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LE COMTÉ DE RIEUX |
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Ancienneté
et étendue. — Le château de Rieux. — La ville de Rieux. — Le pont
de Rieux. — Le passage d'Aucfer. |
I. — ANCIENNETÉ ET ÉTENDUE.
Le Comté de Rieux était l'un des plus anciens fiefs du duché de Bretagne. Il est au moins contemporain du Comté de Porhoët, car on le trouve mentionné dans le Cartulaire de Redon dès l'année 867.
Il s'étalait sur les rives de l'Oust en montant du Sud au Nord, englobant une quinzaine de paroisses. Au Sud, il était séparé de la Seigneurie de Largouët par un mince affluent de la Vilaine, limite des paroisses de Béganne et de Péaule. Au Nord, il s'étendait jusqu'à la Borne des Trois Barons, où se touchaient les terres de Rieux, de Malestroit et de Couëtion, près de Beaumont en Saint-Laurent, au delà du prieuré de Saint Léonard en Saint-Martin-sur-Oust.
Dès le XIème siècle, c'était une des sept grandes circonscriptions féodales de la région, avec Redon, Muzillac, le régaire de Vannes, Largouët-Rochefort, Auray, Quémenet. Dom Lobineau lui attribue le titre de Comté dès le Xème siècle.
Ce Comté comprenait trois juridictions de justice : Rieux à Rieux, Rieux à Peillac, Rieux à Fégréac. Ce dernier membre se trouvant dans le Comté Nantais, le sire de Rieux pouvait présenter son service d'ost dans la Baillie de Nantes [Note : Ost ou host (du latin hostis, ennemi) : hommes d'armes que devaient fournir les grands propriétaires de fiefs].
La partie principale du Comté, sur la rive droite de la Vilaine, dépendait du Comté de Vannes, baillie de Broërech. Ce n'est qu'aux XV-XVIème siècles que les Aveux de Rieux furent portés au Siège de Ploërmel.
Au cours des âges, les délimitations de la seigneurie furent fréquemment modifiées et il faut arriver au XVème siècle pour avoir un acte permettant de reconstituer le fief des Rieux à cette époque. Voici cet acte de 1430.
« Le chasteau et forteresse de Rieux avec ses clostures, fossés et doves (douves), jardins, coullombiers, viviers et autres appartenances, pour lesquels sont dûs le guet et la garde, le curage et la réparation des doves, quand besouyn en est, par les hommes dudict sieur de Rieux ès paroisses de Rieux, Béganne, Allaire, Fégréac, Peillac, Saint-Jacut, Saint-Vincent [Note : Saint Viel, porte l'Acte], Glénac, les Fougerets, Saint-Martin, Saint-Congard et Sainte Gravée » [Note : De gravida, enceinte : c'est la Sainte Vierge attendant la naissance de Jésus. Aussi les futures mamans venaient-elles l'implorer en son église. Ce vocable est devenu Saint-Gravé].
Un acte de 1516, en latin, donne la liste des bénéfices du Comté avec les taxes imposées à chacun, variant de dix sols à vingt-deux livres. Nous y voyons : les recteurs de Rieux, Béganne, Allaire, Peillac, Glénac, Cornon (Cournon), Saint-Vincent et Ressac (Saint-Perreux), Saint-Martin, les Fougerets, Sainte-Gravée, Moullac (Molac), Saint-Congard, Pleucadeuc, Malestroit, Missiriac, Saint-Laurent les prieurs de la Trinité à Rieux, de la Magdeleine à Malestroit ; enfin une quinzaine de chapellenies fondées en diverses paroisses (Archives de la Chambre des Comptes, à Nantes). Parmi les nombreuses chapelles, mentionnons Saint-Gorgon, trêve d'Allaire, primitivement Senkoko en Béganne, cité au IXème siècle dans le Cartulaire de Redon. Saint Koko (ou Gogo, comme le peuple prononce ce mot) devait être un moine breton qui fut dans la suite remplacé par un saint plus connu, saint Gorgon, de Nicomédie.
II. — LE CHATEAU DE RIEUX.
« Le chasteau et forteresse de Rieux », mentionné dans l'acte de 1430, avait remplacé l'oppidum gallo-romain qui commandait la Vilaine. Comme ceux de Jublain et de Loches, ce devait être primitivement un vaste édifice rectangulaire pourvu d'ouvertures cintrées d'un mètre à un mètre cinquante, avec des murs épais de deux mètres en petit appareil.
Détruit par les Normands au Xème siècle, les descendants d'Alain le Grand le restaurèrent, lui substituant une enceinte murale à créneaux avec tours élevées, entourée d'une douve profonde. En dehors de cette enceinte, s'élevait une maîtresse tour appelée donjon et, à l'intérieur, les bâtiments de service et d'habitation, ceux-ci pourvus de vastes appartements. C'est là que se donnaient souvent de grandes fêtes à l'occasion surtout des visites princières. Il s'en vit surtout aux XIVème et XVème siècles, temps de la splendeur de Rieux. Et comme les guerres se rallumaient sans cesse, le duc François, en 1474, autorise le sire de Rieux à fortifier davantage les châteaux de Rieux et de Rochefort et à y « lever des forges » (Bibliothèque Nationale, F.F. 22.361).
Mais, à la fin de ce XVème siècle, Jean IV de Rieux attire sur ses châteaux la dévastation. Il avait demandé l'assistance des Français lors de sa révolte contre le duc ; puis rallié à celui-ci, il lutte contre eux (1488). Vainqueurs à Saint-Aubin-du-Cormier, entre Rennes et Fougères, les Français démantelèrent les fortifications de Rieux, Rochefort et d'autres. Le castel perdit donc son donjon et plusieurs tours, jadis surmontées des catapultes employées contre les Normands sous Raoul III de Rieux. A ces machines de guerre succédèrent sur les tours restaurées quatre moulins à vent, dont le souvenir est resté longtemps vivace au pays.
Les pans de murs en pierres de taille qui subsistent et les traces de deux autres murs perpendiculaires au premier semblent indiquer trois côtés d'un carré ; une quatrième ligne, parallèle à la Vilaine, achève la clôture et donne à l'immeuble la figure d'un trapèze.
Quant aux tours, il y en avait, croit-on, à chaque angle, une sur les plus longues courtines, plus le donjon à l'extrémité orientale. La porte de l'Ouest était munie d'un pont-levis et l'on voit encore dans la douve un pilier de pierre qui lui servait d'appui. L'intérieur de ces constructions aux vastes proportions satisfaisait au goût du luxe en même temps qu'aux nécessités de la défense. L'extérieur était enveloppé de clôtures, jardins, colombiers et viviers, avec un bois de décoration.
En plus du château de Rieux, les seigneurs possédaient, en Glénac, le château de la Forêt-Neuve, plutôt maison de plaisance construite par Jean IV, et celui de Sourdéac, sur les bords de l'Oust.
Il devait y avoir aussi une chapelle, car il est question d'un aumônier ; avant la construction de l'église des Trinitaires, c'était un des religieux demeurant au château ; après eux, ce fut un prêtre séculier. Vers le milieu du XVIIIème siècle, missire Guillaume de la Pommeraie (en Allaire), recteur de Saint-Gravé, Saint-Martin et Saint-Laurent, commandeur du prieuré des Brûlais, est qualifié encore de chapelain et aumônier du comte de Rieux.
III. — LA VILLE DE RIEUX.
Aussitôt le château relevé, l'agglomération de Rieux s'étend rapidement, en même temps que s'accroissent l'aisance et le commerce, commerce par les voies de terre et surtout par la Vilaine. Avec la famille du comte, sa brillante Cour, sa domesticité, ses multiples fonctionnaires, avec les artisans, les commerçants, les ouvriers, il se forma une petite ville prospère qui avait l'une de ses portes jusqu'au village du Bot, soit à un kilomètre du pont.
Si les siècles et les guerres ont détruit la plupart des demeures somptueuses, il subsiste encore quelques façades de granit, agrémentées de moulures, qui évoquent les temps où sénéchaux, juges et notaires habitaient à l'ombre du castel, et le prieuré du XVème siècle prouve encore que le Père Prieur n'était pas le moins bien logé.
On peut se représenter comme il suit la ville à cette époque.
A l'Est, le château-fort avec ses dépendances immédiates, telles que cuisine, boulangerie, écuries, caserne, remises à carrosses, greniers, celliers, poulaillers, clapiers, etc.
Au bas de la côte, près de la Vilaine, les maisons des employés du pont et du passage.
A l'Ouest du château, le couvent des Trinitaires, avec son église bordant la route du pont.
Cette route rejoint celle de Redon et, de cet endroit, la ville continue vers l'Ouest avec divers courts prolongements vers le Nord et vers le Sud.
On y rencontrait l'auditoire (tribunal), les prisons, les halles ou cohue, accotées d' « un terrain d'environ trois journaux au midy pour les foires et marchés », puis le four banal où les habitants étaient tenus de cuire leur pain ; la chapelle Saint-Antoine et, presque au centre, le prieuré Saint-Melaine, dit aussi de Notre-Dame de Rieux. Enfin les demeures des habitants.
Ces demeures étaient d'importance diverse : jolis hôtels aux ouvertures cintrées ou ogivales des riches bourgeois ; spacieuses maisons des commerçants (aubergistes, drapiers, etc.), avec leurs originales enseignes, forgées ou peintes ; humbles logis des artisans, ainsi qualifiés dans les actes : « un en-bas avec chambre haute ».
IV. — LE PONT DE RIEUX.
Le pont établi par les Romains disparut après leur départ ; seuls en subsistèrent les pilotis émergeant à marée basse. Les siècles suivants, trop mouvementés, ne le virent pas reconstruire. Mais lorsque les sires de Rieux furent bien en possession de leur fief et qu'il y régna une certaine paix, il se préoccupèrent de ressusciter ce pont. Ils y établirent même sur chaque rive une hôtellerie et une aumônerie pour le service des voyageurs. Ainsi furent facilitées les relations entre le pays de Vannes et le pays de Nantes et Rieux en bénéficia. Ainsi furent plus unis les territoires du Comté de Rieux à Fégréac (Voir Léon MAITRE, archiviste de la Loire-Inférieure : Etude sur la navigation de la Vilaine au XVème siècle).
A quelle date eut lieu cette réfection du pont ? A coup sûr, longtemps avant le XIIIème siècle, car les Chartes de cette période en parlent comme d'une chose habituelle.
Le tablier d'une ou deux arches était guindé au moyen de câbles comme un pont-levis ; l'arche devenait ainsi une porte par où passaient les navires, moyennant le paiement d'un droit, par exemple. : 72 litres sur un navire de vin ; 157 litres de sel et 1 denier par muid sur les vaisseaux de sel ; plus, 6 sols de mâtage, etc. Les aménagements du pont exigeaient une surveillance active et un exact entretien, ce qui ne pouvait être une charge gratuite ; aussi le duc accorda-t-il au sire de Rieux certains droits de péage. Au début du XIVème siècle, il existait au moins deux de ces portes.
Vers 1281, Geoffroy de Rieux, trouvant sans doute cet entretien trop onéreux, abandonna le péage au duc Jean Le Roux. Mais, la même année, son fils Guillaume se le fit rendre « en s'engageant, par un acte en date du lundy après la Conversion de Saint Paul, sur ses biens, meubles et immeubles, à entretenir les ponts de Rieux ».
Quelques années après, en la Cour de Ploërmel, une transaction est passée « le jour de jeudy avant la feste de Saint Barnabé 1288 entre religieux homme Jehan de Guipry, humble abbé de Redon en icel temps, et le couvent d'iceu lieu (de ce lieu) et Raoul Benoist et le commun des borgeys (bourgeois) de Rodon, d'une partye — et Guillaume sire de Reus (Rieux), menor (mineur), ô (avec) l'autorité de Guillaume, sire de Lohéac, Barnabé, sire de Derval, et Brient Le Boeuf, sire de Nozé, chevaliers, tutours (tuteurs) donnés par Guillaume, jadis sire de Reus, chevalier, en son testament d'autre partye : ledit abbé et couvent et borgeys sont tenus à moitié, au réparement d'une porte assise au pont de Rieux, laquelle est appelée communément la porte Redonnaise, — et de plus à toutes les autres réparations nécessaires, telles que cordages pour lever et hausser le pont-levis et laisser passer les vaisseaux » [Voir les Archives des Blancs Manteaux (Monastère de Paris), n° 46, année 1488].
En 1345, François de Rieux cède aux Trinitaires « une porte du pont de Rieux ô tous ses émoluments », c'est-à-dire les droits de péage, ce qui constituait un beau revenu.
Cependant, au XVème siècle, le passage de Redon concurrençait sérieusement celui de Rieux, surtout depuis la construction d'un pont de pierre sur l'initiative de Guillaume Chesnel, abbé de Saint-Sauveur (entre 1429 et 1439).
Malgré tout, le passage de Rieux demeurait le plus important de la Vilaine, à cause des voies qui le desservaient. Les ducs l'empruntaient ordinairement pour aller de Vannes à Redon et à Nantes. Louis XI y passa en 1461. A la porte de l'abbaye Saint-Sauveur, un immeuble était dénommé le Logis du duc, parce que les souverains y descendaient souvent, lorsqu'ils étaient peu accompagnés ; mais quand la duchesse et les enfants voyageaient avec eux, ils préféraient le château de Rieux.
En 1484, le pont existe toujours avec, pour le sire, l'obligation de l'entretenir et le droit au péage. Mais comme Jean IV s'est révolté contre le duc, celui-ci saisit le péage et ne le rend qu'après le retour du seigneur de Rieux à la cause bretonne.
La manoeuvre du pont réclamant une certaine surveillance, les sires de Rieux l'avaient inféodée à deux domaines de leur fief. Jehan de Limur et Jehan de Talhouët qui l'exerçaient en 1431 recevaient à ce titre la sixième partie des taxes levées sur le vin ; en retour, ils devaient s'assurer que le pont-levis était abattu à chaque réquisition. On voit aussi quatre autres seigneurs se partager les recettes perçues sur les bateaux de sel, toujours à charge de participer à l'entretien du pont.
Au bureau du port, une pancarte, dite pancarte du péage, portait le montant des droits de coutume (sur les marchandises) et des droits de pontage (transit par eau). En voici quelques-uns : par cheval chargé de fardeau cordé, 4 deniers ; par boeuf et vache, 2 deniers ; par mouton et brebis, 1 denier ; par cheval, 2 deniers ; par charge de poisson, 2 deniers ; par cabas (panier) de figues et raisins, 2 deniers ; par tonneau de vin en dehors de Bretaigne, 16 sols ; par cabas de rondelles de harengs, 4 deniers ; par tonneau de seigle ou fourment, 16 deniers ; par millier de fer ou d'acier, 2 sols 1 denier ; par tonneau de vin de Bretaigne, 8 sols ; par charrette de vin ou autre marchandise, 20 deniers, fors (excepté) ceux de la ville qui ne paient que 10 deniers (Nantes, Chambre des Comptes : Compte de Rieux, 1431).
Ce compte ne mentionne pas le droit de pontage, affermé plus tard (en 1542) 23 livres, mais il précise les taxes de mâtage, 6 sols ; de guindage, 12 deniers, etc.
Chaque jour sont relatées les Recettes et charges de l'acquipt et debvoir du trépas (passage) du pont de Rieux.
En voici un aperçu :
Meys (mois) de Janvier, 26ème jour, l'an 1430. — A. Plat et J. Guégan, maître et marchand de leur escaffe, passèrent par ledit trépas, chargés de sel, et payèrent pour 20 muids 40 sous, et pour mâtage 6 sous, et pour même coutume : pour chacun muid, 1 obole ; ensemble, 10 livres 6 sols 10 deniers.
Meys de Mars. — Le 11ème jour d'icelui, passa le vaisseau Perrot Bertho ô vins nantais... savoir, 12 tonneaux à l'abbé de Redon... pour chacun tonneau, 8 sols, dont est à rabattre la sixième partie pour les justes de Limur et Talhouët [Note : Les justes étaient une mesure équivalant à trois chopines ; la chopine égalait environ un demi-litre], 4 livres 2 sols. Item, pour le mâtage, 6 sols.
Meys d'Apvril. — Le 12ème jour, passa le vaisseau J. Le Moulnier, chargé de vins à l'abbé de Redon, savoir : 25 pipes de l'Aunis qu'il disait être pour l'estorement et provision du moustier de Redon et de l'ostel de Braym, — dont et de quoy ledit officier ne s'en charge en rien pour ce que ne ont rien payé.
Meys de Juin. — Le derrain jour, passa l'escaffe Perrot Bertho qui paya pour 20 muids de sel, 46 sols 10 deniers.
Meys d'Aoust. — Passèrent 12 bateaux de sel.
Meys de Septembre. — 18 vaisseaux de sel et de 30 pipes de vin.
Meys de Novembre. — Le 8, passa l'escaffe Sortin qui avoit porté ardeyse (ardoise) en l'isle de Ré et revint lestée de 7 pipes de vin dudit lieu de Ré, — et fut payé pour chacune 8 sols, qui est somme ensemble 56 sols.
Meys de Décembre. — Le 11ème jour, passa une barque d'Espaigne dont est maistre et marchand Martin de la Borde, chargée de fer, qui paya pour chacun des 20 milliers, 2 sols 1 denier.
Le 18ème jour, passa un vaisseau d'Espaigne, chargé de fer et de moules à esmoulable, et y avait auxi une tacque et demie de cuir et deux bailles de layne, dont était maistre et marchand Dominéon, qui paya pour 30 milliers de fer, 62 sols 2 deniers, et par tacque de cuir, 16 deniers, et pour la baille de layne, 4 deniers.
On le voit par ce très bref aperçu, la circulation des bateaux sur la Vilaine était assez intense en ces siècles du Moyen-Age et c'était tout profit pour le commerce de la ville de Rieux.
VI. — LE PASSAGE D'AUCFER.
Rieux possédait encore, à trois kilomètres à l'Est de la ville, un second passage, nommé primitivement le Quéffer. Comme, dans l'usage, on disait : aller au Queffer, on en vint à écrire Auqueffer et, par abbréviation, Aucfer, nom qui a prévalu.
Ce passage est situé à cent mètres du confluent de l'Oust avec la Vilaine, endroit appelé la Goule d'Eau. Le sire de Rieux en afféagea longtemps le péage aux habitants du lieu, moyennant l'entretien des bateaux et le paiement de 4 deniers par an. Cette redevance s'acquittait de façon bizarre. La nuit de Noël, le passeur était obligé d'assister à la messe de minuit à Saint-Sauveur de Redon et de se placer à l'entrée du choeur. Entre les deux élévations de l'hostie et du calice, le diacre criait à trois reprises : Passager d'Aucfer, payez les droits que vous devez au seigneur de Rieux. Le fermier obéissait et allait déposer sur l'autel quelques pièces de monnaie.
Près du pont d'Aucfer se dresse une antique croix de granit. Jadis sur le territoire de Rieux, elle a été transportée sur celui de Redon. C'est une jolie croix à personnages, datant de la fin du XIVème siècle. D'un côté, on y voit la Vierge Marie portant l'Enfant-Jésus, encadrée de deux personnages debout. De l'autre côté, est un Christ dont la tête est inclinée vers la droite et qui est vêtu d'une robe descendant aux genoux.
Cette croix est, dit-on, un mémorial du Traité d'Aucfer, conclu en 1395, qui mit fin à la guerre entre les Montfort et les Penthièvre et rendit la paix à la Bretagne. Les pourparlers avaient commencé à Vannes entre Jean IV et Olivier de Clisson ; mais celui-ci dut venir à Aucfer s'aboucher avec les délégués du comte de Penthièvre. Et c'est là, sans doute à la chapelle Saint-Julien, que, le 19 octobre, les conventions étaient accordées et agréées par Clisson et les procureurs de Penthièvre. Le lendemain, elles furent jurées et scellées au château de Rieux par Clisson, puis jurées au nom du comte de Penthièvre. Cet acte est porté à Guingamp où se trouvait le duc et, le 26 octobre, celui-ci le jure, le scelle et le signe, et y inscrit ces mots : Treté daugfer. (abbé Henri Le Breton).
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