Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LA STATUE DE LOUIS XV A RENNES

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Rennes   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

En 1745, la construction de la tour de l’horloge était à peu près achevée, mais la niche centrale était toujours vide. Ni le Gouverneur de la Province, ni la Communauté de ville ne songeaient à y édifier la statue pédestre du Roy prévue par Gabriel.

Lorsque le 29 octobre 1745, les Etats généraux de Bretagne voulant témoigner au roi Louis XV leur joie pour le rétablissement de sa santé (il avait été gravement malade à Metz), et le succès de sa campagne dans la guerre dite de la succession d'Autriche, décidèrent de « faire des réjouissances qui pussent répondre à la grandeur de l’objet et à la dignité des Etats, et pensaient faire venir de Paris des artistes capables de cette exécution » et ils déléguèrent M. du Clos, député [Note : C’est probablement le célèbre Duclos, de l'Académie française, qui fut maire de Dinan et député de Dinan aux Etats] au tiers, pour prendre les renseignements et les engagements nécessaires à cette exécution.

M. du Clos vint donc à Paris, mais ne put trouver les artistes nécessaires à la préparation des réjouissances et il écrit aux Etats « que le tems est trop bref pour parvenir au feu d’artifice proposé, que les artistes à Paris sont occupés à travailler pour les réjouissances que l’on organisait à Paris », alors, les Etats, ne pouvant célébrer dignement ces réjouissances ni faire le feu d’artifice qu’ils s’étaient proposé, ordonnent le 5 novembre 1745 « que la somme de trente mille livres destinée aux réjouissances et dont ils ont fait le fonds et la destination par leur délibération du 29 octobre dernier, servira à faire une statue pédestre du Roy qui sera mise dans la place d’armes de cette ville (Rennes) dans le lieu à ce destiné et au pied de laquelle il y aura une inscription portant que ce monument a été ordonné par les Etats pour marquer la joie de la Province du rétablissement de la santé de Sa Majesté et de l’heureux succès de ses armes ». Ce sont donc les Etats de Bretagne qui firent élever la statue du Roy, et il est curieux de noter que cette décision ne fut prise que par suite de l’impossibilité dans laquelle les Etats généraux se trouvèrent de célébrer par un feu d’artifice la guérison de Louis XV.

Lemoyne [Note : J.B. Lemoyne est né en 1704, mort en 1778], sculpteur de grand talent, fut chargé de faire un projet.

Sculpteur Lemoine à Rennes (Bretagne)

Le 22 novembre 1748, les Etats « votent la somme de 60.000 livres pour, avec celle de 30.000 livres dont ils ont déjà fait les fonds dans leur assemblée de 1744, laquelle sera employée dans les années 1749 et 1750 à compte et à proportion de l’ouvrage de ladite statue, conformément au mémoire et au modèle présenté par ledit sieur Lemoyne qu’ils ont approuvé et approuvent » ajoutant « donner tous leurs soins pour la plus prompte et la plus parfaite exécution d’un ouvrage si cher à leurs désirs et à leur impatience ».

Le marché fut passé avec Lemoyne, le 25 juin 1749 pour la somme de 130.000 !ivres.

Le 9 décembre 1752, les Etats votent 6.000 livres pour la gravure et les estampes de la statue du Roy, cette gravure est certainement la plus belle de toutes les estampes que nous possédons sur notre cité.

Enfin, en 1754, la statue était terminée et montée sur son piédestal, elle était si belle que Mgr l'Evêque de Rennes disait dans, une séance des Etats de Bretagne du 16 octobre 1754 « que cette tenue serait à jamais mémorable par une circonstance qui la distinguerait de toutes les autres qui est l’érection du monument que les Etats ont voulu consacrer à leur amour pour le Roi, que le sieur Lemoyne, a répondu parfaitement à leur attente tous les connaisseurs ayant admiré son ouvrage et ne le trouvant pas même inférieur aux monuments de l’antiquité et qu’il ne restait donc plus aux Etats qu’à ordonner ce qu’ils jugeront à propos pour rendre cette journée plus éclatante et la cérémonie de la dédicace plus solennelle ».

L’oeuvre de Lemoyne était en effet fort belle. Sur un haut piédestal de marbre blanc, posé sur deux degrés, une statue pédestre de Louis XV en bronze vêtu en guerrier antique, tenait en sa main droite le bâton de commandement, le grand manteau royal l’enveloppait, à ses pieds un casque. Accostant le piédestal, deux grandes figures en bronze ; à droite, la Bretagne, assise, ceinte de la couronne ducale offre ses hommages au Roi ; à gauche la Santé, debout, tenant en mains une patère et un serpent ; sur les degrés, un écusson d’hermines surmonté de la couronne ducale reposait sur une peau de lion, des fruits. La plaque de la dédicace portait cette inscription : « Ludovico XV — regi christiannissimo — redivivo et triumphanti hoc amoris pignus — et salutis publicœ monumentum - comitia armorica posuere — anno MDCCXLIV ».

L’inauguration ou plutôt, comme on disait alors, la cérémonie de la dédicace eut lieu le 10 novembre 1754 en présence de « Mgr le Duc d'Aiguillon, Messieurs les Commissaires du Roi, la députation et les Etats ayant chacun à leur tête les présidents de son ordre suivant les règlements de son ordre », ce fut l’occasion de grandes réjouissances et fêtes publiques, et les Etats heureux accordent ce jour même à Lemoyne 50.000 livres.

Quelques jours auparavant, le 23 octobre, il avait été décidé de faire frapper des médailles de la cérémonie. Ces médailles représentent sur la face le roi Louis XV, et sur le revers une reproduction de la statue.

Médailles déposées dans les fondations de l'Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

Toutes les dépenses relatives à la statue s’élevèrent à la somme considérable de 439.254 livres, 6 deniers, les fêtes de la dédicace s’étaient élevées à 36.179 livres, 12 sols, 11 deniers.

Hélas ! cette belle et grande oeuvre qui complétait si heureusement la tour de l’horloge et qui s’harmonisait avec les édifices de l’hôtel de ville et du Présidial conçus par Gabriel ne devait pas survivre à la tourmente révolutionnaire.

Statue de Louis XV à Rennes (Bretagne)

En 1792, désigné l’an IV de la Liberté, ou an Ier de l'Egalité, puis an Ier de la République, l'Assemblée Législative votait une loi disant que : « Les principes sacrés de la liberté et de l’égalité ne permettent point de laisser plus longtemps sous les yeux du peuple français les monuments élevés à l’orgueil, au préjugé et à la tyrannie, le bronze de ces monuments, converti en canons, servira utilement à la défense de la patrie », et qu’en conséquence, toutes les statues et autres monuments en bronze seraient enlevés à la diligence des communes.

La Municipalité de Rennes s’adresse au Conseil général du département. Dans la séance du 23 août 1792, celui-ci « prenant en considération le voeu que manifestent les citoyens de Rennes pour le prompt enlèvement des statues de bronze qui existent sur les places publiques, enlèvement ordonné par un décret du Corps Législatif dont l’envoi officiel n’a pas encore été fait par l’administration » arrête que « toutes les statues de bronze existant sur les places d'Armes et du Palais de la ville de Rennes seront enlevées », elle ajoute toutefois : « Considérant au surplus que ces précieux monuments des arts peuvent servir utilement à l’instruction publique qui doit être incessamment organisée et dont un des principaux établissements sera peut-être fixé à Rennes, arrête qu’il sera pris toutes les précautions nécessaires pour que ces différentes statues dont il s’agit ne soient point endommagées dans leur descente et transport, et qu’elles seront déposées dans un lieu convenable à leur conservation jusqu’à ce qu’il ait été pris un parti sur leur destination ultérieure... charge l’administration ou district de Rennes de faire procéder le plus tôt possible à l’enlèvement et au dépôt des dites statues, en exécution du présent arrêté, s’en référant à sa prudence sur les mesures à prendre et sur le choix du lieu du dépôt ».

Hélas ! cette mesure de conservation ne devait pas être respectée puisque quelques jours plus tard les administrateurs du district, le 31 août 1792, arrêtent « que les statues en bronze seraient fondues en canons ».

Dès le lendemain, le 1er septembre 1792, le conseil général de la Commune procéda à l’adjudication de la démolition de la statue. A la première enchère, un sieur Henry demanda 800 livres, après plusieurs feux, la démolition fut adjugée au sieur Le Feuvre pour le prix de 285 livres.

La démolition fut exécutée dans les jours qui suivirent et, le 5 octobre, le Commissaire du Conseil de la Commune ordonna que le prix en fût payé à l’adjudicataire.

Le Feuvre réclama en sus du prix convenu une somme de 5 livres pour démolition de la plaque portant les inscriptions.

La statue fut alors déposée dans l’enclos du cimetière de l’église Saint-Germain.

On pouvait croire à ce moment que l’enlèvement de la statue suffirait à calmer la haine de ce qui rappelait la royauté, et que du moins la si belle oeuvre de Lemoine serait sauvée. Hélas ! Carrier devait venir à Rennes et y faire régner la Terreur. A son instigation, le 4 septembre 1793, le Conseil se réunit et charge le citoyen Veillon de « faire casser en sa présence les différentes statues encore existantes dans le cimetière de la ci-devant paroisse Saint-Germain, et il ordonne au citoyen Lecourant de commencer ce travail samedi prochain au plus tard ».

Lecourant n’exécute pas l’ordre aussitôt. Six jours après, le 10 septembre, la municipalité s’impatiente, la statue offusquant ses sentiments révolutionnaires, elle renouvelle l’ordre et menace Lecourant ; alors celui-ci brise la statue de Louis XV et les deux figures de la Bretagne et de la Santé, anéantissant ainsi l’oeuvre si belle et si harmonieuse de Lemoine. Quelque temps après, le bronze des statues fut utilisé à la fonte de canons.

En 1808, l’empereur Napoléon Ier ayant fait annoncer son voyage à Rennes, la municipalité fit faire pour cette visite un grand tableau représentant l'Empereur, ce tableau devait être posé dans la niche. La visite n’ayant pas eu lieu, il resta sans emploi.

En 1820, le roi Louis XVIII proposa à la Ville de Rennes une statue du général Moreau pour l’élever sur une des places publiques, dans sa séance du 24 janvier, le conseil municipal refusa cette statue et demanda qu’on lui offrît une statue de Louis XVI pour placer dans la niche de l’hôtel de ville. Le 28 mai 1822, le Conseil qui n’avait pas reçu de réponse à sa demande et qui cependant voulait mettre une statue dans la niche toujours vide proposa d’y mettre soit une statue de Louis XII en souvenir de la réunion de la Bretagne à la France, ou une statue de Louis XV, ou bien de Louis XIV, ou même, car elle n’était pas très fixée sur le choix du Roi, une statue, dit le procès-verbal de la séance, « de ce grand, cet excellent Henri dont la franchise et la loyauté sympathisait si bien avec leur caractère et qui fut tout à la fois, le modèle des rois et le meilleur des hommes ». Cette proposition n’eut pas de suite, et ce n’est que le 28 mai 1826 que le Conseil vota définitivement « le projet d’une statue de Louis XVI, et que préalablement à son exécution un modèle de six pieds de hauteur sera fait par le sculpteur Dominique Molchnet, l’Etat devant fournir le bloc de marbre ».

Cette statue fut exécutée, mais les événements de 1830 qui survinrent ne permirent pas de la poser.

Elle est actuellement déposée an Musée de sculpture.

Depuis l’époque révolutionnaire, la niche resta donc vide. Sous l’administration de M. Le Bastard, maire (1880-1892), de timides projets de statue furent conçus, l’un par Cabuchet, représentant la Bretagne debout, un autre par Léofanti, sculpteur, figurant sur un haut piédestal orné d’attributs, la Bretagne debout accostée de deux génies, et un troisième par Dolivet, sculpteur, enfant de Rennes, auteur des statues de Leperdit et de Le Bastard : au-dessus d’une grande vasque formant fontaine, une colonne supporte la Bretagne assise, de chaque côté de la colonne, deux grandes figures : celle de gauche, debout, tenant le registre des délibérations des Etats dont elle fait hommage à la Bretagne, celle de droite, assise, tient l’écusson des armes de la Ville de Rennes et de la main droite montre un grand cartouche portant l’écusson royal et l’écusson de Bretagne.

Ces projets ne furent pas suivis d’exécution.

Et la niche restait toujours vide, tout au plus si les jours de fêtes publiques, on l’ornait ? ?... d’un maigre buste de la République entouré d’un faisceau de drapeaux.

En 1909, la municipalité, sous l’administration de Janvier, maire, décida de s’adresser à un statuaire rennais, Jean Boucher, prix de Rome, et lui demanda un groupe symbolisant : l'Union de la Bretagne à la France. Le monument en bronze fut inauguré le 20 octobre 1911.

Statue commémoratif de l'Union de la Bretagne à la France située à Rennes (Bretagne)

Au premier plan, la Bretagne à genoux se donne à la France, assise sur un trône, qui l’accueille et la reçoit dans ses bras. Au fond, un groupe de personnages bretons, un celte casqué, un guerrier, des marins, pêcheurs, bretons, assistent dans le recueillement à l'Union de la Bretagne à la France.

(G. Nitsch).

 © Copyright - Tous droits réservés.