|
Bienvenue ! |
L'INSURRECTION DE 1793 DANS LE PAYS DE RETZ |
Retour page d'accueil Retour Ville de Bourgneuf-en-Retz
La Révolution fut bien accueillie dans les principales villes, Machecoul, Paimbœuf, Bourgneuf, Pornic et dans quelques paroisses du littoral ; mais la presque totalité des communes rurales se montrèrent hostiles au nouveau régime.
La résistance ne devint réellement active qu’en 1791 avec l’application de la Constitution civile du Clergé ; à part quelques curés des paroisses côtières, tous les prêtres refusèrent le serment. Mais, comme partout ailleurs, ce fut la nouvelle de la réquisition de 300.000 hommes pour l’armée qui déchaîna le mouvement.
Les paysans, de tout temps réfractaires à la milice, se montrèrent résolus à ne pas répondre à l’appel des commissaires chargés du recensement, et ceux-ci en maints endroits reçurent, dans la journée du 10 mars, des injures et même des coups. Des cordes furent tendues sur la route de Machecoul à Bourgneuf pour interrompre la circulation. Le soir de ce même jour, les patriotes assistaient cependant à un grand bal donné à Machecoul par le receveur du district ; mais des nouvelles angoissantes arrivèrent pendant la nuit ; la garde nationale se mit sur pied...
Le lendemain matin, 11 mars, dès 8 heures, une foule de 5 à 6.000 paysans, armés de fusils, de faux, de piques, de bâtons, de couteaux de pressoir, fit irruption dans Machecoul. Après avoir parlementé quelques instants avec les autorités ; elle se rua sur la ville : Maupassant, ancien député de la Constituante, Commissaire du Département, la garde nationale, le curé constitutionnel et quelques patriotes furent massacrés ; d’autres emprisonnés. Dans ce carnage les femmes se montrèrent plus sauvages que les hommes.
Un comité royaliste fut fondé aussitôt et il lança à tout le pays de Retz une proclamation, véritable cri de guerre à la Révolution. Puis des détachements furent chargés de s’emparer des bourgades avoisinantes, surtout de Bourgneuf et de Pornic dont les ports pouvaient être très utiles aux royalistes.
Dès le 14 mars Louis Guérin s’installe à Bourgneuf d’où il pille les environs. Les Pornicais ne pouvant obtenir de secours se réfugient à Paimboeuf. Mais cette ville ayant repoussé l’assaut des royalistes, Pornic voit revenir ses habitants avec des troupes qu’on lui enlève aussitôt. La famine commence à s’y faire sentir, 400 hommes vont aux Moutiers chercher du blé, mais pendant leur absence, les royalistes, au nombre de 4.000 tombent sur Pornic. Ils s’en emparent malgré les courageux efforts des 150 gardes nationaux restés dans la ville.
En apprenant la prise de Pornic le détachement qui revenait des Moutiers se débande ; 72 hommes seulement décident d’affronter l’ennemi. Profitant de l’ivresse où sont plongés les vainqueurs et de l’incapacité du chef royaliste de la Roche-Saint-André, ils redeviennent maîtres de Pornic (23 mars).
Les insurgés, laissant 216 morts sur le terrain, fuient vers Machecoul, sous le commandement du féroce la Cathelinière qui, à Bourgneuf, fait fusiller quelques républicains, dont Mourain, ancien député à la Législative ; d’autres patriotes, le curé constitutionnel, sont emmenés prisonniers à Machecoul.
Charette, devenu commandant en chef, résolut de venger l’échec des royalistes à Pornic ; le 27 mars, il s’empara de nouveau de cette ville, malgré l’héroïsme de ses 200 défenseurs. Pendant ce temps le Comité royaliste de Machecoul, où dominait un ancien procureur seigneurial, l’avoué Souchu, condamnait à mort de nombreux patriotes, aussitôt liés au « chapelet » et massacrés.
Les autorités républicaines organisèrent la résistance. Le 22 avril, Beysser battait Pajot à Port-Saint-Père, reprenait Machecoul, puis, les jours suivants, entrait à Bourgneuf et à Pornic. Mais une partie des troupes ayant dû aller concourir à la défense de Nantes. Charette s’empara de nouveau de Machecoul le 10 juin, et de Bourgneuf le 11. L’armée de Mayence en chassa les royalistes qui reprirent encore ces deux villes en septembre 1793, puis en décembre-janvier.
Cependant les forces républicaines augmentaient à mesure que celles des « brigands » diminuaient. Ceux-ci se livrèrent alors à une guerre de partisans qui eut deux principaux théâtres : le marais de Saint-Cyr-Fresnay et la forêt de Princé (Chéméré). Le premier, terrain difficile, fut réduit après quelques expéditions ; mais ce ne fut qu’après de très longs efforts qu’on parvint à chasser les royalistes des fourrés impénétrables de Princé. Des massacres impitoyables eurent lieu dans cette forêt qui était devenu un véritable cimetière. Louis Guérin et ses soldats durent aller rejoindre Charette en Vendée (1794).
La résistance est à peu près terminée. En 1795, puis en 1798, la flotte anglaise viendra mouiller dans la baie de Bourgneuf ; les autorités de Machecoul évacueront encore une fois leur ville en 1798, mais la fermeté et le zèle de la population et de la municipalité de Bourgneuf feront avorter un nouvel essai d’insurrection (F. Guilloux).
Les opérations des armées républicaines au pays de Retz en 1793.
© Copyright - Tous droits réservés.