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LE SITE ET CHATEAU DE RIEUX |
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La Table Théodosienne (Carte de Peutinger), guide itinéraire du Bas-Empire romain, mentionne à 29 lieues gauloises de Nantes et 20 de Vannes le site de Duretie. Cette localisation correspond bien à celui occupé aujourd'hui par le vieux port de Rieux aux pieds de l'antique forteresse. De part et d'autre du fleuve, sur plusieurs kilomètres ont été découverts en effet des vestiges considérables. A la fin du XIXème siècle dernier M. Léon Maître entreprit avec succès d'importantes fouilles tant sur la rive droite, dans la ville même de Rieux (prairie des Arènes et, plus loin, borne militaire sur le Chemin Riensis) que sur la rive gauche, entre ce fleuve et le château de la Touche St-Joseph, autour du village d'Henrieux (Etym. Hen Rieux, le vieux Rieux). C'est là en effet qu'il convient de placer la partie la plus importante de Duretie : on y a mis à jour, outre d'importants pans de murs, un établissement de bains, les vestiges d'un grand bâtiment se développant sur 45 mètres, ainsi que plusieurs statuettes. La voie de Nantes à Vannes traversait dans toute sa longueur la station de Duretie de la Touche St-Joseph (L.A.) au Moulin de St-Léger (Morbihan), desservant de nombreuses villas et habitations, le temple et les arènes se situant sur la rive droite sur l'emplacement actuel de la ville de Rieux. Le passage du fleuve était surveillé et défendu par la Butte St-Jacques et le promontoire de Rieux où devait s'élever plus tard le château. Cette butte St-Jacques ou « Butte de Braud » est ainsi dénommée à cause de la chapelle érigée à son pied et desservie au Moyen-Age par les Trinitaires de Rieux, en bordure d'un chemin jacquier fréquenté naguère par les pélerins de Compostelle. Le Moyen-Age, en effet, n'a pas détruit cette unité. La contrée de Fegreac qui environne le château de la Touche (Henrieux) formait autrefois une enclave féodale relevant des sires de Rieux comme si les rois Bretons, en constituant le grand fief de Rieux avaient voulu respecter d'antiques relations de coutume et d'origine fondées à l'époque gallo-romaine.
Aujourd'hui, l'apport des vases accumulés depuis des siècles sur les rives de la Vilaine a constitué de vastes prairies récemment irriguées. A l'époque gallo-romaine il n'en était pas ainsi et les marais devaient constituer une défense naturelle importante pour le pays vannetais. Cependant, à Rieux, les deux rives du fleuve se rapprochaient de très près. Si nous n'avons pas de preuves de l'existence d'un pont en pierres à l'époque romaine, tout porte à croire que, dès l'antiquité, la rivière y était franchissable à gué. R. Kerviller qui a procédé à des sondages en Vilaine en cet endroit au XIXème siècle dernier y a décelé « une accumulation de graviers et des pierres plates, constituant une barre très sensible à la descente de la marée et bien connue des navigateurs », les romains pouvaient y passer en chariots avec une profondeur d'eau de 0,50 m à 1 mètre à marée basse. L'existence d'un pont de bois est signalée par un acte de 1281. Il comportait une porte fluviale, baptisée Porte Redonnaise, destinée à servir de pont-levis pour les bateaux remontant la Vilaine jusqu'à Redon. La surveillance de la manoeuvre de ce pont était confiée féodalement par les Rieux aux seigneurs de Limur et de Talhouët lesquels percevaient un sixième des taxes prélevées sur chaque tonneau de vin passant au port. Les marchandises transitées par terre étaient assujetties à un droit de trépas de quelques deniers. Les bateaux de leur côté payaient un droit de guindage. En 1431 on note le passage en ce lieu de 94 navires chargés principalement de vins et de sels. Quelques navires espagnols remontaient aussi le fleuve chargés de fer, de cuirs de laines et de vins.
Un pré situé sous le château de Rieux porte le nom de « La Bataille ». C'est là en effet, au pied de l'antique castellum de Waroch que se situe une importante rencontre entre les troupes franques des comtes Beppolen et Ebrakher et les bretons : selon la tradition Ebrakher, faisant bande à part aurait amené les siens vers Rieux par les marais. Ce fut le désastre pour Beppolen dont l'armée embourbée dans les vases, vit sa retraite fermée par l'Oust et fut anéantie.
Au IXème siècle la forme de Rieux est Reus (lat. ru, ruisseau). Elle paraît pour la première fois en 882 dans une charte du cartulaire de Redon. Quant à son histoire elle est inséparable de celle des souverains anciens de la Bretagne. Alain Le Grand, vainqueur de Judicaël à la bataille de Questembert (877) habitait sans doute le castellum de Rieux. Le 13 juin 878, Alain, qui venait de restituer le plou d'Arzon (Rhuys) aux moines de Redon, reçut l'onction sacrée de l'évêque de Nantes Hermengar dans l'église d'Allaire. Dix ans plus tard, il remportait sur les normands la seconde victoire de Questembert. Il tenait sa cour à Rieux avec sa femme, ses six fils et leurs filles dont une épousa Matuëdoï, comte de Poher. Les évêques de Vannes et Nantes s'y rencontraient fréquemment ainsi que l'abbé de Redon et une foule de chevaliers et de guerriers Alain Barbetorte, petit-fils d'Alan Re Vras, restaura le château de Rieux après de nouvelles destructions vikings. A partir du XIème siècle ses successeurs ajoutent à leur prénom, celui de leur seigneurie. Le château de Rieux ne cessa jamais d'être la résidence favorite des princes de Bretagne et de leurs descendants, les Rieux, pendant tout le cours du Moyen-Age. La généalogie complète et critique de cette illustre Maison reste encore à faire. Le rôle important joué par le Maréchal de Rieux à la tête de la noblesse bretonne pendant la minorité de la Duchesse, rôle militaire et diplomatique s'explique par le fait que ce dernier, issu de l'antique famille des princes bretons était aussi allié des Rohan par sa mère et en fait cousin du Roi. Si François Ier, l'appelait familièrement « mon oncle », c'était par nuance de respect, longtemps usitée en Bretagne.
L'importante poterne qui subsiste face à l'Ouest où devait se trouver le pont-levis témoigne, avec divers vestiges au Sud et au Nord de l'ancien castrum, de la puissance de la forteresse des sires de Rieux. Elle ne paraît guère avoir été le théâtre d'hostilités importantes pendant le XIVème siècle ; elle devait subsister dans son intégralité à la fin du XVème siècle, lorsque Jean IV de Rieux, tuteur d'Anne de Bretagne attira sur ses biens, par sa félonie la ruine et la dévastation. S'il faut prendre à la lettre l'ordonnance ducale, le château aurait été « brûlé et dévasté » en 1488 par les troupes bretonnes. En réalité il fut seulement démantelé, car Jean IV y mourut en 1518. En 1558 il était toujours debout, mais sans doute inhabité, peut-être inhabitable. Comme résidence les Guise-Lorraine, héritiers des Rieux par le mariage de Louise au marquis d'Elboeuf, avaient préféré celle du château de la Forêt-Neuve en Glénac, lequel était le siège de la châtellenie des Rieux en Peillacs. C'est là en effet que s'arrêtèrent en 1570 le roi Charles IX, son frère et sa mère, lorsqu'ils séjournèrent en Bretagne avec le cardinal de Lorraine. Si on croit Ogée, sa destruction aurait commencé sous la Ligue, en raison du soutien apporté par Louise de Rieux au protestantisme, sa demi-soeur Claude ayant épousé François de Coligny. La démolition aurait continué sous Richelieu et Rieux fut vendu alors aux Duplessis-Guénégaux. Lorsque en 1781 Auguste de Rieux-Asserac en reprit possession, après son acquisition des Huchet de Cintré, il ne restait plus debout qu'une partie du vieux donjon, « une porte à côté, avec des enclaves de herse, le surplus en ruines, sans aucuns logements ».
Aujourd'hui, en examinant les maçonneries subsistantes qui enveloppent un espace d'un ha 59 séparé à l'Ouest par une douve profonde, on observe des fragments de briques romaines. Derrière, on traverse les jardins que cultivèrent les Trinitaires pendant six siècles.
(Association bretonne, 1979).
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