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LA CATHÉDRALE DE RENNES |
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L'ACHEVEMENT ET L'ORNEMENTATION DE L'EGLISE
En 1841, alors que l’église n’était pas encore achevée, Mgr Godefroy Saint-Marc, qui venait d’être nommé évêque de Rennes décida d’y recevoir sa consécration, elle eut lieu le 10 août 1841. Ce fut une grande cérémonie, l'Auxiliaire breton du 13 août nous dit que plus de dix mille personnes étaient accourues de tous les points du département et des départements voisins pour assister à cette solennité.
« Les
tribunes présentaient un coup d'oeil ravissant, elles ressemblaient à ces vastes corbeilles de fleurs que portent les
lévites le jour de la Fête-Dieu. Autour
de l’autel étaient les sièges destinés à Mgr l'Evêque de Chalcédoine, les évêques d'Angers, du Mans, de Nantes, de Quimper et
trois abbés de l’ordre austère de la Trappe ; au pied de l’autel étaient les places déjà occupées par les autorités
civiles et militaires, coup d'oeil plus sévère que celui des tribunes, mais non moins varié. Les brillants uniformes
de la ligne et
de la garde nationale se mêlaient au grave costume des tribunaux de
commerce et de première instance, aux éclatantes toges fourrées d’hermines de la Cour royale, robes
violettes, rouges, orange, cramoisi et amaranthe de l'Académie, des Facultés de droit, des lettres, des sciences, de
l'Ecole
de médecine, enfin au costume bourgeois des fonctionnaires publics et du corps municipal.
A sept
heures et un quart, l’immense cortège qui conduisait M. Saint-Marc
franchissait la vieille porte Mordelaise, et se présentait au parvis de la cathédrale.
Il y
avait dans cette circonstance quelque chose qui rappelait les anciens jours de la cité rennaise, alors que nos ducs
de Bretagne entraient solennellement dans leur capitale et venaient
s’agenouiller sur le poèle de satin bleu et de damas blanc orné d'hermines d’or, ou bien encore lorsque l'évêque
lui-même
s’y présentait comme pouvoir temporel autant que comme
pouvoir ecclésiastique. Cette
fois ce n’était pas un seigneur féodal qui franchissait la porte
Mordelaise, c’était un seigneur ayant mission de paix et d’évangile,
un enfant de la cité créé prince de l'Eglise. La cérémonie terminée,
le cortège s’est remis en route pour reconduire le nouvel évêque à son Palais épiscopal. D’abord le grand séminaire,
puis les vicaires, les desservants, les curés, les chanoines, les abbés de la Trappe, les évêques entourant Mgr
Saint-Marc, puis enfin presque toutes les autorités. Des piquets d’artillerie à cheval ouvraient et fermaient le cortège,
les troupes formaient la ligne et les musiques des régiments faisaient
entendre des marches militaires... »
Mais, les travaux n’étant pas terminés, dès le lendemain l'église fut fermée et l’office canonial dut encore être célébré dans l'église Saint-Melaine.
Le 6 novembre 1843 eut lieu la bénédiction des trois cloches : la première, du poids de 3.052 kilos, fut nommée Marie ; la seconde, nommée Pierre, pesait 1.467 kilos et la plus petite pesant 820 kilos reçut le nom de Amand, ancien évêque de Rennes.
Enfin le jour de Pâques 1844, le 7 avril, bien que l’église ne fût pas achevée, le gros œuvre était seul terminé, aucune décoration intérieure n’était commencée, l'évêque Mgr Saint-Marc prit possession de l'église et elle fut ouverte à l’exercice du culte catholique, le maître-autel fut dédié à saint Pierre, celui du transept sud au saint Sacrement [Note : En 1872, la chapelle du Saint Sacrement fut dédiée à sainte Anne], celui du transept nord, à la sainte Vierge.
Les autels des bas-côtés furent dédiés, le premier à saint Melaine, le deuxième à saint Yves, le troisième à saint Michel, le quatrième à sainte Anne, le cinquième à Notre-Dame de la Cité.
Dans le bas-côté nord, le premier autel fut dédié à saint Amand, le deuxième à saint Joseph, le troisième à saint Malo et saint Sauveur, le quatrième à saint François-Xavier et enfin la cinquième chapelle reçut les fonts baptismaux.
Quelques années plus tard on installa sur la tour nord un poste de télégraphie aérienne. Le 19 août 1858, pendant son voyage en Bretagne, l'empereur Napoléon III fut reçu à la cathédrale par l’évêque Mgr Saint-Marc. Au mois de mai 1859, l’évêché de Rennes fut transformé en archevêché.
La chapelle Notre-Dame de la Cité fut décorée en 1858 et elle fut ornée d’une très belle peinture à la cire de Chalot représentant la Vierge tenant l'Enfant Jésus et protégeant la ville qui s’étend à ses pieds (cette peinture existe encore de nos jours).
C’est le 13 octobre 1867 que fut bénie la grosse cloche appelée le bourdon, c’est la plus forte cloche de Bretagne, à la voix majestueuse et puissante, elle pèse 7.938 kilos et porte le nom de Godefroy (prénom de Mgr Godefroy Saint-Marc).
Si en 1866 le gros oeuvre de la cathédrale était terminé, aucune décoration intérieure n’avait été commencée, ni même prévue, les murs étaient nus, la voûte n’était pas faite, les orgues n’existaient pas, la chaire était provisoire.
Mgr Saint-Marc voulant donner à la cathédrale toute la grandeur et la magnificence que doit présenter l'église métropolitaine de Bretagne, résolut d’entreprendre la décoration intérieure de l'église. A cet effet, il ouvrit une souscription publique dans toute l’étendue du diocèse.
Langlois, architecte, fut chargé d’en dresser le projet. Langlois conçut un projet grandiose, il voulait surélever les murs de la nef et du transept et les couronner d’une balustrade. Pour donner plus de hauteur à la nef, il prévoyait à la hauteur de ces murs surélevés un riche plafond horizontal aux puissants caissons ornés d’une large mouluration et d’une décoration grandiose, à la croisée du transept et de la nef, il voulait construire une haute coupole surmontée d’un dôme majestueux. Il s’inspirait des basiliques romaines Saint-Pierre de Rome et Saint-Jean de Latran.
Ce projet fut envoyé pour approbation au Ministre qui, le 30 janvier 1867, répondit à l’évêque, disant qu’il serait soumis au grand architecte Viollet Le Duc.
Langlois avait vu trop grand, avait vu trop beau, son projet ne fut pas approuvé, il fut réduit à des proportions plus modestes, la balustrade couronnant les murs de la nef et des bas-côtés fut supprimée ainsi que la surélévation des murs, la haute coupole à la croisée du transept ne fut pas acceptée et le plafond horizontal dut être remplacé par une voûte en plein cintre prenant naissance au-dessus de l'entablement couronnant les colonnes de la nef.
Il est regrettable que ce beau projet n’ait pas été exécuté. Ne pouvant modifier la structure de l’édifice, Langlois porta son effort sur la décoration intérieure.
Tous les murs, les pilastres et les quarante-quatre colonnes (deux près du portail d’entrée, seize dans la nef, huit à la croisée de la nef et du transept, quatre dans les transepts, huit dans le sanctuaire et six dans l'hémicycle), furent revêtus de stucs imitant les plus beaux marbres, de larges panneaux furent ménagés pour recevoir des peintures en fresque. La voûte de la nef ainsi que des transepts et la coupole furent décorées de caissons et de panneaux éblouissants de dorures.
Sur le cul-de-four de la voûte de l'abside, Le Hénaff a peint la grande fresque représentant la dation des Clefs. Sur un fond d’or, le Christ auréolé et décoré de nimbe crucifère tient le monde d’une main et de l’autre donne les Clefs du Paradis à saint Pierre agenouillé à ses pieds, de l’autre côté, saint Jean l'Evangéliste et les apôtres groupés autour du Christ.
Dans la chapelle sud du transept, sainte Anne assise sur un trône reçoit les hommages du peuple breton, dans le lointain, on aperçoit la grange où Nicolazic déposa la statue miraculeuse de sainte Anne d'Auray.
Dans la chapelle nord du transept, la Vierge assise sur un trône est entourée de ses dévoués serviteurs, au lointain apparaissent les monuments élevés en son honneur par les Bretons, on y distingue entre autres la tour Notre-Dame de Rennes.
Les fresques de la chapelle sud représentent : 1° Un ange apparaît à saint Joachim et lui prédit la naissance de Marie ; 2° Saint Joachim communique cette révélation à sainte Anne ; 3° Sainte Anne et saint Joachim présentent Marie au grand-prêtre ; 4° Sainte Anne et saint Joachim enseignent la Très Sainte Vierge.
Dans le transept nord sont les fresques de : 1° L’annonciation de l'ange Gabriel à Marie ; 2° Le mariage de la sainte Vierge avec saint Joseph.
La plus belle des décorations de Le Hénaff est la puissante et magnifique fresque du déambulatoire qui entoure le choeur. Au-dessus d’un haut lambris de stuc se déroule la longue théorie chrétienne et celto-bretonne des grands saints bretons, rois puissants, simples moines mendiants, évêques et martyrs parmi lesquels nous retrouvons saint Amand, saint Melaine, saint Judicaël, l'évêque Yves Mayeux, saint Patern, saint Corentin, saint Tugdual, saint Magloire, saint Enogat, etc. C’est toute l’histoire légendaire des premiers évêques et moines qui évangélisèrent les anciens diocèses de Bretagne.
Dans la voûte du sanctuaire nous remarquons l'écusson aux armes de Pie IX, celui du cardinal Saint-Marc et celui du Chapitre et les emblèmes de l'Eucharistie.
Dans la voûte de la nef, au centre, se trouve l'écusson de Bretagne, puis les blasons des divers chapitres des diocèses de Vannes, Dol et Saint-Malo, Quimper et Léon, Saint-Brieuc et Tréguier, dans les autres caissons sont peintes des invocations aux saints bretons.
Les voûtes du transept portent les monogrammes de la Vierge et de sainte Anne avec les emblèmes de leurs vertus.
La coupole est ornée de nombreux caissons avec rosaces, il reste à poser les quatre grandes figures d’anges nécessaires pour achever cette décoration. Sur les verrières de la nef, sont peintes les armoiries des évêques de Rennes.
L’autel, don du souverain pontife Pie IX, est en marbres antiques de toute beauté.
L’orgue d’accompagnement fut fait par Merlin Schutz, de Paris, il fut posé en 1869. Le grand orgue, d’une grande richesse, aux sons puissants et harmonieux fut fait et posé en 1872 par Cavaillé Coll, il coûta 133.135 francs.
La chaire à prêcher fut faite par Hérault en 1888. Les bas-reliefs du Chemin de croix sont l'oeuvre de Valentin, sculpteur.
Enfin, pour compléter la description de l’intérieur de l’église cathédrale, nous noterons dans le transept les tombeaux de Mgr Godefroy Brossays Saint-Marc, cardinal archevêque de Rennes, érigé en 1881 par Valentin et Hérault et de Mgr Gonindard, archevêque de Rennes.
On a beaucoup critiqué la décoration de cette église, on lui a reproché son caractère théâtral et la profusion des stucs, des peintures et des dorures, et l’on a eu tort.
Sans vouloir établir de parallèle entre cette église et les belles cathédrales romanes et gothiques que nous ont léguées les siècles passés, il faut reconnaître qu’elle a grand air lors des grandes cérémonies du culte, toute sa décoration est en harmonie avec les fastes de l'Eglise catholique romaine.
Il est bien certain que cette décoration serait déplacée et de mauvais goût pour une église paroissiale, mais elle est justement appropriée pour un Temple où officient les princes de l'Eglise.
Pour juger sainement la décoration de la Cathédrale, il ne faut pas pénétrer dans l'église n’importe quel jour, à n’importe quel moment, vous ne verriez qu’un cadre riche, trop riche peut-être, ne prédisposant pas suffisamment au recueillement et à la prière.
Il faut, au contraire, assister à un office solennel, lorsque l’immense vaisseau est rutilant de lumières, que les ors et les marbres accrochent les scintillements des cierges, que sur le fond d’or de l'hémicycle du choeur brillamment éclairé apparaît le Christ entouré de ses Apôtres, tandis que dans l’ombre du déambulatoire se déroule majestueuse et évocatrice la longue théorie des évêques et des saints bretons, cependant que les voix puissantes des orgues soutenant les chants liturgiques envoient aux voûtes resplendissantes d'or des flots d'harmonies religieuses, et que, revêtu de drap d'or, entouré des officiants, le prince de l'Eglise, d’un geste large et bon, bénit la foule des fidèles prosternée aux pieds du Sauveur (G. Nitsch).
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