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- La Révolution - Les débuts de la CONVENTION L'aventure fédéraliste (Septembre 1792 à Août 1793) |
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Le
21 septembre 1792, la Convention élue au suffrage universel se réunit. Elle
compte 749 députés, tous issus de la petite et moyenne bourgeoisie. De
tendances plus républicaines et démocratiques, ils sont médecins, avocats,
journalistes, artistes,… et se répartissent en plusieurs tendances dont les
Girondins et les Montagnards. Pour simplifier les choses, les Girondins sont modérés,
les Montagnards sont extrémistes, et tous ont le même désir : défendre
la Révolution. Son premier acte est d’abolir la monarchie et de proclamer la
République. L’an I de la République commence le 22 septembre 1792. En fait,
on commence à compter les années à partir de l'an II.
La
Convention décrète le 25 septembre 1792, l’élection des corps municipaux au
suffrage universel (à l’exception des domestiques, car leur état les places
sous des influences trop directes). Jean Aurégan est à nouveau élu maire de
la commune de Saint-Michel-en-Grève.
En
exécution des lois du 8 juillet et 28 août 1792, une réquisition des armes
est faite non sans problème dans certains cantons (entre autre le canton de
Saint-Michel-en-Grève). Une lettre datant du 12 octobre 1792 l’an I de la République
sera envoyée par le Directoire du département des Côtes du Nord au district
de Lannion «Citoyens. La
lettre pressante que nous vous avons écrite les 1er juin et 14
septembre dernier pour vous déterminer à nous donner l’état des armes qui
existent dans votre district n’ayant produit encore aucun effet, nous sommes
obligés de vous recommander de nouveau l’exécution des lois des 8 juillet et
28 août 1792 . Nous ne pouvons nous dispenser de vous témoigner combien
nous sommes surpris de l’indifférence que vous montrer dans l’exécution
d’une mesure qui tend à assurer la tranquillité de vos concitoyens.
Vous nous observez peut être
citoyens que vous vous êtes donnés des soins pour avoir les renseignements que
nous demandons mais que les municipalités n’ont pas répondu à votre
empressement. Cette objection n’est pas de nature à prouver que vous ayez
fait ce que la loi exigeait de vous parce que vous deviez remédier à
l’insouciance ou à la négligence coupable des municipalités en envoyant à
leurs frais sur leur territoire des commissaires chargés non seulement de la rédaction
de l’état dont il s’agit, mais encore d’ôter les armes aux citoyens
suspects. Comptant sur votre vigilance nous vous avons marqué que vous étiez
autorisés à faire marcher la force publique contre tous ceux qui se privant
par leur conduite incivique de l’honneur de servir la Patrie, et de deffendre
leurs foyers auraient refusé d’abandonner les armes devenues dangereuses en
leurs mains.
Il n’est plus nécessaire
aujourd’hui de temporiser. Il faut que le régne de la loi triomphe de tous
les obstacles que voudraient lui opposer des hommes assez méprisables pour
favoriser les …du bonheur des peuples. Il en coûte sans doute pour déployer
de la sévérité contre les malheureux habitants des campagnes qui ne sentent
pas le piège où les font tomber les pervers qui n’ont plus de Patrie ou plutôt
qui n’en ont jamais connue ; mais lorsqu’ils reviendront de leur
erreur, combien ne seront ils pas reconnaissant des moyens qu’on aura pris
pour leur assurer une existence heureuse.
Vous voudrez bien aussitôt la
réception de notre lettre recommander expressément aux municipalités de votre
arrondissement de vous faire passer sous huit jours l’état des armes,
munitions dont nous vous avons adressé le modèle le 14 février dernier et les
preve…de notre part que si sous ce délai elles n’ont pas satisfaits à la
loi, regardant leur refus comme provenant d’un esprit d’insurrection qu’il
est de notre devoir de faire cesser sur le champ nous enverrons des détachements
de troupes qui vivront à leur frais dans leurs communes et accompagneront les
commissaires chargés de désarmer les citoyens suspects. Vous aurez soin de
votre côté, citoyen, de nous adresser l’état de la répartition que vous
avez fait entre les municipalités de votre districts, des fusils de guerre qui
avaient été tiré des arsenaux de la Nation. Signé. Les administrateurs
composant le Directoire du département des Côtes du Nord ».
Le 14 novembre
1792, on décide également de mettre en place l’état civil des citoyens :
« La loi du 20 septembre qui
détermine le mode de constater l’état civil des citoyens vous impose des
obligations importantes à remplir et sur l’exécution desquelles est désormais
établi l’ordre et le repos des familles -
elle doit donc fixer votre attention la plus particulière et c’est par
cette considération que je me porte à vous la rappeler en ce moment. Vous
devez donc, citoyen, de concert avec votre conseil, nommer une ou plusieurs
personnes suivant l’étendue de la population de votre commune pour recevoir
et conserver à l’avenir les actes destinés à constater les naissances,
mariages et décès suivant l’art. 1er du titre six, le maire et
autre officier municipal soit sur le réquisitoire du procureur de la commune,
transportera avec le greffier aux églises paroissiales, presbitaires et autres
dépôts des registres , pour dresser un inventaire de ceux existants entre
les mains du curé, les arrêter et clore et les déposer dans la maison commune
pour y porter les naissances, mariages et les décès jusqu’au premier janvier
prochain.
Quant
aux autres dispositions de cette loi, elles sont également essentielle, mais
elles n’exigent pas une exécution de moment à autre comme celle-ci devant.
C’est pourquoi je vous les rappelez en ce moment pour que vous ayez à vous en
occuper dans les délais prescrits. Le procureur syndic du district de Lannion »
(Arch. de Lannion).
Le 20 novembre
1792, on découvre aux Tuileries des documents qui prouvent la trahison du Roi.
Des débats ont lieu à l'Assemblée dès le 3 décembre sur le jugement du
Roi. Le 10 décembre s’ouvre le procès du Roi.
Le
dimanche 9 décembre 1792, seront nommés à Saint-Michel-en-Grève le juge de
paix (Pierre Bolo), le greffier (Jean Le Bourva) et les assesseurs (Jean Aurégan,
Yves Le Bail, Ollivier Le Goff et Joseph Thomas pour Saint-Michel-en-Grève),
comme le stipule l’extrait du registre des assemblées primaires daté du 9 décembre
1792 « L’an mil sept cent quatre
vingt douze de la République française. Ce jour de dimanche neuf décembre
conformément à la loi du dix-neuf octobre dernier et en vertu de la lettre
messive du cinq de ce mois nous envoyé par les citoyens administrateurs
composant le Directoire du district de Lannion. Réunis en assemblée primaire
au chef-lieu de canton de Saint Michel-en-Grève, en vertu de publication faite
au proue de la grand-messe en l’église paroissiale de Ploumilliau dimanche
dernier deux de ce mois ou étant en l’église du dit Saint Michel après la
grand-messe y dite et célébrée par le citoyen François Marie Prigent, curé
constitutionnel de Ploumilliau et le ‘veni Creator’ chanté pour
l’ouverture de l’assemblée à effet de faire élection d’un juge de paix,
greffier et assesseurs. En conséquence après lecture faite du décret et de la
lettre sus dattée aux citoyens, habitants du dit canton par le citoyen Jean Le
Bourva, greffier de la municipalité du dit Saint Michel sur quoi l’assemblée
s’est ouverte sous l’inspection du citoyen Pierre Bolo président d’âge,
Yves Laouenan, Yves Derrien et Jean Le Bourva de Ploumilliau secrétaire et
scrutateurs, lesquels ont pris fauteuil, ensuit le dit citoyen Bolo, président
a annoncé à l’assemblée qu’on allait voter pour l’élection d’un président,
secrétaire et scrutateurs à l’assemblée aux termes de la loi prescrit, les
billets déposés dans un vase à ce destiné et comptés se sont trouvés au
nombre de cent quarante, lesquelles dépouillés, sont trouvés en faveur du dit
Pierre Bolo, le nombre de quarante deux voix, et pour Yves Derrien, vingt deux
voix, Yves Laouenan, vingt et Jean Le Bourva, dix neuf lesquels quatre derniers
ont été aussi proclamés secrétaire et scrutateurs. En conséquence, le
citoyen Le Bolo président par continuation a prêté le serment en présence de
l’assemblée de maintenir la liberté, l’égalité ou de mourir en la défendant
et de ne choisir dans son âme et conscience que les plus dignes et à remplir
les charges qui leur seront confiés et a fait aux secrétaire et scrutateurs prêtés
aussi le même serment la main séparément levées et a présidé et énoncé
à l’assemblée qu’ils auraient individuellement prêté le même serment
lorsqu’ils auraient déposés leur billets inscrit sur le bureau par les
scrutateurs dans le vase, ce que tout les citoyens ont consenti et fait. Ensuit
on a procédé au scrutin aux termes de la loi, les billets déposés et comptés
se sont trouvés au nombre de cent soixante dix-sept, le dépouillement fait,
Pierre Bolo a réuni en sa faveur quarante neuf suffrages et Pierre Nicolas,
trente neuf. En conséquence, vu qu’aucun des deux n’a réuni la majorité
absolue, on a passé à un autre scrutin pour l’un des deux derniers aux
termes de la loi sus dattée Article 8. L’appel nominal ayant été fait pour
le second scrutin, les billets déposés et comptés se trouvent au nombre de
deux cent onze, dépouillement fait, Pierre Bolo a réuni cent soixante huit,
par conséquent a réuni plus que la majorité absolue, a été proclamé devant
l’assemblée Juge de paix, lequel a rémonbré
aux citoyens que s’il y avait quelqu’un de mécontent il aurait sous trait,
répondu à haute voix et par toute l’assemblée qu’ils le désireraient
pour juge de paix en l’endroit on a procédé à la nomination des assesseurs,
les paroisses ont unanimement et d’un commun consentement voulu fournir
chacune quatre d’elles. En conséquence les citoyens de Saint Michel ont nommés
Jean Aurégan, Yves Le Bail, Ollivier Le Goff et Joseph Thomas pour assesseurs.
Ploumilliau, Yves Droniou, Yves Derrien, Henry Le Loué et Yves Rolland. Tredrez,
Louis Le Levier, Jean Le Treut, Jean Hamonou et Maurice Le Bivic. Ploulec’h,
Yves Le Poncin, François Bergot, François Le Dantec et René l’Horset. Les
quels seize assesseurs ont été aussi proclamés. Ensuit on a procédé pour la
nomination d’un secrétaire greffier par scrutin à la même manière que
devant, les billets déposés et comptés se sont trouvés au nombre de cent
deux. Le dépouillement fait, le citoyen Jean Le Bourva a réuni le nombre de
quatre vingt quinze voix. Par conséquent il a été proclamé greffier du
citoyen Juge de paix après quoi on a fait lecture du présent procès verbal et
du décret des 23 et 27 août dernier. Concernant les domaines congéables par
le greffier sus dit à tout quoi l’assemblée adhère et demande une
continuation de la suppression des domaines congéables aux termes du décret
sus daté également des droits féodaux.
De tout quoi avons fait et rédigé
le présent procès verbal après que le dit citoyen président a déclaré
l’assemblée dissout sur les dits lieux, les dits jours, mois et an que devant
environ les six heures et demie du soir sous les seings des dits sus dénommés,
président, greffier, scrutateurs, maires et autres sous signants. Signé au
registre Pierre Bolo président et pour acceptation de juge de paix, Nicolas
secrétaire, Jean Le Bourva scrutateur et greffier de paix, Yves Derrien
scrutateur, Laouenan, Yves Le Bricquir. Municipal, Riou, maire de Ploumilliau,
Yves Le Poncin, François Le Dantec, Jean Le Treut, Yves Le Guern, Jean Aurégan,
maire, Derrien, maire de Ploulech. ».
Au
début de 1793, de graves préoccupations viennent encore s’ajouter aux soucis
d’ordre religieux des autorités départementales. Les menées de la Commune
de Paris et les intrigues de la Montagne menacent de faire courir à la Nation
un grave péril. Au milieu de toute cette agitation se déroule le procès de
Louis XVI. Il est déclaré coupable le 15 janvier 1793 et le 21 janvier la
Convention obtient la tête du Roi. Aucune manifestation en faveur de ce dernier
ne paraît avoir eu lieu à Saint-Michel-en-Grève. Son exécution sert alors de
prétexte à la formation d’une coalition générale et puissante des
souverains de toute l'Europe contre la France. Le 29 Janvier, la Convention
prenant l’offensive déclare la guerre à l'Angleterre et à la Hollande. Le
7 mars elle déclare aussi la guerre au Roi d’Espagne. A la suite de ces déclarations
de guerre, de graves rumeurs circulent partout dans le Trégor au début du mois
de Février. Un projet de débarquement sur les côtes bretonnes de 15 000 émigrés
retirés à Jersey doit avoir lieu, sous la protection d’un régiment anglais.
Mais les anglais ne débarquent pas.
Des
mesures sont prises le 20 mars 1793 pour renforcer l’ordre et la discipline au
sein de la garde nationale (Arch. Côtes d'Armor 1L680) : « Les commissaires de la Convention nationale envoyés par elle dans les départements
maritimes sur la connaissance qu’ils ont prise, tant par eux même que par ses
rapports qui leur ont été faits de la nécessité de pourvoir par des promptes
mesures au maintien de l’ordre et de la tranquillité publique.
Considérant qu’il est du
devoir de tous ses citoyens d’y concourir, que ce devoir devient plus pressant
encore dans un moment où la France est entourée d’ennemis et où l’on
cherche à exciter des désordres dans son sein ; que le refus de remplir
ce devoir serait un crime digne de toute l’animadversion publique ;
Considérant que ce n’est pas
assez pour les citoyens de s’empresser de courir à leur poste au moment où
l’on bat la générale, qu’il faut encore qu’ils fassent exactement leur
service, lorsqu’ils y sont appelés à leur tour et que ceux qui s’y
refuseraient seraient d’autant plus répréhensibles qu’ils annonceraient
qu’ils ne veulent pas partager le soin de protéger la sûreté des personnes
et des propriétés et pourraient par leur mauvais exemple amener des désordres
fâcheux ;
Instruits que se sont le plus
souvent les citoyens les plus riches qui refusent de se rendre à leur service
et qu’ils donnent lieu par là à la juste indignation des
citoyens peu fortunés qui consacrent à le remplir un temps souvent nécessaire
à leur subsistance.
Arrêtons en vertu des pouvoirs
qui leur sont délégués les dispositions suivantes.
1° Lorsqu’un citoyen ne se
sera pas rendu à son poste de service de garde national ; le caporal
l’ira chercher et il sera puni de deux heures de faction extraordinaires.
2° Tout citoyen chez qui aura
été le caporal et qui aura refusé sans motifs légitimes, sera condamné à
vingt quatre heures de prison et à une amende qui pourra être portée jusqu’à
50 livres.
3° Tout citoyen qui ne se sera pas rendu à
l’appel de la générale, et qui commandé pour aller réprimer un désordre
ou repousser les ennemis aura refusé
sans motifs légitimes, sera condamné suivant la
gravité des circonstances à une
prison d’autant de jours que le détachement pour lequel il aura été commandé,
aura été de service, et à une amende qui pourra être portée jusqu’à 100
livres par jour de service qu’aura fait le même détachement.
4° Nul citoyen ne pourra se
faire remplacer sans cause légitime, mais les administrateurs pourront
lorsqu’ils ne connaîtront des citoyens suspects ordonner qu’ils ne fassent
pas le service personnel et leur faire payer pour leur remplacement une somme
graduée ainsi qu’il est dit dans les articles précédents.
5° Les administrateurs, sur le
rapport de l’officier de garde et du caporal prononceront les peines ordonnées
par les articles précédents ; ils pourront même suivant qu’ils le
jugeront plus convenable à l’intérêt public et dans le cas de récidive,
condamner à de doubles amendes, et ces condamnations seront exécutées dans le
jour, sans qu’il puisse être apporté aucun obstacle.
6° Le produit des amendes sera
versé au dépôt de la garde nationale pour être employé à ses besoins.
Il est enjoint à
l’administration de faire proclamer le présent arrêté et à toutes les
autorités constituées de le reconnaître et concourir a son exécution.
Arrêté à St Brieuc, le 20
mars 1793, l’an 2 de la République. Les commissaires de la Convention
nationale».
Au
terme de l’arrêté du département des Côtes du Nord du 28 janvier 1793, la
Garde Nationale du canton est à son tour organisée.
La
Convention décrète le 24 Février 1793 une levée de 300 000 hommes pour défendre
ses frontières. Ironie du sort, après avoir fait appel jusque-là à de
nombreux volontaires, la Convention, face à l’immensité des besoins et à
l’imminence du péril doit se résoudre à inaugurer un système de
conscription déguisée, un volontariat forcé. Chaque département se voit taxé
d’un contingent de recrues à fournir, qu’il doit à son tour répartir par
commune. En fait le terme de « volontaire » est conservé mais la
Convention laisse à chaque département le soin de se débrouiller par ses
propres moyens et d’utiliser le système d’appel de son choix :
engagement volontaire, tirage au sort, désignation, etc. Cette mesure suscite
une colère générale. La chouannerie vient de naître dans la région. Le
district de Lannion doit fournir 594 recrues. Ces recrues sont regroupées en
unités auxiliaires et réparties dans les garnisons de la côte du département.
Les recrues de Lannion vont à Dinan. 248 recrues seront finalement incorporées
au 34e régiment d'Infanterie à Nantes, 16 au 4e
bataillon des Côtes-du-Nord, 200 au 14e R.I., 3 à la 3e
compagnie franche de grenadiers et 81 resteront à Brest.
Dans
un document 1L 687 (Archives Côtes d'Armor), on recense 37 recrues pour le
canton de Saint-Michel-en-Grève (2 à Saint-Michel-en-Grève, 7 à Ploulech et
28 à Trédrez/Ploumilliau). A Saint-Michel-en-Grève, les recrues sont Yves Le
Dantec et Yves Cadran :
|
Habillement
|
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Habit |
Veste |
Culotte |
|
Le
Dantec |
1 |
1 |
2 |
Cadran |
1 |
1 |
2 |
|
Equipement
|
||||
chemise |
bas |
col |
guêtre |
chapeau |
|
Le
Dantec |
3 |
2 |
2 |
2 |
1 |
Cadran |
3 |
2 |
2 |
2 |
1 |
|
Equipement
|
|||||
soulier |
brosse |
peigne |
Sac
de peau |
Sac
d’étoffe |
boucle |
|
Le
Dantec |
2 |
- |
2 |
1 |
1 |
1 |
Cadran |
2 |
- |
2 |
1 |
1 |
1 |
Pour
le canton de Saint-Michel-en-Grève, c’est Yves Prigent qui est nommé
commissaire au recrutement de l’armée par le district de Lannion :
« L’administration du district a
jugé prudent et nécessaire de faire délivrer à chacun d’eux (NDLR :
il s’agit des commissaires au recrutement),
sur la caisse du district une somme de trente sols par homme, pour pot de vin,
laquelle a été employée par les commissaires conformément à sa destination.
Il ne leur reste par conséquent à répéter vers l’administration que leurs
journées, dépenses personnelles et celles de leurs chevaux, leur donnant
d’abord les trente sols donnés à chaque recrue pour pot de vin….
Prigent pour dix journées :
80 livres »(Archives Côtes d'Armor 1L688)».
Une
lettre des commissaires de la Trésorerie nationale datée du 14 mars et adressée
au directoire du département des Côtes du Nord précise d’ailleurs les
modalités de recrutement «Nous avons l’honneur
de vous prévenir MM. que les payeurs généraux de tout le département, ne
sont autorisés à payer le montant des frais d’engagement ; tels
qu’ils ont été fixés par le décret du 24 janvier qu’en assignat et
qu’ils ne reçoivent point d’espèces pour cette destination. L’extrême
chéreté du numéraire nous impose l’obligation de ne l’employer que pour
les dépenses aux quelles il est absolument indispensable et les engagements se
font avec une telle facilité dans toute l’étendue du Royaume, que nous
sommes fondés à penser que la bonne volonté et le Patriotisme des citoyens
n’ont pas besoin d’être excités par l’appât du payement en numéraire… »(Archives
Côtes d'Armor 1L680).
Il
semble donc que l’on ait payé des pots de vin (en assignat certainement) à
Saint-Michel-en-Grève pour la levée des recrues du contingent de Lannion.
Dans
un document « Grenadiers et
chasseurs des Côtes du Nord, compagnie de St Brieuc » (Arch. Côtes d'Armor
1L681), on indique que 4 grenadiers
et chasseurs sont requis à Saint-Michel-en-Grève (9 mars 1793 an 2) et dans
l’état des « hommes que les différents
communes ont envoyées pour former la dite compagnie (seconde compagnie) » (12 mars 1793) on dénombre :
-
Pierre Talbo (22 ans, chasseur) de
Saint-Michel-en-Grève ;
-
Jean Marie Meudic (16 ans, chasseur) de
Saint-Michel-en-Grève ;
-
Pierre Kirzin (22 ans, chasseur) de
Saint-Michel-en-Grève ;
-
François Nevaux (13 ans, tambour) de
Ploulech.
A
noter que le capitaine de cette compagnie est François Marie Meritte (28 ans)
de Lamballe.
La
compagnie des grenadiers et chasseurs, manque de souliers, ce qui l’oblige à
rester à la caserne : « J’ai
l’honneur de vous exposer que la compagnie des grenadiers et chasseurs des
villes de Guingamp, Lannion et Tréguier actuellement en garnison à Pontrieux
étant continuellement en activité, la plus grande partie des sujets qui la
composent se trouvent dans ce moment dépourvus de souliers et dans
l’impossibilité de s’en procurer, plusieurs d’entre eux sont obligés de
rester à la caserne faute de chaussure… »(Archives. Côtes d'Armor
1L681).
En
raison du climat d’insécurité qui règne dans les campagnes, un comité de
surveillance jouissant de pouvoirs de police est créé à Lannion. Toute
personne dénoncée est alors considérée suspecte, et les dénonciations sont
nombreuses. A Saint-Michel-en-Grève, on considère comme suspect les habitants
qui ne vont point à la messe du curé constitutionnel.
Le
10 mars 1793, la Garde nationale du district de Lannion comprend 4 légions qui
regroupent 35 bataillons et on procède à l’élection des officiers :
1er
légion : cantons de Lannion et Perros
2e
légion : cantons de Penvénan et Tréguier
3e
légion : cantons de Prat et du Vieux-Marché
4e
légion : cantons de Plestin, Saint-Michel-en-Grève et Loguivy-Plougras.
Un
procès-verbal (Archives Côtes
D’Armor 1L671) datant du 10 mars 1793 nous précise l’organisation de la 4e
légion : « Formation et
organisation des cantons de Plestin, Loquivy-Plougras et Saint-Michel en grèves,
District de Lannion, Département des Côtes du Nord en Légion conformément à
la loi du 14 octobre 1791, à laquelle formation a été procédée par nous,
Jean Le Coz, administrateur du Directoire du District de Lannion, en exécution
de la loi surdatée et arrêté du Département des Côtes du Nord, ayant avec
nous pour adjoint Jean Marie Keraufort commis audit District, nous nous sommes
rendus en l’église du ci devant augustine de lannion, lieu à nous désignés,
où nous avons trouvé les commandants en chef, commandants en second,
capitaine, lieutenant et adjudant des compagnies des gardes nationales des dites
cantons, auxquels avons annoncé que le but de cette assemblée était pour
nommer un chef de légion, un adjudant major général et un sous adjudant, de
suite avons invité des membres de se placer au bureau pour service de
scrutateur, ce qu’ayant été fait ainsi que l’appel nominal des membres
composants l’assemblée, suivant les listes à nous remises par les
commandants et capitaines, avons déclaré que nous allions procéder à la
nomination d’un chef de Légion. Chaque membre ayant remis son billet dans
l’urne, ces billets se sont trouvés être de cent quatorze ce qui conséquemment
portait la majorité absolue à cinquante
six, le scrutin déclaré clos et dépouillement enfait, le citoyen Yves Riou
s’est trouvé réunir quarante sept suffrages et le citoyen Guyomar, vingt
cinq billets ; mais comme aucun des deux n’avait réuni la majorité
absolue, nous avons annoncé que nous allions procéder à un nouveau tour de
scrutin pour la nomination d’un chef de Légion, les membres ayant remis leurs
billets dans l’urne, le scrutin déclaré clos, le nombre des billets s’est
trouvé être de cent cinq et la majorité absolue devant être de cinquante
trois, le dépouillement du scrutin fait, le citoyen Yves Riou, de Ploumilliau,
s’est trouvé avoir soixante quinze suffrages, conséquemment plus que la
majorité absolue, en conséquence nous commissaire l’avons proclamé chef de
Légion desdits bataillons, lequel a accepté la dite place, fait le serment
ordonné par la loi et témoigné sa reconnaissance à l’assemblée.
Ensuite avons annoncé à
l’assemblée que nous allions procéder à l’appel nominal pour nomination
d’un adjudant Major général, aussitôt un membre a demandé la parole,
laquelle lui accordée, il a dit qu’il était déjà tard, que la majeure
partie de l’assemblée avait un long trajet à faire pour se rendre à la
maison et qu’il fait la motion que l’adjudant major général et sous
adjudant fussent nommés par un même scrutin. Cette motion grandement appuyée
et mise aux voix, il a été décidé que ces nominations se feraient par un même
scrutin. Nous commissaire ayant observé à l’assemblée que la loi était impérative
pour que ces deux officiers ne fussent pas nommés par un même scrutin, la
grande majorité partant puisque toute à la fois, a manifesté son vœu que ces
deux nominations se fissent par un seul et même scrutin. En conséquence voyant
nos observations éludées et l’assemblée sur le point de se dissoudre, nous
avons pris le parti de procéder à l’appel nominal pour la nomination d’un
adjudant général et d’un sous adjudant. Chaque membre ayant remis son billet
dans l’urne, les billets se sont trouvés être au nombre de cent six, le
scrutin déclaré clos, dépouillement en fait, le résultat a donné cinquante
six suffrages au citoyen Guillaume Guyomar, faisant plus que la majorité
absolue des suffrages, en conséquence il a été par nous, commissaire proclamé
adjudant major général , lequel a accepté et témoigné sa
reconnaissance à l’assemblée Et malgré que Charles le Brian n’avait réuni
que quarante suffrages, l’assemblée a d‘ une voix unanime demandé qu’il
fut nommé sous adjudant, en consèquence, nous commissaire l’avons proclamé
second adjudant, lequel ayant accepté a fait ses remerciements, témoigné sa
reconnaissance à l’assemblée et a, ainsi que l’adjudant major, prêté le
serment requis par la loi.
En l’endroit s’est présenté
le citoyen Rieumes, lequel a annoncé à l’assemblée qu’il était chargé
de commission de la part du département des Côtes du Nord à l’effet de
propager le patriotisme, aussitôt tous les assistants d’une
voix unanime ont prié leur président de l’inviter aux honneurs de la
séance et après avoir entendu, avec la plus grande satisfaction la lecture des
lois concernant l’organisation des gardes nationales, les détails consignés
dans les avis du Département relatifs aux crimes atroces de nos ennemis,
ensemble la véhémente et patriote exhortation dudit citoyen Rieumes d’être
fidèles et zélés républicains et de faire germer ce sentiment chez tous
concitoyens : la même assemblée a prié son Président de voter des
remerciements au vrai républicain Rieumes.
L’assemblée déclarée
dissoute, nous avons rapporté le présent procès verbal à valoir et servir ce
qu’il appartiendra sous nos seings ce jour dix mars mille sept cent quatre
vingt treize, l’an second de la République française. Ainsi signé Le Coz et
Keraufort secrétaire adjoint. Pour expédition conforme à la minute déposée
au secrétariat du Directoire du District de Lannion».
Le
22 mai 1793 , on entreprend des travaux de réparation (fait par Jean Baptiste
Meunier, charpentier) sur la batterie du Dourven : « Il alongera de 22 pieds la platte forme circulaire qui se trouve aux
deux tiers trop courte. Il fera un coussin à l’une des pierres de canon qui
manque, deux bancs de 4 pièces de long, un port d’armes, une planche à pain,
3 brasses de cordes pour suspendre l’artillerie et il fera placer un crochet
pour tenir la marmite sur le feu »(Archives Côtes d'Armor 1L729).
Le
11 juin 1793, on recommande le citoyen Derrien, pour qu’il puisse diriger le
poste de la batterie du Dourven (Archives Côtes d'Armor 1L729) : « Citoyen
administrateur, comme vous êtes chargé du bureau de la guerre au district, je
vous prirai de vouloir bien inscrire sur le registre le citoyen Derrien,
excellent canonier et bon patriote. C’est un père de famille qui a besoin de
gagner le poste du Dourven qui est très intéressant et n’a pas le nombre
suffisant de canoniers et ceux qui y sont, ne sont pas au fait du service. Il
est donc indispensable d’y placer un homme capable de les instruire, celui que
je vous indique remplira parfaitement les vues de l’administration, vous
voudrez donc bien le mettre à ce poste, le citoyen Rieumes qui le connaît vous
donnera sur son compte les attestations les plus avantageuses. Salut, amitié et
fraternité de la part de votre dévoué concitoyen Prigent, adjoint au département
des Côtes-du-Nord ».
Dans
une circulaire du 14 juin 1793 (an II), Saint-Michel-en-Grève avec 384
habitants, ainsi que Ploumilliau, Ploulech et Trédrez se trouvent
bizarrement comptabilisés sous le canton de Plestin
|
Habitants |
Charrettes
qu’elle peut fournir |
Plufur |
1241 |
41 |
Tréduder |
345 |
10 |
St Michel |
384 |
13 |
Ploulech |
1090 |
36 |
Ploumilliau |
2760 |
92 |
Trédrez |
934 |
31 |
Plestin |
4365 |
150 |
Plouzélambre |
657 |
20 |
Un
peu partout des mouvements de mauvaises humeurs et de révoltes se manifestent.
Et comme généralement un malheur n’arrive jamais seul, la France connaît
une grave crise économique. Les Girondins pour financer la guerre se sont
servis des assignats. Ils en ont imprimé tellement qu’ils ont perdu toute
valeur et personne n’en veut plus. De plus les récoltes n’ont pas été très
bonnes et le prix du pain augmente d’une façon alarmante alors que les
salaires ne suivent pas. La vie devient très dure pour les petites gens qui
voient des accapareurs et des profiteurs partout.
La
Constitution de 1793 est adoptée le 22 juin 1793. C’est le premier texte législatif
qui fait état du peuple, encore que son suffrage universel exclut les femmes,
les soldats, les domestiques, les journaliers agricoles.
Le
30 juin 1793, Hervé Le Brun, vicaire à Locquirec en 1790, est installé comme
curé constitutionnel à Saint-Michel-en-Grève. Il fait l’objet d’un
couplet satirique dans un document intitulé « Ar personet intru »
(daté de 1793) que voici :
Person
Lomikêl-an Trèz, Hep
tam ès, A
neus rentet affront d’eur plahik, A
neus bet goudé unanik. |
Le
recteur de St-Michel-en-Grève, Sans
le sou, A
fait l’affront à une jeune fille, Qui,
ensuite, a eu un petit (enfant). |
La
situation est tellement catastrophique que les girondins sont chassés de la
Convention et s’éclipsent pour laisser le pouvoir aux Montagnards. Pour
sauver la Révolution en péril ces derniers instituent une dictature révolutionnaire
qui s’impose et triomphe par la Terreur.
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