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La chapellenie-prieuré de Saint-Barthélemy fondée par les ducs de Bretagne, consistait en « maison, pourpris, cour, rue et issue, jardins et terres labourables, le tout en un tenant entouré de murs, contenant par fonds, avec la chapelle qui est au devant et hors l'enclos et un canton de bois de décoration, six journaux joignant au levant le chemin de Redon à Vial, d'autre côté à la grée de Bahurel, d'autre bout aux terres du dit Bahurel ; plus trois autres pièces de terre sises aux environs, entre autres le " Champ des Prêtres " » [Note : Cette description est tirée d'un aveu de 1677. (Arch. départ. d'Ille-et-Vilaine ; H. 177)].

Cette chapellenie avait le droit de percevoir la « coûtume » sur les marchandises qui se vendaient à Redon le jour de la fête de la Sainte Croix (14 septembre), et ce droit s'affermait en 1609 douze livres [Note : En 1587, ce droit, appelé aussi le devoir, était loué trois écus et un chapon, En 1616, la métairie de Saint-Barthélemy et ses dépendances, avec le devoir et les oblations de la chapelle aux assemblées et foires, étaient louées à François Delort pour 69 livres. Il faut ajouter à ce revenu la location du pré des Epinettes en Mussan qui rapportait 27 livres en 1628].

Le desservant devait dire deux messes par semaine, le mercredi et le vendredi, dans la chapelle ; il touchait toutes les « oblations » (offrandes) qui s'y faisaient pendant l'année, à l'exception d'un denier que le seigneur de Beaumont prenait par préciput le jour de Saint-Barthélemy.

Chaque année, le lundi des Rogations, la procession générale de l'Abbaye et de la paroisse se rendait à cette chapelle en chantant les sept psaumes de la Pénitence ; on y célébrait la grand'messe, et le retour se faisait au chant des litanies des Saints.

Le 12 juin 1629, le Pape Urbain VIII accorda une indulgence plénière à tous ceux qui visiteraient la chapelle le jour de la fête patronale (24 août), et peut-être est-ce là l'origine de l'Assemblée ou Pardon de Saint-Barthélemy dont il reste encore quelques traces.

Anciennement c'est aussi à Saint-Barthélemy que se tenait le 14 septembre, la grande foire de la Sainte-Croix appelée « Foire Bahurelle » ; dès avant 1573 elle fut transférée à Redon.

En 1634, la cloche de la chapelle fut volée par un chaudronnier de Saint-Jean qui la vendit à un marchand de Rennes ; cette affaire fit grand bruit dans la région ; le coupable fuit poursuivi et condamné.

Le 25 février 1707, l'Evêque de Vannes permit d'acquitter les messes de Saint-Barthélemy en l'église abbatiale, sauf les jours de saint Barthélemy et de saint Marc, à cause de l'éloignement, et surtout du peu de revenu de la chapellenie qui ne permettait pas de trouver un prêtre chargé de les dire. En conséquence, le service des deux messes par semaine fut transporté à Saint-Sauveur en la chapelle suivant celle de la Serche vers le levant et appelée « de tous les Saints de Saint Barthélemy et de la Magdelaine ».

Le 25 septembre 1713, une nouvelle ordonnance de l'Evêque, contredisant la précédente, prescrivait de faire le service des messes dans la chapelle du prieuré, le revenu en étant suffisant pour rémunérer le chapelain. Louis Tayart, sieur de Bocudon, maire de Redon, et Pierre Primaignier, sieur de la Diacraye, procureur fiscal, étaient autorisés à jouir du revenu du prieuré, à condition de faire assurer le service par un prêtre choisi par eux et de donner 30 livres par an à l'Abbaye (Arch. départ. d’Ille-et-Vilaine : H. 23).

Enfin, le 29 septembre 1773, une dernière ordonnance, obtenue sur la demande de M. Dumoustier, l'aîné, sieur de Diacraye, contredisait la précédente et maintenait la permission donnée en 1707.

Or, quoi qu'en eussent prétendu les religieux, le revenu de la chapellenie n'était pas tellement minime. En cette même année 1773, il se composait d'un tonneau de seigle, vingt livres de beurre, six livres en argent, six forts poulets, douze journées de harnais et le droit de foire, soit au total 198 livres 6 sols.

C'est dans la chapelle de Saint-Barthélemy qu'avait lieu, le 26 janvier 1763, le mariage de Marie-Hyacinthe Lambart, fille de Messire Joseph Lambart, chevalier, seigneur du Plessix Rivaud en Allaire, et de Jeanne-Françoise-Marie Rado, dame de Bahurel, avec Augustin de Paignon, écuyer, seigneur du Rosay en Redon.

Les titulaires et prieurs qui se sont succédés à Saint-Barthélemy nous sont connus par de nombreux actes dont voici l'énumération :

— 10 septembre 1508 : Résignation de la chapellenie, par Frère Pierre Dagnon et provision de Frère François Tuoverlon.
— Novembre 1550 : Provision au Père Bertrand de Boismarquer pour reinplacer Frère Yvon de Jourivili décédé.
— 25 novembre 1552 : Collation accordée au Père René du Plessix pour la chapellenie, à la suite du décès du Père Bertrand de Boismarquer.
— 30 décembre 1552 : Prise de possession par René du Plessix en présence d'Olivier Cotart, sieur de Bahurel.
— 1563 : Le Père René du Plessix est prieur.
— 1586 : Visa donné pour la chapellenie, le 30 septembre, à François Destiaumuf (sic).
— 1587 : Dom Jean Perroteau est prieur.
— 1602 : Jacques Le Marquis est prieur.
— 16 octobre 1603 : Collation accordée au Frère Alain Louvel.
— 1611 : Provision au Père Jacques Bonnemez, à la suite du décès du Frère Alain Louvet qui avait été pourvu le 20 juillet 1603 au décès de Jacques Le Marquis.
— 9 septembre 1612 : Prise de possession par Guillaume Rado qui fut pourvu au décès de Frère Alain Louvel.
— 9 juillet 1614 : Prise de possession par Jacques Bonnemez qui avait été pourvu « le 15 des calendes de juin 1611 ».
— 1er mars 1616 : Collation donnée à Guillaume Rado.
— 2 septembre 1616 : Prise de possession par le Père Guillaume Rado.
— 13 septembre 1616 : Collation donnée à Jacques Bonnemez.
— 5 octobre 1616 : Prise de possession par le Père Jacques Bonnemez, pourvu le 23 septembre 1616, à la suite de la démission de Guillaume Rado.
— 1618 : Résignation de la chapellenie à Antoine Beaugendre, à la suite de la démission de Frère Claude Vrayet.
— 1621 : Jacques Bonnemez est prieur.
— Juillet 1644 : Prise de possession par le Père Hugues-Antoine Bataille, nominé le 9 juin précédent à la suite de la démission de Mathieu Pichonnet.
— 14 janvier 1647 : Même acte que le précédent.
— 1650 (et années suivantes ) : Le Père Alexis-Claude Vrayet est titulaire.
— 12 mars 1653 : Prise de possession par Simon Bonnemez.
— 2 mai 1653 : Prise de possession par Frère Antoine Beaugendre, pourvu en avril précédent.
— 1677 : Antoine Beaugendre est titulaire ; il demeure au monastère de Notre-Dame de Coulombe au diocèse de Chartres.
— 13 août 1694 : Dom Bonaventure Royer est prieur.
— 24 août 1701 : Prise de possession par Dom Marc de Chalvet demeurant à l'abbaye Saint-André à Villeneuve-lès-Avignon, et résignation y insérée en sa faveur par Antoine Beaugendre.
— 1720, 1723 : Dom Marc de Chalvet est prieur.
— 12 décembre 1738 : Lettre d'attache sur provisions pour Dom Claude-Antoine de Bonnefonds pour Saint-Barthélemy, la Serche et Saint-Michel, à la suite du décès du dernier titulaire.
— 11 et 12 mai 1739 : Prise de possession des chapellenies de la Serche, Saint-Michel et Saint-Barthélemy par Dom de Bonefonds demeurant à l'abbaye Saint-Melaine de Rennes.
— 1787 : Dom Georges-Gatien Le Febvre, bénédictin de Saint-Maur et cellerier de l'abbaye Saint-Vincent du Mans, est prieur de Saint-Barthélemy et chapelain de Saint-Michel et de Notre-Dame de la Serche.

La chapelle du prieuré de Saint-Barthélemy existe toujours, et, bien que transformée depuis cent cinquante ans en écurie, vaut d'être visitée tant à cause de ses ouvertures ornées que de ses poutres sculptées à têtes de monstres et de sa pierre qui passe pour « guérir des fièvres ».

(R. de Laigue).

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