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L'ANCIEN HOTEL DE VILLE DE RENNES |
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Avant le XVIème siècle, il n’existait pas de maison commune à Rennes, et la ville n’avait point un corps municipal constitué. Les nobles et bourgeois qui, plus tard, devinrent le corps de ville ne se réunissaient qu’accidentellement pour prendre quelques délibérations remises à leur libre arbitre par leur Souverain ou par la force des choses ; il n’y avait donc point d’hôtel de ville proprement dit ; les réunions provoquées par le capitaine ou le gouverneur se tenaient le plus souvent chez lui, c’est-à-dire dans la porte Mordelaise, où était ce qu’on appelait la garde-robe de la Ville, c’est-à-dire le magasin des objets appartenant à celle-ci, notamment l’artillerie. Parfois, quand les Assemblées comprenaient les grands et les petits, elles avaient lieu soit dans l’église de Saint-Pierre, soit dans celle du couvent des Cordeliers, et même dans la chapelle Saint-Yves.
C’est le 23 avril 1482 que les nobles bourgeois acquirent, de Alain de Champaigné, seigneur de Champaigné, une maison située près la porte Mordelaise joignant d’un côté aux murs de la ville, de l’autre côté à la maison et hébergement de André et d’un bout au pavé de la rue qui conduit de la dite porte Mordelaise à l’église Saint-Pierre, et d’autre bout à la chapelle Notre-Dame de la Cité. (Cette chapelle très ancienne était située près des murs de la ville, entre ceux-ci et la rue de la Monnaie actuelle au sud de la porte Mordelaise).
Le 7 mars 1492, il fut fait devis pour la construction d’un corps de maison pour entretenir les écoles de la dite ville au lieu et place de la Vieille-Monnaie, distante de huit pieds de la chapelle Saint-Martin ; cette chapelle était située un peu au sud de la chapelle Notre-Dame de la Cité et bordait la rue de la Vieille-Monnaie (rue de la Monnaie actuelle).
Le marché pour la construction fut passé le 14 mars 1492, et le procès-verbal de renable fut signé le 28 janvier 1493.
Le 7 septembre 1503, on acquit de Renault de Montbourcher une maison sise rue de la Cordonnerie (rue de la Monnaie) joignant d’un côté une maison prébendale du Chapitre de Rennes, d’un bout et derrière d’ycelle à la muraille de la dite ville.
C’est en 1548, par une ordonnance de Henri II, que la Ville fut érigée en échevinage composé de treize bourgeois élus par les habitants et quatre officiers de la ville : le capitaine, son lieutenant et deux connétables ; cette ordonnance leur reconnaissait certaines prérogatives analogues à celles des maires et échevins des autres villes du royaume.
La maison des écoles devint la maison commune et on travailla pour l’agrandir, on la répara en 1598 pour l’entrée du roi Henri IV à Rennes.
En 1592, un autre édit leur permit d’avoir une maison de ville où ils pussent délibérer, et de se choisir six échevins, un procureur et un greffier ; le maire non éligible était le gouverneur de la cité, M. de Monbarrot.
La maison commune étant en mauvais état, la Communauté de Rennes acquit, le 6 mai 1600, de M. de Monbarrot, un hôtel situé à l’angle de la rue de la Fannerie et de la rue du Mesnil (angle nord-ouest de la place du Théâtre) et les assemblées se tinrent quelque temps en ce lieu, mais peu de lumps après, en 1610, la Communauté, revint siéger dans son ancienne maison commune, et, les 17 et 19 mars 1610, les bourgeois de Rennes adressèrent une demande à Mgr l'Evêque et à Messieurs du Chapitre, par laquelle ils exposent que la chapelle Saint-Martin étant bâtie trop près de la maison commune en empêche l’avenue et l’aspect et donne beaucoup de difformité à ce bâtiment, que d’ailleurs cette chapelle est employée aux usages profanes, et qu’ils s’engagent à remettre ce qui reste en dû état pour l’exercice de la religion catholique.
Le 9 juin 1610, cette autorisation fut donnée par Mgr l'Evêque et par la dame abbesse de Saint-Georges.
En 1604, le Gouverneur cessa d’être maire, et à partir de cette époque, le maire fut élu par les échevins dont le nombre fut porté à huit.
En 1627, l’assemblée comprenait en plus des huit échevins, deux députés du chapitre de Saint-Pierre, deux religieux de l’abbaye de Saint-Melaine, un député de l’abbesse de Saint-Georges, les premiers juges ordinaires, deux conseillers de même juridiction, le procureur ou l’un des avocats de Sa Majesté ; les anciens syndics ou miseurs ayant rendu leurs comptes, deux secrétaires de la Chancellerie de Sa Majesté ; enfin, dix individus pris parmi les greffiers, notaires et avocats du Parlement.
Soumis aux volontés du Gouverneur, ce corps de ville ne pouvait s’assembler que lorsque celui-ci le permettait, et n’avait aucun pouvoir, il n’était à proprement parler qu’un « enregistrateur » des dépenses municipales, ces assemblées étaient toujours les instruments positifs des volontés du Gouverneur de la province.
En 1663, le vieil hôtel de ville tombant en ruines, « le syndic de la Communauté de ville est mandé en la Cour, Grand'chambre et Tournelle assemblées. Celui-ci, appelé à s’expliquer devant le Président et devant le doyen des Conseillers du Parlement, dit, à propos des nouveautés entreprises en ville, que la Communauté de ville comptait obtenir des lettres de redoublement des anciens devoirs patrimoniaux, pour en employer la moitié à la réfection de l’hôtel de ville et du logement du Gouverneur, et que la Communauté n’a jamais prétendu pouvoir faire aucune chose sans l’aveu du Parlement ».
Peu après, par lettres patentes du Roi, de janvier 1664, enregistrées au Parlement, le 9 mai, « la Communauté est autorisée à lever pendant neuf ans le double de ses anciens devoirs patrimoniaux et d’octroi pour en être appliqués moitié à la réédification de leur Maison de Ville et à la construction d’un logis propre pour le Gouverneur ». Malgré cette autorisation, ce n’est que trente ans plus tard, en 1694, qu’il fut établi un « Devis bail à adjudication pour la construction et rétablissement de l’ancien hôtel de ville de Rennes, à qui pour moins fait, par M. de Rointel, Intendant ».
Les travaux furent adjugés, le 14 septembre 1694, à Gallier, et, le 30 mars 1703, il fut passé bail pour la boiserie de la salle du Conseil.
Le 13 juillet 1708, autorisation fut donnée à Messieurs le Maire et échevins de disposer des herses du pont Saint-Yves et du pont Saint-Georges pour être employées à la confection d’une ferrade qui sera placée sur le perron de l’ancien hôtel de ville.
Et, le 18 avril 1715, la Communauté de ville paie à Huguet, 200 livres pour le crucifix de la Chambre du Conseil.
La Communauté de ville siégea et se réunit dans cet hôtel jusqu’en juillet 1743, jour où elle put s’installer dans le nouvel hôtel de ville construit sur la place royale, après l’incendie de 1720.
En 1735,
un édit du Roi, du 1er octobre, enregistré au Parlement de Bretagne le 12
octobre, ordonnant la translation des Facultés de droit de la ville de Nantes
en celle de Rennes, la Communauté décida, le 18 octobre, qu’elle «
serait installée provisoirement dans la chambre qui est à droite de la grande
salle en entrant, en attendant qu’on puisse lui désigner un lieu permanent et
stable ». Enfin, en 1751, la Communauté céda l’ancien bâtiment aux
Etats de Bretagne.
(G. Nitsch).
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