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TRINITAIRES DE RIEUX

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L'ordre des Trinitaires pour la Rédemption des Captifs fut fondé par saint Jean de Matha et saint Félix de Valois, et inauguré à Rome le 2 février 1198 par le pape Innocent III. 

L'habit de l'ordre fut une robe blanche, avec un scapulaire de même couleur, marqué d'une croix rouge et bleue sur la poitrine ; c'est à causé de ces trou couleurs que le pape donna le nom de la Trinité au nouvel ordre. 

Leur premier couvent fut fondé à Cerfroid, dans le diocèse de Meaux ; il devint naturellement le chef-lieu de l'institut. Leur couvent de Paris ayant été bâti près d'une chapelle de Saint-Mathurin, le peuple donna souvent aux Trinitaires le nom de Mathurins. 

La principale fin de l'ordre était de recueillir les aumônes des fidèles, pour aller ensuite racheter les chrétiens captifs chez les barbares ; chaque maison de l'institut devait consacrer tous les ans un tiers de son revenu à cette bonne oeuvre. 

Les guerres et les pirateries des musulmans firent vivement apprécier les avantages de cette institution, et les Trinitaires eurent plus de 350 maisons dans l'Occident. Le diocèse de Vannes en particulier les reçut à lieux, à Sarzeau et à Cadoudal en Plumelec. La Révolution a détruit leurs maisons en France, et la conquête de l'Algérie les a rendus inutiles pour notre pays.. 

FONDATION

Rolland de Rieux, qui s'était croisé en 1185, et qui avait pu voir de près les souffrances des malheureux prisonniers, ayant appris la fondation des Trinitaires, appela quelques-uns de ces religieux à Rieux peu après l'an 1200.

Durant tout le XIIIème siècle, les religieux furent logés au château, et servirent d'aumôniers à la famille seigneuriale ; ils célébraient la messe et l'office dans la chapelle, puis recueillaient des aumônes dans les pays circonvoisins pour le rachat des captifs.

Pendant leur séjour au château, ils virent mourir successivement Alain de Rieux en 1225, Gilles de Rieux en 1255, Geoffroi de Rieux en 1275, et Guillaume de Rieux en 1310. Ce dernier donna aux religieux une rente de 24 livres sur les ruines de la Barbotière. Sa soeur, Anne de Rieux, morte en 1318, leur laissa une chapelle garnie, capellam munitam.

Jean Ier de lieux, fils et successeur de Guillaume, épousa Isabeau de Clisson, et commença avec elle la construction définitive d'un couvent et d'une chapelle pour les Trinitaires, à quelques pas du château vers l'ouest. La dame mourut avant la fin des travaux, le 12 septembre 1343, suivant le nécrologe, et fut inhumée dans la nouvelle chapelle. Son mari fixa, le 16 janvier 1345 (N.-S. 1346), la dotation de l'établissement par les lettres suivantes.

« Jehan, seigneur de Rieux, chevalier en Bretaigne, au diocèse de Vennes, salut en Notre-Seigneur. — Scavoir faisons que nous, en l'honneur de Dieu et de la benoiste Vierge Marie, sa très chère mère, pour le salut et remède des âmes de nous et de nostre très chère compaigne, que Dieu absolve, et de nos prédécesseurs, avons fondé en nostre ville de Rieux une maison des religieux de l'ordre de la Sainte-Trinité, au lieu où nous avons fait commencer l'emprise de l'église, maison et habitation pour les dits frères poursuit en fait et en fond, nous avons donné et donnons à Dieu, à la benoiste Vierge Marie et au dit ordre de la Trinité, pour lieu et habitation perpétuelle pour les d. frères, qui perpétuellement seront et demeureront au d. lieu, pour faire service à Dieu et à sa Mère, par le nombre des frères, en la manière, point et devis, qui ensuivent. Et premier doivent demeurer et demeureront en la d. maison perpétuellement à tousjours mes sept frères religieux du d. ordre en oultre des deux frères de la maison de Cadoudal, qui ne sont mis ni comptés au nombre des d. sept frères, desquels sept frères l'un sera ministre des autres, selon les establissemens de la règle du d. ordre ; et est à scavoir que des d sept frères en avons fondé cinq, et nostre chère compaigne, que Dieu absolve, deux, pour y faire prières et oraisons, et célébrer la messe, et dire sur nostre tombe, après nostre mort, une oraison et recommandation de nos âmes. Et pour la sustentation et pourvoyance des d. sept frères, nous avons donné cinquante-cinq livres de rente, et nostre compaigne vingt-cinq : ainsi sont quatre-vingt livres de rente, qui ont esté receues par Fr. Guillaume André, gouverneur de la d. maison de Rieux, et à ce procureur d'honorable religieux et honneste Fr. Thomas Maire, ministre de tout l'ordre ; pour lesquelles quatre-vingt livres de rente avons fait assiette de plusieurs pièces de prez et terres labourables, scavoir.... (plus loin, § III). Et leur avons donné cinquante charretez de bois, dont 25 pour chauffage, et 25 de fournille, à prendre dans nos forests, tant que quatre boeufs, ou trois chevaux ou jumens, pourront amener, en quelque temps qu'il plaira aus d. ministre et frères ; de plus cinq cents petites anguilles sur nos pescheries de Saint-Perreux au premier jour de caresme ; et la quinte arche de nostre pont de lieux, avec tous droits et émolumens. Item la permission d'avoir un colombier, celle d'avoir un moulin à vent pour la mouture des bleds du couvent, et celle d'avoir un four en leur maison, pour cuire leur pain seulement. Fait à Rieux le XVIème jour de janvier, M. CCC. quarante-cinq (N.-S. 1346) ; fait apposer le scel de nostre court, et celui du duc de Bretaigne, dont on se sert aux environs de Redon ». (Trinit. H. — Copie papier).

A la suite de ces avantages, Jean de Rieux spécifia les charges suivantes :

1° Les sept frères de la maison de Rieux seront tenus de dire et célébrer à perpétuité, au choeur de leur église, matines et les autres heures solennellement et à note, selon les établissements du d. ordre.

2° A perpétuité ils célébreront dans leur église trois messes par jour : la première sans note et selon que le jour le requérera ; la seconde de Requiem à note, environ l'heure de prime ; et la troisième solemnellement selon le jour, allant après cette grande messe sur les tombes des fondateurs faire oraison pour eux.

3° Nul ne sera reçu ministre de la d. maison, s'il n'en est ou n'en veut être profès et ne renonce à tout autre couvent ; il sera confirmé par le ministre général de l'ordre.

4° Chacun des frères, lors de sa profession, sera tenu de faire serment, en présence du fondateur ou de ses successeurs, ou de leur mandataire, de se bien et fidèlement acquitter des conditions imposées par la présente fondation.

5° Les ministres et frères ne pourront recevoir aucun novice, sans le conseil et le vouloir du fondateur, pendant sa vie seulement.

6° Les religieux ne pourront poursuivre les vassaux du fondateur en action réelle, ailleurs que dans sa jurisdiction ou celle des souverains, et en action personnelle que dans le diocèse de Vennes, à moins d'appel aux souverains.

7° Le tronc de l'église sera fermé à deux clefs, dont l'une sera entre les mains du fondateur, de ses successeurs ou des fondés de pouvoir, et l'autre appartiendra au ministre : les deniers provenant des offrandes trouvées dans ce tronc seront employés à l'entretien de l'église et des autres bâtimens.

8° Dans le cas où le nombre des d. sept frères ne se trouvera pas complet, le fondateur ou ses successeurs pourront retirer partie des biens donnés, et à proportion des manquants, à moins toutefois de cause raisonnable et du consentement du fondateur.

Les lettres du pape Innocent VI, confirmant cette fondation, furent ouvertes dans l'église du couvent le 30 mai 1359, et publiées en présence d'un grand concours du peuple.

Des fondations particulières vinrent bientôt améliorer la situation temporelle de la communauté. Dès 1347, Jeanne de Rieux, soeur du fondateur et veuve de Jean de Kergorlay, fit une fondation de messes pour son mari et pour elle, moyennant une rente annuelle de 30 sols.

La même année, Guillaume de Rieux, frère du fondateur, fut tué au siège de la Roche-Derrien, et inhumé chez les Trinitaires, avec célébration de nombreuses messes.

En 1354, Jehan de Limur, enterré dans la même église, participait aux prières des religieux, et sa famille payait une rente de vingt sols. En même temps, Payen de Téhillac choisissait sa sépulture dans le même lieu et y fondait une messe par semaine.

Le 11 août 1357, mourut à Paris Jean Ier de Rieux. Son corps fut rapporté en Bretagne et inhumé auprès de celui d'Isabelle de Clisson. On grava sur leur tombe l'inscription suivante : Hic requiescit Johannes quondam Dominus de Riex, miles, fundator domus deintus, qui decessit anno Domini M. CCC. LVII. die XI mensis Augusti — Et Domina Izabel de Clisson, uxor ejus, fundatrix nostra, quoe decessit anno Domini M.CCC.XXXXIII, quinta die mensis Aprilis. — Requiescant in pace. Amen.

Pour la mort d'Isabelle de Clisson, on remarquera une légère différence de mois entre l'inscription du tombeau et la date du nécrologe donnée précédemment. Quelle est la meilleure copie ? — On l'ignore.

Le 28 février 1379 (N.-S. 1380), Gérard de Limur donna une rente de huit livres, pour être inhumé dans l'église du couvent, et avoir deux messes par semaine et un service anniversaire.

En 1384, Jean II, seigneur de Rieux par héritage, et de Rochefort par mariage, apprenant qu'une partie des rentes données par son père Jean Ier ne se payaient plus, les remplaça par les dîmes qui lui appartenaient dans les paroisses de Béganne, de Saint-Jacut, de Saint-Vincent, de Saint-Gravé, de Saint-Martin et de Saint-Congard, et confirma le don de celles de Peillac.

Le 19 mai 1389, Guillaume de Téhillac fonda une messe par semaine à l'autel de Saint-Nicolas pour lui et les siens, et donna à cette fin l'hébergement du Tertre-Payen, en Rieux.

Le 10 juin 1402, Olivier de Ressac, seigneur du Plessis et de Lézalair, en Rieux, fonda plusieurs messes à l'autel de Sainte-Marguerite et y acquit un droit de sépulture pour sa famille.

Beaucoup d'autres bienfaiteurs, qu'il serait trop long et même impossible d'énumérer ici, vinrent tour à tour réclamer les prières des religieux et leur faire diverses libéralités.

Mais un acte qu'on ne peut omettre est le testament de Jean II, seigneur de Rieux et de Rochefort, daté du 26 juin 1416. Ce prince ajouta aux sept frères fondés par son père et sa mère, six autres frères, pour constituer désormais la maison de Rieux. Ils seront tenus, dit-il, de prier Dieu pour lui et pour Jehanne de Rochefort, sa compagne, leurs prédécesseurs et successeurs. Outre les trois messes quotidiennes, portées par la fondation de 1346, ils diront chaque jour trois autres messes, dont une seule sera chantée au jour de la semaine correspondant au décès du testateur ; avant cette messe, deux religieux seront tenus de chanter le nocturne des morts, et au cas qu'il arrive une fête double en ce jour, l'office sera remis au lendemain. — Le testateur voulut aussi que, pour l'élection de chaque ministre, sa voix ou celle de ses successeurs vaudrait autant que celle de deux religieux.

Pour acquitter les nouvelles charges, il donna une rente annuelle de cent-vingt livres, qu'il assit provisoirement sur différents prés, en attendant une assiette définitive.

Outre les 50 charretées de bois par an, données l'origine, il en donna 50 autres, prendre dans les bois de lieux ou de Casson-en-la-Mée, et en l'endroit que le châtelain ou receveur du dit testateur leur indiquera.

Les religieux tiendront les biens ci-dessus à devoir d'obéissance du dit testateur, comme homme doit faire pour son seigneur, et lui payeront par chacun an une paire de gants blancs (Trin. Rieux, H. — Registre somm.).

 

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RELIGIEUX

La règle des Trinitaires était celle des chanoines réguliers de Saint-Augustin, avec diverses additions. A l'origine, ils ne mangeaient ni viande ni poisson, sauf les jours de grande fête ; ils ne vivaient que de pain, d'oeufs, de lait, de fromages, de légumes et de fruits ; ils ne voyageaient qu'à pied.

En 1267, le pape Clément IV approuva les mitigations apportées à la règle, et il leur permit de voyager à cheval, de manger de la viande et du poisson, etc.. mais il maintint l'obligation de chanter tous les jours l'office canonial, dans l'intention d'honorer spécialement la très sainte Trinité.

C'est sous l'empire de cette règle ainsi mitigée, que fut commencée vers 1342 la construction du couvent de Rieux.

Le premier ministre ou supérieur fut le F. Guillaume André, délégué par le P. ministre général pour prendre possession de l'établissement. On ne connaît aucun de ses collaborateurs.

Le F. Moulnier était ministre en 1384, quand l'official de Nantes permit de bâtir une chapelle à la Béraudaye en Fégréac et en donna la desserte aux Trinitaires de Rieux.

La communauté conservait sa ferveur primitive, et c'est pour en témoigner sa satisfaction que Jean II de Rieux-Rochefort, en 1416, porta le nombre des religieux de sept à treize ; cette augmentation permettait de mieux célébrer les offices, et donnait plus d'émulation pour la régularité.

Les ministres de cette époque sont inconnus. Ce n'est qu'en 1432 qu'on rencontre le F. Jean Bégane, et en 1471, le F. Jean Thébaud.

Le 14 juillet 1486, parut une bulle du pape Innocent VIII, approuvant les confréries érigées ou à ériger chez les Trinitaires, pour contribuer au rachat des captifs et à l'entretien des hôpitaux de l'ordre, et accordant différents avantages spirituels aux fidèles qui en feraient partie.

Le 31 mars 1523, le pape Adrien VI confirma les privilèges et les indulgences accordés par ses prédécesseurs à l'ordre de la Trinité et aux confréries qui en dépendaient.

En 1579, le couvent de Rieux ne comprenait plus que six religieux, au lieu de treize, savoir : Etienne Coppale, ministre, Robert Yvon, Olivier Le Calvé, Pierre Bézier, tous profès, Michel Héron et Guillaume Olivier, novices. Il avait subi, comme la plupart des établissements religieux, l'influence énervante du XVIème siècle. Les vocations devenaient plus rares à mesure que le relâchement gagnait du terrain.

Mais bientôt une réaction s'opéra. La réforme, commencée en Espagne en 1596, finit par s'introduire en France sous Louis XIII. Les nouveaux religieux ne portaient point de linge, disaient matines à minuit, et ne faisaient gras que le dimanche. Pendant qu'ils s'étendaient de plus en plus, la maison de Rieux vit passer à sa tête les FF. Robert Yvon, élu vers 1597, Antoine Yvon, élu en 1603, Etienne Yvon, élu en 1611, et Louis Létourneau, élu en 1617, et mort en 1654.

C'est sous ce dernier que la réforme fut introduite à Rieux.

Voici un extrait des registres du Conseil d'Etat de 1643. « Sur la requeste présentée au Roy en son Conseil par le procureur de la congrégation réformée de l'ordre de la Sainte-Trinité et rédemption des captifs, contenant qu'au subject des (prétendus) désordres qui se commettent, tant au spirituel qu'au temporel, ès couventz de Rieux et Sarzau du dit ordre, en la province de Bretaigne,.. èsquelz la reigle n'est en aucune façon pratiquée, le service divin très-mal faict, les lieux réguliers et autres bastimentz en ruine, et généralement tout ce qui regarde l'honneur de Dieu et de l'Eglise délaissé et abandonné, les supérieurs n'y aiant fait aucune visite il y a plus de 30 ans, et n'estant presque rien contribué pour la rédemption des captifs, quoique le tiers du revenu des couventz du dit ordre y soit affecté, et qu'il y ait plusieurs captifs de la dite province de Bretaigne détenuz en Barbarie, qui en porroient estre secouruz. Tous les religieux profeix des dits couventz auroient esté obligez, depuis deux ans ou environ, de demander la réforme, tant de leurs personnes que de leurs couventz, suivant les reiglements faictz par le sieur cardinal de la Rochefoucault, commissaire à ce député par N. S. P. le Pape, à instance du feu Roy (Louis XIII), d'heureuse mémoire : pour raison de quoy le d. suppliant, ayant obtenu arrest du Conseil privé de Sa Majesté dès l'année dernière (1642), l'exécution en auroit esté empeschée par les supérieurs des d. couventz. Requéroit le dit suppliant qu'il pleust à Sa Majesté ordonner que, suivant et conformément aux brefz de Sa Sainteté et à la volonté du d. feu Roy, la réforme du d. ordre sera incessamment introduite ès d. couventz de Rieux et de Sarzeau, à quoy il sera incessamment procédé par les commissaires qu'il plaira à Sa Majesté députer, nonobstant oppositions ou appellations quelconques. Le Roy estant en son Conseil a ordonné et ordonne que le sieur Evesque, dans le diocèze duquel les d. couventz de Rieux et Sarzeau sont situez, assisté du président au présidial en la séneschaussée de Nantes, se transportera ès d. couventz, pour informer de l'estat d'iceulx et de l'observance de la reigle, en dresser procès-verbal, et donner advis à Sa Majesté de l'ordre qui pourra estre apporté pour y introduire la d. réforme. Faict au Conseil d'Estat du Roy, Sa Majesté y séante, la royne régente sa mère présente, à Paris le 23 d'octobre 1643 » (Trin. H. — Orig. parch.).

Cette fois il fallut bien obéir : l'enquête eut lieu, l'ordonnance royale fut signée et les religieux réformés furent introduits à Rieux. Une nouvelle vie, pleine de régularité et de ferveur, s'épanouit dans le couvent. Le vieux ministre Louis Létourneau fut conservé jusqu'à sa mort, arrivée le 9 décembre 1654. Son successeur, le Fr. Louis Lambert, résigna sa charge en 1660. Le Fr. Jean Le Pelletier le remplaça jusqu'en 1670. Le Fr. Jean Héron, élu à la fin de 1670, fit en 1674 une transaction, pour le bois de chauffage, avec M. Henri de Guénégaud, marquis de Plancy, comte de Rieux, et mourut le 3 février 1679.

Son successeur, le Fr. Nicolas Allix, fit, le 12 juin 1682, un accord avec le recteur de Rieux, pour terminer les difficultés relatives aux processions. Cet arrangement, préparé par M. de Francheville, avocat général, porte que « le jour de la feste de Dieu, le sieur recteur de Rieux et ses prestres iront processionnellement au couvent de Rieux, le d. sieur recteur portant le Saint-Sacrement, le sieur ministre de Rieux et les religieux les attendront dans le choeur, et là le d. sieur recteur ayant posé le Saint-Sacrement sur l'autel préparé à cet effet, fera les adorations et cérémonies ordinaires, et les d. ministre et religieux chanteront, les respons avec les prestres joinctement : les cérémonies faites, le d. recteur reprendra le Saint-Sacrement et s'en retournera avec ses prestres processionnellement dans son église. Le dimanche dans l'octave, le sieur ministre, accompagné de ses religieux, portera le Saint-Sacrement à la paroisse, où le sieur recteur et ses prestres les attendront pareillement, et le d. sieur ministre fera pareillement les actes d'adoration et cérémonies ordinaires, et les prestres chanteront les repons avec les religieux, lesquels s'en retourneront pareillement chez eux en procession. Pour les processions des jours de Saint-Antoine, de la Trinité et de l'Assomption, il sera loisible au d. recteur d'aller si bon luy semble, avec ses prestres processionnellement aux Mathurins, où il fera toutes les cérémonies dans l'église, suivant la coustume ; le sieur ministre pourra aussy, si bon luy semble, aller aux processions de Saint-Marc et des Rogations, dans l'église de la paroisse seulement, processionnellement avec ses religieux, et y faire les dévotions et les prières ordinaires, sans que les uns soient tenus d'y attendre les antres, ny s'y trouver, comme aux processions du Saint-Sacrement, s'ils ne le veulent et n'ont la commodité de le faire. Faict et gréé à Vennes le 12 juin 1682. Signé : de Francheville — G. Audren, rect. — Nicolas Allix, min. — Derémon, not. roy. — Gobé, not. roy. ».

Louis XIV, qui avait toujours besoin d'argent, ayant imposé à la maison de Rieux une taxe de 710 livres, pour droits d'amortissement et de nouveaux acquêts, le ministre Allix ne put la payer et vit saisir son temporel et en vendre une partie. Affligé de cette rigueur, il donna la démission de sa charge le 15 octobre 1692.

Le Fr. Julien Le Seure, son successeur en 1693, reçut deux fois la visite canonique du provincial, qui était en même temps ministre de Sarzeau. Dans la première visite, du 16 août 1697, et dans la seconde, du 2 septembre 1701, le provincial loua la piété, l'esprit religieux du P. Le Seure et la sagesse de son administration. Ce ministre mourut en 1706. Le Fr. N. Lucas, élu en 1706, ne fit que passer à Rieux. Le Fr. François Maurel, docteur en théologie, résigna son bénéfice le 1er avril 1720, pour passer à Troyes. Le Fr. Vincent Janotin, élu pour lui succéder en 1720, fut nommé provincial de Bretagne et de Normandie en 1742 et conserva sa charge jusqu'à sa mort en 1755. Il eut des difficultés pour le droit d'usage dans la forêt de Rieux et fut même condamné pour dégâts, en 1740, à une amende de 300 livres. Il eut aussi des difficultés avec son recteur, François Abhamon, qui n'annonçait plus à ses paroissiens la procession de la Fête-Dieu, s'absentait toujours le dimanche suivant, et fermait la sacristie aux Rogations et à la fête de saint Marc. Le ministre porta plainte au parlement, et obtint deux arrêts en sa faveur en 1742 et 1745. L'hostilité du recteur de Rieux a laissé des traces dans les registres de la paroisse. On y lit les notes suivantes : « L'an 1725, les moines de Rieux cessèrent de manger au réfectoire, et de faire la lecture pendant le repas. Jusqu'à l'an 1735, les moines de Rieux n'avaient jamais porté d'aumusse ; ils la portèrent cette année pour la première fois, se firent appeler Messieurs, et défendirent de les appeler Pères. L'an 1742, les moines de Rieux abattirent leur cloître, qui était situé entre leur église et le bâtiment où sont leurs cellules ».

On voit par ces notes que l'esprit de l'ordre se modifiait et que le relâchement commençait à s'introduire.

A la mort de Vincent Janotin, en 1755, le Fr. Bertrand Le Roux recueillit sa succession. Le nouveau ministre fit en 1763 une transaction avec les propriétaires de Rieux, et accepta une rente de 150 livres, en échange du droit de chauffage, et stipula que le personnel de la maison serait réduit au prorata des revenus et des charges. Son successeur, Julien Bérard, élu vers 1768, résigna en 1775. Claude Le Trionnaire, élu le 26 septembre 1775, résigna en 1778. Albert Chôné, élu en 1778, se maintint jusqu'à la Révolution, et fut le dernier ministre du couvent de Rieux. Le 14 août 1700, la maison ne comprenait plus que trois religieux, savoir : Albert Chôné, ministre, âgé de 51 ans. N. Guillerin, âgé de 69 ans. Jean-Marie Le Gal, âgé de 33 ans.

Ce dernier mourut le 1er janvier 1791. Quelques mois après, les deux autres furent expulsés de leur asile, et se retirèrent, suivant les apparences, clans leur pays d'origine.  

 

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BIENS

La dotation primitive comprenait, outre l'église et le couvent, une rente de 80 livres, assise sur les immeubles suivants :

1° Une grande pièce de terre sous pré, nommée la Pâture ou la Maréchaussée, située en Fégréac, et bornée par un étier ;

2° Une autre pièce de pré, située de l'autre côté du dit étier ;

3° Une autre prairie joignant les deux précédentes : les trois prés estimés rapporter 47 livres ;

4° L'hébergement de Guillaume Guichon, valant 4 livres de rente ;

5° Vingt-cinq journaux de terre à la Crolaye, etc. 6 livres, 7 sols ;

6° Rente sur la métairie de Thomas, 6 livres ;

7° Rente sur la Béraudaye en Fégréac, 6 livres, 14 sols ;

8° Divers prés, ou hommées de pré, estimés 10 livres. 

A cette dotation première vinrent s'ajouter successivement d'autres immeubles et d'autres rentes, pour fondation de messes et pour sépultures. On en a dit quelques mots précédemment, à la suite de la fondation du couvent. 

Si quelques-unes de ces libéralités se perdirent dans le cours des siècles, d'autres vinrent les remplacer. Toutefois, au XVIème siècle, les taxes extraordinaires demandées par les rois de France aux établissements religieux, et autorisées par les papes, firent vendre de nombreuses propriétés. C'est ainsi que les Trinitaires de Rieux aliénèrent, en 1565, huit hommées de pré à Trélohan en Béganne, pour 150 livres ; — en 1570, la dîme de Saint-Gravé pour 480 livres ; — en 1575, deux prés pour 306 livres ; — en 1577, un trait de dîme en Fégreac pour 495 livres ; et une noë à la Crolaye en Rieux, pour 280 livres ; — en 1578, diverses parcelles de terre pour 294 livres ; — et en 1589 les Arènes et l'oseraye de Rieux, pour 399 livres.

Toutes ces propriétés étaient rachetables au prix de la vente. Voici ce que le couvent possédait vers 1695, d'après un aveu du ministre Julien Le Seure et deux procès-verbaux de visite de cette époque.

1° L'église, sous le vocable de Notre-Dame, avait son autel majeur dédié à la Sainte-Vierge. Trois chapelles du côté de l'évangile renfermaient les autels de la Trinité, de Sainte-Marguerite et de Saint-Nicolas : deux autres petits autels portaient les noms des saints Pierre et Paul et de saint Jean.

La chapelle de Sainte-Marguerite renfermait la sépulture de la famille de Ressac, qui l'avait fondée et l'entretenait d'ornements sacrés. Celle de Saint-Nicolas appartenait à la maison de Téhillac, et se trouvait ruinée en 1697 ; le représentant de la famille fut alors sommé de la rétablir ou de renoncer à ses droits. L'église, orientée vers l'est, longeait la vieille route qui traverse Rieux.

2° Le couvent était un grand corps de logis, parallèle à l'église, comprenant au rez-de-chaussée une salle, une cuisine, un réfectoire et une salle capitulaire, et au-dessus les chambres des religieux. D'un bout de ce corps de logis, et faisant angle droit avec lui, partaient la boulangerie et une écurie ; de l'autre bout, une seconde écurie, le four et le colombier. Ces bâtiments formaient trois côtés du cloître, au milieu duquel était un petit jardin ; devant le portail de l'église se trouvait une petite cour, avec une porte ouverte au public. A l'ouest des édifices était la grande cour, et à l'est, le grand jardin, suivi du verger.

Plus tard survinrent quelques modifications : les écuries des deux côtés du cloître furent démolies et rétablies aux extrémités de la grande cour, avec le four et la boulangerie. Le cloître lui-même fut démoli en 1742, de sorte que l'église et le couvent restèrent séparés. Telle était la situation en 1781. Tout l'enclos était cerné de murailles, moins le côté sur la douve du château, et contenait environ deux journaux et demi. Au nord de la maison était le jardin des fleurs ; plus loin se trouvaient une vigne et un pré.

3° La métairie de la ville de Rieux, voisine de l'église paroissiale, comprenait une maison couverte d'ardoise, une grange, une aire à battre, une cour, une écurie, deux courtils, un four et une grande pièce de terre en culture appelée les Arènes, le tout contenant deux journaux et demi, donnait du midi sur la grande rue de Rieux, du nord sur le puits de Saint-Martin, du couchant sur le chemin de la fontaine. Il y avait en outre des prés, pâtures et landes. Elle était affermée à moitié des grains, plus 12 livres d'argent, 40 livres de beurre et 6 chapons, évalués à 150 livres.

4° La métairie de Brambis, dans la paroisse d'Allaire, provenant d'un échange des dîmes de la paroisse de Saint-Martin, comprenait une maison, une grange, une écurie, des jardins, des vergers, des champs, des landes, etc... d'une contenance totale de dix-neuf journaux, et rapportait environ 90 livres par an.

5° La métairie de Beausoleil, également dans la paroisse d'Allaire, comprenant maison, écurie, jardins, prés, terres labourables, etc... était affermée pour la moitié des grains, 12 livres en argent, 30 livres de beurre, 6 chapons et 6 poulets : le tout pouvant valoir de 100 à 110 livres par an.

6° La métairie du Haut-Four, en Allaire, provenant de l'échange des dîmes de la paroisse de Saint-Congard, avait trois maisons, une aire à battre, des jardins, des champs, des landes, etc.., et contenait environ 14 journaux ; affermée en grains et objets divers, elle rapportait environ 90 livres par an.

7° Le pré nommé Bataille, voisin du couvent, et exploité directement par la maison.

8° Le pré nommé la Maréchaussée, situé près de Rieux, mais en Fégréac, affermé, avec ses accessoires, 1.050 livres.

9° Plusieurs autres prés ou parcelles de pré, nommés Talbot, le Palleret, les Lacunes, Rohallair, Cran, etc...  rapportant ensemble 350 livres.

10° Rentes sur des maisons et terres diverses, environ 50 livres.

11° La dîme de la paroisse de Peillac, affermée 280 livres.

12° Un trait de dîme en Saint-Vincent, affermé 150 livres.

13° Un trait de dîme en Ressac (Saint-Perreux), 77 livres.

14° Un trait de dîme en Glénac, affermé 30 livres.

15° Un trait de dîme en Saint-Jacut, 50 livres.

16° Un trait de dîme aux Fougerets, 33 livres.

17° Un trait de dîme en Béganne, 16 livres.

18° Un trait de dîme en Fégréac, 150 livres.

19° La chapellenie de Saint-Antoine, environ 40 livres. En additionnant tous ces revenus, on arrive au chiffre total de 2.716 livres, auquel il faut ajouter la jouissance de l'enclos, l'usage du bois de chauffage les anguilles de Saint-Perreux, etc...

En regard de ces revenus, il faut placer les charges et notamment :

Pour l'église et le vestiaire des religieux, environ 150 livres. Pour la provision de pain et de beurre 260 livres. Pour la provision de vin, environ 300 livres. Pour la viande de boucherie, environ 200 livres. Pour décimes et taxes au roi, environ 800 livres. Pour rentes constituées à divers particuliers 796 livres. Pour les domestiques et les ouvriers ?. Pour les réparations du couvent et des métairies ?  Pour les aumônes, voyages et imprévus ?.

Les chiffres de ces derniers articles ne sont pas connus, mais ils étaient considérables, et en les ajoutant aux chiffres connus, on arrive à égaler, sinon à dépasser, les revenus.

Après les immeubles viennent naturellement les meubles. Cet article, de sa nature, est très variable. Voici l'extrait d'un inventaire dressé en 1755, c'est-à-dire peu de temps avant la révolution française.

« Nous Frère René Janotin, provincial de Bretagne, ministre de Sarzeau et docteur de Sorbonne, nous sommes transporté à Rieux, et le Seigneur ayant disposé du R. P. Vincent Janotin (notre frère), ministre de la dite maison, nous avons procédé avec les RR. PP. de Girel et Bérard, à l'inventaire des meubles. Sommes entrés dans une salle, que nous avons trouvée garnie d'une tapisserie violette, avec une douzaine de chaises semblables, un sopha et une armoire insérée dans le mur, propre à la décharge do la table. De là avons passé dans l'appartement du défunt ministre, et avons trouvé une grande tablette garnie de livres, une table, une armoire contenant quelques vieux habits du défunt, une autre armoire, scellée du sceau de la seigneurie de Rieux, contenant les titres de la maison, un prie-Dieu, un lit garni, une armoire où est le linge du feu ministre, deux chandeliers de cuivre, plusieurs instruments propres à une austère pénitence, un sopha et deux fauteuils de paille, une table surmontée d'une petite tablette garnie de livres ; de plus, dans une boîte, quelques billets d'obligation montant à peu près à 150 livres, 7 louis en or, 222 livres en argent, et une ancienne montre en argent. Dans l'armoire du linge de la maison, avons trouvé 18 paires de draps de maîtres, 5 draps de domestiques, 2 douzaines de nappes, 17 douzaines de serviettes, 11 couverts neufs d'argent et 2 grandes cuillères à potage. Dans la cuisine, un vieux chaudron, une poissonnière, quelques broches, une vieille tourtière, une vieille poêle, un réchaud, des chenets, 6 douzaines d'assiettes d'étain, et 24 plats de même matière. Dans la grande chambre au dessus de la salle est un grand lit, garni de serge verte, un petit lit à tombeau, un grand coffre, une table et quelques chaises. Dans la chambre suivante, deux bois de lit, une couette de plume et une mauvaise petite armoire. Dans la chambre d'hôte, au dessus de la cuisine, sont deux lits, une table et 2 ou 3 chaises. Dans la chambre des domestiques, un lit, un vieux sopha, deux vieilles armoires, un petit coffre et deux tables. Dans le grenier, 30 septiers de seigle et 5 ou 6 de froment, la récolte n'étant pas encore toute rendue. Dans la dépense, deux vieilles armoires. Dans le réfectoire, qui fait suite et qui est boisé, une grande table et deux grands tableaux. Dans la cave, deux pièces de vin blanc, l'une pleine, l'autre à demi ; une pièce de vin rouge à demi-pleine. Dans la sacristie, 17 chasubles de diverses couleurs, avec quelques chappes, tuniques et dalmatiques, 6 parements d’autel, un soleil, un ciboire, deux calices, un encensoir, une petite croix d'autel, un plat et deux burettes, le tout d'argent ; une croix de procession en cuivre argenté, 13 nappes, 11 aubes, 18 amicts, 12 corporaux, 30 purificatoires, 2 missels, 2 grandes armoires et deux petites. Dans l'église, 6 grands chandeliers de cuivre, 8 petits chandeliers, 6 vases de bois doré avec fleurs artificielles, un bénitier de cuivre, 4 burettes et un plat d'étain. Lequel inventaire étant conclu, nous avons signé : Fr. René Janotin. — Fr. J. C. de Girel. — Fr. J. Berard (Trin. — Orig. papier).

La Révolution vint peu après, et confisqua les biens meubles et immeubles. Elle vendit tout. Il est impossible aujourd'hui d'en donner la liste complète, avec les noms des acquéreurs, les actes de vente avant été détruits.

J.M. Le Mené

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