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LES POTIERS DE RIEUX

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Il existait en Bretagne certaines industries rurales, constituées naturellement en corps ou communautés par le lien du fief et de la mouvance sous un même seigneur, et dont l'organisation présente des traits originaux. L'industrie du potier parait avoir été, sous cette forme, tout spécialement en honneur dans les campagnes bretonnes. On a signalé les potiers de Herbignac, ceux des Landelles près de Châteaubriant, dont les produits atteignirent au XVIème et XVIIème siècle une valeur artistique et sont aujourd'hui très recherchés des amateurs.

Les potiers de Rieux, moins habiles sans doute, ont laissé sur leurs règlements et leur antique organisation, des renseignements précis et curieux.

Tous les habitants de ce village étaient potiers, tous relevaient du sire de Rieux. Ils devaient en commun au seigneur, au jour de la Mi-Carême, une livre de poivre et une rente de dix sous, appelée garde. En outre, chaque mariage, c'est-à-dire chaque ménage où il y avait mari et femme, devait annuellement seize sous et deux pots de rente, plus deux journées d'août ou de corvée, l'une à faner et l'autre à battre le blé ; chaque veuf, veuve ou fille tenant ménage séparé, devait par an, huit sous, un pot et une journée d'août. Les rentes se payaient le 2 mai, devant la chapelle Saint-Jacques, qui était celle du village de la Poterie.

En considération de ces devoirs, les potiers avaient seuls droit « de tirer des lizes et sablons à faire pots aux environs du lieu de la Potterie », et semblable droit sur les terres et domaines dépendant du château du Plessix qui appartenait au sire de Rieux.

Toutefois, l'industrie des potiers de Rieux était soumise à certaines entraves ayant pour but semble-t-il de remédier aux abus de ce que l'on nomme aujourd'hui la concurrence illimitée. Il y avait interdiction absolue de fabriquer des pots depuis le 10 décembre de chaque année jusqu'au 1er mars suivant. (Cette interdiction de fabriquer au coeur de l'hiver devait surtout avoir pour cause la mauvaise qualité de la terre à cette époque de l'année ; cette terre gelée eût fait de mauvaise marchandise). Dans les neuf autres mois où la fabrication était permise, chaque ménage ne pouvait faire au plus, que trois douzaines et demie de pots par jour, et en sus de ce nombre, trois pots par enfant, tant que les enfants n'étaient pas capables de travailler eux-mêmes ; ce moment venu, chaque enfant ne pouvait faire par jour qu'une douzaine de pots.

Pour veiller au maintien de ces prescriptions, le seigneur ou ses officiers désignaient chaque année, parmi les potiers, six anciens, dont quatre compteurs et deux revoyeurs ou contrôleurs, qui entraient dans chaque maison compter les pots et dénonçaient les contraventions, dont chacune entraînait une amende de 60 sous 1 denier, applicable, tiers par tiers, au seigneur, aux compteurs et revoyeurs, et à l'entretien de la chapelle Saint-Jacques.

La Poterie n'était alors ni trève, ni paroisse ; elle possédait une chapelle desservie par un chapelain particulier, et entretenue à frais communs par les habitants. Cette chapelle, outre son chapelain, avait son abbé, qui n'était autre que l'un des potiers, choisi par ses confrères à chaque fête de Noël, pour exercer pendant un an la charge d'abbé, en vertu de laquelle il était « obligé de nettoyer la dite chapelle, y apporter de l'eau de temps en temps pour faire de l'eau bénite et, lorsqu'il sera décédé quelqu'un des dits usants du droit de poterie, de sonner la cloche pour avertir d'aller à l'enterrement ». Le tout à peine d'une amende de 60 sous 1 denier par chaque défaut, applicable comme ci-dessus. La chapelle était le coeur du village ; c'était là que les potiers payaient leurs rentes le 2 mai, là qu'ils s'assemblaient en corps pour rendre l'aveu général à chaque mutation de seigneur, là enfin que les compteurs et revoyeurs rendaient compte chaque année des amendes qu'ils avaient levées pendant la durée de leur charge.

N'était pas d'ailleurs admis qui voulait à user du droit de poterie et à jouir des bénéfices de cette rustique corporation industrielle. Chacun des seigneurs de Rieux ne pouvait établir, durant toute sa vie, qu'un seul nouveau potier. Hors ce cas exceptionnel, quand un étranger désirait user du droit de poterie, l'agrément du sire de Rieux ne suffisait point, car le postulant devait être reçu, « du consentement de mon dit seigneur et du général (c'est-à-dire de la généralité) desdits habitants, et non autrement ». Si le candidat était admis, il payait un denier d'entrée de 90 livres, dont un tiers pour l'entretien de la chapelle, un tiers au seigneur et le dernier tiers « au général des habitants ».

Ces curieux usages remontaient haut, tout au moins au commencement du XVème siècle (A. de la Borderie).

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