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LA PAROISSE DE SAINT-AUBIN (après la Révolution) |
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Le Bureau de travail des Pauvres & la Maison des Bonnes Femmes.
Le sort des pauvres, des malades, des vieillards a toujours préoccupé l'Eglise. De là cette efflorescence de Congrégations chargées d'adoucir les misères humaines par l'exercice de la charité chrétienne. De pieuses Dames à la tête desquelles nous trouvons encore Mlle de Corbigny organisèrent, rue Saint-Malo, dans les maisons abattues il y a quelques années seulement, une sorte d'asile pour les femmes âgées, n'ayant pas de ressources suffisantes pour payer un loyer. Cet asile sans luxe contenait 18 lits. Sa situation n'était pas extrêmement brillante. On bouclait le budget en 1861 avec 3.306 fr. Ces vieilles femmes pouvaient filer (le Bureau de travail achetait pour 1200 fr. de lin par an) et avec l'argent ainsi gagné s'offrir quelques petites douceurs. Une demi-indépendance les faisait préférer leur sort à celui des pauvres dans les autres asiles, et elles avaient l'assurance qu'on s'occuperait d'elles dans leur dernière maladie. Une Dame charitable était chargée d'aller leur faire lecture quatre fois par semaine, de s'informer si elles savaient bien leurs prières et les choses les plus essentielles de la Religion.
Les pensionnaires ont oublié de nous laisser leurs mémoires : On peut penser, sans crainte de se tromper, que tout n'allait pas pour le mieux dans un asile de ce genre, mais cette maison a cependant rendu service à de pauvres vieilles qui seraient sans doute restées sans soins et sans consolations dans leurs taudis.
La Congrégation de la Sainte-Vierge.
Le 8 février
1903, dans la chapelle de l'école de la Providence, rue de l'Hôtel-Dieu, M. le
chanoine de la Villeaucomte, curé de Saint-Aubin, institua une Congrégation
pour les jeunes filles de la paroisse, sous le vocable des Saints-Anges. Au
cours de la même année, on décida d'y adjoindre une Congrégation d'Enfants
de Marie qui serait érigée canoniquement. Le 13 novembre 1903, Son Eminence le
Cardinal Labouré obtint de Rome l'approbation des statuts et l'affiliation des
deux oeuvres à la Prima Primaria qui conférait le droit au bénéfice des
indulgences. M. l'abbé Chilou, vicaire de la paroisse fut chargé de cette
oeuvre qui eut pour première présidente Mlle Fougeray. Après l'ouverture de
la nouvelle église, le siège de la Congrégation fut transféré dans la
chapelle actuelle des catéchismes. Depuis le 13 novembre 1904 les réunions de
la Congrégation se font ainsi près de l'ancien autel de Notre-Dame de
Bonne-Nouvelle, surmonté d'une copie du tableau miraculeux. En 1929, furent célébrées
les noces d'argent de cette oeuvre toujours florissante.
Les Patronages.
Le 26 mai 1908, M. de la Villeaucomte acheta à Mlle Barron le terrain du Patronage des filles, 74, rue de Dinan [Note : M. de la Villeaucomte avait d'abord installé un Patronage de jeunes filles à l'Adoration, puis il l'avait transféré à l'école de la Providence]. Ce patronage fut d'abord dirigé par des Dames d'oeuvres et en 1922 fut confié aux Soeurs de Notre-Dame Auxiliatrice.
Vers 1908, on essaya de créer un patronage paroissial pour les garçons, 50, rue Saint-Malo (Maison des Servantes Chrétiennes). M. l'abbé Brenugat, vicaire à Saint-Aubin, en fut le Directeur. Mais cette oeuvre dut être abandonnée pour ne pas faire concurrence à celle de Notre-Dame de Toutes-Grâces.
A la même époque, M. l'abbé Brenugat essaya de créer à Rennes l'oeuvre des « Corporations Chrétiennes » dont il fut l'aumônier. Cet essai fut sans lendemain.
Quelques Faits de la Vie paroissiale.
1) Le vol sacrilège du 19 Novembre 1883.
L'église de Saint-Aubin qui avait été quelque temps auparavant le théâtre des exploits de voleurs fut encore cambriolée dans la nuit du 18 au 19 novembre 1883. Un voleur passant par le carreau d'une fenêtre du choeur, descendit dans l'intérieur de l'église. Les troncs étaient ouverts et vides, aussi voulut-il s'attaquer au tabernacle du Maître-Autel. Le tabernacle renfermait deux ciboires en argent contenant les saintes Réserves. Le misérable ayant réussi à ouvrir le tabernacle répandit les saintes Espèces et emporta les vases sacrés.
Dès le matin à 9 h. 30, Mgr l'Archevêque vint à Saint-Aubin, y récita le Miserere et le Parce Domine. Il fit transporter le Saint-Sacrement dans la chapelle des Religieuses de la Providence, rue Saint-Malo [Note : Cette chapelle a été démolie eu 1907], où furent célébrés les offices paroissiaux jusqu'au jour des cérémonies de la Réparation qui eurent lieu dans toutes les églises et chapelles publiques de Rennes. Mgr Place vint lui-même à Saint-Aubin présider cette cérémonie à l'issue de laquelle les paroissiens demandèrent à M. le Curé d'ouvrir une souscription pour l'achat d'un ciboire qui sera décrit plus loin.
2) Les Inventaires.
Le vendredi 16 février 1906, eut lieu l'inventaire de l'église de Saint-Aubin.
A 7 heures, M. le chanoine de la Villeaucomte, M. Léon Philouze, président de la Fabrique, M. le sénateur de Saint-Germain se tenaient face à la place Sainte-Anne. Le receveur de l'enregistrement, M. Ernou, se présenta pour faire l'inventaire. M. le Curé lut la protestation suivante :
Monsieur,
« Vous venez donc interrompant manu militari, le cours normal et paisible de nos exercices religieux, procéder à un inventaire des possessions de l'église qui me fut confiée par l'autorité légitime. Nul, si ce n'est le Souverain-Pontife qui n'a encore rien dit, ne peut obliger à la moindre concession à leur endroit... Je réserve tous les droits sans exception et votre acte ... ne trouverai en moi qu'un spectateur attentif à la fois passif et désolé. Oui, comme ministre de paix, j'ai déconseillé la violence à mes ouailles, trop justement émues de ce qui se passe sous leurs yeux, mais elles affirment avec leur Pasteur, bien haut et fermement, leur absolue propriété relative à tous les biens ici renfermés ».
Puis M. de la Villeaucamte rappela la générosité des fidèles qui ont élevé la basilique, les faits les plus importants de l'histoire du Culte de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle et termina en disant : « Nos responsabilités ainsi nettement établies et accusées devant le Juge suprême des consciences, comme devant les hommes, nos concitoyens et nos frères, j'en appelle à leur tribunal ».
Le général de Saint-Germain, sénateur, lut à son tour une protestation dans laquelle il montrait que les inventaires étaient contraires aux lois du 9 décembre 1905.
La protestation des Fabriciens reprit le même thème. Ces Messieurs affirmèrent solennellement qu'ils ne fourniraient « aucune indication et ne donneraient aucune signature ».
« Vous aurez fait une oeuvre vaine, car un inventaire qui n'est pas contradictoire n'a évidemment aucune valeur ». Quant à eux, ils protestaient hautement devant Dieu et devant les hommes...
« Cette protestation aura au moins le mérite de soulager leur conscience et de dégager leur responsabilité » Signé : PHILOUZE (président), SAMUEL-DENIS (secrétaire), PLIHON (trésorier), Général de SAINT-GERMAIN, de la TRIBOUILLE, TIGEOT, DESBOIS, LE HÔ, RÉMINIAC.
En présence du refus d'ouvrir les portes, le receveur de l'enregistrement dit qu'il en référerait au Préfet.
A neuf heures, le commissaire de police vint faire les sommations pour l'ouverture des portes ; après les trois sommations accompagnées par le tambour, des artilleurs armés de haches, de barres de fer et de marteaux vinrent briser le portail qui résista pendant un quart d'heure. Le portail porte encore les traces de leur exploit.
Pendant l'inventaire, M. le Curé et les membres de la Fabrique chantèrent le « Parce Domine » et le soir à cinq heures eut lieu une cérémonie de réparation. MM. les Vicaires n'avaient pas obtenu de !a préfecture le « coupe-file » nécessaire pour assister aux inventaires (D'après « Le Journal de Rennes »).
3) Les Fêtes du Couronnement (25 mars 1908).
Dès le 21 avril 1874, le Cardinal Brossays Saint-Marc avait obtenu « de la munificence du St Siège » le pouvoir de couronner l'image de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle [Note : C'est le Cardinal Dubourg qui obtint la même faveur pour Notre-Dame des Miracles]. Mais les circonstances, surtout la construction de la nouvelle église ne permirent pas de réaliser ce pieux dessein. Mgr Dubourg eut le bonheur de le réaliser et dans son mandement de 1908, on sent toute la joie qu'un pareil évènement lui procurait.
Ce Couronnement fut précédé d'un congrès Marial « au caractère spécialement breton » (Lettre pastorale). Ce congrès dura 3 jours et eut pour objet le culte de Marie en Armorique. Des orateurs de grand renom, des savants y prirent la parole et surent préparer les âmes aux magnifiques fêtes du jeudi 25 mars 1908. Sauf au Congrès Eucharistique de 1925, jamais Rennes ne connut pareille affluence et chacun s'ingénia à rendre la ville aussi attrayante que possible. C'est au milieu de splendides décorations où l'hermine dominait, qu'un magnifique cortège s'avança de la cathédrale à l'église Saint-Aubin. Tous les évêques de Bretagne étaient présents : Mgr Duparc de Quimper, Mgr Morelle de Saint-Brieuc, Mgr Gouraud de Vannes, Mgr Rouard de Nantes... L'église avait reçu sa décoration qui est devenue coutumière et que les rennais connaissent et apprécient parce qu'elle se marie harmonieusement avec la sveltesse de l'église. Après la Messe Pontificale chantée par Mgr Guillois, Mgr Morelle « chez qui l'éloquence coulait d'une source féconde et intarissable » prononça un magistral discours dans lequel il analysa les raisons du couronnement de la Vierge triomphatrice, poète, martyre, épouse, mère, prêtre [Note : Ce discours est reproduit intégralement dans la brochure de M. le chanoine Pinault].
Une cantate composée par le bon poète rennais, M. Tiercelin, et par M. Collin, organiste à Notre-Dame, sut traduire les sentiments d'amour et de joie qui montaient des coeurs après l'audition du discours de Mgr Morelle. Puis Mgr Dubourg plaça sur le tableau de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle la splendide couronne décrite plus loin.
Le soir, les pieux dévôts se retrouvèrent au pied de Notre-Dame, pour la cérémonie de clôture et la procession dans l'église, pendant laquelle on chanta les cantiques de M. l'abbé Brenugat, vicaire à Saint-Aubin [Note : D'agrès le livre de M. le Chanoine Pinault (p. 51)].
Le diadème de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle a la forme élégante de la couronne que le peintre avait posée sur le front de la Sainte Vierge. Le dessin en est dû à M. Gille, ancien joailler à Rennes.
Son armature entièrement en or, est éclairée par 418 « brillants », 87 « roses » pesant ensemble 38 carats et par 5 « aigues marines ». Elle porte en outre 27 perles entières, une émeraude, un rubis, douze opales, une topaze. Toutes ces pierres artistiquement disposées donnent à ce bijou un éclat incomparable.
4) Fêtes du Couronnement de l'Enfant-Jésus.
Le 4 octobre 1908, Fête du Rosaire, Mgr Dubourg, archevêque de Rennes, vint bénir la couronne de l'Enfant-Jésus qui n'avait pu l'être au mois de mars précédent. Cette couronne fut dessinée par le même artiste qui avait exécuté celle de la Vierge [Note : Il serait ingrat de ne pas rappeler le dévouement de M. Tanguy, Conseiller paroissial, qui s'était fait le frère quêteur des bijoux].
Le même jour, Mgr l'Archevêque avait béni le nouveau Patronage des filles, rue de Dinan.
5) L'Erection en Basilique.
L'église de Saint-Aubin fut érigée en Basilique en 1916, en même temps que Saint-Sauveur. La cérémonie de la bénédiction des insignes : Pavillon et clochettes, eut lieu le 6 août 1916.
Mgr Dubourg se fit lui-même l'avocat auprès du Saint Père pour obtenir cet insigne honneur : « Je n'ai rien à vous refuser, dit Benoît XV, et s'il y a des difficultés, je veux qu'il soit passé outre ».
De fait, en principe, l'église de Saint-Aubin ne pouvait être élevée au rang de basilique mineure, puisqu'elle n'était pas achevée.
Autrefois, quand les Papes sortaient à pied, on portait au-dessus de leur tête, pour les protéger, un pavillon aux couleurs pontificales et on agitait devant eux une clochette pour avertir qu'ils passaient.
Cette coutume n'existe plus, mais les basiliques ont gardé le double privilège du pavillon et de la clochette (Henri Poisson).
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