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SEIGNEURIE DE BUARD |
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BUARD (ou Lanruas de Buat) dans le pays de Redon
Le château de Buard a porté successivement au cours des âges les noms de Lanruas, Buat et Buard, mais son nom primitif et réel est Lanruas, ou la Cour de Lanruas, ou la Salle de Lanruas.
Remarquons tout de suite qu'il y avait à Redon deux Lanruas d'ailleurs voisins l'un de l'autre et, tous deux, terres nobles : la Cour de Lanruas dont nous allons parler, devenu Buard ; et le manoir de Lanruas, ancienne dépendance, à n'en pas douter, du premier et séparé de lui à une époque inconnue.
Comme il a dû en être pour Beaumont, il est probable que Buard fut jadis fortifié et qu'il contribua à la défense de Redon. Sa grosse tour, son souterrain de sécurité destiné à favoriser les sorties en cas de siège, demeurent encore là pour le prouver. Quant au château actuel, tout en lui accuse le XVème siècle et peut-être la fin du XIVème : tour, tourelles, fenêtre ouvragée, sans parler de la galerie en bois qui formait balcon de la façade orientale, aujourd'hui disparue mais dont il existe un dessin très fidèle en notre possession.
D'où vient le nom de Buard qui a remplacé celui de Lanruas ? C'est ce que nous verrons plus loin. Mais il convient dès maintenant de dire qu'il existe en Bonnemain, près de Dol, une terre de Buat ou Buard. Au XIème siècle, Gaultier, prévôt du château de Combour (Combourg), acheta à Mainfinit, sénéchal de Rennes et à sa femme, nommée Commère, la terre de Buard « Gauterius, praepositus Comburnensis castelli terram de Buardis, emit a sinicaldo Redonensi nomine Mainfinito et ab uxore sua nomine Commatre ». Il paya cette terre 7 livres et offrit de plus 10 sols à la femme du sénéchal. Devenu maître de Buard, Gaultier donna cette terre aux religieux de Marmoutiers qui habitaient le prieuré de Combour : « Dedit hanc terram monachis Sancti Martini Comburn » Il stipula toutefois qu'il participerait aux bonnes oeuvres du monastère et qu'il y serait reçu sans conditions s'il voulait embrasser la vie religieuse. Comme le monastère de Combour (Combourg) ne fut fondé qu'en 1066, et comme ces actes se passèrent en présence de Geoffroy Le Bâtard, comte de Rennes, mort en 1084, c'est nécessairement entre ces deux dates qu'il faut placer la donation de Buard à Marmoutiers (Voir Dom Lobineau, Preuves, 120, 121).
Les
Bénédictins ne semblent pas toutefois avoir conservé très longtemps la terre
de Buard qui donna son nom à une famille noble, les du Buat. Buard, n'est plus
qu'un village de Bonnemain (Voir Guillotin de Corson, Pouillé de l'Archevêché
de Rennes, IV, 768, 769).
La Réformation des fouages de Bonnemain en 1513 donne indistinctement les deux formes du mot : Buard et Buat.
Raoul Le Gac était seigneur de Lanruas à la fin du XIVème siècle. Il ratifia le traité de Guérande à Redon le 14 juin 1381 en même temps que Raoullin Pollo, seigneur de la Diacrais, Eliot de l'Hospital, seigneur de la Rouardais et plusieurs autres seigneurs des environs. Il possédait des biens considérables en Redon, Renac, Sixt, Bruc, etc. Peut-être appartenait-il à la même famille que Jean Le Gac qui ratifia aussi lui, en 1381, le même traité et portait pour armes : « d'azur au dextrochère armé d'argent mouvant du côté dextre et tenant 5 flèches d'or en pal, ferrées et empennées d'argent » (Voir Pol de Courcy, Nobiliaire).
En tout cas, son nom et son souvenir demeurèrent longtemps dans la mémoire des Redonnais. La fontaine de Buard qui alimentait un ruisseau se jetant dans la Vilaine au coin du bois de la Houssaye, s'appela pendant tout le moyen âge « Fontaine Raoul Le Gac », et une rente dite « Rente Raoul Le Gac », avait été constitué par lui au profit de l'Abbaye portant obligation de 66 sols 2 deniers obole, et hypothéquée sur la seigneurie de Lanruas. Quand le duc Jean V fut fait prisonnier par les Penthièvre en 1420, Raoul s'arma pour sa délivrance en compagnie du sire de Rieux.
Raoul Le Gac eut une fille, Ysabeau Le Gac, laquelle fut héritière principale et noble de tous ses biens. Elle était femme en 1443 de Gilles de Romillé. Ils furent donc seigneur et dame de Lanruas [Archives de Trédion. Acte du 9 juillet 1443 (ms 1234) portant sentence de la Cour de Renac en faveur de Nobles Gens Gilles de Romillé et Ysabeau Le Gac, sieur et dame de Lanruas].
Jean
de Romillé, leur fils, fut après eux seigneur de Lanruas, de la Chenelaye et
d'Ardennes, vice-chancelier du Duc ; il était si renommé que Philippe de
Confines loua sa prudence (Laboureur).
Le duc l'employa en 1463 pour traiter avec le duc de Bourgogne, le comte de
Charolais et les Grands du Royaume mécontents du roi Louis XI. Il fut choisi
comme commissaire en 1471 et 1477 pour recevoir les montres à Dol. Il épousa
Marie du Buat, fille de Charles du Buat, seigneur de Landal. Mort vers 1480.
Jean de
Romillé eut l'honneur de recevoir quatre fois à la Salle de Lanruas la visite
du duc Jean V qui y signa plusieurs mandements les 12 février 1437, 15 mai
1439, 20 décembre 1441 et 5 mai 1442 (Blanchard. Mandements du duc Jean V). Peu
de temps après, Lanruas passa des mains de la famille de Romillé en celles de
la famille du Buat. On va voir comment.
Marie du Buat, femme de Jean de Romillé, avait un frére, Jehan du Buat, chevalier, tous deux étant enfants de Charles du Buat, seigneur de Landal. Ce dernier, fils unique, héritier principal et noble de son père, était encore mineur en 1436 sous la curatelle de Mahé Levesque, chevalier. En effet, par lettre du 8 décembre 1436, Jean V lui accorda un délai d'un an pour rendre hommage (Blanchard. Mandements du duc Jean V). Il fut chevalier, sire du Buat, seigneur de Lanruas et de la Fosse aux Loups en 1466 (Archives de Trédion. Enquête de la cour de Renac du 5 septembre 1466 pour Messire Jehan du Buat, chevalier seigneur du Buat et de Lanruas) et mourut, vers 1473, après avoir épousé (avant 1458) Catherine des Rames qui lui survécut et se remaria à Guy de la Bouexière, chevalier, seigneur de Montfort et de la Chalopinière [Note : Du mariage de la Bouexière des Rames est issu Guillaume de la Bouexière, chevalier seigneur des mêmes lieux, marié : 1° Vers 1513 à Mahaut du Buat, dame du Buat et de la Fosse aux Loups ; 2° A Jeanne Chesnel, fille de Georges et de Catherine de Rohan dame de la Ballue d'où descendent les seigneurs de la Ballue (Bibliothèque Nationale FF. 22318)] dont elle était veuve en 1489. Il y eut certainement, vers le milieu du siècle, un accord de famille entre Jehan et sa soeur Marie. Par cet accord, peut-être un échange, Lanruas fut cédé par la sœur à son frère et prit le nom de Lanruas de Buat.
Jean du Buat, chevalier, seigneur du Buat et de la Fosse aux Loups, fils dudit Jean du Buat et Catherine des Rames, fut ensuite seigneur de Lanruas. Il avait eu pour tuteur messire Pierre de la Marzelière, chevalier (Bibliothèque Nationale, FF. 22325), vivait en 1462 et mourut en 1489. Ecuyer du Duc, il reçut 20 livres pour ses gages, à commencer l'année le 1er décembre 1452 ; l'une des lances qui accompagnèrent le sire de la Marzelière dans le voyage qu'il fit en Guyenne avec le duc d'Etampes en 1453 ; l'une des 30 lances de la retenue du sire de Derval à Saint-Malo en 1455 ; homme d'armes de la retenue de Villeblanche en 1457 (Voir Dom Morice, II. 1627, 1689, 1718). Il eut un fils Jean, qui suit, et une fille, Mahaut, qualifiée dame de la Fosse aux Loups et du Buat, mariée vers 1513 à Guillaume de la Bouexière, chevalier, seigneur de Montfort et de la Chalopinière.
Jean du Buat, écuyer, sieur du Buat, la Fosse aux Loups, Limesle, la Guerche (en la Boussac) et Lanruas était mineur et sous la curatelle de messire Gilles du Tiercent quand il fournit à la cour de Rieux un minu à la mort de son père, acte daté de 1489 passé par G. du Rochier et Jehan Odic (Bibliothèque Nationale, Titre de Rieux). Il vivait encore en 1513 lors de la Réformation des fouages, en 1517 et 1521. C'est lui qui vendit aux Bénédictins de Redon le 10 décembre 1503 « la maison, manoir et métairie de Lanruas de Buat » pour 520 écus sol « au coin du Roy », avec charge de 66 sols 2 deniers obole de rente au profit de l'abbé (Voir Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, H. 31).
Devenu Buart, Lanruas Buat (Note : Dans le pays on prononce encore Bua au lieu de Buard) devint une métairie de l'Abbaye et resta en sa possession jusqu'à la Révolution. L'aveu rendu au Roi le 24 décembre 1677 nous donne une description fidèle de Buart. « Le lieu et métairie noble de Buart, maisons, grange, cour close, rue, issue, jardin, verger, prés, bois taillis et de futaie, vignes et trois pièces de labour savoir : le domaine de la Croix, celui de Laillé et le grand domaine ; le tout joignant au nord le chemin qui va de la Croix de Lanruas au Val, au midi la Grée de Laillé, au levant le Champoger, au couchant le chemin de la Houssaye à la Grée de Laillé, en tout 24 journaux ». (R. de Laigue).
Nota : texte actualisé et modifié par rapport au texte original.
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