Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Julien-François MINIER, prêtre guillotiné à Lorient
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Rochefort-en-terre"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

241. — Julien MINIER, fils de Judicaël Minier, marchand cloutier, et de Jeanne Guyot, naquit à Rochefort-en-Terre, le 15 juin 1761. Il fut baptisé le même jour dans l’église collégiale de Notre-Dame de la Tronchaye. Tonsuré le 12 mars 1785, minoré le 1er avril 1786, sous-diacre le 23 septembre suivant, diacre le 2 juin 1787, M. Minier fut ordonné prêtre à l’église du Mené, qui était celle du Grand Séminaire de Vannes, le 27 septembre de cette même année. Il devint immédiatement vicaire de Limerzel, il s’y trouvait encore lors de la Révolution. Sa première signature figure le 4 janvier 1788 et sa dernière le 28 août 1792.

A l’époque du schisme, pas un des quatre prêtres de la paroisse de Limerzel ne voulut prêter serment à la nouvelle Constitution. Suivant l’exemple que leur donnait le recteur, M. Eon, ils demeurèrent invinciblement attachés à la Foi. M. Eon alla mourir en Espagne ; son vicaire, M. Minier, à Lorient, sur l’échafaud.

M. Minier tomba pour ainsi dire dès les débuts de la persécution sanglante ; on n’était qu’au mois de janvier 1794 quand il fut arrêté.

242. — Le soir du 6, qui était un dimanche, deux hommes exténués frappaient à la porte de l’excellent fermier de Goëdali en Pluherlin. Il faisait froid, ils avaient faim ; Joseph Morice, le bon laboureur, leur ouvrit. Quand les voyageurs eurent mangé, ils se couchèrent. Trois heures venaient de sonner à la vieille horloge de la ferme, lorsqu’on frappa à la porte de l’hospitalière demeure. C’était le détachement des gendarmes de Rochefort avec leur lieutenant, que commandait le capitaine Gilles Guérin, venu tout exprès de Vannes. On leur avait dit que Morice logeait des suspects, et ils voulurent voir. « On leur avait dit » : donc il y avait eu espionnage ou trahison.

Les gendarmes grimpèrent à la chambre haute ; ils y découvrirent les deux proscrits. Le premier refusa d’abord de répondre, puis finit par déclarer qu’il s’appelait Julien Minier, vicaire de Limerzel. L’autre fit savoir être écolier, c’est-à-dire séminariste, se nommer Jean Desgrées, de Limerzel, et appartenir à la première réquisition. Ils étaient de bonne prise tous les deux. Guérin leur adjoignit Morice parce qu’il les avait abrités, et la troupe prit le chemin de Rochefort. Ainsi M. Minier tomba-t-il aux mains de ses ennemis.

243. — Le lendemain, de Vannes où les prisonniers avaient été conduits tout d’abord, on donna l’ordre de les transférer par étapes à Lorient, où ils arrivèrent le soir du 9 janvier 1794. On ne les y fit pas languir. Le lendemain, les trois prisonniers de Coëdali comparurent à Lorient devant le tribunal criminel pour leur interrogatoire d’identité et le jugement à rendre. M. Minier déclara ne savoir donner d’autre cause à son arrestation sinon qu’il était prêtre. Il reconnut qu’il était sans domicile fixe depuis seize ou dix-sept mois, c’est-à-dire depuis septembre 1792 où tous les prêtres durent se cacher, et qu’il n’avait prêté aucun serment. Morice, plus embarrassé, certifia ne pas connaître le vicaire de Limerzel. Enfin Desgrées, qui était en même temps secrétaire de la municipalité de la commune, répondit bravement au président, qui lui reprochait non seulement de n’avoir pas fait arrêter un prêtre réfractaire, mais encore de cohabiter avec lui : « Je ne pouvais pas le faire saisir et je n’en connaissais aucun moyen ».

Le tribunal se crut suffisamment édifié et, séance tenante, sur les conclusions de Marion, l’accusateur public, en vertu de la loi du 30 vendémiaire, condamna : M. Julien Minier à la peine de mort, comme prêtre réfractaire demeuré en France, malgré les décrets qui lui ordonnaient de se déporter, Joseph Morice et Jean Desgrées à la déportation. Voilà pourquoi le samedi 11 janvier, à onze heures et demie du matin, la tête du vicaire de Limerzel roula aux pieds du bourreau sur la place de la Montagne à Lorient. L’exécution avait duré une demi- heure.

244. — Au dire de M. le recteur de Limerzel, le souvenir de M. Minier vit toujours dans cette paroisse ainsi que la croyance à son martyre. L’exécution de ce prêtre en haine de la Foi ne fait de doute pour personne. Sa mort sur l’échafaud est du reste un cas classique, et sa conduite au cours de la Révolution est un sûr garant des sentiments qui l’animaient à ses derniers instants.

BIBLIOGRAPHIE. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, etc., op. cit. (1821), IV, p. 84. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution révolutionnaire en Bretagne, op. cit. (1845), I, 531, et II, p. 14. — R. P. Le Falher, Les Prêtres du Morbihan victimes de la Révolution (1921), op. cit., p. 19-30 ; a publié les Acta de son procès.

(Sources : Archives départementales du Morbihan, L 1570, A 14, ancien Z 501 et 511).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

© Copyright - Tous droits réservés.