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- La Révolution -

LA CONVENTION

La réaction thermidorienne

(Août 1794 à Octobre 1795)

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Désormais ce sont des bourgeois modérés qui vont gouverner. Ils veulent le retour aux principes établis en 1789. L’organisation héritée des Montagnards est supprimée : les Comités, le tribunal révolutionnaire, la commune sont supprimés. Le Club des Jacobins est fermé. Les prisonniers sont libérés. Les principales lois terroristes sont  abandonnées, la liberté économique est rétablie à la plus grande joie  des commerçants et des spéculateurs sans vergogne.

En janvier 1795, c’est la reprise du culte catholique. Des prêtres détenus sont libérés. On rend les chapelles. On relâche les membres du clergé qui ne sont pas en règle à l’égard de la constitution civile. On ne distingue d’ailleurs plus guère le prêtre assermenté ou jureur de celui qui ne l’est pas. A la demande instante des fidèles, dont la persécution n’a fait qu’attiser le zèle religieux, la Convention est contrainte de leur donner satisfaction et décide peu après que les « églises non aliénées seront rendues au culte » (30 mai 1795). Les églises affectées aux réunions municipales et autres, sont donc à nouveau ouvertes aux fidèles. On vote aussi un décret «..la République ne paie plus les frais ni les salaires d’aucun culte.. », qui est en fait moins une déclaration de neutralité religieuse qu’une déclaration d’hostilité à toute espèce d'Eglise (18  septembre 1794). Un régime nouveau s’instaure : celui de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, organisé par un décret de 1795, il va durer jusqu’à la promulgation du Concordat en 1802.

Dans un extrait du registre de dépôt du tribunal du district de Lannion (Archives Côtes d'Armor 1L415), on peut lire : « Du quinze floréal l’an III de la République française unie et indivisible. Les citoyens Yves Jacque Savidan et Jean Le Bourva, les deux de la commune de Ploumilliau ont déposés en ce greffe les procès verbaux de leur nomination et prestation de serment, savoir du dit Savidan pour juge de paix du canton de St Michel-en-Grève et du dit Le Bourva pour greffier du même canton ».

En 1795, le canton a une population de 4838 habitants, avec 525 feux (foyers ou familles) et le recensement permet de montrer que la situation du canton de Saint-Michel-en-Grève à l’époque n’est guère brillante.

Nombre d’individus qui ne payent aucune taxe :

471(9,7%)

 

 

Nombre d’individus qui ne payent qu’une ou deux journées de travail :

303 (6 %)

 

 

Vieillards hors d’état de travailler :

76 (1,5 %)

 

 

Infirmes :

65 (1,3 %)

 

 

Enfants de pauvres au-dessous de 14 ans ou hors d’état de gagner leur vie :

418 (8,6 %)

 

 

Total des individus qui ont besoin d’assistance :

559 (11,5 %)

 

 

Nombres de pauvres malades/année/commune :

102 (2,1 %)

 

 

Nombre de mendiants, vagabonds :

16

A partir du 17 février 1795, 4000 hommes de troupes commandés par le général Valletaux, sont distribués en cantonnement de manière à garantir la côte et à préserver l’intérieur en poursuivant et réduisant les bandes rebelles. Une de ces garnisons est installée à Saint-Michel-en-Grève. Des détachements de cavalerie du 14 Chasseurs à cheval sont également affectés à ces garnisons côtières.

Les députés suppriment la loi (loi du Maximum) qui empêche que le prix du pain soit trop élevé. La liberté de commerce est rétablie. Mais comme il n’y a aucun contrôle de prévu, les prix augmentent de façon vertigineuse. Cette période est en effet l’une où l’inflation est la plus forte, comme le montrent les chiffres suivants sur les coûts des grains en quintal, indiqués en francs. Le 13 septembre 1795, le froment vaut autour de 370 francs, l’orge 240, l’avoine 240, le seigle 250 et le blé noir 250. Le 30 septembre 1795, le froment vaut 600 francs, l’orge 450, l’avoine 400, le seigle 500 et le blé noir 360. Le 28 octobre 1795, le froment vaut 800 francs, il passe à 2 000 le 16 décembre et à 3200 le 29 janvier 1796. Le blé noir à 600 francs le 28 octobre 1795 monte à 1800 francs le 29 janvier suivant. Le prix des autres céréales subit la même inflation. Le quintal de foin qui vaut 100 francs le 9 décembre 1795 est  à 310 francs le 29 janvier 1796. Pour le peuple la situation devient insupportable.

Les sommes énormes que coûte la guerre au dehors et au dedans, la mauvaise volonté des Français à payer leurs impôts, contraignent le Trésor à faire sans cesse de nouvelles émissions d’assignats. Ce qui entraîne une dépréciation croissante du papier-monnaie (l’assignat de 100 livres qui en valait 37 en juillet 1794, n’en vaut plus que 8 en avril 1795) et une hausse considérable des prix. On cite encore l’exemple d’ « un fermier dont le bail s’élevait en 1789 à la somme de 1000 livres par an. Que fait le paysan en 1795 ? Il engraisse un cochon, le vend 1000 livres en assignats et paie son propriétaire ».

Un hiver rigoureux accentue la misère « depuis deux mois, les neiges, les glaces continuent d’empêcher l’ouvrier de gagner ses premiers besoins. Sans bois, sans vêtement, sans travail, ils périssent de misère et de faim ». La pénurie est telle que certains pillent les champs non moissonnés. D’autres, des militaires, se rendent directement dans les campagnes et exigent sous la menace du blé, du beurre qu’ils revendent parfois. A la misère vient donc s’ajouter l’insécurité.

Face à cette détresse, une mauvaise volonté de coopération commence à se manifester de la part des municipalités. Une mise en garde de l’agent national provisoire du district de Lannion aux communes de l’arrondissement du district et aux agents nationaux est faite le 5 ventôse an III : « Citoyens, les comités de salut public et de sûreté générale, de législation et les représentants du peuple près des armées des Côtes de Brest et de Cherbourg, me demandent mes comptes décadaires conformément à l’article de la loi du quatorze frimaire du gouvernement révolutionnaire et de l’arrêté du représentant du peuple Boursault  du 3 vendemiaire, j’ai rendu les comptes autant qu’il m’a été possible, mais aujourd’hui citoyens je ne sais par quelle fatalité vous avez cessé de rendre les vôtres, c’est-à-dire les municipalités au district , et les agents nationaux des communes à l’agent national du district, conformément aux articles 10 et 17 de la même loi.

Je suis donc, dans l’impossibilité de rendre compte de ce qui se passe dans le district, si vous ne m’instruisez pas de ce qui se passe dans vos communes respectives, si vous ne m’instruisez pas de l’exécution des lois, du résultat de vos opérations, de vos délibérations, et de votre correspondance. Nous sommes cependant dans un moment de crise où il est intéressant que les autorités supérieures puissent remédier aux maux qui vous menacent, et qu’il faut parer.

J’ai autant à me plaindre des agents nationaux des communes qui ne m’accusent point la réception des arrêtés des représentants du peuple, et autres arrêtés que je leur envoye la réception, publication, et enregistrement des lois, qui ne m’envoyent pas leurs tableaux des grains vendus aux marchés. Je vous invite donc, citoyens, au nom de la patrie et du bien public, d’exécuter plus ponctuellement les lois , surtout la loi révolutionnaire du 14 frimaire, sous peines d’encourir les peines qu’elle prononce, ce faisant d’envoi au district le compte décadaire de toutes vos délibérations (Arch. de Lannion)». 

La période de la fin de la Convention voit se mettre en place une opposition République / Monarchie et bourgeoisie / peuple. Le 31 mai, le Tribunal révolutionnaire est supprimé et un décret va interdire l’emploi du mot « révolutionnaire ». Le 22 août 1795, la Constitution de 1793 va être remplacée par une Constitution nouvelle, beaucoup moins démocratique, la Constitution de l'An III. Cette Constitution de l'An III est précédée, elle aussi d’une Déclaration des Droits, mais on y a joint une Déclaration des devoirs du citoyen. Elle est plus proche de celle de 1789 que de celle de 1793 « les obligations de chacun envers la société consistent à la défendre, à la servir, à vivre soumis aux lois et à respecter ceux qui en sont les organes ».  

La Constitution de 1793 avait établi le suffrage universel direct. La Constitution de l’An III revient au suffrage censitaire à deux degrés. Pour avoir le titre de citoyen français et le droit de vote dans les assemblées primaires, il faut être âgé d’au moins 21 ans et payer une contribution directe. Pour être électeur, les assemblées désignent les électeurs à raison de 1 par 200 habitants, il faut être âgé d’au moins 25 ans et justifier d’un certain revenu ou d’un certain loyer. La fortune bourgeoise triomphe et de nombreux Français sont exclus de la vie politique par ce type de suffrage. Cette Constitution fait les beaux jours des propriétaires :

Art. 8 - Tout homme né et résidant en France, qui âgé de vingt et un ans accomplis, (…) a demeuré depuis pendant une année sur le territoire de la République, et qui paye une contribution directe, est citoyen français.

Art. 35 - Nul ne pourra être nommé électeur s’il n’a vingt-cinq ans accomplis et, dans les communes de plus de six mille habitants, s’il n’est propriétaire ou usufruitier d’un bien évalué à la valeur locale de deux cents journées de travail ; dans les communes au-dessous de six milles habitants, propriétaire ou usufruitier d’un bien évalué à la valeur locale de cent cinquante journées de travail.

C’est la République bourgeoise qui prévaut et la détente qui s’est manifestée au début de l’année 1795 n’est pas appelée à durer très longtemps, la Convention, au moment de se séparer (octobre 1795) remet en vigueur les lois antireligieuses. On revient à une politique de défense républicaine. Mais le département et la commune de Saint-Michel-en-Grève ne suivent plus et témoignent d’un peu de souplesse dans leur application.

Le 5 octobre 1795, les monarchistes reprennent du poil de la bête et tentent un coup d’état pour prendre le pouvoir et rétablir la monarchie. C'est le général Bonaparte qui écrase le complot.

Le 26 octobre 1795, c’est la fin de la Convention. Elle se sépare aux cris de « Vive la République ! » après avoir voté une amnistie générale pour tous les « faits relatifs à la Révolution » ; seules furent maintenues les lois rigoureuses contre les prêtres réfractaires et les émigrés. « A dater du jour de la publication de la paix générale, disait le décret, la peine de mort sera abolie dans la République » et la place de la Révolution prend le nom de « place de la Concorde ».

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