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Bienvenue chez les Michelois |
- La Révolution - L'ASSEMBLEE CONSTITUANTE Conquête des autorités constitués - Triomphe du parti Patriote (Janvier 1790 à Octobre 1790) |
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Le
rôle de l'Assemblée Constituante est de créer les nouvelles structures de la
France. La Constituante s’est installée à Paris. Ce n’est pourtant pas une
assemblée si unie qu’elle paraît. Les députés en fait se partagent en
trois tendances :
-
une minorité de démocrates qui réclame
le suffrage universel.
-
les constitutionnels, une grosse majorité
de bourgeois, partisans d’une monarchie où l’essentiel du pouvoir
appartient à l’Assemblée.
-
une minorité d’aristocrates partisans
d’un pouvoir royal fort qui réclament pour le Roi un droit de veto absolu.
L’assemblée
Constituante établit une Constitution au service de la bourgeoisie. Le droit de
vote est censitaire et les femmes n’y ont pas droit. Seuls peuvent voter ceux
qui payent une certaine somme d’impôt.
L'Assemblée
Constituante va également régler le problème épineux de la question de l’Eglise.
Depuis les décrets d’août, acceptés par Louis XVI le 3 novembre 1789, la dîme
a été supprimée, mais il faut continuer à la payer, tant qu’une solution
n’a pas été trouvée pour financer l’Eglise. La Constituante va régler le
problème en votant le 12 juillet 1792, la Constitution civile du clergé. Désormais
les évêques et les curés ne seront plus nommés par le Pape mais élus et payés
par l’Etat.
Dès
1790, la question religieuse jette le trouble dans les esprits de la majorité
des habitants de Saint-Michel-en-Grève profondément catholiques. A
Saint-Michel-en-Grève, comme ailleurs, les habitants mènent dans leur ensemble
une existence rude. Ils placent Dieu au centre de tout. La conjoncture météorologique
dépend en effet directement de Dieu et on l’implore pour obtenir un temps
meilleur. On croit en l’intervention constante de Dieu. Cette croyance dans la
vie quotidienne qui remonte à fort loin, mène tout naturellement à bien des
superstitions. Il faut avouer que l’ignorance des paysans de l’époque les
rend souvent apte à tout croire. Ceux-ci ne savent souvent ni lire, ni écrire,
pas même signer. Ils sont par contre fort attachés à leurs traditions et à
leur église dont les fêtes sont souvent les seules distractions qu’ils
connaissent durant leur existence.
Si
la population micheloise ne peut suivre au jour le jour les délibérations de l'Assemblée
comme la population parisienne , elle connaît assez vite, par l’intermédiaire
du District de Lannion, les grandes décisions. Parmi celles-ci, la plus brûlante
est d’abord la confiscation des biens de l'Eglise qu’elle traduit par une
confiscation des maisons et terres de la Fabrique. N’importe qui peut les
acheter grâce aux assignats, monnaie de papier garantie par ces biens appelés
désormais « nationaux » pour éviter toute référence à l'Eglise.
Pour les michelois, il y a là une espèce de sacrilège. Car ces biens ne leur
appartiennent-ils pas déjà comme des biens de fabrique ?
Une
étape plus décisive est franchie avec la promulgation de la « Constitution
civile du clergé » dont le vote définitif est acquis le 12 juillet et
sanctionnée par le roi le 22 juillet. Le Pape Pie VI s’oppose à cette
constitution. Le but n’en est pas d’interdire toute religion mais de calquer
l’organisation d’un ordre dissous sur la nouvelle organisation du royaume.
Les diocèses prennent pour cadre les départements nouvellement créés. La
nomination des évêques dépend, non plus de Rome, mais de l’élection sur le
mode des élections préfectorales. Les curés comme Cosme Marie Jourand reçoivent
une pension de 1200 livres pour une paroisse de plus de 100 habitants. La
contestation s’organise à Ploumilliau (recteur Guy Morice) et à Ploulec'h
(recteur Guillaume Dohollou). Ce dernier, qui est aussi à l’époque, maire de
Ploulec'h, profite de la tribune offerte par l’assemblée primaire du canton
de Saint-Michel-en-Grève, le 3 novembre 1790, pour parler publiquement contre
la loi nouvelle. Il y tient un discours « tendant
à prouver que le serment civique, loin d’être obligatoire, était contraire
à la religion », et rétracte solennellement celui qu’il a préalablement
prononcé.
Tout
ceci suscite chez Cosme Marie Jourand, recteur de Saint-Michel-en-Grève, un
problème de conscience, surtout lorsqu’il est lui-même mis en demeure de se
prononcer clairement par un serment solennel. En effet, en date du 27 novembre
1790, s’adressant à tous les prêtres devenus fonctionnaires publics, l'Assemblée
Constituante leur enjoint de prêter serment à la Constitution du Royaume et du
même coup à la Constitution Civile du Clergé, qui en est partie intégrante ;
elle leur fait savoir qu’en cas d’abstention, ils sont considérés comme
« réfractaires » et qu’il leur sera interdit d’administrer les
sacrements. En cette fin d’année, on s’imagine donc le bouleversement
qu’une telle décision provoque. Pour Saint-Michel-en-Grève, cela signifie
l’autorité du Pape bafouée ; cela signifie la suppression de l’évêché
de Tréguier. L’évêque de Tréguier n’est autre que Mgr Le Mintier.
Comment réagit-il, ce prélat, infatigable défenseur du peuple. Sa réponse
est ferme et nette ; c’est « non » à la Constitution Civile
du Clergé qui rompt les liens de l’Eglise catholique, apostolique et romaine
avec la Papauté., « non » à ces décrets « injustes, impies,
hérétiques et sacrilèges ». Il trouve le soutien immédiat d’une
bonne partie de ses ouailles, toutes tendances confondues. Les prêtres de l’évêché
de Tréguier répondent également « non » à une majorité écrasante.
C’est le cas de Cosme Marie Jourand, recteur de Saint-Michel-en-Grève, qui
signe la pétition de Mgr Le Mintier qui recueille près de 225 signatures et
refuse le serment en déclarant qu’ « il
ne [le] prêterait qu’après que ses supérieurs l’auraient prêté, que
pour lors il le prêterait volontiers » (15
février 1791).
Voici
une partie du texte de la lettre de Mgr Le Mintier : « Le schisme dont nous sommes prochainement menacés vous alarme et vous
afflige sans doute, je me persuade que vous désirez ne rien omettre de ce qui dépend
de vous pour en empêcher l’établissement. Je crois que ce qu’il y a de
mieux à faire est de nous réunir et de déclarer unanimement que nous
regarderons comme intrus tout ecclésiastique promu à l’épiscopat ou préposé
du gouvernement d’une paroisse suivant les formes nouvelles, jusqu’à ce
qu’elles soient adoptées par l'église et que nous ne communiquerons point
avec eux in divinis. D’après ces motifs, je vous propose de souscrire la
formule de déclaration que vous trouverez ci-dessous en post-scriptum. »
Voici
cette formule :
« Nous soussignés…considérant
que c’est à l’autorité ecclésiastique seule qu’il appartient de fixer
les bornes du territoire de chaque pasteur, de leur donner la succession
apostolique, la mission légitime et l’autorité spirituelle, déclarons que
nous regarderons comme intrus tout ecclésiastique promu à l’épiscopat ou préposé
au gouvernement d’une paroisse suivant la forme prescrite par les décrets du
12 juillet dernier, et que nous ne communiquerons point avec eux, in divinis
jusqu’à ce que cette forme ait été adoptée et approuvée par l’autorité
ecclésiastique. »
Vers
le mois de mars 1790, la famille Quemper de Lanascol qui se trouve en possession
de biens considérables à Ploumilliau et Saint-Michel-en-Grève grâce à des
alliances avec des familles particulièrement puissantes telles que La Boissière,
décide d’émigrer et de chercher refuge en Angleterre. Le départ
se fait de Toul An Hery (en Plestin-les-Grèves) : « La
famille Lanascol, au nombre de 22 à 24, au nombre desquels se trouve aussi M.
de Kerouars, viennent, il y a deux jours, de s’embarquer à Toulanchyry ;
les titres sont aussi du voyage ; mais la seule chose que nous regrettons,
c’est le trésor de cent mille écus dont ils appauvrissent notre chère
patrie. Cette émigration que j’attribue à une vaine terreur panique ne
laisse pas que de faire sensation dans la canton. (lettre de Rivoallan à Coupé,
daté du 7 mars 1790)».
Certains
cahiers de doléances réclament également une unification du système des
poids et mesures. Comment s’y retrouver en effet avant 1789, quand chaque
ville ou chaque région a ses propres poids ou unités de mesure. C’est donc
le 8 mai 1790 qu’un nouveau système des poids et mesures est mis sur pied et
que l’assemblée constituante décide d’adopter cette réforme dès le 22 août
1790. En fait cette réforme ne sera appliquée qu’à partir du 1er
août 1793 ; mais les anciennes mesures auront encore cours pendant
plusieurs années. Pendant de nombreuses années, des tableaux de conversion
seront en effet nécessaires. Ils seront affichés dans les mairies et les
commerces :
Mesures de longueur :
Aune :
environ 1,20 mètre ;
Pied :
0,32 à 0,33 mètre ;
Pouce :
2,7 cm ;
Toise :
toise du roi : 6 pieds ;
: toise de pays : 8 pieds ;
Corde :
24 pieds, environ 7,79 mètres ;
Lieue :
4 à 5 km
(d’où
certainement l’appellation « la
Lieue de grève »)
Mesures de superficie :
Toise
carrée : 3,79 m2 ;
Corde
carrée : 60 m2 ;
Journal :
80 cordes carrées ou 48,60 ares
Journal
de labourage : 6 074 m2 ;
Mesure de volume :
Le
bois est mesuré en cordes.
Les liquides :
Le
tonneau mesure : 913 litres ;
La
barrique : 228 litres ;
La
pinte : 0,951 litre ;
La
chopine : 0,475 litre ;
La
½ chopine : 0,237 litre ;
La
portion : 0,118 litre.
Les monnaies :
La
livre est la monnaie de compte de l'Ancien Régime qui sera remplacée par le
franc ;
1
livre équivaut à 20 sols ;
1
sol équivaut à 12 deniers ;
L’écu
qui vaut 6 livres, n’est guère utilisé.
Le poids :
La
livre vaut 453 grammes ;
L’once
vaut 28,35 grammes.
Le grain :
Il
est mesuré en boisseaux, dont la contenance est variable selon le lieu et selon
le grain.
Contenance
en livres du boisseau dans le Trégor (vers 1780)
|
Froment |
Seigle |
Avoine |
Sarrasin |
Lannion |
85 |
92 |
63 |
88 |
Tréguier |
80 |
80 |
55 |
77 |
Guingamp |
65 |
63 |
54 |
70 |
Ordre
est donné également d’établir les rôles de contributions patriotiques. Il
semble bien que la confection des rôles d’impositions et la collecte d’impôt
se fasse dans la douleur. L’arrivée des commissaires, bourgeois lannionnais
pour la plupart, trouble la communauté rurale traditionnelle de
Saint-Michel-en-Grève, qui n’entend pas pour la plupart se laisser manœuvrer
par des gens de l’extérieur, citadins de surcroît. Le problème de
recouvrement de l’impôt prouve d’ailleurs que les michelois de l’époque
n’acceptent pas facilement les décisions autres que celles prises en leur
sein, surtout si elles émanent du district et leur sont imposées par des étrangers.
Parallèlement
aux rentrées fiscales, l'Assemblée nationale décide d’ouvrir dans chaque
municipalité des registres pour recevoir les « dons patriotiques »
de la part des particuliers. Un registre est donc ouvert à Saint-Michel-en-Grève
pour y inscrire les « dons patriotiques » ; ils sont rares mais
volontaires, tandis que la contribution extraordinaire de 25% du revenu est,
elle , obligatoire. Dans un document « Contribution patriotique, province
de Bretagne, évêché de Tréguier (Arch. Côtes d’Armor 1L644) » daté
du 25 août 1790, Saint-Michel-en-Grève fait pourtant parti des quelques
communes qui versent une contribution patriotique qui se monte à 554 livres 12
sols.
|
Chapitre 1er
au-dessus de la proportion |
Chapitre 2 Conforme à la
proportion |
Chapitre 3 Sans proportion |
Chapitre 4 Offrande libre et
volontaire |
Total général |
Saint-Michel-en-Grève |
548
.13 (551.13)
(note) |
2.19 (2.19)
(note) |
- - |
- - |
551.12 (554.12)
(note) |
Division
du rôle par les époques de paiement
|
||
Au
30 avril 1790 |
Au
30 avril 1791 |
Au
30 avril 1792 |
183.17.4 (184.17.4)
(note) |
183.17.4 (184.17.4)
(note) |
183.17.4 (184.17.4)
(note) |
Note : somme relevée sur
un bordereau daté du 22 septembre 1790.
C’est
Yves Guyomar qui est percepteur de Saint-Michel-en-Grève sur les 1er
et 2ème terme des contributions patriotiques. Ces contributions sont
déposées chez P. Grégoire, receveur du district de Lannion.
Ces
dons sont relativement révélateurs de l’adhésion ou non des communes au régime
et permettent de mieux cerner l’esprit ambiant. On peut dire que dans son
ensemble la commune de Saint-Michel-en-Grève reste fidèle à la Révolution à
l’instar d’autres communes et ceci malgré certaines réticences et inquiétudes
des michelois.
L’année
1790 est aussi marquée par la mise en place des nouvelles administrations,
communes, districts, départements. Les avis officiels sont annoncés aux prônes
et après la grand-messe. La loi du 14 décembre 1789, votée par l'Assemblée
Constituante, organise la commune de Saint-Michel-en-Grève qui s’installe à
l’emplacement de l’ancienne paroisse. Cette loi répartit également les
Français en plusieurs catégories. Les citoyens passifs sont privés du droit
de vote : journaliers , métayers , etc.. Les citoyens actifs âgés
d’au moins 25 ans payent une contribution égale à la valeur de trois journées
de travail. Le taux journalier est d’environ 15 sous. Les électeurs choisis
parmi les citoyens actifs payent une contribution d’au moins 10 journées de
travail. Ceux-ci élisent l’évêque et les curés, les juges, les députés,
les administrateurs du département et du district. Les éligibles à
l’assemblée nationale doivent être propriétaires fonciers et payer une
contribution de 50 journées de travail.
Le
conseil municipal est appelé le conseil général de la commune. Il est élu
par les citoyens actifs. Le nombre de conseillers est fonction du nombre
d’habitants. Un tiers des membres, dont le maire, forment l’exécutif ;
ce sont les officiers municipaux. Les deux tiers restants, les conseillers, ont
voix délibératives. Le maire est élu directement par les citoyens actifs à
la majorité absolue aux deux premiers tours de scrutin, la majorité relative
est suffisante au troisième tour. Les autres membres du corps municipal, de même
que les notables sont également élus au scrutin majoritaire, ainsi que le
procureur qui sans voix délibérative, assiste à toutes les séances des
assemblées municipales. Ce dernier est chargé de l’exécution des lois et
sert d’intermédiaire entre la commune, le district et le département.
Le
maire est élu pour deux ans et rééligible une fois. Après deux mandats consécutifs,
il devra patienter deux années pour briguer un troisième mandat. Les officiers
municipaux et les notables sont également élus pour deux ans et renouvelés
par moitié chaque année.
Les
pouvoirs du conseil municipal sont de régir les biens de la commune, de régler
les dépenses locales, de répartir l’impôt entre les citoyens et d’en
assurer la perception, « de faire
jouir entre les habitants des avantages d’une bonne police notamment de la
propreté, de la salubrité, de la sûreté, de la tranquillité ».
La
vie sociale à Saint-Michel-en-Grève est centrée autour de l’église. Outre
sa fonction religieuse pour toutes les étapes importantes de la vie (baptêmes,
mariages, sépultures), l’église est également le centre politique, culturel
et social de la communauté paroissiale. C’est donc tout naturellement dans
l’église que les élections municipales se déroulent le 1er
mars 1790 à 9 heures du matin. C’est Jean Aurégan (35 ans), cultivateur,
qui est élu Maire de la commune de Saint-Michel-en-Grève. Yves Guegan,
cultivateur, est élu procureur de la commune. René Thomas et Mathieu Le
Bourhis sont élus officiers municipaux et Monsieur le Recteur Cosme Marie
Jourand, Noël Porcheron, Jean Le Bourzec le jeune, Nicolas Meuric, Alain Coden
et Michel Carré sont élus notables, comme le stipule le procès verbal de la
formation de la municipalité de la paroisse de Saint-Michel-en-Grève :
« Ce jour premier mars mil sept cent
quatre vingt dix à neuf heures du matin les habitants domiciliés de la
paroisse de Saint-Michel-en-Grève assemblés en l’église de la dite paroisse
pour la formation de la municipalité en exécution du décret de l’assemblée
nationale de mois de décembre 1789 lu et publié dimanche sept février présent
mois avec assignation à ce jour lieu et heure après l’invocation des lumières
de l’esprit saint par tous les membres composant l’assemblée.
Le sujet de la convocation a été
exposé par Maître Jean Le Bourva chargé par le corps politique de faire la
dite exposition, en suite appelle fait par le commis des délibérations des
citoyens actifs ils ont convenu que la population de cette paroisse est de trois
cent quarante âmes et que Pierre Moriou, Yves Guegan et René Le Jean étaient
les plus anciens de l’assemblée et doivent par conséquent ouvrir, dépouiller
et publier le scrutin pour l’élection d’un président, d’un secrétaire
et de trois scrutateurs. Ayant en conséquence pris place dans le cœur il a été
procédé à l’élection d’un président, d’un secrétaire pour un seul et
même scrutin simple lequel ouvert et disponible par les trois scrutateurs ils
ont déclaré que la pluralité de tous les suffrages se réunissaient pour
nommer président François le Treut et pour secrétaire Mathieu le Bourhis
lesquels après avoir été proclamé par l’ancien corps politique ont pris
place au cœur et ont aussitôt prêté serment à l’assemblée de maintenir
de tout leurs pouvoirs la Constitution du Royaume, d’être fidèles à la
Nation, à la loy et au Roy, de remplir avec zèle les charges qu’on leur a
confié. Appel nominal fait répété de tous les citoyens actifs présent au
nombre de trente trois à l’assemblée, Monsieur le président leur a demandé
juré vous de maintenir de tout votre pouvoir la nouvelle constitution du
Royaume d’être fidèle à la Nation, à la loy et au Roy, de choisir dans
votre âme les personnes les plus capables et les plus dignes de confiance même
de remplir avec zèle les charges publiques qui pourraient vous être confiées
chaqu’un passant à son appel devant le président et levant la main a répondu
« Je le Jure ». Procédant en suite à l’élection des trois
scrutateurs par scrutin de liste simple à la pluralité relatif le scrutin
recensé et dépouillé les scrutateurs ont déclaré que la pluralité des
suffrages se trouvaient réunis sur eux en conséquence ils ont prié monsieur
le président et secrétaire de vérifier de rechef le scrutin après la quel vérification
qui sut trouvé tout la majorité, les dits Moriou, Guegan et le Jean ont
continué leur mission et ont été proclamé.
Après quoi Monsieur le président
a dit qu’il s’agissait d’élire le Maire et interpelle de faire et de déposer
chacun un billet portant un seul nom des citoyens éligibles présent référé
dans la liste, reconnue et approuvé par l’assemblée d’après la fixation
quel a fait de la valeur local de la journée de travail à quinze sols. Le dit
scrutin a été formé et après qu’il a été réuni, ouvert et vérifier par
les trois scrutateurs ils ont déclaré que la pluralité absolue se réunissait
sur Jean Aurégan le quel a été proclamé Maire par l’ancien corps politique
et sa nomination a été approuvée par les applaudissements de l’assemblée.
En continuant son travail, elle
a procédé au scrutin d’élection d’un procureur de la commune le scrutin
recensé et dépouillé et vérifié par les scrutateurs ils ont déclaré que
la pluralité se réunissait pour Yves Guegan le quel a été proclamé. Après
cette proclamation Monsieur le président a dit qu’il s’agissait de faire
l’élection de deux officiers municipaux, que cette nomination doit se faire
par scrutin de liste double le quel ayant été formé recensé, vérifié et dépouillé
par les scrutateurs ils ont déclaré que la pluralité absolue se réunissait
sur René Thomas et Mathieu Le Bourhis qui ont été par les anciens délibérants
proclamé officiers municipaux. De la même manière mais par liste simple à la
pluralité relatif il a été procédé à la nomination de six notables. Le
scrutin dépouillé et recensé et vérifié la pluralité relative s’est réunie
sur Monsieur le Recteur, Noël Porcheron, Jean Le Bourzec le jeune, Nicolas
Meuric, Allain Coden et Michel Carré qui ont été dans l’ordre de leur élection
proclamé notables de la municipalité de Saint-Michel-en-Grève par l’ancien
corps politique de la dite paroisse.
La séance s’est terminée
par l’appel nominal du maire, du procureur de la commune, des deux officiers
municipaux et des six notables les quels réunis en présence de l’assemblée
ont individuellement prêté le serment de maintenir de tout leur pouvoir la
Constitution du Royaume , d’être fidèle à la Nation, à la loi et au
Roy et de remplir avec zèle et courage les fonctions qui leur ont été confiées.
L’assemblée arrête que le présent procès verbal signé de Monsieur le président,
du secrétaire, des scrutateurs, du maire, des officiers municipaux, des
notables et des citoyens actifs qui savent signer. Sera inscrit en tête du
registre de la municipalité qui vient d’être formée , l’original déposé
aux archives avec la liste des citoyens de cette paroisse et qu’un double sera
incessamment envoyé à la municipalité de Lannion par le maire et le
procureur. De la commune qui déclarent la reconnaissance que conserveront
toujours les habitants de cette paroisse pour les bons et loyaux citoyens de
Lannion. Du zèle qu’ils ont apporté à instruire et à éclairer les
campagnes sur leurs vrais intérêts. Fait à Saint-Michel-en-Grève ce jour
premier mars mil sept cent quatre vingt dix. »
On
retrouve d’ailleurs Jean Aurégan à nouveau maire, en décembre 1792. En
janvier 1794, c’est Yves Guegan (27 ans), cultivateur qui est élu maire. On
peut noter que le district de Lannion (dont
fait parti Saint-Michel-en-Grève) compte près de 71 681 habitants (21 933
hommes, 23 373 femmes et 26 375 enfants) en 1790. On dénombre également parmi
la population du district, près de 6407 citoyens actifs (Arch. Côtes d’Armor
1L582).
Dans
un document certifié et signé par Jean Aurégan, on retrouve 338 habitants à
Saint-Michel-en-Grève en 1790.
Monsieur le
Recteur, quatre personnes |
4 |
Michel Scarabin,
trois personnes |
3 * |
Louise Minguy,
deux personnes |
2 * |
Jean le Bourzec,
huit personnes |
8 |
François Lajat,
sept personnes |
7 |
René Guyomar,
quatre personnes |
4 |
Pierre Moriou,
six personnes |
6 * |
Yves le Bras,
trois personnes |
3 * |
François Péron,
quatre personnes |
4 |
Mathieu le Goff,
quatre personnes |
4 * |
François
Guenveur, deux personnes |
2 |
Jean le Van,
trois personnes |
3 * |
La Pierre, trois
personnes |
3 * |
Yves le Bail, six
personnes |
6 |
René Le Jean,
six personnes |
6 |
Théodore Guéguen,
douze personnes |
12 |
Anne l ‘Antouar,
trois personnes |
3 * |
François le
Treut, deux personnes |
2 |
François Ménou,
deux personnes |
2 * |
Jean Aurégan,
dix personnes |
10 |
Nicolas le Lezec,
deux personnes |
2 * |
Suzane Penhaet,
trois personnes |
3 * |
Yves Guegan, six
personnes |
6 |
Cristophe Bonie,
trois personnes |
3 * |
Pierre Minguy,
cinq personnes |
5 |
Nicolas Meuric,
six personnes |
6 |
Marie Hamono,
neuf personnes |
9 |
Jean le Pierres,
trois personnes |
3 * |
Joseph le Levier,
quatre personnes |
4 * |
Gillette Prégent,
quatre personnes |
4 |
Le Sidaner,
quatre personnes |
4 * |
Jean Quenven,
sept personnes |
7 |
Louis Kirzin,
trois personnes |
3 * |
Mathieux le
Bourhis, dix personnes |
10 |
Vincent le
Turnier, cinq personnes |
5 * |
Hervé Laéron,
huit personnes |
8 |
Pierre le
Quinquize, quatre personnes |
4 * |
Maurice Le Goff,
quatre personnes |
4 |
Joseph Thomas,
trois personnes |
3 |
Ollivier Le Goff,
deux personnes |
2 |
Anne le Levier,
sept personnes |
7 |
Guillaume Thomas,
sept personnes |
7 * |
Kabel du Doret,
deux personnes |
2 * |
François le Drét,
cinq personnes |
5 * |
Joseph Philippe,
cinq personnes |
5 |
Jean Kerboriou,
quatre personnes |
4 |
François Meuric,
dix personnes |
10 |
Pierre Talbaux,
six personnes |
6 |
Anne le Plantec,
trois personnes |
3 * |
René Thomas, dix
personnes |
10 |
Yves Cadran, cinq
personnes |
5 * |
François le
Guern, quatre personnes |
4 |
Jean le Bourzec
le jeune, sept personnes |
7 |
Yves le Morellec,
cinq personnes |
5 * |
Allain Coden, dix
personnes |
10 |
Nicolas Poëns,
huit personnes |
8 |
Silvestre Le
Bras, neuf personnes |
9 |
Louise Lintanf |
1 * |
Pierre le Guern,
trois personnes |
3 * |
Louis le
Boubennec, quatre personnes |
4 |
Yves le Faour,
cinq personnes |
5 * |
Noël Porcheron,
cinq personnes |
5 |
Yves Guyomar,
huit personnes |
8 |
Antoine le Bris,
six personnes |
6 * |
Total |
168 |
Total |
170 |
Remarque : Les noms des
personnes qui ne sont pas éligibles sont marqués d’une croix.
A
partir de la liste précédente, il a été établi « un
rolle des citoyens actifs de la paroisse de St Michel » :
Les
citoyens actifs sont :
Monsieur le
Recteur |
René Le Jean le
fils |
Théodore Guéguén |
Le sieur Léveillé ( ? Le
Levier) |
Yves Guegan |
Yves Le Bail |
François Lajat |
Pierre Menguy |
Jean Aurégan |
Pierre Moriou |
Le sieur Sidaner |
François Le
Treut |
François et
Louis Guenvern |
Yves Guyomar |
Nicolas Meuric |
Alain Coden |
Jean et Mathieux
Le Bourhis |
Noël Porcheron |
Jean Kerboriou |
Hervé Laéron |
René Thomas |
Maurice et
Olivier Le Goff |
Louis le
Boubennec |
Jean Le Bourzec
de Kerhuel |
Le Quénven |
Poëns |
François Le Bras |
François et
Ollivier Meuric |
Joseph Philippe |
Pierre Talbo |
Joseph Thomas |
Michel Carré |
Jean Le Bourzec
de Kerleau |
René Guyomar |
|
|
Un
état général du montant des impositions de 1790 (Arch. Côtes d’Armor
1L646) précise :
|
Montant
des 20e en fouages ordinaires et extraordinaires réunis |
Montant de la
capitation et droits additionnés |
St.
Michel-en-Grève Ploulech Ploumilliau
et Keraudy Tredres
et Locquemo |
632L
7sols 5d 1806L
7 sols 3d 4593L
1sol 5d 1378L
16sols 5d |
257L
8sols 2d 960L
9sols 9d 2473L
6sols 10d 691L
2 sols |
Remarque : pour le
district de Lannion le montant des 20e en fouage se monte à 113 398L
3sols 10d et le montant de la capitation et droits additionnés à 71 198L 8
sols 1d.
Un
autre document : « Impositions
directes de 1790 et roles supplétifs de 1789 des paroisses de l’évêché de
Tréguier (Archives Côtes d'Armor 1L646) » précise :
|
Capitation des
anciens contribuables 1790 |
Capitation des
ci-devant privilégiés 1790 |
Vingtième des
anciens contribuables 1790 |
Vingtième des
biens nationaux 1790 |
St
Michel Ploumilliau Trédres Ploulech Loquemo
(*) trêve de Tredres |
212L
- 8s - 2d 1907
– 6 - 10 276
- . - 9 773
- 9 - 9 308
- 1 - 3 |
45
- . - . 566
- . - . 89
- . - . 187
- . - . 19
- . - . |
444
- 1 - 11 3259
- 14 - 5 900
- . - 4 1200
- . - 5 .
- . - . |
42
- 7 - 9 262
- 15 - 5 180
- 7 - 6 211
- 8 - 9 .
- . - . |
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Fouage
extraordinaire pour la province 1790 |
Fouage ordinaire
pour le trésor royal 1790 |
Rôles supplétifs
de capitation pour 1789 |
Rôles supplétifs
de fouage pour 1789 |
St
Michel Ploumilliau Trédres Ploulech Loquemo (*)
trêve de Trédres |
78L
– 11s – 7d 576
- 15 - 5 159
- 7 - 9 212
- 9 - 10 .
- . - . |
67
- 6 – 2 493
- 16 - . 136
- 9 - 10 181
- 18 - 3 .
- . - . |
22
- 10 - . 283
- . - . 44
- . - . 93
- 10 - . 9
- 10 - . |
44
- 3 - . 258
- 16 - . 54
- 12 - . 114
- 14 - . .
- . - . |
Quelques
jours après la réforme créant les communes, la Constituante publie, le 26 décembre
1789 et le 26 février 1790, les décrets créant le département des Côtes-du-Nord,
le district de Lannion et le canton de
Saint-Michel-en-Grève. (décret du 30 janvier 1790).
Il
s’agit là d’une grande réforme. Le département des Côtes-du-Nord est
alors divisé en 9 districts : Broons, Dinan, Loudéac, Rostrenen,
Saint-Brieuc, Lamballe, Lannion, Guingamp et Pontrieux. A la tête du département,
il y a une assemblée, le conseil général (36 membres), avec un directoire exécutif
(8 membres). Dans le district de Lannion, il y a également un conseil de 12
membres et un directoire exécutif de 4 membres. Enfin le district de Lannion
est divisé en 9 cantons : Lannion, Perros-Guirec, Saint-Michel-en-Grève,
Plestin, Penvenan, Prat, Tréguier, Vieux-Marché et Loguivy-Plougras. Un total
d’environ 90 cantons sont ainsi créés dans les Côtes-du-Nord.
Le canton de
Saint-Michel-en-Grève est créé par le décret du 30 Janvier 1790. C’est
Nicolas Armez, prêtre jureur, natif de Paimpol, l’auteur du découpage
administratif du canton de Saint-Michel-en-Grève. Le canton comprend les
communes de Ploulech, Ploumilliau,
Saint-Michel-en-Grève
et Trédrez. Saint-Michel-en-Grève est à l’époque une petite commune
qu’on appellera plus tard encore «Port ou Pors Michel» avec environ 360
habitants en 1792-93, loin derrière Trédrez avec 846 habitants, Ploulech avec
1032 habitants et Ploumilliau avec 2552 habitants. Ploumilliau, Trédrez ou
Ploulech auraient pu prétendre au titre de chef-lieu de canton, car leur
richesse agricole entre autre est plus importante que celle de
Saint-Michel-en-Grève. Mais il semble que la situation de Saint-Michel-en-Grève
sur la grande route Lannion-Morlaix et sur le bord de mer a prévalu.
Saint-Michel-en-Grève tient également foire et marché. Une foire à chevaux
dite encore foire de St Maudez a lieu le 19 novembre à Saint-Michel-en-Grève.
Un acte de la juridiction de Coatrédrez datant du 13 novembre 1786 atteste
aussi le droit de coutume de deux foires et marchés en référence à une déclaration
de 1619. Saint-Michel-en-Grève est donc un point de rendez-vous local important
qui sert aux paysans pour leur ravitaillement quotidien et pour se procurer du
numéraire, c’est un endroit convivial et social où l’information circule
et où les opinions se modèlent. C’est pourquoi, il est fort probable qu’à
l’époque sa composition sociale comporte aussi un petit noyau de bourgeois
marchands susceptibles de diriger une administration.
Voici une
description de la route Lannion - Pont-Ménou datée du 2 septembre 1790 et qui
traverse la commune de Saint-Michel-en-Grève (Archives Côtes d’Armor 1L736) :
« Etat de la partie de route de Lannion à Pont-Ménou, pour Morlaix,
rapporté en présence de M. Cadiou, administrateur du département des Côtes-du-Nord,
pour l’ingénieur des Ponts et Chaussée soussigné (daté du 7 septembre
1790).
« Cette
route de 40 pieds de largeur, contient de longueur totale à prendre du centre
de Lannion au milieu du Pont-Ménou, cy …………………….9784
toises
Moitié de
Lannion…………………………………………… 153 toises
Reste au compte du département…………………………
9347 toises
Dans ces 9347 toises, il s’en
trouve 216 en pavé, dont 206 dans la montagne de Saint-Michel-en-Grève et 10
pour la moitié du dit Pont-Ménou; resterait pour 9131 toises en
empierrement, s’il n’en fallait soustraire le tout de la grève de
Saint-Michel qui n’est empierré qu’en quelques endroits. ; il en reste
même qui auront besoin de l’être incessamment.
En général cette route est
assez bonne, il n’y a que la lieue de grève qui soit extrêmement gênante.
Les pierres du Cordon
d’approvisionnement peuvent être supputées à la quantité de 300 toises, déduction
faites des lacunes.
Le chemin, après avoir été
une fois bien réparé coûtera, année commune, d’entretien 7sols 6 deniers
pour toise courante, dans les parties empierrée ; mais comme il y en a qui
viennent d’être pavées et d’autres qui n’exigeront aucune dépense,
d’autant que l’on passe sur la grève, on peut porter le tout à 6 livres
pour toises, ce qui pour les 9131, fait la somme de
cy….2739
livres 6 sols
Le pavé dans la montagne de
Saint-Michel est en bon état : le Sr. Heurtaux est chargé de son
entretien pendant deux ans, à raison de 6 deniers pour chacune des 755 toises
superficielles qu’il contient.
Celui du Pont-Ménou dans la
partie seulement du district de Lannion, contient 25 toises superficielles et
est en assez bon état.
Réparations à faire avant de mettre cette
route à l’entretien
Urgent : 1° Curer les douves dans toutes
les parties où elles sont comblées et que nous abutons à la quantité de 620
toises de longueur ; curer aussi sous les ponceaux et aqueducs et combles ,
avec des pierres brisées, les ravins qui se sont formés dans les parties
montueuses ; ce qui coûtera une somme de cy……….186 livres
Urgent : 2° Le passage au vis à vis de
la chapelle de Notre Dame de Lancarré étant sur une grève ou sable mouvant,
devient dangereux et fort incommode, surtout à l’endroit du ruisseau. Il est
en conséquence extrêmement urgent d’ouvrir cette partie de chemin dans 61
toises de longueur suivant les tracés qui en avaient été faites par nous dit
ingénieur, l’année dernière, en présence d’un commissaire, pour le bas
de deux petites pièces de terre bordant la grève, lesquels tracés ont été
effacés par le propriétaire de ce terrain qui avait semé du lin dans le champ
bordant le ruisseau et du bled noir dans l’autre au joignant il en coûtera
pour l’applanissement et l’empierrement de cette partie, ainsi que pour la
construction d’un ponceau de cinq pieds de largeur recouvert en bois, une
somme de 1080 livres y compris aussi une légère réparation à faire au pied
de la rampe de Saint-Efflam, dans un endroit où le chemin est presque entièrement
coupé par un ravin, cy ………. 1080
livres.
Moins urgent : 3° Il est besoin de
recharger l’empierrement, de trois pouces de hauteur reduite, dans une partie
de 250 toises, entre la chapelle Saint Jean Bréchan et les justices de Coatredès,
et dans une autre partie de la montagne de Saint Efflam, au long de 184 toises,
ce qui coûtera, en se servant des pierres approvisionnées en cordon, après
les avoir brisées et chargées seulement des endroits où il n’en est pas nécessaire,
cy………..1000 livres.
Moins urgent : 4° Pour mettre cette
route en bon état, il faut de plus, faire des recharges dans tous les endroits
rudes et affaissés, en y employant les autres pierres du cordon, en les
transportant, en tant que de besoin, des bonnes parties sur les mauvaises , les
brisant et arrangeants , ce qui avec la réparation à faire aux douves et
banquettes forme une dépense de…….4580
livres.
Ouvrages
d'Art
Très urgent : 5° Au pont en Guen,
construit provisionellement, il est nécessaire de remplacer quatre poutrelles
qui sont de nulle valeur estimé, cy……20
livres.
Le montant de ces cinq articles
s’élève à la somme de six mille huit cents soixante six livres, cy……..6866
livres.
Le pavé de la banlieue de
Lannion est en assez bon état ; mais il n’en est pas ainsi du pont de
Sainte Anne qui communique entre la dite banlieue et la ville de Lannion, il est
à craindre que de jour à autre, il ne vienne à tomber en ruine.
La maçonnerie de ce pont,
composé de trois arches en plein cintre ayant été reprise en sous-œuvre aux
frais de la ville, il y a quelques années, se détériore de plus en plus, au
point que l’on remarque des affouillemens considérables, tant autour des
piles que des culées.
Lorsqu’on sera obligé de le
reconstruire, ce qui ne peut pas tarder d’arriver, il conviendra, au lieu de
trois arches, de n’en faire qu’une seule ; au moyen de quoi, le courant
de l’eau n’ayant pas autant de prise sur la maçonnerie, l’ouvrage en sera
plus durable.
Il faudra aussi s’opposer à
ce que le propriétaire du moulin de la ville qui joint ce pont, rétablisse
l’écluse en travers d’icelui, telle qu’il en existait une autrefois et
dont il reste encore des vestiges ; d’autant qu’un pareil établissement
préjudicioit beaucoup à la durée du dit pont.
Fait sur la route 2 septembre 1790 ayant employé
deux jours à la présente opération. Cadiou administrateur du département des
Côtes du Nord. Signé Aufray père ».
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