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LA PAROISSE DE SAINT-AUBIN (après la Révolution) |
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Les
Ecoles Chrétiennes de la Paroisse en 1935.
1) L'Ecole Sainte-Anne.
En 1818, les Frères de Saint-Jean-Baptiste de la Salle furent appelés par la Municipalité de Rennes pour donner l'instruction aux enfants dans les écoles communales de la rue d'Echange, du boulevard de la Liberté et de la rue Saint-Melaine.
L'Ecole de la rue d'Echange, quoique sur le territoire de Saint-Aubin, était à la charge de la Municipalité. C'est pourquoi nous n'en parlerons pas.
Le 1er février 1881, le Conseil Municipal de Rennes vota par 26 voix contre 4, la laïcisation de toutes les écoles dirigées par les Frères. Aux vacances de Pâques de la même année, ceux-ci devaient être remplacés par des maîtres de l'Enseignement public.
Le 9 mars 1881, Mgr Place envoya une lettre à MM. les Curés de la Ville pour leur demander de fonder des Ecoles chrétiennes, et un Comité fut fondé, chargé de trouver des locaux pour les nouvelles classes et de les aménager [Note : Une souscription fut ouverte dans le diocèse, le 21 avril, elle dépassait 93.300 frs et le 28 juin 100.000 frs]. Ce Comité acheta près de la rue d'Echange, dans l'impasse qui conduit chez les Servantes des Pauvres, l'ancien Cercle catholique d'Ouvriers et y fit construire neuf belles classes. Cette école devait s'ouvrir à la rentrée de Pâques.
Tout était prêt lorsque les Frères quittèrent l'Ecole de la rue d'Echange le 14 avril 1881. Mais lorsque le Frère Raveneau qui devait être le directeur de la nouvelle Ecole voulut faire sa déclaration d'ouverture, le Maire de Rennes prit un arrêté interdisant de faire l'école dans les nouveaux locaux sous prétexte « que les élèves des écoles libres étaient poussés au désordre par les excitations de la réaction » (sic). Le Conseil Départemental de l'Instruction publique donna raison à la Municipalité.
Le Comité de l'enseignement libre essaya de tourner la difficulté en faisant pratiquer un passage à travers l'immense jardin situé entre l'impasse de la rue d'Echange et la rue de Dinan. De plus, afin d'éviter les rencontres entre les élèves des deux écoles, le Directeur s'engageait à faire changer l'heure de la rentrée et de la sortie des classes.
La Municipalité avec une mauvaise foi évidente s'opposa de nouveau à l'ouverture de cette école [Note : Dans une lettre adressée à MM. les Curés de Rennes, le 22 Avril 1882, Mgr Place remercia les personnes généreuses qui avaient répondu à son appel, en ajoutant : « Les trois écoles organisées en hâte dans les principaux quartiers de la ville devaient suffire à tous les besoins. C'est alors qu'une opposition, qui ne pouvait être ni prévue, ni redoutée a frappé d'interdit la plus vaste, celle de la rue d'Echange ».
La raison inavouée, la voici : l'Ecole de la rue d'Echange, à cette époque n'aurait pas eu d'élèves. A la Rentrée de Pâques 1881, elle reçut seulement 38 enfants sur les 600 qui la fréquentaient précédemment.
Il faudra attendre l'année 1888, pour voir la fondation d'une école libre de garçons sur la paroisse de Saint-Aubin.
Le Comité de l'Enseignement libre jeta ses vues sur un immeuble situé rue Basse, appartenant à Mme de Monthuchon. Suivant acte reçu par Maître Guillemot, le 2 mai 1888, M. Durant, curé de Saint-Aubin, MM. Tiercelin, négociant, Philouze, ancien magistrat, Gicquel, banquier, acquirent la propriété au nom de la Société Civile qu'ils avaient constituée entre eux le 18 avril 1888.
La première déclaration d'ouverture d'école fut faite, le 12 décembre 1889, par M. Banctel, frère de la Doctrine Chrétienne. Les trois classes furent utilisées à la rentrée des vacances du 1er de l'an 1890. Plus tard, on utilisa un vieux bâtiment, démoli depuis, pour faire une quatrième classe.
En 1904, les Frères de Saint-Jean-Baptiste de la Salle furent chassés. Depuis, cette école a été dirigée, tantôt par des civils, tantôt par des ecclésiastiques.
Une quatrième classe fut construite en 1930, et la cinquième classe élevée grâce à la générosité des paroissiens et d'un certain nombre de catholiques rennais a été bénite par Mgr l'Archevêque le 17 mars 1935.
2) L'Ecole de la Providence.
L'Ecole Charitable pour jeunes filles pauvres fondée par M. Le Forestier n'aurait pu subsister facilement à la mort de Mlle du Jarday. Des Congrégations vouées à l'Enseignement pouvaient seules assurer la vitalité de cette oeuvre. M. de Léon le comprit et en 1822 fit appel aux Soeurs de la Providence de Ruillé-sur-Loir [Note : Ce fut la première école de la Congrégation de Ruillé-sur-Loir, fondée à Rennes]. M. l'abbé Garnier, vicaire Général de Rennes, prit une part très active à l'établissement de ces religieuses.
La même année, M. de Léon désireux de donner plus d'importance à l'Ecole de la Providence voulut acheter une maison voisine de l'établissement. N'ayant pas les 1.700 frs nécessaires pour faire cette acquisition, il écrivit en août 1821 au Duc d'Angoulême et à Madame Royale, à la duchesse de Berry et au roi Louis XVIII lui-même, pour obtenir la somme nécessaire. Les protestations de fidélité dont il les assure, la joie qu'il manifeste de voir la race « très chrétienne » sur le trône de France furent-elles suffisantes pour lui assurer le concours de la Maison de France ? Nous le souhaitons [Note : Cette école suscitait de généreux dévouements : une bonne vieille fille Louise Launay, laisse aux Soeurs tous ses biens en mourant, 15 septembre 1826].
Ces quatre lettres sont fort intéressantes. Voici celle qu'il adressa à la Duchesse de Berry :
Madame la Duchesse,
« Votre auguste nom se rattachant aux époques les plus fortunées, rappelle naturellement l'espérance dans tous les coeurs. Et le malheureux accoutumé à voir par votre Altesse Royale, l'allégresse publique succéder à la consternation générale, se persuade encore que vous pouvez également mettre un terme à son infortune particulière. Moi-même chargé par mon état de veiller au soin des indigents et par cette circonstance me mettant facilement à leur place, je me trouve entraîné dans le même sentiment et la même confiance qu'inspire votre Altesse Royale...
Dans ma paroisse, il existe une école dirigée par les Soeurs de la Providence pour l'instruction des enfants du sexe des parents indigents. On leur apprend leur catéchisme, à lire, à écrire, à travailler des mains. Et loin du mauvais exemple, elles entendent sans cesse recommander la pudeur et l'honnêteté. Cette école est devenue si nombreuse que le premier local ne suffit plus. La maison qui l'avoisine et qui nous conviendrait parfaitement se trouve dans ce moment à vendre. Le prix en est de 1.700 frs. Cette acquisition nous mettrait de plus à même de former un noviciat de ces bonnes Soeurs de la Providence.
Daignez, Madame, considérer qu'en vous implorant dans nos besoins, nous implorons également votre Auguste Enfant [Note : Le Duc de Bordeaux connu plus tard sous le nom de Comte de Chambord], parce que votre Altesse royale se plaît tous les jours à se rendre l'interprète des sentiments généreux dont le germe repose dans le sang illustre qui coule dans ses veines. Pour moi c'est une grande consolation de former à Mgr le Duc de Bordeaux, une nouvelle génération de fidèles sujets, et d'emporter avec moi dans le tombeau la ferme espérance qu'en affermissant à jamais la race très chrétienne, un jour il affermira sur la terre le règne de Dieu et le bonheur de ma patrie. Daignez, Madame, agréer l'hommage du profond respect avec lequel je suis. De Votre Altesse Royale. Le très humble et très obéissant serviteur ».
Les Soeurs de la Providence laissèrent à l'école son caractère spécial. Le travail manuel y était à l'honneur. Nous en avons la preuve par un contrat passé en bonne et due forme entre la Directrice de l'« Ecolle de la Providance » (sic) et M. Lebreton, « frabriquand » de bas, rue de Brest (25 septembre 1829). Ce dernier s'engageait à fournir la laine nécessaire « pour locupation des enfants pandant dix année consécutive et san interruption ».
Parmi les premières religieuses, il faut citer Soeur Théodore, Supérieure de l'établissement de 1824 à 1834. Six ans plus tard elle sera envoyée dans la mission de l'Indiana (Amérique du Nord) où elle fondera la Congrégation de la Providence de Sainte-Marie-des-Bois, aujourd'hui (1935) si prospère. Sa cause est actuellement introduite à Rome. Le succès de l'école de la Providence attirait de nombreuses élèves et les locaux devinrent insuffisants, M. l'abbé Léon fit construire de nouvelles classes et pourvut au traitement des 5 Soeurs, aidé en cela du reste, par le Conseil municipal d'alors qui savait apprécier l'éducation donnée par les religieuses aux enfants du peuple. En 1839, les religieuses de Ruillé demandèrent à M. Jehannin l'autorisation d'avoir des classes payantes et des pensionnaires afin de permettre à l'établissement de vivre plus facilement, mais l'école gardait cependant le caractère qu'elle avait eu jusque là. En 1840 on annexa les Asiles de Toussaint, rue des Carmes, à ceux de Saint-Aubin. Ils comprenaient un personnel de 4 Soeurs et de 4 domestiques, entretenues par un Comité de Bienfaiteurs.
Sœur Dosithée, qui succéda à Sœur Théodore, comme supérieure, mourut à Rennes en 1843, en odeur de sainteté. Monseigneur de Lesquen disait d'elle : « Je n'ai jamais vu une aussi grande abnégation ; cette fille est une sainte et je ne serais pas étonné qu'elle fît des miracles après sa mort. Je suis si pénétré de vénération pour elle que, si je ne craignais de lui faire connaître mes sentiments, je me mettrais à ses genoux pour lui demander sa bénédiction au lieu de lui donner la mienne ».
En 1849 le choléra fit, dans le quartier Saint-Aubin, de nombreuses victimes. Les Sœurs prodiguèrent leur dévouement aux pauvres malades et la Supérieure Sœur Saint-Ignace, offrit sa vie à Dieu pour faire cesser le fléau. Son sacrifice fut agréé : atteinte elle-même du mal redoutable, elle expira, âgée de 37 ans, mais l'épidémie cessa quelques jours après sa mort.
Les élèves étaient si nombreuses, qu'une fois de plus, les locaux devinrent insuffisants. Une généreuse bienfaitrice, Madame Bernard, fit élever en 1873, dans le jardin des Soeurs, une construction qui leur permettait d'avoir 2 classes de plus et une belle salle de travail manuel. Le Conseil municipal vota cette même année, un traitement fixe pour chacune des Soeurs.
Mais la persécution vint. Par décret du juillet 1902, l'Ecole congréganiste de Saint-Aubin fut fermée, et la maison dévolue au Bureau de Bienfaisance.
Quelques mois après le décret de fermeture, des Institutrices libres rouvrirent l'Ecole.
En 1907, le Bureau de Bienfaisance ayant donné ordre d'abattre les vieux bâtiments, situés rue Saint-Malo, qui servaient d'habitation aux Institutrices, ces dernières durent se réfugier dans deux pièces attenant à l'Ecole, utilisées autrefois par l'ouvroir.
En 1919, M. Louvrier réussit, grâce à l'influence de M. Janvier maire de Rennes, à racheter cette école. Mais pour couvrir les frais de cet achat, il vendit le terrain situé à l'angle de la rue Saint-Malo et de la rue de l'Hôtel-Dieu.
Depuis, de nouveaux locaux ont été aménagés : en 1925-1926, une salle de réunions ; en 1934-1935, une maison d'habitation pour les Institutrices et un préau. Une Kermesse a permis de couvrir les frais de ces dernières constructions (Henri Poisson).
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