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LE MOBILIER DE L'HÔPITAL SAINT-YVES DE RENNES

au XVIème siècle

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Les archives municipales de Rennes renferment quatre liasses de titres concernant l'hôpital Saint-Yves. Sans compter l'acte de fondation de l'an 1358, on trouve parmi ces papiers plus d'un document instructif et intéressant. J'en extrais ici quelques particularités curieuses empruntées à un inventaire « des biens meubles et choses trouvées en ladite Maison-Dieu, » le 25 novembre 1583. L'hôpital que l'on trouve aujourd'hui, et avec raison, trop exigu, n'avait pas même alors la modeste étendue qu'il a de nos jours. Les salles destinées aux pauvres malades étaient bien moins spacieuses ; on va en juger tout à l'heure.

L'inventaire commence par la chapelle et en parcourt les diverses parties et les dépendances. Reconstruite en entier à la fin du XVème siècle, cette chapelle était la même qui existe encore aujourd'hui. Je n'entrerai pas dans le détail un peu monotone des chappes, choaisubles (chasubles) et dalmatiques, appelées « daulmoeres » par le rédacteur de l'acte, conservées dans l'église et décrites minutieusement ; je citerai seulement « ung choaisuble de velour rouge avec son orfraise (bordure) de fil d'or de masse où a escussons d'armoyries Du Boisorcant ». Cette chasuble était un don de la famille Tierry du Boisorcant, qui portait pour armes d'azur à trois têtes de lévrier d'argent coupées et accolées de gueules.

Dans le chanceau de la chapelle (ce que nous appelons aujourd'hui le chœur et le sanctuaire), l'inventaire mentionne, avec les « huges » et coffres et les bancs, « une paire d'orgues » ; outre l'autel principal, il y avait deux autels secondaires, l'un dédié à Notre-Dame et l'autre à Saint-Davy.

Au grand corps de l'église, c'est-à-dire dans la nef, je ne trouve à noter que « le tronc des aulmosnes soubz l'arche et vouste de la muraille ».

Sortons de l'église avec les prévôts de l'hôpital, en compagnie de M. l'alloué et du greffier, procédant à l'inventaire, et suivons-les dans la cour de l'hospice ; dans la vieille salle où on compte trente-quatre lits ; dans la salle neuve où il y en a quarante ; ajoutez trois lits dans la chambre des femmes sur la cuisine, et dans les pièces voisines cinq autres lits dispersés, vous aurez pour total des lits disponibles, en 1583, à la Maison-Dieu de Saint-Yves, quatre-vingt-deux : cela parait peu de chose.

Le greffier continue son récolement : dans une armoire ou buffet « de la basse chambre » sont gardés plusieurs calices d'argent doré, plus « une representation de l'imaige de Nostre-Dame et son Enfant de marbre ou jasp, accommodée dans une petite cherre d'argent doré, et trois petits angelots sur le hault des bras de ladicte chere, avec leur étuy en cuir bouilly ».

L'article des tapisseries est assez bien fourni : il y a plusieurs grandes pièces de tapisseries « de mynue verdure » les unes avec armoiries, les autres à personnages, et parmi ces tentures de décoration est signalée la suivante, qu'on ne s'attendrait guère à rencontrer en pareil lieu : « Item une aultre pièce (de tapisserie) ancienne où est painct Vénus ».

Dans deux inventaires postérieurs et qui portent les dates du 12 août 1600 et du 5 août 1608, je trouve à compléter les renseignements contenus dans celui de 1583.

Le premier article mentionne « un bain (banc) tout neuf appelé confessionnal, fermant à clef et claveure, estant en la vouste vers la cort (cour) dudict ospital, qui a esté donné par le gardien, l'an 1600 ». Ce meuble, dont on fait ainsi la description comme d'un objet nouveau et inusité, date l'introduction à Rennes des confessionnaux tels qu'ils sont connus de nos jours. C'est qu'en effet, avant le XVIème siècle, ces meubles dans les églises étaient inconnus ou du moins très-rares. Pendant tout le cours du moyen âge, le confesseur s'asseyait sur un banc ou un escabeau, et il n'était séparé par aucune cloison du pénitent agenouillé près de lui. C'est le concile de Milan, tenu en 1563, qui le premier a ordonné que le confesseur et le pénitent fussent séparés par une jalousie de bois. Comme renseignement historique, cette mention du confessionnal a son intérêt.

Parmi les ornements d'église, en velours, en satin, en damas, je retrouve l'indication de pièces armoriées aux blasons des seigneurs du Boisorcant, de Cucé, de Ligouyer (Saint-Pern), etc., « plus un petit pavillon de damas blanc et roge avaicq son cordon de soye cramouzie, le tout neuf donné par Mr. Jullien Le Breton pour mettre sur le Sacre aux boues festes ».

Le linge d'église se compose de 50 napes, 45 aubes presque toutes neuves, 3 douzaines de serviettes.

Parmi les vases sacrés sont énumerés trois calices d'argent, dont l'un portait inscrit sur sa patte le nom d'ANNE : peut-être était-ce un don de la reine Anne de Bretagne ? — « Un calice d'argent vermeil doré, donné par Maître Jan Thebaud avecq sa pecyne dorée, le tout pesant un marc, deux onces et demie ». — « Une petite custode d'argent avecq ses deulx angelots de bois doré, » donnée par Missire Pierre Alleaume gardien de St. Yves. — « Ung petit baizemains d'argent auquel est ung imaige de Nostre Dame émaillée, doré par endroits, pezant trois onczes, donné par sire Michel Loret, marchand de Rennes ». — « quatre petis ymaiges qui suportent des reliquaires de sainct Yves, de sainct Tudual et de sainct Bertran ».

Le nombre des lits pour les malades reste toujours le même : ce n'est que plus tard, dans le XVIIème siècle, que de nouvelles constructions furent ajoutées au plan primitif de l'hôpital. En 1617, on bâtit une grande salle de 112 pieds de longueur sur 24 de large. Un procès-verbal de 1630 constate qu'à cette époque il y avait à Saint-Yves deux cent vingt pauvres, tant hommes que femmes et enfants. Au milieu du XIXème siècle il y a deux cent soixante-dix lits dans l'Hôtel-Dieu de Saint-Yves. (P. D. V.).

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