Claude RANNOU |
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Barde Roc'h Allaz (1808 - 1869)Découvrez sa VIE et son OEUVRE (cliquez sur Vie ou Oeuvre) |
Rannou de Saint-Michel-en-Grève, cité auprès des quatre premiers ! Rannou qui, sauf chez les bardes de son époque, navait jamais rencontré quune assez médiocre audience ! Mais Le Goffic, qui songeait alors à ce livre quil na jamais écrit sur les bardes de Bretagne errants ou sédentaires nétait pas mal renseigné. Il nest pas étonnant quil en avait parlé à Maurice Barrès qui, on sen doute, navait aucune connaissance de la langue bretonne et neut pas le temps, au cours des trois semaines quil passa du côté de Lannion et de Morlaix, dinstruire une sérieuse enquête sur lart, la littérature, le charme des filles de Bretagne et livrognerie de ses hommes.
Exception faite dune sorte de notice publicitaire paru en 1838 et dont il sera incessamment question, se rapportant au temps où Rannou débutait dans les fonctions dinstituteur, cest uniquement à ses « confrères » en bardisme quil dut sa réputation. Elle était méritée sans doute puisque le Journal de Lannion accueillait volontiers ses productions, et puisque Luzel, Le Scour, Jean-Marie Le Jean, dautres encore faisaient cas de son talent.
Jean-Marie Le Jean dit de lui :
« Ha te, roch ar strobinel pe welloch Roch-Allaz Digas deomp ivez Rannou, breizad stard a viskoaz Gand he Laouenidigez da holl varzed ar vro, Ker Kouls hag ar « chlachar-gan » saved a nevez so. » |
Bien quaucun de ses écrits en langue bretonne ne soit venu à notre connaissance antérieurement à la date de 1861, il nest pas douteux quil avait depuis plusieurs années attiré lattention sur lui, puisque Benjamin Jollivet le cite dès 1859.
Le livre que Goffic nécrivit pas, fut écrit et publié en 1895 par le poète nantais Joseph Rousse, qui ne manqua pas de consacrer quelques lignes à Claude Rannou :
« Peu dannées avant J.-M. Le Jean, a-t-il écrit, était mort à Saint-Michel-en-Grève, près de Lannion, un autre instituteur, Rannou, le barde de Roch-Allaz, la Roche du Meurtre, qui avait moins de talent, mais mérite de ne pas être oublié ; parmi ses poésies on cite une jolie ballade, La Femme du Matelot. Le 3 août 1861, il avait fait paraître dans le journal Le Bas-Breton un chant intitulé : Laouenidigez da holl Varzed Breiz La joie de tous les poètes de Bretagne où il disait : Voici venir les bardes du temps passé ; ils étaient morts ; maintenant ils séveillent de leur sommeil, ils sont dans le pays.. Ses vers, comme ceux de J.-M. Le Jean, nont point été réunis en volume. Dans les derniers temps de sa vie, il tenait une auberge à Saint-Michel-en-Grève. Il est enterré au pied du clocher de ce bourg dans le cimetière quassiègent sans cesse les vagues, si bien que, pendant les tempêtes, elles en ont plusieurs fois arraché les ossements et même des cercueils. Il y a laissé de très bons souvenirs, car, un soir dautomne, jai entendu des enfants, qui déchiffraient son épitaphe, en parler avec admiration, tandis quassis sur le mur de cimetière, je regardais les goélands planer dans le ciel, et les chariots de varechs traverser la grève de la baie immense, traînés par des chevaux trécorrois qui faisaient tinter au loin leur grosse sonnaille. ».
Si Joseph Rousse, dont les scrupules dexactitude sont indéniables, a entendu les enfants de Saint-Michel-en-Grève « parler avec admiration » de Rannou, cest quil fit son pèlerinage au cimetière marin de la bourgade très peu de temps après la mort du barde-aubergiste, alors quils pouvaient avoir encore en mémoire quelques-uns des chants populaires composés dans les dernières années de sa vie. Car loubli sest étendu rapidement sur cet humble et curieux personnage, quil peut être intéressant de faire ou revivre ou plutôt connaître.
[ Inspiré des articles que Léon Dubreuil a publié en 1952 dans la Nouvelle Revue de Bretagne (revue aujourdhui disparue)]