions curiales dans la trève du Foeil [Note : Arrêt du 4 novembre 1710, signifié le 29 mai 1711, M. de Brilhac, premier président, M. de la Bigottière, rapporteur].

Il existait dans la ville de Quintin deux couvents principaux, celui des Carmes et celui des Ursulines. Ce dernier ordre avait dû être amené au XVIIIème siècle par la duchesse de Lorges [Note : Titres du château de Quintin. En 1764, mention de l'affaire des Ursulines de Quintin]. Celui des Carmes remontait au commencement du siècle précédent.

En 1618, les « principaux habitants » de Quintin, trouvant que « le peuple résidant tant dans la ville que les paroisses circonvoisines, n'était pas suffisamment instruit des devoirs auxquels tout chrétien et catholique est obligé, et tombait dans une grande ignorance, résolurent de rechercher un remède pour étouffer ce mal et prévenir un plus grand ».

« Etant instruits de la dévotion, de la bonne vie, mœurs et prédications des révérends pères carmes reformés » ils voulurent obtenir d'eux l'établissement d'un couvent de leur ordre dans la ville. La communauté de Quintin délégua Sire Sébastien Le Coniac sieur des Noës et Pierre Le Rouxignol, son beau-frère, pour aller présenter ses propositions au chapitre provincial des Carmes réuni à Pont-l'Abbé. Ils offraient de nourrir et de loger les religieux pendant qu'on leur construirait un couvent. Pour exécuter ce projet ils possédaient 15.000 livres en réserve.

Les religieux acceptèrent et députèrent le Père Pierre Deniart, procureur de la fabrique. Le P. Deniart accompagné du Frère Pierre de la présentation vint devant l'assemblée « des nobles bourgeois et habitants » de Quintin, qui était composée de : Jean de Suasse, écuyer, sieur du Colledo, n. h. Pierre Josles, sieur des Landes, Henri Le Coniac, sieur de la Villeauray, Messieurs les sénéchal lieutenant et procureur fiscal du comté, n. h. Michel Le Bras, sieur de Kerhamon pour n. h. Martin Le Bras, sieur du Cartier, son frère, procureur syndic, n. h. Jean Le Coniac, sieur de la Villeaupilon, Jean Lesné, sieur de la Saudraye, Barthélémy Le Charpentier, sieur de la Brousse et Mathurin Michel, sieur de la Malherre, ci-devant, procureur syndic, tous députés de la communauté. L'accord eut lieu en présence de Daniel Hay, écuyer, sieur de la Motte et du Chastelet, intendant général des affaires et maison du duc de la Trémoille, et Me Hervé Le Coniac, écuyer, sieur de Toulmen, conseiller au parlement de Bretagne. Il fut stipulé que les religieux établiraient un couvent à Quintin, moyennant la somme de 15.000 livres et la moitié du devoir des boissons de la ville. Des lettres patentes seraient obtenues du roi pour faire vérifier tant au parlement qu'à la Chambre des comptes, l'autorisation de disposer des deniers de ce droit en faveur des pères carmes, « nonobstant ce qui était porté sur les lettres d'octroi et leur arrêt de vérification ».

Les Carmes s'engageaient à être toujours au nombre de dix et à fournir des prédicateurs à l'église collégiale et à Saint-Thurian, pour le carême, l'avent, les fêtes solennelles et les premiers dimanches du mois. Ils devaient instruire les enfants et le peuple de la ville et des faubourgs, leur permettre d'assister aux leçons de rhétorique et de philosophie qui se feraient chez eux, visiter et assister les malades.

Tous les premiers mercredi du mois ils célébreraient un service en mémoire des défunts seigneurs, dames et habitants de Quintin.

Le duc de la Trémoille, « nouvellement converti du calvinisme », approuve pleinement les projets de ses vassaux. Plusieurs d'entre eux favorisèrent aussi l'arrivée des Carmes. Sébastien Le Coniac leur abandonna sa chapellerie et prieuré de Saint-Jean, qui avait comme redevance un certain nombre de boisseaux de vin. En juillet 1623, Hervé Le Coniac, sieur de Toulmen, conseiller au parlement de Bretagne, agissant au nom de son père Jean Le Coniac, sieur de la Villeaupilon, qui déjà avait contribué à la construction du couvent et avait hébergé les religieux dans une maison lui appartenant, accorde aux carmes une rente de 100 livres. Il devait être reconnu lui et sa famille comme les premiers bienfaiteurs, après le duc de la Trémoille et la communauté de Quintin et pouvoir apposer ses écussons « en la maîtresse vitre du grand autel du couvent » qui avait pris le nom de Bonne-Nouvelle, « au-dessus de tout autre, fors les précédentes et avoir dans leur chapelle un enfeu prohibitif ».

En 1633, la dame de la Noë-Seiche fait don aux carmes d'une pièce de terre.

Dès le siècle suivant le couvent des carmes commença à tomber en décadence. La duchesse de Lorges écrit en effet, en mai 1769, pour conseiller de prendre l'église des carmes comme paroisse : « Vous savez la position où nous sommes vis-à-vis des Pères Carmes, il est prouvé que ces religieux ne remplissent aucune des conditions auxquelles ils se sont établis à Quintin et il est prouvé qu'ils ont à peine de quoi vivre pour six personnes, et que la perte qu'ils vont éprouver d'une rente de 450 boisseaux de blé, les met dans la nécessité indispensable de se réunir à une autre maison plus aisée » [Note : Archives d'Ille-et-Vilaine, C. 1210. Notes manuscrites datant du XVIIème siècle et titres du château de Quintin. Bulletin de la Societé archéologique d'Ille-et-Vilaine : « fondation de N. D. de Bonne-Nouvelle à Quintin »].

(René Chassin du Guerny).

© Copyright - Tous droits réservés.