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LA CATHÉDRALE DE RENNES

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LA RECONSTRUCTION DE L'ÉGLISE CATHÉDRALE DE RENNES

Des demandes furent adressées au roi pour la reconstruction de la cathédrale, elles restèrent sans résultat, lorsque M. l’abbé de Pontbriand, chantre et chanoine de cette église fit connaître au chapitre le 1er septembre 1760 que toutes les demandes resteraient vaines si l’on ne joignait aux requêtes présentées le plan de la nouvelle église et un devis estimatif, au moins à peu près du prix qu’elle pourrait coûter.

Le chapitre arrêta de faire prier le sieur Soufflot [Note : Soufflot, architecte à Paris, auteur du Panthéon] de se rendre au plus tôt à Rennes pour lever les plans de la nouvelle église. Soufflot vint à Rennes accompagné d’un sieur Potin ou plutôt Potain. Ce dernier dressa un projet qu’il soumit à l'Académie royale d’architecture, celle-ci, le 26 juillet 1762, « approuve les plans, coupes et élévations du projet fait pour la cathédrale de Rennes, ajoute qu’elle en a été extrêmement satisfaite et a parfaitement considéré le parfait accord des parties neuves avec les anciennes tours que judicieusement il a eu envie de conserver. La partie du centre est aussi traitée d’une manière ingénieuse, et malgré l’heureuse légèreté qui règne dans tout l’édifice, il paroist que M. Potain y a conservé la solidité nécessaire ».

Peu après, au mois de septembre 1762, Potain revint à Rennes envoyé par M. le Marquis de Marigny pour vérification et perfection des projets de réédification de l’église cathédrale et, le 4 décembre 1762, il soumit à l’évêque et au chapitre un premier projet.

Sur les observations qui lui furent communiquées, il dressa un nouveau plan que le chapitre approuva le 17 janvier 1763.

L’année suivante Mgr l'évêque Desnos ayant jugé à propos d’y faire quelques changements, un troisième projet fut proposé après avoir été approuvé par M. le Marquis de Marigny et le sieur Soufflot et on assurait en même temps que l’église achevée ne pourrait coûter plus de douze à quinze cent mille livres.

Rennes : la cathédrale Saint-Pierre de Rennes

Le chapitre écrivit à son évêque le 31 mars 1764 qu’il acceptait les nouveaux plans ; ceux-ci furent arrêtés par le Conseil et signés par le roi en 1766, mais les fonds nécessaires à la construction ne furent pas accordés. Soufflot reçut 1.800 livres et Potin toucha pour lui et son adjoint 3.600 livres.

Malgré les demandes réitérées, l’apathie des ministres du roi jointe aux difficultés administratives ne permirent pas de procéder à la reconstruction de l'église, on ne put qu’achever la démolition de ce qui subsistait de l’ancienne cathédrale.

Cependant les Etats de Bretagne avaient voté 190.000 livres et sur cette somme il restait environ 120.000 livres le restant ayant été absorbé par la démolition et les frais de transfert dans la chapelle de l'Hôtel-Dieu (Saint-Yves). Bien que le chapitre l’ait fait fructifier et qu’en 1775 il s’élevât à la somme de 204.000 livres, il était encore insuffisant pour entreprendre les travaux de construction estimés par l’architecte Potin à 1.500.000 livres.

On ne put donc commencer l’édification de la nouvelle cathédrale. Lorsque l'évêque d'Autun fut nommé par le roi, ministre des grâces, l’évêque de Rennes lui écrivit le 18 mars 1780 pour lui demander des subsides pour la construction de l’église et solliciter l'abbaye de Buzay dont le produit fournirait des fonds au chapitre, les revenus de l'Eglise étant insuffisants, il adressa la même demande à M. de Maurepas.

Le 5 septembre 1780, l'évêque d'Autun demande qu’on lui envoie le plan et le devis de la nouvelle église. Abandonnant le projet dressé par Potin, l’évêque s’adresse au sieur Piou, ingénieur des Ponts et Chaussées de l'évêché de Dol, celui-ci fait diligence et le 17 avril 1781, l’évêque peut soumettre au chapitre « le plan et le devis qu’a dressé le sieur Piou pour la reconstruction de la cathédrale sur l’emplacement de l’ancienne, le devis de la dépense s’élevait à 1.240.000 livres ».

Dans ce projet, dont nous avons retrouvé le plan, Piou prévoyait la construction d’une église en forme de croix latine avec une grande nef et deux bas-côtés, deux transepts avec bas-côtés, le sanctuaire terminé par un hémicycle avec bas-côtés, au fond du sanctuaire une chapelle absidale.

Quatre gros piliers carrés à la croisée du transept devaient soutenir une coupole. Trente-six colonnes séparaient les bas-côtés de la nef, du transept et du choeur.

Outre les deux autels du transept, Piou prévoyait douze petits autels le long des murs, il n’y avait aucune chapelle absidale.

En même temps qu’il s’adressait à Piou, l’évêque demandait au sieur Crucy, architecte à Nantes, un autre projet et en septembre 1781, il put envoyer à l'évêque d'Autun les deux projets, celui de Piou s’élevant à 1.162.508 livres et celui de Crucy s’élevant à 848.331 livres ajoutant « que le chapitre donnerait la préférence au projet du sieur Piou, mais s’en rapporte à celui que vous choisirez et même, il s’en rapporterait à un troisième projet fait par un architecte de Paris que vous choisiriez, insistant pour le mettre de commencer le plus tôt possible cet édifice ».

Hélas ! l'évêque d'Autun répond : « La somme est si forte et les circonstances si défavorables qu’il ignore quand il pourra trouver les moyens de procurer les secours demandés ». C’était le refus ; malgré cela l'évêque qui n’était pas découragé fit appeler à nouveau le sieur Crucy et lui adjoignit le sieur Binet architecte à Rennes et le 9 janvier 1786, il soumit au chapitre « un nouveau plan dressé comme entraînant moins de dépenses et remplissant suffisamment les vues du chapitre en ce qu’il concilie l’économie prescrite par les circonstances avec la dignité convenable à la première église de la province et il nomme le sieur Binet, architecte pour suivre la construction d’après ledit plan concurremment avec le sieur Crucy qui l’a dressé ».

Ce devis signé par Crucy et Binet le 16 octobre 1786 prévoyait une dépense de 706.337 livres, 7 sols, 5 deniers.

Et les travaux de construction commencèrent, ils furent exécutés directement par le chapitre et payés par lui suivant l’état de dépenses fourni par Binet.

Nous avons retrouvé le registre des dépenses du Chapitre du 28 janvier 1786 au 19 février 1790. Pendant l’année 1786 les dépenses s’élevèrent à 47.977 livres 1 sol. 8 deniers. En 1787, l’on dépensa 68.448 livres 15 sols 9 deniers. En 1788, le Chapitre versa 102.603 livres 13 sols. En 1789, le Chapitre versa à Binet 80.588 livres 2 sols 10 deniers. Soit au total 299.613 livres. 13 sols 3 deniers. 

Toutes ces dépenses avaient absorbé complètement les ressources du Chapitre et le 10 février 1790, « les chanoines de la Croix et de Fayolle font rapport au chapitre de la nécessité où l’on a été de cesser les travaux » ; il ne restait plus au trésorier que 2.500 livres, et encore une partie de cette somme 769 livres 19 sols 10 deniers fut dépensée pour faire rentrer les matériaux approvisionnés sur le halage de la Vilaine au port de Messac, à Malon et au port Saint-Yves.

Le chapitre ne put même pas payer son architecte Binet, puisque le 14 juin 1790, le Chapitre délibère que : « Tous les travaux portés dans le mémoire de M. Binet ont été dirigés et conduits à la satisfaction du Chapitre, que le mémoire sera chiffré et remis à M. Binet pour constater sa dette sans toufois par là déterminer la quotité ; la Compagnie n’ayant pas, dans ce moment, le moyen de s’acquitter n’a pas cru devoir discuter les prix portés à chaque article ni fixer le total de la dette ».

Entre temps, il avait été versé le 21 décembre 1789 au sieur Crucy 6.000 livres pour voyages et plans.

La fabrique n’avait plus aucune ressource, les travaux furent donc suspendus.

Rennes : la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, année 1928

Rennes : la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, année 1928

Binet, dans son rapport du 20 avril 1791, nous indique l’état des travaux de construction de la cathédrale à cette époque et les caractéristiques de cette église : « L’église cathédrale ou de Saint-Pierre de Rennes dont les fondations ont été commencées en 1786 a 275 pieds 10 pouces de longueur hors oeuvre d’orient vers occident, compris le porche, 164 pieds de largeur du nord au midi à la croix, et 106 pieds 8 pouces aussi de largeur du nord au midi hors oeuvre compris la nef, bas-côtés et chapelles ; il y aura à la réunion des quatre branches de la croix une coupole de huit toises de diamètre, la hauteur sous voûte sera de 62 pieds et la superficie intérieure, les massifs de maçonneries et des colonnes défalqués pourra contenir environ huit mille deux cents personnes à raison de trois pieds quarrés par individu ; son intérieur, est décoré de quarante-quatre colonnes yoniques tant isolées qu’engagées dont le diamètre est de trois pieds et l’écartement d’axe en axe des dites colonnes de dix pieds trois pouces huit lignes. La nef a trente-huit pieds de largeur et les bas-côtés douze pieds huit pouces. De chaque côté nord et midi sont cinq chapelles éclairées par le haut. Chaque chapelle a dix-huit pieds de longueur et douze pieds de largeur. Dans la croix de l’église aussi nord et midi, deux grandes chapelles, une à chaque extrémité de ladite croix, une autre petite chapelle à l’extrémité du rond-point du Sanctuaire, derrière le maître-autel, en tout treize chapelles et le grand autel. Cette église a été adaptée à deux tours qui ont été bâties le siècle dernier, et qui, quoique d’une architecture peu régulière offrent dans leur ensemble un coup d'oeil imposant qui remplit assez son objet par son caractère ».

Dans ce rapport, le citoyen Binet indique que la première année 1786 fut employée à la démolition des restes de l’ancien édifice et au creusement des fondations, que pendant la deuxième année, 1787, l’on a rempli les fondations, dont partie a été établie sur « pilotis et grillages dans les endroits où le solide ne s’est pas trouvé convenable », que la troisième année « la construction de ce monument se faisait en grand », enfin que les années 1789 et 1790 « furent employées à continuer l’élévation de tout l’édifice », il ajoute « que les murs sont rendus à 28 pieds au-dessus du carreau de l’église et les colonnes à hauteur de recevoir leurs chapiteaux ».

Et il ajoute qu’il est indispensable que des fonds soient alloués pour l’achèvement de l’église dont les travaux sont arrêtés.

Rennes : la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, année 1928

Rennes : la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, année 1928

A la suite de ce rapport, dans une adresse à l'Assemblée Nationale, les membres composant le Conseil général de la Commune écrivent le 15 septembre 1791 : « Le décret du 1er avril dernier sanctionné le 10 du même mois, en réduisant le nombre des paroisses de la ville de Rennes, en a conservé une dans l’église cy-devant cathédrale de Saint-Pierre, actuellement en reconstruction [Note : Le décret du 12 Juillet 1790 avait arrêté que l’église cathédrale serait en même temps, église paroissiale, que les évêques et les curés seraient élus à la pluralité des suffrages et que les biens du clergé sont déclarés nationaux]. Il est urgent d’achever la batisse de cette église commencée depuis longtemps, que la loi du 6 avril dernier porte il est vrai que jusqu’à l’achèvement de l’église Saint-Pierre, le service de cette paroisse se fera provisoirement dans la chapelle de la cy-devant paroisse de Saint-Sauveur. Mais la chapelle de Saint-Sauveur étant cy-devant destinée à l’usage d’une paroisse peu étendue et excessivement resserrée, et la fatale convention qui éloignait plusieurs de nos concitoyens des églises desservies par les prêtres conformistes, étant heureusement dissipée, au moins en grande partie, la chapelle cy-devant de Saint-Sauveur est incapable de contenir les nombreux habitants de la nouvelle paroisse de Saint-Pierre qui s’y rendent les jours de fête... »

Ils demandent donc la continuation des travaux et pour réduire la dépense, ils proposent que : « Les paroisses de Saint-Germain et de Saint-Aubin ayant été supprimées dans cette ville, la première est caduque et avait été condamnée il y a plusieurs années par un habile architecte. Ces édifices fermés ne sont d’aucune utilité ni aux habitans ni à la Nation, la vente n’en serait nullement avantageuse, on ne les achèterait que pour les démolir et pour revendre en détail et à profit les matériaux qui en proviendraient. Ces matériaux seraient d’une grande utilité pour la perfection de l’église Saint-Pierre, les plombs et les ardoises descendus avec soin serviraient pour couvrir la nouvelle église, les pierres de taille qu’on est obligé de faire venir de fort loin, des pièces de charpente, des autels et autres ornements intérieurs pourraient trouver leurs places dans ce nouvel édifice, ce serait un objet très important d’économies... Que cette économie serait de plus de cent cinquante mille livres ».

Le Conseil général de la Commune conclut à la fin de sa longue pétition par la demande de la démolition de l'église de Saint-Germain et de l’église de Saint-Aubin et par l’octroi d’une avance sur la somme de 200.000 livres qui lui avait été accordée par bon du roi du 17 août 1784, à prendre sur les loteries pour la reconstruction de l’église cathédrale aujourd’hui destinée au service paroissial de Saint-Pierre.

Sans attendre la réponse de l'Assemblée nationale, le Conseil général de la Commune fait dresser par l'architecte Binet, le 7 octobre suivant, un devis des ouvrages pour la continuation de l'église Saint-Pierre dans lequel il prévoit la démolition de l'église Saint-Germain, on continuerait l’alignement de la rue de Corbin avec la rue du Vau Saint-Germain, sur cette rue viendrait se terminer la rue Derval qui s’alignerait avec la rue Saint-Germain, l’emplacement du cimetière se vendrait pour bâtir.

Binet prévoit aussi la démolition de Saint-Aubin et du clocher des Jacobins pour élargir et prolonger la rue Saint-Dominique.

Le 12 janvier 1792, les administrateurs composant le Directoire du département renouvellent la demande du Conseil général de la Commune. Heureusement ces demandes ne furent pas acceptées et l’ancienne église Saint-Germain ainsi que l’église Saint-Aubin furent conservées, mais la construction de la cathédrale fut arrêtée.

Nous avons dit plus haut qu’en 1754 le service divin et l’office canonial avaient été transférés dans la chapelle Saint-Yves ; il y resta jusqu’en 1791. A cette époque, il fut transféré dans la chapelle des Cordeliers, place du Palais.

En effet, si un arrêt du Directoire du district de Rennes du 2 septembre 1791, dit : « L’article 1er de la loi du 6 avril dernier ordonne qu’il y aura six paroisses pour la ville de Rennes et les campagnes et que l’une de ces paroisses sera établie dans l'église cy-devant cathédrale Saint-Pierre actuellement en reconstruction... ».

Une autre lettre du 17 février 1792, du même Directoire précise « que le service divin de la Métropole a été provisoirement transféré aux Cordeliers ».

Peu de temps après, les Commissaires de la fabrique de Saint-Pierre ayant demandé de disposer au profit de leur église du jeu d’orgues qui se trouve monté dans celle des Cordeliers, le Directoire du district dans sa séance du 23 mars 1792, arrête : « Considérant que le jeu d’orgues des Cordeliers sert à la paroisse cathédrale dont le service même continue encore à se faire dans cette église, et que lorsqu’il sera transféré dans l’église de Saint-Melaine où il n’y a qu’un trop petit jeu d’orgues insuffisant pour la grandeur de cette église, il paraît juste qu’elle continue de jouir de l’orgue des Cordeliers dont elle est en possession, qu’il existe un autre jeu d’orgues vacant par la suppression de l'église Saint-Germain, que ce jeu peut convenir à l'église Saint-Pierre, Autorisent les Commissaires de la fabrique à faire transférer aux frais de la fabrique le jeu d’orgues existant dans l'église de Saint-Germain, dans celle de Saint-Pierre ».

Rennes : la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, année 1928

Rennes : la cathédrale Saint-Pierre de Rennes, année 1928

Ce transfert ne put avoir lieu, car le 5 août 1793 le Directoire du district ordonnait à l'évêque d’abandonner l'église des Cordeliers et de transférer le service divin à l'église de Saint-Melaine.

A cet ordre, l’évêque constitutionnel Claude Le Coz écrivit aux Commissaires du district le 19 août 1793 : « Citoyens, par une lettre du 5 de ce mois, le Directeur du district m’a averti de transférer dans l'église Saint-Melaine le service divin sous peine de répondre personnellement des indemnités réclamées par les locataires des maisons et église ci-devant des Cordeliers. Toujours respectueusement soumis à la loi que je connais et aux ordres de ses organes les Magistrats du Peuple, je me suis hâté de faire déblayer et nettoyer l'église Saint-Melaine, mais cela ne suffit point, l'église Saint-Melaine exige encore beaucoup de réparations... ».

Mais peu après, le culte catholique ayant été suspendu, le transfert de l'église cathédrale à l'église Saint-Melaine ne put avoir lieu.

En 1803, le culte ayant été rétabli, l’église abbatiale de Saint-Melaine devint définitivement église cathédrale après toutefois qu’elle fut réparée, car un rapport du citoyen Binet du 27 brumaire an XI, (27 octobre 1802) nous dépeint le triste état de cette église : « L’église Saint-Melaine destinée à servir de cathédrale nous a paru dans le plus mauvais état de réparations, tout ce qui tenait au culte a été détruit, elle a pendant toute la Révolution, servi d’écurie et de magasin à l'artillerie, d’après les ordres des représentants du peuple, le perron n’existe plus, les portes sont brisées, le carrelage est en ruines, il n’y a plus de vitraux, la couverture est en très mauvais état, etc..., etc..., etc... ».

L’église Saint-Melaine fut aussi église paroissiale et elle fut assignée au chapitre pour la récitation de l’office canonial et les différentes cérémonies du culte, on y officia jusqu’au 2 avril 1844, c’est-à-dire pendant 41 ans.

Les paroisses de Rennes étaient à cette époque : Saint-Pierre avec Saint-Germain et Saint-Laurent pour succursales, Toussaints avec Saint-Hélier pour succursale, Saint-Aubin, Saint-Etienne et Saint-Sauveur, l'église cathédrale était métropole du nord-ouest comprenant les cinq départements de la Bretagne, ceux de Mayenne et Loire, de la Sarthe et de la Mayenne dont les évêchés étaient Angers, Le Mans et Laval.

Nous avons dit plus haut que les travaux de construction de l'église cathédrale avaient été suspendus en 1791 et complètement arrêtés pendant l’époque révolutionnaire.

Les tours servaient de garde-meuble aux objets du culte, la voix des cloches s’était éteinte, quand le 4 nivôse an VII (25 septembre 1799), l’administration et le commissaire du Directoire : « Considérant que la cloche de Saint-Pierre est le beffroi de la Commune accordé par la loi, que depuis longtemps il servait pour donner aux citoyens le signal de rentrer chez eux ou de ne paraître dans les rues qu’avec une lumière, que l’administration a vu que cette manière d’avertir le public était très avantageuse pour maintenir la police pendant la nuit, demande à l’administration centrale du département que ce service soit continué ».

Les cloches sonnèrent à nouveau le couvre-feu.

Dans les tours il existait également une horloge, un document retrouvé aux archives départementales nous dit que cette horloge provenait de l’ancien clocher démoli et qu’elle fut transportée dans les tours en 1755.

Elle fut arrêtée pendant la Révolution, et une pétition adressée le 25 nivôse an II par les habitants de la partie ouest et nord-ouest de la commune au citoyen maire la réclama en disant : « Il n’existe dans cette grande commune qu’un horloge placé au centre de la ville, il n’est à peu près d’aucune utilité pour les habitants de la partie ouest et nord-ouest. Les vents sont fixes les trois-quarts de l’année au sud-ouest, pendant tout ce temps, le gros horloge ne peut être entendu que de la partie est et nord-est de la ville. Avant la Révolution, l’horloge de Saint-Pierre était entretenu et par sa position il servait à toute la ville. Cet horloge existe encore, il n’a besoin que de légères réparations, les frais d’entretien ne sont pas considérables, cette dépense évidemment utile n’est pas à considérer pour une grande commune. Nous espérons donc, citoyen Maire, que vous prendrez notre demande en considération et que vous ferez tout ce qui dépendra de vous pour rétablir l'horloge de Saint-Pierre si nécessaire pour toute la ville et en particulier pour la partie que nous occupons ».

Le citoyen maire fit-il réparer l’horloge pour donner satisfaction aux habitants de la partie ouest et nord-ouest, nous n’avons retrouvé aucune délibération. Nous n’avons relaté cette pétition que pour rappeler l'horloge existant dans la façade de la Cathédrale.

Un arrêté du Préfet du 5 vendémiaire met à la disposition du maire les tours pour y établir l'Ecole d'Instruction médicale et l’amphithéâtre d’anatomie qui s’y installèrent.

Plus tard Napoléon étant devenu Empereur des Français, par une délibération du Directoire de la Commune, du 7 brumaire an XII (29 octobre 1803), le maire Lorin, devant assister à la cérémonie du Couronnement, fut chargé de demander « à leurs Excellences les Ministres de la Guerre et des Finances, l’emplacement de l’église commencée pour ancienne cathédrale, ainsi que les matériaux pour en faire une halle aux blés »

Quelle idée avait pu éclore dans l’esprit du Directoire? Les fondations de la cathédrale étaient achevées, les murs, nous dit le rapport du citoyen Binet du 20 avril 1791, sont élevés à 28 pieds au-dessus du carreau de l’église, de nombreux matériaux sont approvisionnés et l’on songe à tout démolir — pour construire — ... quoi, une halle aux blés.

L'Empereur n’accepta pas la demande de la Commune et dans la séance du 19 pluviôse an XIII (8 février 1804), le Maire rend compte de sa visite : « L’ancienne cathédrale est propriété nationale, elle ne pouvait être cédée à la ville sans indemnité préalable et que pour cet effet, il fallait faire constater par rapports d’experts la valeur de l’objet et qu’alors il serait mis en adjudication ».

C’est donc l'Etat qui revendique le terrain et la construction commencée comme bien national.

Le 29 pluviôse an XIII (18 février 1804), la municipalité « insiste près de l'Empereur pour obtenir cette cession à titre gratuit, elle ne veut pas d’estimation à faire par des experts, et elle offre en échange, tout ou partie de ce qui est dû à la ville par l'Etat ».

Une telle demande devait susciter de vigoureuses protestations, l'évêque et le chapitre réclament à leur tour le terrain et les constructions et l'évêque, dans sa lettre du 3 juin 1807, réclame au Conseil municipal « la mise en possession de l'Eglise cathédrale, des tours et terrains en dépendant comme propriété appartenant à l'Eglise et lui ayant été rendue par l’arrêt des Conseils du 7 thermidor an XI et décret impérial du 13 ventôse an XIII, que d’ailleurs le bâtiment de la Cathédrale est construit sur un fond appartenant au chapitre depuis plus de quatorze siècles ».

Le 23 juin 1807, le Conseil, en réponse à la lettre de l’évêque et voulant justifier sa demande du terrain et des bâtiments, délibère que « les motifs qui ont engagé le Conseil municipal à demander la cession des bâtiments commencés pour l'église dont il s’agit étaient de donner à cet emplacement une destination utile et de conserver des constructions qui, dans leur état actuel, ne peuvent que se détériorer journellement. Que l’achèvement de la cathédrale commencée sur le terrain dont il s’agit serait très avantageux, mais que les dépenses qui restent à faire sont considérables et que les seuls moyens du chapitre ne lui permettent pas de donner à cet établissement sa véritable destination. Que si d’un côté, le Conseil municipal verrait avec plaisir que la construction de l’église fut achevée, il croit, dans les intérêts de la ville de Rennes, d’ajouter que si le chapitre obtient l’objet de sa demande, il ne pourrait à défaut des moyens pour l’achèvement lui donner d’autre emploi que celui que propose le Conseil municipal ».

Et le Conseil ajoute : « s’en rapporter entièrement à la sagesse du Gouvernement qui décidera la destination que doivent recevoir les constructions commencées sur le terrain de Saint-Pierre ».

L’évêque et le chapitre renouvellent leurs protestations et malgré cela, un décret impérial du 30 septembre 1807 donne, moyennant une indemnité dérisoire à verser par la Ville à la fabrique de la cathédrale, le terrain et les bâtiments de l’église. Ce décret est ainsi conçu :

« La Ville de Rennes est autorisée, à faire construire une halle sur le terrain et emplacement de l’ancienne cathédrale de Rennes, dont les constructions ont été commencées et suspendues. Les constructions et les matériaux seront à la disposition de la Ville à charge par elle de payer à la fabrique de la cathédrale une rente de deux mille francs ».

Le chapitre refusa avec véhémence la rente de 2.000 francs et réclama à nouveau au Maire.

Le 22 mai 1808, le Conseil municipal, en réponse à la lettre de l’évêque, décide : « d'ajourner les travaux nécessaires pour construire une halle sur les terrains et emplacements de l’ancienne cathédrale jusqu’à décision ultérieure de Sa Majesté et de ne faire aucunes dispositions relatives aux constructions qui y sont commencées par ce qu’en même temps, Messieurs les fabriciens déclareront dans une délibération qui sera consignée sur les registres, renoncer aux intérêts de la somme de 40.000 francs que la Ville est chargée de leur payer pour la valeur de ces constructions, jusqu’à décision ultérieure de Sa Majesté. Que le Conseil verra sans regret le succès des réclamations que Mgr l'Evêque et les fabriciens ont adressées à Sa Majesté ».

Le 29 mai, les fabriciens prennent la délibération demandée par le Conseil municipal et abandonnent la somme de 40.000 fr. ou la rente de 2.000 fr. qui leur était offerte pour les bâtiments et terrains de l'église cathédrale.

Mais si le Conseil municipal paraissait disposé à renoncer à construire une halle sur l’emplacement de l'ancienne cathédrale, le décret impérial du 30 septembre 1807 n’était pas abrogé, son exécution n’en était que suspendue.

L’évêque adressa donc une supplique à l'Empereur dans laquelle il écrivait : « Il existe à Rennes une Cathédrale dont les superbes tours sont achevées, dont la façade de devant qui les lie est achevée. L’édifice souterrain, dans son entier est achevé. Il est déjà debout dans toutes ses parties, il a même plus de vingt-cinq pieds d’élévation. Il est digne de la province la plus religieuse de France. Une somme de 400.000 francs au plus allait l’achever lorsque la Révolution est venue arrêter les travaux... Un secours léger et prolongé nous suffira..., sans ce secours, ce monument serait à l’instant dégradé et ses belles tours auxquelles personne n’osera peut-être toucher de quelque temps, par respect pour l’opinion, tomberont par l’effet d’une seule délibération municipale, au grand regret des amateurs des arts et des catholiques, parce que le décret n’a pas posé la défense de les démolir. Et pour substituer quoi ? une halle qu’on peut placer beaucoup plus avantageusement sur les ruines de l’église de Toussaints, sur la place Sainte-Anne ou ailleurs. Nous supplions Votre Majesté de faire suspendre à l’instant toute démolition, d’arrêter l’exécution du décret impérial du 30 septembre dernier ... et de décider par elle-même du sort de ce beau monument, l’unique dans le pays ». [Note : Il est curieux de remarquer que cette suggestion de l'évêque fut suivie quelques années plus tard, la halle aux blés fut construite sur l’emplacement des ruines de l'église de Toussaints, et longtemps après, il fut construit des halles sur la place Sainte-Anne]

En 1811, le cardinal Fesh obtint de l'Empereur ce que les demandes de l'évêque et du chapitre n’avaient pu obtenir, un décret impérial du 28 avril 1811 fit droit aux justes réclamations du chapitre : « Voulant, dit ce décret, donner une preuve de l’intérêt que nous portons aux habitants de notre bonne ville de Rennes, et ne pas laisser imparfaite leur église cathédrale, nous avons arrêté et décrétons ce qui suit : ARTICLE PREMIER. — L'Eglise Cathédrale de Rennes sera achevée. ART. 2. — Une somme de 500.000 francs est mise à cet effet à la disposition de notre ministre des Cultes. Cette somme sera payée en cinq ans à partir de 1811 ».

Mais, si ce décret donnait satisfaction au chapitre, il n’avait pas abrogé celui du 30 septembre 1807, accordant à la ville le terrain et emplacement de la vieille cathédrale pour y construire une halle. Il fallut donc recommencer les démarches près de la municipalité qui ne mettait aucune hâte à rendre le terrain dont elle avait pris possession, sans l’utiliser toutefois, et ce n’est que par une délibération du Conseil municipal du 28 juin 1816 que le chapitre put rentrer en possession du terrain et des constructions commencées de l’ancienne cathédrale.

Cette délibération est ainsi conçue ; Extrait des délibérations du Conseil municipal du 26 juin 1816 : « Vu la réclamation formée par les Vicaires généraux et Chanoines de l'Eglise Cathédrale de Rennes tendant à ce qu’ils soient mis en jouissance du terrain, des terres et constructions commencées de l’ancienne Cathédrale, Considérant : 1° Que le chapitre de Rennes était bien incontestablement propriétaire des objets dont il s’agit, avant la Révolution, que l’arrêté du 7 thermidor, an II, a rendu aux églises, leurs biens invendus, Considérant : 2° Que si le décret du 30 septembre 1807 semble avoir dépouillé le chapitre de sa propriété, on peut dire qu’il ne l’a fait qu’en reconnaissant les droits du chapitre ; que ce décret, motivé sur des considérations particulières, a été abandonné de part et d’autre, et regardé comme non avenu, qu’il aurait été, en tant que besoin, révoqué par celui du 10 avril 1811 qui accorde une somme de 500.000 francs pour l’achèvement de la Cathédrale, Considérant : 3° Que l’intention du Gouvernement et de notre système actuel tendent manifestement à rétablir les églises dans leurs anciennes propriétés, autant que cela est compatible avec l’intérêt public, que dans l’espèce, les intérêts généraux et particuliers de la Ville ne s’opposent en aucune manière à ce que le Chapitre soit remis en possession des objets qu’il réclame, le Conseil est d’avis de rendre au Chapitre de Rennes le terrain et toutes les constructions de l’ancienne Cathédrale et arrête que les clés lui en seront remises ».

Cet arrêté ne fut approuvé par le Préfet que le 25 octobre 1816, cependant Binet avait été chargé en 1811 par le Préfet de dresser les plans et devis de l’achèvement de l'église cathédrale.

Au printemps de 1819 on recueillit les matériaux épars un peu partout, on procéda à l’adjudication en décembre 1820 et les travaux furent repris d’abord sous la direction de l'architecte M. de Lagarde, puis à partir de 1825, sous celle de M. Richelot. Ils n’avancèrent que très lentement puisque l’adjudication des travaux intérieurs n’eut lieu que le 1er septembre 1837 (G. Nitsch).

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