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CHATEAU DE RIEUX. |
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Il existe à Rieux, sur la rive droite de la Vilaine, une langue de terre ou un promontoire, défendu naturellement par la rivière et les marais voisins, et commandant le passage de la voie romaine de Vannes à Blain.
Les conquérants comprirent l'importance de ce point, et ils y établirent un poste, comme l'indiquent les briques qu'on y a trouvées.
Au moyen âge les Bretons apprécièrent également le croisement, de la voie antique et de la rivière. Alain Ier, comte de Vannes et de Nantes, séjournait souvent à Rieux, comme au centre de ses États, et on lui attribue la construction ou plutôt la restauration du château fort de l'endroit. C'est lui qui battit les Normands à Questembert en 888, et y fut salué roi de Bretagne et surnomme le Grand.
On ne possède aucune description de ce château, mais on peut se le représenter comme ceux de Jublains, de Loches, de Beaugency-sur-Loire, de la Pommeraye, etc..., c'est-à-dire comme un grand édifice de forme rectangulaire, avec des murs très épais en petit appareil, et des ouvertures cintrées.
Les Normands ont dû ruiner le château au Xème siècle, mais après la tempête, les descendants d'Alain le Grand restaurèrent leur demeure et prirent le nom de Rieux. Ils se donnaient, avec raison, comme princes du sang de Bretagne, et ils prenaient rang avant les plus anciens barons du pays. Leurs armes étaient : d'azur à dix besants d'or, 4. 3. 2. 1. Après l'acquisition de la seigneurie de Rochefort, en 1374, ils portèrent habituellement un écartelé de Rieux et de Rochefort. Leur devise était : A tout heurt bélier, à tout heurt Rieux.
Le château de Rieux ayant été pris et dévasté en 1488 par les Français, et non par la duchesse Anne, comme on l'a dit trop souvent, le maréchal Jean IV de Rieux obtint de sa pupille, en 1490, une indemnité de 100.000 écus d'or, pour l'aider à réparer cette forteresse, ainsi que celles d'Elven, de Rochefort et d'Ancenis, qui avaient également souffert de l'invasion française. Des pans de mur en pierre de taille, qui se voient encore du côté de l'ouest, paraissent appartenir à cette époque.
Il est assez difficile de restituer le plan de ce château à la fin du XVème siècle. Les pans de murs précités, et les traces de deux autres murs perpendiculaires au premier, semblent indiquer trois côtés d'un carré ; une quatrième ligne, parallèle à la Vilaine, achève la clôture et donne à l'ensemble la figure d'un trapèze. Quant aux tours, on ne connaît pas leur place d'une manière certaine ; ce n'est que par approximation qu'on en place une à chaque angle, une autre sur les deux plus longues courtines, et le donjon à l'extrémité orientale. La porte d'entrée à l'ouest était munie d'un pont levis, et on voit encore dans la douve un pilier de pierre qui lui servait de point d'appui. (Voir le plan ci-joint).
Lorsque la branche aînée de la famille de Rieux s'éteignit (1567), le château fut presque complètement abandonné. Pendant la Ligue on en démolit quelques portions. En 1629, l'ombrageux cardinal de Richelieu en fit prescrire la démolition complète, et dix-sept paroisses furent convoquées pour le renverser. Mais la construction en était si solide, que tous ces efforts n'aboutirent qu'à renverser les tours et quelques pans de murs dans les douves. Le donjon, ébranlé par la mine, perdit son aplomb, mais ne tomba pas, et il resta ainsi penché jusqu'en 1799, où un tremblement de terre le fit crouler. Ces ruines, converties plus tard en parc anglais, sont aujourd'hui couvertes de bois et de ronces.
Il y avait autrefois un port ou un bassin au nord du château, mais ce n'est, depuis bien long temps, qu'un marécage, qui se transforme en prairie.
Les seigneurs de Rieux avaient un droit de coutume sur les bateaux qui montaient ou descendaient la Vilaine avec des marchandises ; l'acquit de ces droits se faisait anciennement vis-a-vis le château ; il se fit plus tard à Redon, pour la commodité des marchands.
Pour traverser la Vilaine, en suivant la vieille voie romaine, il y avait autrefois, au sud du château, un pont de bois, appartenant au seigneur ; le droit de passage qu'on y percevait était employé à son entretien. En 1281, Guillaume de Rieux obtint du duc Jean Ier la restitution de ce pont, que son père lui avait abandonné, et il obligea, par sentence judiciaire de 1288, l'abbaye de Redon de payer sa part des frais de restauration (Pr. I. 1058. Cart. R. p. 493). Ce pont était coupé au milieu et muni d'un tablier mobile, pour laisser passer les navires. Il s'en allait de vétusté en 1543, et il fut, vers cette époque, remplacé par un bac.
Sur la rivière d'Oust, à Aucfer près de Redon, il y avait aussi un bac, qui était affermé au profit des seigneurs de Rieux. Chaque année, à Noël, le passager était obligé de se trouver à la messe de minuit, dans l'église de Saint-Sauveur de Redon, à l'entrée du choeur. Entre les deux élévations, le diacre lui criait à haute voix, par trois fois : Passager d'Aucfer, payez le droit que vous devez au seigneur. Le fermier entrait et déposait sur l'autel quelques pièces de monnaie. Aujourd'hui Aucfer possède un pont en pierre, et Rieux attend encore le sien.
Les seigneurs de Rieux avaient la haute justice sur leurs sujets, les prééminences dans les églises de leur territoire, et tous les autres droits féodaux. Leur fief comprenait en 1761 : Rieux, Allaire, Saint-Gorgon, Béganne, Saint-Jacut, Saint-Gravé, Saint-Congard, Saint-Martin, les Fougerêts, Glénac, Cournon, Peillac, Saint-Vincent, Saint-Perreux, Fégréac et Avessac. En dehors de ce territoire héréditaire, ils ont possédé, à diverses époques, Rochefort, Largoët, Donges, Ancenis, Harcourt, Aumale, etc...
Les branches cadettes, de Rieux ont possédé également de belles seigneuries. Il suffit de nommer Asserac, la Feuillée, l'Ile-Dieu, Ouessant, Châteauneuf, la Hunaudaye, Sourdéac, etc... Toutes ces terres sont situées hors du Morbihan, sauf Sourdéac, qui se trouve en Glénac, et qui mérite à ce titre un mot en passant. Ce château, construit au XVIème siècle, fut en 1594 le théâtre d'un combat entre les Ligueurs et le maréchal d'Aumont. C'est une vaste demeure, avec une tourelle octogonale à quatre étages ; on y remarque une porte en anse de panier, avec pilastres à pinacles et accolade à chou ; les fenêtres sont géminées et décorées également d'accolades.
Jh-Mie LE MENÉ.
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