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L'HÔTEL DE LA GARDE-ROBE A RENNES. |
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L’hôtel de la Garde-Robe et sa cheminée gothique, 9, rue Saint-Yves et 18, quai Duguay-Trouin (hôtel de Palys).
Dans son Vieux Rennes M. Banéat faisant l’historique de cette demeure relate qu’elle passa d’Arthur Brécart à Pierre Landais, qui la reconstruisit, et enfin à la famille Glé de la Costardaye.
Il est bon d’ajouter que cette maison, la plus belle de Rennes, puisque le duc y descendait lors de ses séjours dans la cité, fut la possession de personnages qui touchaient de près à la cour ducale et qu’il existe entre eux un lien qui explique ce nom singulier de Garde-Robe.
Arthur Brécart était un homme de guerre qui, dès 1428, reçut du connétable de Richemont une gratification de 14 écus. Une fortune plus brillante lui survint en 1439 lorsque Richemont fit de lui son gendre en le mariant à sa fille Jacqueline, légitimée en 1443 par le roi. Au contrat de mariage le père de la mariée promettait aux époux un hôtel valant 100 livres de rente. Ce logis ne fut pas constitué par la maison de Rennes mais par le château de Mervent en Poitou, remplacé depuis 1449 par la seigneurie de l’île de Bréhat en Goélo. Lorsque Richemont fut devenu le duc Arthur III, il fit son gendre capitaine de Saint-Aubin-du-Cormier. François II le nomma connétable de Rennes, en 1460. On ignore quand mourut Arthur Brécart et quand il acquit le terrain où, selon Banéat, son hôtel existait dès 1455. Il semble bien que la famille Brécart était rennaise [Note : Sur Brécart, voir COSNEAU, le Connétable de Richemont].
Pierre Landais qui lui succéda en ce lieu, exerçait depuis 1460 les fonctions de garde-robier, en plus de celles de trésorier et receveur général du duché. Il est naturel que ce richissime ministre se soit construit à Rennes un hôtel digne de lui. Il faut croire que les héritiers d’Arthur Brécart lui vendirent le logis possédé par leur père. On s’explique par les fonctions de Pierre Landais que l'immeuble ait reçu le nom de Garde-Robe. Ce nom ne put que lui être confirmé par l’acquéreur suivant.
On nous dit en effet que la maison de Landais advint aux Glé de la Costardaie, mais quand et comment ? Voici, je crois, cette filière. Souvenons-nous que Pierre Landais tomba en disgrâce et fût pendu en 1485 [Note : En février 1481 les Etats se tenaient à Rennes en l'« hôtel du trésorier ». Morice III, 500. En 1511 le conseil de la ville se réunit « en la maison de la Garde-Robe ». ibid, c. 901. C’est, croyons-nous, le même logis. Arch. Rennes, liasse 17 : Logis de feu Michel Le Doulx, appelé la Garde-Robe, 1497]. Bertrand Glé de la Costardays, possesseur de la « Garde-Robe », alloué de Rennes fut conseiller aux Grands Jours de Bretagne en 1537 (et décédé le 13 octobre 1581). Cet illustre jurisconsulte, fils de Jean Glé et de Marguerite du Cellier (qui elle-même appartenait peut-être à la famille du chancelier de Bretagne portant ce nom), se maria en 1550 (3 mars) à Perronnelle du Pan. Cette demoiselle était fille aînée et principale héritière d’Arthur du Pan et de Jeanne Le Doux, dame de la Massaye en Guichen.
Arthur du Pan était un gentilhomme de la maison de François II qui, en 1511, prenait part au conseil des bourgeois de Rennes et recevait commission pour passer en revue les francs-archers du diocèse [Note : Dom Morice, Preuves, t. III, c. 123, 388, 577, 605, 725, 820, 900, 901].
Sa femme Jeanne Le Doux de la Massaye n’est pas moins intéressante. La terre de la Massaye lui venait en effet de Michel Le Doux, bourgeois de Rennes [Note : Morice, Preuves, t. III, c. 462], garde-robier du duc François II, puis de la reine Anne, anobli en 1471 et qui était probablement son père [Note : Arch. de la L.-I, E 204]. Nous savons par l’acte d’accusation rédigé contre Landais qu’il avait pris à ferme la charge de la Garde-Robe de Michel Le Doux, le titulaire. Cette fonction établit tout naturellement un lien qui dut faciliter la cession de la maison de la Garde-Robe entre Landais et Le Doux, l’un et l’autre gardes-robiers. Par quel mode exactement, je l’ignore jusqu’à présent. De Michel Le Doux aura hérité sa fille Jeanne, femme d’Arthur du Pan, et de ceux-ci leur fille, Perronnelle du Pan, épouse de Bertrand Glé de la Costardaye. Cette famille Glé s’éteignit en la personne de la duchesse de la Vallière née Gabrielle du Pan dont la belle-sœur fut aimée de Louis XIV. Quant à l’hôtel il brûla en 1621 [Note : Journal d’un bourgeois de Rennes. Mélanges d’histoire et d’archéologie, t. I, p. 30] mais ne fut pas entièrement détruit puisque le duc de Vendôme y habitait en 1626 et le prince de Condé en 1629. C’est sa vente aux Hospitalières de Saint-Yves en 1644 qui causa sa suppression. Il en subsiste du moins un morceau qui n’est pas indigne du grand tréorier de François II.
De l'hôtel du trésorier général Pierre Landais il reste trois grandes cheminées de pierre. L’une est située dans une cave de l’habitation actuelle, elle s’appuie au mur qui la termine à l’est. Un écusson meuble le linteau.
Deux autres cheminées superposées l’une à l’autre et se prolongeant par une haute et massive lance carrée, sont adossées au mur occidental de la propriété. Une écurie construite de brique au XIXème siècle les masque en partie et rend difficile la photographie.
La cheminée supérieure dont le manteau porte sur des colonnes engagées habilement moulurées et dont la corniche s’orne d’une tige sinueuse et feuillue essorant d’une bourse est une des meilleures œuvres lapidaires que le gothique ait laissées à Rennes.
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