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LE VÉNÉRABLE FRÈRE JEAN DE SAINT-SAMSON

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I - Séjour de Jean de Saint-Samson à Dol et à Roz-sur-Couasnon.

Voilà quelques années parut un livre très intéressant pour le diocèse de Rennes et peu répandu cependant chez nous: c'est la Vie du Vénérable Frère Jean de Saint-Samson, religieux carme ; l'auteur en est le R. P. Sernin-Marie de Saint-André, carme déchaussé. Ce savant religieux s'est habilement servi des précieux manuscrits de l'ancien couvent des Grands-Carmes de Rennes, déposés aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine ; non-seulement, en effet, on trouve là des chroniques fort curieuses sur un grand nombre de couvents du Carmel de la province de Touraine, et sur la Réforme qui prit naissance au XVIIème siècle en cette province et dans laquelle Jean de Saint-Samson joua un rôle important, — mais on y découvre encore une partie des œuvres manuscrites de ce vénérable religieux qui écrivit beaucoup d'ouvrages mystiques, et un précieux volume inédit sur sa vie. Ce dernier manuscrit est l'œuvre du P. Joseph de Jésus, carme du Couvent de Rennes, ayant vécu dans l'intimité de Jean de Saint-Samson qu'il assista à son lit de mort.

Frère Jean de Saint-Samson n'était pas breton de naissance [Note : Il naquit à Sens, le 29 décembre 1571, de Pierre du Moulin, contrôleur des Tailles, et de Marie d'Aiz], mais il passa la plus grande partie de sa vie dans notre contrée qu'il édifia grandement par ses vertus. Privé de la vue à l'âge de trois ans, il vécut quelque temps dans le monde et se lia d'amitié à Paris avec un religieux du couvent de Dol [Note : Le monastère des Carmes de Dol fut fondé en 1401 par Guillaume de Montauban, sgr de Landal, et Richard de Lesmenez, évêque de Dol ; il ne reste plus rien aujourd'hui de cette maison religieuse] frère Mathieu Pinault, que ses supérieurs avaient envoyé dans la capitale, au couvent des Carmes de la place Maubert, pour suivre les cours de l'Université.

Cette sainte amitié fut le moyen dont Dieu se servit pour donner à la Bretagne le frère Jean de Saint-Samson. Celui-ci résolu d'embrasser, comme le P. Pinault, la règle du Carmel, vint à Dol, en effet ; il y reçut l'habit religieux en 1606 et prononça ses vœux le 26 juin de l'année suivante. Dieu lui accorda dès lors non-seulement la guérison d'une fièvre violente et tenace mais encore la grâce de guérir lui-même les malades atteints de fièvres paludéennes, fréquentes alors à Dol et dans les contrées environnantes. Par ordre de ses supérieurs il récita sur des religieux atteints de cette maladie, une Oraison qui l'avait guéri lui même [Note : Voici cette prière : « Dominus Jesus qui curavit socrum Petri a febribus quibus tenebatur, ipse curet famulum suum a febri quâ laborat. In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen »], et tous furent pareillement délivrés de leur mal. « Le bruit de ces merveilleuses guérisons s'étant répandu dans la ville, toutes les personnes atteintes de la fièvre désiraient que le bon aveugle priât sur elles. Les malades venaient tous les matins à l'église du monastère et s'agenouillaient devant l'autel ; le saint homme passait, conduit par un religieux, récitait sur chacun d'eux l'oraison dont la vertu était si efficace dans sa bouche, et l'on dit que souvent ils s'en retournaient guéris » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 38).

Bientôt après, Dol fut éprouvée par un fléau plus terrible que la fièvre ; la peste envahit cette ville et Jean de Saint-Samson montra en cette circonstance le courage le plus héroïque. Il se chargea du soin des pestiférés qu'on reléguait hors de la ville dans un lazaret dédié à saint Jacques et nommé à cause de ce patronage le Champ-Saint-James. « Conduit en ce lieu Jean y donna des preuves nouvelles de sa charité. Il encourageait les malades avec tendresse, les excitait à la confiance par de saints discours ; il parlait surtout aux agonisants avec tant de ferveur et de charité, qu'ils rendaient le dernier soupir au sein d'une paix confiante et douce » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 40).

A côté de ces actes de sublime charité il y a des traits charmants de simplicité dans la vie de ce saint religieux : « Pendant l'hiver, lorsque la neige était tombée épaisse, le bon aveugle préparait sur sa fenêtre un festin aux petits oiseaux. Ils venaient sans crainte manger les miettes de pain qui leur étaient offertes, entraient dans la cellule, quelquefois même y passaient la nuit, et quand, le matin, le jour naissant réveillait en eux le sentiment de la liberté, la main amie qui les avait nourris et abrités s'empressait de leur ouvrir les portes de leur prison. Un religieux étant entré un matin dans cette cellule habitée par l'innocence et la simplicité, prit un de ces hôtes charmants et le mit dans les mains de Jean, et l'on vit le saint homme, d'une recollection d'esprit si sévère, caresser le petit oiseau, louer Dieu en lui et enfin lui rendre la liberté » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 51).

Cependant les fièvres, plus violentes que jamais, ayant repris Jean de Saint-Samson et Dieu pour l'éprouver ne l'en ayant point guéri cette fois, ses supérieurs l'envoyèrent, pour changer d'air, chez un pieux ecclésiastique des environs, le recteur de Roz-sur-Couasnon. Ce recteur n'est point nommé dans les Vies du Frère Jean de Saint-Samson, mais le P. Sernin-Marie, son dernier historien, plaçant vers 1612 ce séjour du saint religieux à Roz-sur-Gouasnon, il faut en conclure qu'il se nommait François Forgeais ; ce dernier fut, en effet, pourvu de la cure de Roz-sur-Couasnon vers 1590 et il la résigna le 8 août 1631.

« Ce recteur, dit le P. Donatien [Note : Auteur d'une Vie du V. F. Jean de Saint-Samson publiée en 1651 et estimée de ses contemporains], était un homme fort charitable qui portoit sur sa face beaucoup de linéaments de celle du B. François de Sales, évêque de Genève, et qui lui ressembloit encore plus dans son grave maintien, dans sa douceur et en beaucoup d'autres perfections. Il avoit avec lui une sienne sœur, vieille femme veuve, fort grave, dévote et charitable envers les malades et les pauvres de toute la paroisse. A peine notre frère (Jean de Saint-Samson) fut-il arrivé chez ce bon ecclésiastique, qu'il commença à embaumer, non-seulement cette maison, mais encore tout le pays, de l'odeur de ses vertus ; et on reconnut aussitôt en ces quartiers le prix du trésor que Dieu y avoit envoyé dans ce vertueux aveugle. Le recteur et les autres prêtres de la paroisse se firent aussitôt ses disciples en la vie spirituelle, et, tous les jours, il leur faisoit de pieux entretiens sur les matières de la vertu et des obligations de leur condition. A quoi la bonne dame, dont on vient de parler, prenait un grand contentement, y appelant tous les soirs les domestiques et serviteurs de la maison, afin de profiter tous des conférences saintes qu'ils avaient ensemble.

Il y avoit entre autres un bon prêtre qui tenoit l'école et enseignoit la jeunesse, lequel, à certains jours de congé, amenoit les écoliers à frère Jean de Saint-Samson. Celui-ci les entretenoit avec tant d'affabilité et de dévotion, que souvent il leur ôtoit l'envie de se récréer. Tantôt il leur faisoit lire quelque livre spirituel, tantôt il les interrogeoit sur leur catéchisme et les instruisoit si méthodiquement en la foi catholique, que la plus grande part des paroissiens prenoit plaisir à venir le voir et à entendre ses pieux entretiens.

Ces exercices de piété chrétienne se renouvelèrent de telle sorte parmi le peuple que plusieurs se confessoient et communioient aux fêtes et dimanches, et même les plus dévots le faisoient assez souvent le jeudi. C'étoit chose ordinaire, même parmi les enfants, de dire tous les jours les Litanies de la Ste Vierge... Ainsi notre humble frère fut choisi de Dieu comme un vrai apôtre de ce pays de Dol, pour défricher cette terre inculte, pleine d'épines et de halliers que l'hérésie et les guerres y avoient produits. Car, à l'exemple des habitants de cette paroisse, où il fit tant de bien, ceux des paroisses voisines, devenus émulateurs de leurs vertus et de leur piété, commencèrent à se porter à la dévotion et au service de Dieu, de sorte que par ce moyen tout l'Evêché a été peuplé de personnes très ferventes en la foi et affectionnées aux exercices de la piété et de la perfection chrétienne.

Mais entre tous, le Recteur de Roz et sa bonne sœur se firent gloire de se soumettre à la conduite spirituelle de cet aveugle illuminé, et en tirèrent des profits spirituels très avantageux. Car, étant conduits par cette belle lumière, ils changèrent leur maison comme un petit monastère où toute la famille vivoit d'une manière fort sainte. Ils faisoient oraison réglée, recevoient les pauvres et les passants avec une tendre charité ; ils les servoient à table avec des civilités et cérémonies toutes religieuses ; en un mot, ils pratiquoient toutes les vertus chrétiennes d'une manière fort exacte » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 52 et 53).

On nous pardonnera cette longue citation, à cause du grand intérêt local qu'elle présente ; les habitants de Roz-sur-Couasnon ne se plaindront pas, croyons-nous, de ce souvenir donné à leurs pieux ancêtres et au vertueux recteur qui gouvernait leur paroisse à cette époque.

 

II - Jean de Saint-Samson au Monastère des Grands Carmes de Rennes.

Pendant que Jean de Saint-Samson édifiait le couvent et le pays de Dol par la pratique des plus admirables vertus, un événement important pour le Carmel s'accomplissait à Rennes. Le monastère des Grands Carmes [Note : On appelait ainsi ces religieux à Rennes pour les distinguer des Carmes Déchaussés qui avaient eux-mômes un monastère en cette ville], fondé en 1448 dans cette ville, devenait le berceau d'une réforme appelée à répandre un grand éclat. Cette réforme commença dès 1604 avec le P. Pierre Behourt, prieur du couvent de Rennes, mais elle ne fut solidement établie que par le P. Philippe Thibaut nommé prieur en 1608.

« Ce fut à la prière de ce dernier que Jean de Saint-Samson fut en 1612 appelé à Rennes. On avait statué que tous les religieux qui voudraient entrer dans la nouvelle réforme devraient faire un second noviciat : Jean se soumit avec bonheur à cette loi, et l'on vit cet homme consommé déjà dans la science des Saints, revenir avec la plus édifiante docilité aux premiers rudiments de la vie spirituelle et religieuse.

Jean passa trois ans dans le couvent de Rennes, séparé du monde, mais intimement uni à Dieu ; petit et caché, mais par ses exemples et par ses paroles guide de la nouvelle réforme dans cette vie de silence et de recueillement que prêchent la règle et la tradition de l'Ordre. Ces trois années furent pour le couvent de Rennes des années de bénédiction et de grande ferveur, « Les religieux, — dit le P. Donatien, — y vivoient comme des anges incarnés qui n'avoient d'autre ambition ni désir au monde que de croître de vertu en vertu. Ce n'étoit là-dedans qu'oraison continuelle, que mortification et austérité sans relasche, qu'obéissance très aveugle, que dénuement des affections de la terre, avec cela une pauvreté très nécessiteuse et néanmoins très volontaire » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 89).

Les fruits de salut produits par la nouvelle réforme dans le couvent de Rennes ne tardèrent pas à être connus et à provoquer l'admiration du public ; aussi Mgr de Revol, évêque de Dol, désira-t-il la voir s'introduire dans le couvent des Carmes de sa ville épiscopale, et adressa-t-il une prière à cet effet aux supérieurs de l'Ordre, « Ceux-ci, heureux de céder aux désirs du vénérable prélat, s'empressèrent, en 1616, d'envoyer à Dol quelques religieux réformés, auxquels se joignit le bon aveugle, si connu et si aimé des habitants de cette ville. Avec quelle consolation il revit ce couvent de Dol, si pauvre, où il avait tant souffert, et qui, à cause de cela même, lui était si cher ! Ses sentiments étaient ceux du soldat qui revoit le champ de bataille où il a autrefois vaillamment combattu et triomphé ; ceux du voyageur qui revoit la pierre du chemin où il s'assit un jour, désirant un peu d'eau fraîche pour se désaltérer, et n'en ayant point. Il se mit à l'œuvre avec ses fervents compagnons, et bientôt les ronces disparurent d'une terre cultivée avec amour, et les vertus monastiques y fleurirent, embaumant tout le pays de leur bonne odeur.

Ce travail de restauration achevé, Jean fut rappelé à Rennes qu'il ne quitta plus à partir de cette époque (1617). Résolu, à son retour, de s'enfoncer dans une solitude plus sévère encore que par le passé, il refusa de recevoir les visites de plusieurs personnes de grande condition qui aimaient à aller s'édifier auprès de lui ; il travailla aussi à devenir de plus en plus petit aux yeux des autres religieux, et prit un grand soin de cacher à leurs yeux les grâces extraordinaires dont Notre-Seigneur le comblait » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 90).

Mais malgré cela l'influence de ce saint religieux fut très considérable dans la marche et la direction de la réforme ; cette influence provint non seulement des exemples, de la parole et de la prière du frère Jean, mais encore des écrits spirituels auxquels il se livra. Plusieurs de ces écrits traitent spécialement de mysticité ; d'autres nous initient aux vues de son esprit sur la vie religieuse et ses obligations. Deux ouvrages de Jean de Saint-Samson ont une importance capitale, en ce qu'ils mettent clairement au jour son rôle de réformateur dans le Carmel : ce sont Le Vrai esprit du Carmel et un traité adressé aux supérieurs, intitulé Lumières et Règles de discrétion pour les Supérieurs.

L'historien que nous suivons entre dans de grands développements au sujet des œuvres mystiques de Jean de Saint-Samson ; nous ne pouvons malheureusement le suivre sur ce terrain, car il faut nous orner. Disons seulement que l'étude de ces œuvres telles que le Cabinet mystique, les Maximes spirituelles, le Miroir de con-science, etc., prouve, une fois de plus, l'admirable piété du bon religieux [Note : Les œuvres du frère Jean de Saint-Samson ont été d'abord imprimées en huit petits volumes, puis réunies en deux in-folios et publiées à Rennes chez Coupard en 1659]. Il chantait sans cesse la gloire de Dieu, car il était poète à ses heures et trouvait son bonheur, — ayant étudié la musique dès son bas-âge — à jouer sur les orgues de son monastère, en l'honneur du Très-Haut.

Une si belle âme méritait bien de quitter promptement cette terre, vallée de larmes, pour jouir dans l'éternité bienheureuse de la récompense promise aux bons serviteurs. Ce fut le mercredi, 3 septembre 1636, que Jean de Saint-Samson ressentit les premières atteintes de la maladie qui devait le conduire au tombeau. Il supporta avec une admirable résignation cette dernière épreuve et l'un de ses confrères le P. Joseph nous en a laissé un récit très détaillé. Le samedi 13 septembre Jean communia en viatique, et la nuit suivante, vers minuit, il reçut l'Extrême-Onction, « Il répéta alors le premier pardon à ses frères d'une façon qui parut, à l'extérieur bien plus contrite et amoureuse, prononçant, par respirs entrecoupés, ces paroles : « Oui, je leur demande intimement, intimement pardon, aux plus grands, aux plus petits, à tous. Je leur ai donné très mauvais exemple, je les prie d'être meilleurs que moi, surtout en cette action ». L'adoration qu'il fit de la Croix fut pleine d'édification, la collant à ses lèvres, par un témoignage à l'extérieur très grand et d'amour et de confiance en cette Croix. Il avait tellement l'esprit appliqué et tendu vers Dieu que l'on était contraint de le distraire de temps en temps, afin de causer quelque soulagement à son mal, par l'interruption de l'application de son esprit. Il était aussi tellement abstrait et dénué de toutes choses, que lui parlant de personnes qu'il chérissait et estimait le plus en ce monde, il me dit, — raconte le P. Joseph, — qu'il ne voulait point de ces images-là, ayant sa vue fixe et immobile sur son divin Objet, laissant là tout le créé. Il dit toujours son office jusqu'à sa mort. Je le priai instamment, à diverses fois, de me donner sa bénédiction, ce que sa profonde humilité ne voulut jamais m'accorder » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 323).

Dans la matinée du dimanche (14 septembre), jour où l'Eglise célèbre la fête de l'Exaltation de la Ste Croix, les religieux entourèrent le lit du mourant et attendirent en prières son départ pour le ciel. « Il était un peu plus de onze heures et demie, lorsque levant son bras dénué de pouls, le mourant le rapprocha de lui avec un peu d'aide, et baisant, coup sur coup, un crucifix qu'il tenait en main, il mourut entre les bras de son divin Maître, pour aller s'abîmer dans ce divin Océan de la divinité, et jouir de ces ineffables et inconcevables délices dont il avait ici-bas des avant-goûts et dont il parlait tant. Il était âgé de soixante-quatre ans, huit mois et quinze jours » (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 326).

Le corps du vénérable Jean de Saint-Samson fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame de Pitié, partie de l'église conventuelle destinée à la sépulture des religieux. Plus tard Luc Godard, seigneur des Loges en Chantepie et président au Parlement de Bretagne, attribuant la guérison d'une maladie grave à l'intercession du bienheureux Jean, lui fit élever un tombeau en marbre jaspé orné d'une longue épitaphe.

La chapelle de Notre-Dame de Pitié ne tarda pas, du reste, à devenir « un lieu vénéré de tous, » où Dieu se plut à manifester la puissance de son serviteur. Un saint prélat Mgr Robert Cupif, évêque et comte de Dol, qui avait tenu le bon frère en singulière estime, voulut reposer près de lui et ordonna, par son testament, qu'il fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame de Pitié, ce qui eut lieu. Les supérieurs veillèrent avec soin à ce que les marques de vénération, qui étaient données au saint tombeau, ne dépassassent point les limites prescrites par les constitutions apostoliques : leur prudente réserve n'empêcha pas cette vénération de croître de jour en jour. Des messes se célébraient très souvent sur l'autel de la chapelle, et des ex-voto nombreux y étaient offerts, en témoignages des grâces particulières qu'on affirmait avoir obtenues par l'intercession du bon aveugle (Vie du V. F. Jean de Saint-Samson, 332).

Aujourd'hui l'église des Grands Carmes de Rennes n'existe plus et avec elles ont disparu la chapelle de Notre-Dame de Pitié et la tombe du frère Jean de Saint-Samson. Mais du corps de ce grand serviteur de Dieu il reste une précieuse relique ; c'est le chef qui a été grâcieusement cédé par les Pères Missionnaires de l'Immaculée Conception aux Pères Carmes du nouveau couvent de Rennes. Ainsi se conserve en notre ville la pieuse tradition des vertus du saint aveugle qui dans la solitude du cloître du Carmel donna de si beaux exemples de perfection chrétienne.

(abbé Guillotin de Corson).

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