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LES PEINTRES VERRIERS DE RENNES

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Il y a lieu de penser que cette corporation, ainsi que beaucoup d'autres, était très-ancienne à Rennes. Devenue capitale du duché depuis l'avènement au pouvoir suprême de la famille de ses anciens comtes, à la fin du Xème siècle, la Ville de Rennes avait, jusqu'au milieu du IXème siècle, fait partie intégrante de l'Empire franck. Charles-le-Chauve la disputait encore à Nominoë en 850. Les traditions et les moeurs gallo-romaines étaient toutes vivantes dans son sein lorsque, suivant les destinées de la Ligue armoricaine dont elle était membre, l'antique Civitas-rubra, la vieille Condate, s'incorpora aux Etats des princes mérovingiens.

Rien n'empêche de croire à l'existence, dès lors régularisée, dans sa population industrielle, de diverses corporations, telles qu'en comptaient, à la même époque, la plupart des villes de l'Empire romain.

Je n'en veux pas conclure qu'on puisse faire remonter jusqu'à ces temps reculés l'origine de la corporation des peintres verriers de Rennes, bien qu'il soit incontestable que la fabrication du verre et son usage fussent très-connus des Romains, et bien que le Code Théodosien accorde déjà aux artistes en verre des privilèges et des franchises [Note : L'emploi du verre aux fenêtres des édifices, dit Onin-Lacroix, paraît dater seulement des IIIème et IVème siècles. On s'en servit tout d'abord pour les églises, ainsi que l'attestent saint Jérôme en 440, saint Grégoive de Tours en 550, Fortunat de Poitiers en 601. Ces divers auteurs parlent de verre de couleur dont les morceaux de nuances diverses formaient de petites marqueteries qui rappelaient les belles mosaïques des anciens. De ces timides essais sortit peu à peu la peinture sur verre, qui, cependant, ne produisit des ouvrages de quelque prix que vers le XIème siècle].

Toujours est-il qu'aucun document ne subsiste d'où ressorte la preuve positive que l'art si prisé de la vitrerie peinte fut en activité chez nos aïeux, antérieurement au XIIème siècle. Vers 1170, l'évêque Etienne de Fougères édifia près de son palais épiscopal une chapelle dédiée à la sainte Vierge et à saint Firmat, et il constate lui-même avec complaisance qu'il la décora de fenêtres avec verrières : « Fenestris vitreis decoravimus ». On peut en conclure qu'il y avait dès lors, à Rennes, des artistes en ce genre.

Pendant le XIIIème siècle, la Cathédrale, dont la reconstruction entreprise par l'évêque Philippe, en 1181, se poursuivait sous ses successeurs, devint un champ ouvert pour exercer le talent de nos peintres verriers ; et si nous manquons de renseignements précis sur leurs oeuvres, il n'est guère permis de douter que les onze fenêtres du chevet n'eussent reçu, dès la première moitié de ce siècle, une complète décoration de vitraux. En effet, lorsqu'au commencement du XVème siècle (vers 1420), Anselme de Chantemerle fit remplacer par de nouvelles verrières quelques-unes des anciennes, le principal motif allégué pour justifier ce changement, c'est que le choeur était obscurci par « les anciennes vitres ». Ces teintes sombres des vieux vitraux n'accusent-elles pas une oeuvre de vitrerie dans le style du XIIIème siècle ?. Malheureusement aucun nom d'artiste rennais de cette époque n'a été sauvé de l'oubli.

Nous arrivons au XIVème siècle : c'est alors qu'en 1350, Charles de Blois, de sainte et glorieuse mémoire, comblait de ses largesses la ville et l'église de Rennes. Entre autres dons précieux, le pieux duc « embellit l'église Cathédrale de diverses peintures et images, fit faire deux grandes vitres au côté gauche de la croisée », dit Albert-le-Grand.

J'ai eu l’occasion de citer les noms de deux frères Perrot et Raoul Beart, qui travaillèrent aux vitraux de la Cathédrale en 1375. Je regrettais, en cette circonstance, de ne pouvoir nommer aucun artiste rennais du XVème siècle, Je suis plus heureux aujourd'hui, grâce à l'obligeance d'un ami : M. Léon Maupillé a bien voulu me communiquer le résultat de ses recherches dans les archives de la paroisse Saint-Sulpice de Fougères. Il en ressort la preuve irrécusable dont je ne pouvais avoir que le pressentiment, — la certitude de l'existence d'une école de peintres verriers à Rennes au XVème siècle. C'était de Rennes, en effet, qu'on faisait venir à Fougères les maîtres de l'art : « Jehan Simonnet et Guillaumet Besnart, qui fesaient les vitres », dit le compte de la fabrique de Saint-Sulpice du mois d'août 1450. Les autres comptes, depuis 1416 jusqu'en 1496, font connaître les noms de plusieurs autres artistes qui travaillaient à Fougères et dans les environs.

Ainsi, en 1416, « Jehan Dabeville » posait à Saint-Sulpice « la grant vitre dou pignon don chancel ».

De 1422 à 1425, étaient employés aux réparations des vitraux, « Guillaumet Avissart, Jehan Duchesne et Michelet Legay » ; — de 1443 à 1446, « Jehan Duchesne et Benoist Le Molant alias Raguenel » ; — de 1449 à 1476, « Etienne Faverie et son compagnon, oupvriers de Vitré » (ce qui donnerait à croire qu'il y avait aussi à Vitré un corps de peintres verriers) ; — en 1491, « maître Thebauld de Charenton », et en 1496, « Jehan Barrier et Grant Jehan, vitriers » ; enfin, « Jehan Guibert ».

Au reste, sans sortir de Rennes, les peintres verriers de cette ville n'y manquaient pas d'occupation. C'est en 1422 que l'évêque Anselme de Chantemerle faisait exécuter dans sa Cathédrale deux grandes et belles vitres, « au hault du choeur, painctes à l'imaige de la Presentation ».

C'est de 1436 à 1484 qu'était placé à Saint-Sauveur de Rennes le grand vitrail au-dessus du maître-autel, qui coûta 280 liv., et pour lequel Julien Tierry, sieur du Boisorcant, donna lui seul jusqu'à 40 liv. La grande et belle vitre du chevet de l'église de Saint-Germain, dont il ne reste plus que quelques débris, est postérieure à 1435.

Le XVIème siècle est l'époque du grand mouvement de l'art du peintre sur verre dans notre contrée ; le goût s'en propage et devient général. Il n'y a peut-être pas autour de Rennes une seule église qui n'ait possédé ou qui ne conserve encore aujourd'hui quelques échantillons des vitraux de cette période, C'est alors que furent exécutées à la Cathédrale un grand nombre de verrières, entre autres celles données en 1531 par le sire de Châteaubriand, et deux autres exécutées à la même date par ordre du Chapitre, un grand vitrail dans le choeur donné en 1536 par maitre Michel Le Duc, official de Rennes, etc.

Jehan Le Breton et Jehan Mauger, maîtres verriers, reçurent pour prix de deux de ces verrières, 50 liv. du prévôt du chapitre.

Jehan Adrian était un des artistes rennais les plus célèbres en ce temps-là. Son nom se retrouve dans les comptes des fabriques paroissiales comme dans les comptes des Miseurs pour les dépenses municipales. C'est lui qui, le 20 novembre 1526, passait avec les trésoriers de Toussaints un marché de 640 liv. tournois pour l'exécution de la maîtresse vitre de leur église.

C'est encore lui qui était employé par la communauté de ville, en 1532, pour les fêtes de l'entrée et du couronnement du dauphin François, comme duc de Bretagne.

Le nom d'Orson Lesec est attaché au souvenir de la magnifique vitre de l'Apocalypse, donnée à Saint-Germain en 1545, par la corporation des Merciers de Rennes.

L'auteur du vitrail conservé dans la même église, au-dessus de la porte latérale du transept méridional, où l'éclat des teintes et le dessin accusent une bonne époque du XVIème siècle, celui du vitrail de saint Laurent, portant la date de 1556, sont inconnus.

Mais les comptes de miserie contemporains, notamment ceux de 1565, nous signalent comme florissants alors dans l'art de la peinture sur verre, les maîtres rennais dont les noms suivent : Guillaume Cargusel, Symon Le Roux, Michel Talbot, André de la Porte, 0llivier Auléon, Jehan Le Breton Jehan Leliepvre, Guyon Lalleman, 0llivier Guischer, Jaspart Vante.

En 1608, 1631 et même 1657, Jan Hervé, Raoul Hervé, Jan Duliepvre, Jan Bossart, figurent encore comme maîtres verriers, passent des marchés, réparent des verrières, en construisent et en établissent de nouvelles. Ainsi, jusqu'au milieu du XVIIème siècle, l'usage des vitraux coloriés persista dans les églises du diocèse de Rennes.

Jusqu'en 1789, la corporation des peintres sur verre s'y maintint avec sa hiérarchie et ses antiques règlements. Elle s'intitulait dans les derniers temps : La communauté des maîtres vitriers-peintres héraldiques [Note : Les armoiries de la corporation des « peintres vitriers » de Rennes, réunis aux sculpteurs doreurs, étaient « d'azur à un soleil d'or, au quartier patté d'argent et de sable et un chef d'argent chargé de quatre mouchetures d'hermines »]. Les confrères tenaient leurs assemblées dans la salle du chapitre des P. Cordeliers ; tous les trois ans, on nommait deux prévôts.

L'aspirant à la maîtrise avait huit jours pour faire son chef-d'oeuvre, qu'il pouvait choisir sur trois sujets à lui présentés par l'assemblée des maîtres. Pour travailler à l'exécution de ce chef-d'oeuvre, le candidat était chambré chez le sous-doyen, c'est-à-dire enfermé sous clef, et il devait travailler tous les jours de huit heures du matin à onze heures, et de deux heures de l'après-midi jusqu'à cinq. La clef de la chambre était remise au prévôt et à un autre maître chargés de fermer et d'ouvrir la porte, de surveiller l'aspirant et de le voir travailler.

L'aspirant reçu payait au Prévôt 10 liv. tournois pour droit d'entrée, prêtait le serment d'obéir aux statuts, et dès lors participait à tous les droits et à toutes les obligations du corps.

Les fils de maîtres n'étaient tenus, pour être admis, « que de faire simple chef-d'oeuvre ou suffisance », aux termes de l'art. 6 des chartres et statuts.

Si un artiste vitrier se hasardait à venir du dehors travailler en ville, il ne s'exposait à rien moins qu'à voir saisir par les gardes du métier son verre et ses outils.

C'est ce qui arriva encore en 1764. Voici les noms des derniers maîtres vitriers-peintres héraldiques de la corporation rennaise qui aient signé au registre clos le 22 avril 1791 : Blanvillain, Jean Bourbet, J.B. Bourbet, René Métayer dit Dubourg, Julien Blanvillain, Michel Bourbet, François Thomas (P. D. V.).

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