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LA PAROISSE DE SAINT-AUBIN (avant la Révolution) |
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L'église Constitutionnelle.
Dès le 16 messidor, an III (14 juillet 1797), le citoyen Gilles Alain avait demandé la location de la « Ci-devant église de Saint-Aubin » pour l’exercice du culte. Les administrateurs du département refusèrent, et considérant que « cet édifice national était destiné à servir de magasin pour la paille, à portée de la maison des ci-devant jacobins où est établi le principal magasin des fourrages », ils déclarèrent « qu’il n’y avait pas lieu de faire droit à cette demande » [Note : Voici les termes de la pétition : Trois églises accordées à des citoyens de cette ville ne sont pas suffisantes. Il est à votre connaissance que l’empressement du public à vouloir exercer le culte Romain produit aux églises des ci-devant Carmélites, des Jésuites et de Saint-Hélier, une foule innombrable et qui ne peuvent y participer : ce qui démontre clairement la nécessité d’ouvrir plusieurs églises dans différents quartiers].
Le 21 Juin 1797, (3 Messidor de l’an V) lorsque l'Eglise Saint-Aubin fut débarrassée de la paille qui l’encombrait, Gilles Alain renouvela sa demande et la municipalité de Rennes arrêta sous l’approbation de l’administration centrale, que certaines églises, entre autres Saint-Aubin, seraient mises « à l’usage et disposition des citoyens pour servir aux exercices du culte sous la surveillance des autorités et à charge de les entretenir et réparer sans aucune contribution forcée ». Pendant quelque temps l’église fut ainsi rendue au culte catholique. Vint alors le coup d'Etat du 18 fructidor (3-4 Septembre 1797) qui renouvela les lois de la persécution religieuse contre les prêtres insermentés. Les prêtres constitutionnels firent rédiger une pétition pour obtenir l’exercice de leur culte dans l’église de Saint-Aubin. Elle mérite d’être citée comme modèle de style de l’époque. « Avant le 18 fructidor, des ministres affublés du manteau de la loi interprétée à leur guise [Note : Il s’agit naturellement des prêtres fidèles] exerçaient leurs fonctions dans l’église de Saint-Aubin qu’ils ont abandonnée. Les ministres que nous choisirons sont soumis aux lois. Ils nous ont dans tous les temps édifiés par leurs discours religieux et patriotiques ». Cette pétition était signée de : Le Coz, évêque constitutionnel, Le Roy, J. Croc, Richard, Duchesne, Chausseblanche, etc., tous prêtres assermentés.
Les administrateurs municipaux, en date du 12 brumaire an VI (2 novembre 1798) « considérant qu’il n’y a qu’un seul temple (Saint-Sauveur) occupé par les ministres du culte soumis à la loi et que pour la commodité des vieillards et des infirmes, il est instant de mettre à la disposition des bons citoyens d’autres temples, sont d’avis que le bâtiment municipal connu sous le nom de Saint-Aubin soit mis à la disposition des pétitionnaires dans l’état où il se trouve ».
Cet arrêté fut sanctionné par les administrateurs du Département le 17 brumaire suivant (7 novembre). Le « citoyen » Jean FORTIN curé constitutionnel de Saint-Augustin (Saint-Etienne) [Note : L’église de Saint-Augustin (St-Etienne) avait été transformée en fonderie] se transporta à Saint-Aubin.
Jean-François FORTIN, né à Rennes le 30 décembre 1745, fut ordonné prêtre à Saint-Malo le 24 septembre 1774. Son père était entrepreneur-architecte. D’abord vicaire à Amanlis il fut pourvu de Servon le 21 mai 1776. Il bénit le drapeau de la garde nationale le 24 mai 1790. « Fortin, dont le patriotisme est bien connu » disent les bulletins de l’époque. Ayant prêté serment à la Constitution Civile du Clergé le 9 janvier 1791, il fut nommé curé constitutionnel de Saint-Augustin le 15 mai 1791. Il jura encore une fois le 19 fructidor de l’an V. Les archives de la paroisse conservent le registre paroissial de ce curé constitutionnel qui fit son premier baptême le 27 frimaire an VI (17 décembre 1797).
Le « citoyen évêque » Claude Le Coz vint même bénir le mariage du « citoyen François-Jean-Baptiste-Thomas Jollivet, négotiant (sic) et de la citoyenne Marie-Anne-Rose Boullay, originaire de la ci-devant paroisse de Saint-Germain ».
Le 17 ventôse de l’an VIII (8 mars 1800) le citoyen Fortin demanda de transporter dans l’église de Saint-Aubin « pour la décence et la commodité du culte catholique qu’il y exerce, une balustrade en bois de " très faible valeur " qui servait à la clôture des fonts baptismaux de la ci-devant paroisse Saint-Augustin ».
Cette permission fut accordée par l’administration centrale du Département qui avait alors Legravrerend comme président.
Malgré la protection qu’il recevait du Gouvernement, ce clergé schismatique ne plaisait pas à la population, surtout dans nos régions. Bonaparte le comprit, et le 15 juillet 1801 il signa le Concordat qui mettait fin au schisme et rétablissait le culte catholique et romain.
Toutefois le « citoyen Fortin » continua à exercer son ministère jusqu’au 31 juillet 1803, dans la paroisse de Saint-Aubin. Le 16 juillet précédent, Mgr de Maillé, nommé en 1802 évêque du nouveau diocèse de Rennes, avait fixé les limites actuelles [Note : La paroisse de Saint-Aubin comprend actuellement une partie des anciens territoires de Saint-Germain et de Saint-Martin] de la paroisse de Saint-Aubin, qui devint alors une simple succursale de Saint-Etienne. M. Vanneau y fut nommé curé et administra le sacrement de baptême pour la première fois le 25 septembre.
Après le Concordat, l’autorité épiscopale proposa à M. Fortin de retourner à Servon. Il refusa et mourut dans la maison de Courneuve, rue Salle-Verte, le 15 octobre 1808 (Henri Poisson).
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