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LES SENECHAUX DE RENNES |
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Nous ignorons où Ogée a pris cette assertion, qu'Alain IV créa à Rennes les fonctions de sénéchal. On trouve des sénéchaux de Rennes dès le duc Geoffroy Ier [Note : Geoffroi ou Geoffroy Ier dit Bérenger (mort en 1008), fils de Conan Ier, comte de Rennes et duc de Bretagne, et d'Ermengarde, fille de Geoffroy Ier d'Anjou, fut comte de Rennes et duc de Bretagne de 992 à 1008]. Les titres du chapitre réfèrent en effet un acte qui porte la signature de Tudual, sénéchal de Rennes (dapifer), en 1008. — Quellles fonctions remplissaient les sénéchaux de Rennes ? Dans l’origine, ils furent, comme partout ailleurs, les intendants de l’hôtel du prince, et c’est à cette époque qu’ils prenaient, à bon droit, le titre latin de dapifer, qu’on a dit être une traduction exacte du mot allemand seneschall, qui plus tard remplaca le premier. Ces officiers ne tardèrent pas à devenir les premiers délégués de leurs souverains, et rendirent la justice en leur nom aux vassaux. Comme tels, ils révisaient les jugements rendus par les prévôts, viguiers ou vaïers, qui étaient les juges ordinaires ; aussi les sénéchaux de Rennes tenaient-ils, aux Etats du pays, le premier rang parmi les officiers de judicature, à titre de juges universels, titre qu'ils perdirent quand, après l'union de la Bretagne à la France, ils furent remplacés par des sénéchaux royaux. — Les sénéchaux de Rennes offrent d'ailleurs une singularité remarquable : il paraît que, dans l'origine, ils furent deux ; car on trouve, à la même, époque, un sénéchal nommé Guy (Guido) qui signe senescaldus de Redonis, et un autre, Guillaume de Lanvallay, qui signe senescallus Redoniœ. Faut-il penser que l'un était le sénéchal qui avait juridiction sur toute la Bretagne, le pays nantais excepté, et que l'autre n'avait juridiction que sur la ville de Rennes ? ou plutôt, ce que nous inclinons à croire, ne faut-il pas supposer que les sénéchaux, n'étant pas nommés à perpétuité, furent très peu stables dans leurs fonctions jusqu'au XVème siècle, et qu’au gré du prince, ils les quittaient et les reprenaient.
Une seule raison s'opposerait à cette théorie, c'est la différence dans l'énonciation de la sénéchaussée ; mais, à cet égard, nous croyons que dans les Xème, XIème, XIIème et XIIIème siècles, la manière de latiniser les mots variait avec chaque scribe. Ne trouve-t-on pas le mot Rennes exprimé par Redonas, Redonis, Redonum, Redonarum, Redonam ? Redoniœ peut bien être une sixième manière de latinisation. Quoi qu'il en soit, nous avons cru qu'il serait intéressant de trouver ici une liste chronologique, non pas des sénéchaux, mais de tous ceux qui figurent, dans divers titres à nous connus, comme sénéchaux de Rennes. Cette énumération, que nous avions entreprise, nous a été largement complétée par d'excellents documents qu'y a ajoutés M. de la Bigne-Villeneuve, que nous en remercions ici. Aucun ouvrage n'a réuni jusqu'à ce jour cette curieuse chronologie.
Tudual, sénéchal de Rennes vers 1008. (Tuduallus Dapifer). (Titres du Chapitre de Rennes). — Eudon, vers 1037. (Titres de Marmoutiers). — Menfenit ou Mainfenich (Siniscaldo Redonensi nomine Mainfinito....) (titres de Marmoutiers), vers 1050, 1067, etc. — Alain, vers 1070. (Cartulaire de Saint-Florent). — Geoffroy (Gaufridus, filius Aldroeni, Dapifer), en 1075. (Cartulaire de Quimper). — Mainfenit (Dapifer), en 1084. (Titres de Saint-Georges). — Alain, sénéchal d'Alain-Fergent en 1087. (Titres de Saint-Florent). — Guillaume ou Willaume. Il est appelé tantôt Siniscallus Comitis, tantôt Dapifer Redonensis. Il exerçait sa charge en 1090 et en 1136. (Cartulaire de Redon ; Titres de Marmoutiers ; Cartulaire de Saint-Florent). — Guy (Guido, Senescallus de Redonis), sous Conan III, en 1141, 1152, 1158, 1167. (Cartulaire de Saint-Melaine). En même temps que Guy, sénéchal de Rennes, on trouve, comme nous l'avons dit ci-dessus, Guillaume de Lanvallay (Senescallus Redoniœ), en 1167. (Cartulaire de Saint-Melaine). Guy était aussi sénéchal en 1170, suivant un acte du Cartulaire d'Alençon. — Réginald ou Régnauld Boterel, en 1181. (Titres de l'église de Dol). — Guillaume Ragot, en 1187. (Titres de Saint-Melaine). — Robert de Lanvalai, en 1190. (Titres de Savigné). — Guillaume, que l'on voit remplir cette charge en 1193 et en 1226, année où il faisait en cette qualité une enquête sur le nombre de chevaliers dus par l’évêque de Dol à l’ost du duc. — Ruellan de Dacier (Ruellendus de Daier, senescallus Redonensis). (Archives de l’église de Dol). Il faut admettre qu’alors Guillaume était sénéchal non seulement de Rennes, mais grand-sénéchal de Bretagne. (Voy, ci-dessus.) — Gilles de Lohéeac, en 1245 (Egidius de Loheiac). — Jehan de Deliec, en 1250. (Archives de l'église de Dol). — Geoffroy de Bistin ou de Bintin (Gauffredus de Bistin, miles senescallus Redonensis), 1267. (Titres du château de Nantes). — Alain du Boisbily, en 1271, 1273, 1277. (Ibid., et Titres de Saint-Georges). — Robin Raguenel, en 1297, 1302, etc. — Pierre Toupu, sénéchal de la Cour de Rennes en l'an 1340. (Archives de Guemené). — Guillaume Jarnoen, en 1374 (suivant un manuscrit communiqué à M. de la Bigne-Villeneuve). — Pierre Hattes, chevalier, seigneur de Mejusseaulme, en 1380 et 1389. — Robert Brochereul, en 1389, 1400, etc. — Guillaume Desven, ou Deslin, ou Declin. (Il est à remarquer que ces trois derniers s'intitulent sénéchal de Rennes et de Nantes, en 1413, 1417). — Maistre Pierre de l'Hospital, sénéchal de Rennes et de Broërech en 1419, 1440, etc. Il devint président de Bretagne. — Jehan Loaisel, en 1446, etc., devint président de Bretagne. — Renaud Godelin, en 1451, 1455, etc. — Maistre Jehan Lespervier, sénéchal de Rennes et de Nantes, en 1457. — Maistre Jehan Ducelier, en 1458. — Maistre Pierre Ferré de la Ville-es-Blanc, de 1462 à 1466. — Maistre Olivier du Breill, 1466, 1475, etc. — Jacques de la Villéon, en 1480. — François Chrestien. (Ses provisions se lisent dans le t. III des Preuves de Dom Morice, col. 484. Il permuta son office de chancelier de Bretagne avec celui de sénéchal de Rennes, dont était titulaire Jacques de la Villéon) — Maistre Rolland du Breil, sieur de Raye, en 1487. — Maistre Nicolas Dallier, en 1491. Il était auparavant lieutenant de la Cour de Rennes. — Allain Marec en Le Marec, en 1495. Il signa, en 1498, le contrat de mariage de la duchesse Anne avec le roi Louis XII. — Jehan Marec, en 1515. — Pierre d'Argentré, seigneur de la Guischardière, 1525, 1532, etc. — Bertrand d'Argentré, le plus illustre des sénéchaux de Rennes. Il exerça cette charge, après son père, pendant trente-cinq ans, de 1547 à 1582. C’est l'auteur d'une histoire de Bretagne et de savants comentaires sur la Coutume. — Jules de Guersans, reçu au Parlement de Bretagne eu cette charge le 2 août 1582. — Guy le Meneust, seigneur de Bréquigny, en 1586. Les Etats de Bretagne lui votèrent une chaîne et médaille d'or en 1593. — Jean Bonnier, sieur de Champaigné, recu au Parlement de Bretagne en cette charge, le 19 mai 1608. — Eustache de Lys, sieur de Beaucé, reçu au parlement le 22 mars 1638. — Charles de Lys, seigneur de Beaucé, reçu au Parlement en décembre 1660. — N. Dondel, reçu au Parlement le 27 mai 1684. — René le Prestre, seigneur de Lezonnet, reçu le 14 août 1687. — Maurille ou Maurice Michau de Ruberzo, reçu en 1700. Il était auparavant conseiller au Parlement. — Jean Baillon de Cervon, recu le 16 juillet 1732. Il s'éleva de vives contestations entre lui et le Présidial ; des mémoires très-acerbes furent publiés de part et d'autre. — Pélasge de Coniac, reçu le 12 juin 1758. Il était auparavant conseiller au Parlement de Bretagne. — Jean-Alain Léon de Tréveret, ancien sénéchal de Quimper, recu le 12 août 1774. — Nicolas-Yves Borie, recu le 26 juillet 1783. Il a été le dernier sénéchal de Rennes.
(A. M.).
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