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BEAULIEU dans le pays de Redon

Un aveu du 23 mai 1542 nous donne la description des dépendances de Beaulieu. Maison, manoir, métairie, jardins, vignes, vergers, bois ancien et de revenu, le tout comprenant 16 journaux, joignant le chemin de Redon au Pâtis-Collobel, celui de la Gaudinais, audit Pâtis, etc. ; le bois de haute futaie de 7 journaux, joignant ledit chemin de Redon au Pâtis-Collobel, le chemin de la Geleusie (la Jalousie) audit Pâtis, d'un bout au chemin Rennais ; plus 4 journaux de labour joignant le chemin de Beaulieu à Redon et celui de la Geleusie audit Pâtis. Ces terres étaient nobles et sujettes à foi, hommage et rachat.

Depuis le XVème siècle jusqu'en 1758, Beaulieu ne cessa d'appartenir à la famille du Rochier anoblie en 1442 et qui portait pour armes : d'argent à la fasce de gueules accompagnée en chef de 2 coquilles de sable et en pointe d'une molette d'éperon aussi de sable [Note : Tout ce qui concerne la famille du Rochier et Beaulieu est extrait des Archives du château du Tertre, en Pipriac, des actes paroissiaux et des Archives d'Ille-et-Vilaine (fonds de l'Abbaye de Redon)].

Raoul du Rochier s'arma en 1420, à Redon, pour le recouvrement de la personne du Duc. Guillaume du Rochier, paroissien de Redon, fut anobli en 1442 (Archives de la Loire-Inférieure).

Guillaume du Rochier, qualifié « Noble Homme écuyer seigneur de Beaulieu », épousa, vers 1475, Guillemette Le Bascle, fille de Tristan Le Bascle et Olive Pollo. Ils eurent entre autres deux enfants : Jean, qui suit, et Guillemette qui, en 1509, était femme de Jean du Tertre, seigneur du Rozay. Guillaume mourut en 1521.

Jean du Rochier, seigneur de Baulieu et de Coquelin (en Bains), épousa, vers 1519, Jeanne Cecillon, fille de Guillaume Cecillon, seigneur de Kerfur (en Guérande) et de Jeanne de Kerguisec, et veuve de Guillaume Couldebouc, écuyer sieur du Tuel.

Jean du Rochier, leur fils, baptisé à Redon, le 23 avril 1520, seigneur de Beaulieu, la Provostaye (en Bains), Cotard, etc., fut un des personnages du Pays de Redon les plus riches et les plus considérés de son temps, alloué de Redon. Par acte du 2 novembre 1570, il acheta le fief de Cotard qui était voisin de Beaulieu, à Jean de Fescan, sieur des Chambots, greffier criminel au Parlement de Bretagne. Marié vers 1545 à Jacquette Le Bozec, soeur puînée de Jacques Le Bozec, sieur de Saint-Lo, et de la Galopinière, il mourut au commencement de 1586 après avoir eu 6 enfants : - 1° Alexandre, qui suit ; - 2° Bertranne, née en 1547, mariée à Arthur Le Floc, sieur de Kerboutier (Noyal-Pontivy) ; - 3° Perrine, née en 1548, mariée vers 1566 à Jean Couriolle, sieur de la Fosse-Piquet (Bains) ; - 4° François, née en 1550, qui fit ses études à Paris et vivait encore en 1570 ; - 5° Marthe, soeur jumelle de François, mariée par contrat du 23 janvier 1577 à écuyer Julien de Kerveno, sieur de Kerroux ; - 6° Yvonne, née vers 1560, mariée avant 1580 à messire Michel Le Petit, écuyer sieur de la Vallée (Cournon) et de la Provostaye (Avessac).

Alexandre du Rochier, écuyer, seigneur de Beaulieu, Cotard et la Provostaye (Bains), baptisé le 15 novembre 1546 eut pour parrain Alexandre de Cennina, noble Italien qui était procureur général de l'abbé de Redon et fermier général de l'Abbaye. Son père voulu lui donner une éducation soignée et l'envoya avec son frère cadet faire leurs études à Paris où il étaient en 1570.

Un acte, portant la date du 31 décembre 1570, nous fait voir que « hôtel du seigneur de Beaulieu », était situé rue aux Feuvres (place du Parlement actuelle). Alexandre mourut vers 1623 après avoir épousé, vers 1578, Beatrix Le Floc qui lui apporta entre autres le Bas-Drenic, près de Moncontour. Ils eurent 8 enfants, entre autres : - 1° Françoise, née en 1578, mariée par contrat du 11 novembre 1603 à Louis Peschart, seigneur du Meslouër, fils aîné du seigneur de la Bothelleraye. A l'extinction de la famille du Rochier, ce fut aux descendants de cette Françoise que passèrent Beaulieu et Cotard ; - 2° Julien, qui suit ; - 3° Perronnelle, née en 1590, dame du Drénic.

Julien du Rochier, seigneur de Beaulieu, Cotard, la Porte-Pislart, le Lestier, le Boisrio, la Provostaye, etc., fut baptisé le 17 mai 1589. Il épousa, à Béganne, le 6 décembre 1619, en la chapelle Notre-Dame du Pont du Lestier, Catherine de Maigné, dame du Lestier, fille d'écuyer Yves de Maigné et de Catherine Henry, seigneur et dame du Lestier. Julien du Rochier mourut à la Drouillaye (Saint-Vincent-sur-Oust), chez son gendre de Larlo, en novembre 1652. Sa femme avait été inhumée à Béganne le 6 décembre 1644 en la chapelle Notre-Dame de l'église. Ils eurent 7 enfants parmi lesquels il convient de citer : - 1° Julienne, née en 1623, mariée par contrat passé à Beaulieu le 12 août 1640, et célébration du 22 janvier 1641 à Redon à écuyer François Deno, seigneur de Larlo ; - 2° Charles dont on va parler ; - 3° Né en 1628, écuyer sieur de la Provostaye, marié à Peillac, le 31 juillet 1671 à Julienne Mores, dame de la Grée-Bodéan, fille d'Yves Mores, sieur de la Noë, et inhumé à Caden, le 8 avril 1673.

Charles du Rochier, seigneur de Beaulieu, etc., baptisé à Redon le 8 décembre 1624, abandonna son manoir de Beaulieu pour habiter le Lestier en Béganne qui lui venait de sa mère. Il épousa par contrat du 5 juillet 1652, quelques mois avant la mort de son père, Françoise de Sesmaisons, fille de François, seigneur de Tréambert, et de Renée de Kermeno. Il mourut en 1655 laissant deux enfants mineurs : René, qui suit, et Françoise, baptisée à Guérande le 20 mars 1655 et qui épousa par contrat du 16 juillet 1703 messire Maurice Auvril, chevalier seigneur de la Chauvière, Cohignac, Carné, conseiller doyen au Parlement de Bretagne. Elle eut en partage Beaulieu et Cotard, mais mourut sans postérité à son château de la Ville-Savary en Saint-André-des-Eaux, et ces biens revinrent à ses deux neveux.

René du Rochier, seigneur de Beaulieu, le Lestier, etc., che­valier de Saint-Louis, naquit le 11 octobre 1654 et fut baptisé à Béganne le 23 novembre suivant. Il habita alternativement son hôtel de Nantes, situé rue de Briord, et son château du Lestier. Il était capitaine au régiment de Dragons de Bretagne quand il épousa par contrat du 26 janvier 1680 Marie Bedeau, dame de Launay, fille de Mathurin Bedeau, seigneur de Saint-Lo, secrétaire et auditeur en la Chambre des Comptes, et de Marguerite Milsent. En 1696 il était lieutenant-colonel du même régiment. De ce mariage vinrent 4 enfants : - 1° Hilarion, qui suit ; - 2° François, née en 1688, dit le chevalier du Lestier, officier, chevalier de Saint-Louis, mort vers août 1754 sans postérité ; - 3° Joseph, chevalier du Lestier, né vers 1597, décédé à 40 ans, le 15 mars 1737 et inhumé le lendemain à Saint-Denis de Nantes.

Hilarion du Rochier, chevalier, seigneur du Lestier, Beaulieu, etc., capitaine de dragons, chevalier de Saint-Louis, naquit à Nantes le 1er juillet 1684, en l'hôtel de ses parents et fut baptisé le 5 à Saint-Vincent de Nantes. Il rendit aveu à l'Abbaye de Redon pour Beaulieu et Cotard le 31 août 1729 et épousa eu premières noces par contrat du 3 juin 1718 Marie-Thérèse de Poix, fille de Gilles de Poix, chevalier, seigneur de la Tourneraye, et de Marie-Françoise de Poix et qui était veuve d'Anne-Louis-Hubert de Lasse, chevalier, seigneur de Lasse, conseiller au Parlement. En secondes noces il épousa par contrat du 19 mai 1732, Julie-Marie d'Espinose, fille de Michel d'Espinose, chevalier, seigneur des Renaudières, et de Marie Guyonne de Santo Domingo. Le dernier acte qu'on connaisse de lui est une commission datée du 5 février 1756 pour messire Laurent Dayot de l'office de sénéchal et seul juge de la juridiction de Cotard. Il mourut sans laisser d'enfants le 4 août 1758 et fut inhumé le 5 à Saint-Denis de Nantes.

Avec lui s'éteignait le nom et la famille du Rochier de Beaulieu. La terre de Beaulieu et le fief de Cotard échurent alors à l'un de ses héritiers, messire Hyacinthe-Jean Le Chauff, seigneur de Léhellec, descendant, par les femmes, d'Alexandre du Rochier et Béatrix Le Floc, seigneur et dame de Beaulieu, en 1603. Il épousa le 22 mai 1764, Madeleine-Pélagie Picaud de la Pommeraye : leur fille, Anne-Marie-Pélagie Le Chauff, baptisée à Messac le 7 février 1765, fut mariée le 14 avril 1784 à Jean-François-Marie de Lambert de Boisjan et lui apporta Beaulieu qui fut vendu nationalement pendant la Révolution. (R. de Laigue).

Nota : texte actualisé et modifié par rapport au texte original.