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LA PREVALAYE ET SON BEURRE. |
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LE BEURRE DE LA PRÉVALAYE A LA COUR DE FRANCE AU XVIIIÈME SIÈCLE.
Situé en la paroisse de Toussaints de Rennes, le manoir de la Prévalaye appartient dès le XVème siècle à la famille Boisvin, puis par mariage à la famille Thierry. En 1896, le manoir est la propriété de M. Espivent de la Villeboisnet. Depuis 1970, ce lieu appartient à la ville de Rennes.
De « mauvaises langues » disent que la réputation du beurre de la Prévalaye a été surfaite, et que, d'ailleurs.... Mais cela n'empêche pas le nombre surprenant de milliers de livres de « Beurre de la Prévalaye » annuellement vendues dans les cinq parties du monde, de prouver une renommée croissante. Pour ennuyer les sceptiques et pour édifier les âmes candides qui croient facilement à l'excellence des hommes et du beurre, je publie le document inédit ci-dessous, lettre de M. de Rochefort, intendant de Bretagne, à M. d'Ogny, que j'ai copié aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine (liasse cotée C. 1,568).
Il prouve que la vogue du beurre de la Prévalaye est plus que séculaire, et qu'il figurait à Versailles, sur les tables royales et princières, parmi les mets délicats les plus recherchés en temps de carême. Si je ne craignais de m'exprimer avec irrévérence, je dirais que c'est là comme le titre de noblesse de ce beurre célèbre. Mais je me hâte de céder la parole à M. de Rochefort, car je ne voudrais point, à propos de beurre, servir une tartine de ma façon et qui ne serait pas de la Prévalaye.
Rennes, le (mercredi) 18
février 1787.
« Je me propose d'adresser deux fois par semaine, pendant le
carême prochain, à la famille royale et à plusieurs ministres, des paniers de
beurre de la Prévalaye. J'ose espérer, Monsieur, que vous voudrez bien que je me
serve de votre intermédiaire et accepter un panier par chaque envoi. Je vous
prie aussi d'avoir la bonté de donner vos ordres pour que les différents paniers
soient remis promptement à leur destination. J'ai l'honneur de vous observer que
le premier envoi partira dimanche prochain et les autres successivement tous les
mercredis et dimanches de carême ».
Dès l'année 1756, l'intendant Le Bret envoyait à la Cour du beurre de Bretagne, pendant le carême. Il recevait même à ce sujet les remerciements d'Helvétius, au nom de Madame la Dauphine (Lettre du 15 avril 1756. Arch. d'Ille-et-Vilaine, liasse C, 2,464). La provenance du beurre envoyé alors n'est pas indiquée, mais il est fort probable qu'il venait de la Prévalaye.
Quoi qu'il en soit, ces nombreux envois d'une denrée coûteuse sont encore une preuve du singulier abus de dons en nature faits aux grand personnages, sous l'Ancien régime, par la plupart des corps constitués et des fonctionnaires. Ainsi se rattache à l'histoire générale notre petite anecdote.
Dans une année (1778) que je possède, des Étrennes bretonnes, je trouve, à propos du commerce de Rennes, cette mention « le beurre dit de la Prevalaye ». Il en est question aussi dans les éditions du Dictionnaire du commerce de Savary des Bruslons (davantage dans celle de 1759), etc. Mais noter surtout ce passage du Corps d'observations de la Société d'agriculture de commerce et des arts établie par les États de Bretagne, t. II (années 1759 et 1760), p. 78 : « Le beurre de la Prevalaye est le meilleur de la province. Peut-être est-ce le meilleur du royaume ? Cette supériorite peut dépendre de beaucoup de causes qu'il serait très difficile de pénétrer. Mais il est naturel de supposer que l'espèce des plantes doit avoir ici beaucoup d'influence. C'est ce qui a déterminé M. de Livoys à décomposer [analyser] une des meilleures prairies [la Prairie haute] de la Prevalaye. En comparant le tableau suivant avec ceux des autres prairies des environs de Rennes on sera de plus en plus porté à supposer que la qualité des fourrages et des herbages contribue à donner de la finesse au beurre ». Suit, p. 79 et 80, le tableau en question. Aux remarques de M. de Livoys sur la qualité des herbages ajoutons seulement que dans un grand nombre de fermes le beurre serait de bien meilleure qualité si les bestiaux, les étables et les barattes étaient toujours proprement tenus.
L. VIGNOLS.
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