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Michel CHILOU, prêtre guillotiné à Rennes
en exécution de la loi des 29-30 vendémiaire an II.
 

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81. — Michel CHILOU, né et baptisé à Romillé, le 12 juin 1741, de Jean et de Lucrèce Barbier, appartenait à une famille de cultivateurs. Ses parents, remarquant la piété qu’il manifestait dès son jeune âge, lui firent donner l’instruction nécessaire pour recevoir les ordres sacrés et l’envoyèrent au collège de Dinan. Ses notes de Séminaire se bornent malheureusement à nous donner la valeur de ses succès intellectuels. Ils atteignirent la note « passable », mais ne la dépassèrent pas. Tonsuré et minoré à Dol par dimissoire en date du 9 septembre 1767, le jeune Chilou reçut le sous-diaconat à Saint-Malo, le 24 septembre 1768. Il fut ordonné diacre le 31 mars 1770. Enfin, il fut élevé au sacerdoce par l’évêque de Dol, en vertu d’un dimissoire daté du 11 mars 1771. (Arch. d'I.-et-V., G, 89).

Exempt d’ambition, l’abbé Chilou, une fois prêtre, revint dans sa paroisse natale, où il desservit au bout de quelque temps la chapellenie des Pâques. La culture des biens composant son titre patrimonial et ses exercices de piété absorbaient ses instants. Ce qui ne l’empêchait pas, du reste, de rendre service à ses confrères des paroisses voisines et de donner des leçons aux jeunes gens désireux de s’instruire et d’arriver au sacerdoce.

82. — Depuis bien des années déjà Michel Chilou menait cette vie modeste, mais édifiante et laborieuse, car il avait plus de cinquante ans quand arriva la Révolution. Vers cette époque, il quitta Romillé et se mit à la disposition de Gilles-Louis Paytra, recteur de Parthenay, qui réclamait ses services. Il exerça pendant six mois son ministère dans cette dernière paroisse, disant la messe matinale et y desservant une petite fondation. Il semble, du reste, que la présence à Romillé d’un recteur et d’un vicaire jureurs lui rendait son séjour difficile dans sa paroisse natale, et vraisemblablement les arrêtés départementaux des 14 juin et 14 décembre 1791 lui faisaient-ils l’obligation de s’en éloigner.

Lorsque fut rendu l’arrêté du 14 avril 1792, qui imposait aux prêtres insermentés, soit de prêter une promesse d’allégeance, soit de s’en aller résider au chef-lieu du département, les officiers municipaux de Parthenay sollicitèrent une exception en faveur de M. Chilou, le 30 avril suivant : « Nous vous prions, écrivirent-ils, de bien vouloir lui donner pleine et entière liberté de faire dans notre paroisse comme à l’ordinaire ses fonctions et d’aller et venir à Romillé, sans y être inquiété en aucune façon quelconque ». Mais cette autorisation ne lui fut pas accordée (Cf. Arch. d'I.-et-V., V, 14 et 2 Y 8) : « Considérant, écrit le 12 juillet 1792 le Directoire du département, que si le sieur Chilou était sincèrement dans les dispositions de ne pas troubler l’ordre public et de ne détourner aucun citoyen de l’obéissance due à la Loi et aux autorités constituées, il n’aurait pas refusé la déclaration prescrite par l’article 2 de l’arrêté du Conseil général du Département du 15 avril dernier », on ordonne, en conséquence, que l’arrêté du Conseil général du Département soit exécuté à son égard, comme envers tous ses semblables.

83. — M. Chilou, que l’on a trouvé bénissant un mariage à Parthenay, en juin 1792, ne s’exila pas lors de la Loi du 26 août de cette année ; mais, après l’arrêté du Département du 26 décembre suivant, commença pour ce prêtre une vie remplie de privations et de dangers, encouragée toutefois par de réelles consolations.

« Les paroisses de Parthenay, de Romillé, de Gévezé, de Pacé et de Saint-Gilles éprouvèrent surtout les bienfaits de son zèle apostolique et en gardent encore de précieux souvenirs. Les meilleures familles de ces paroisses doivent la conservation de leur foi au dévouement inépuisable de l’abbé Chilou ».

84. — Mais cet admirable dévouement devait recevoir la récompense que les saints envient à juste titre. Un dénonciateur fit connaître aux agents du district de Montfort que M. Chilou se trouvait sur le territoire de Saint-Gilles.

Un détachement de la garnison de Montfort-la-Montagne — comme on disait alors — fut expédié immédiatement de ce côté et l’on organisa une battue générale : pas une maison qui ne fut fouillée jusque dans ses plus secrets réduits.

L’abbé Chilou n’eut pas le temps d’échapper à cette perquisition si minutieuse. Il fut découvert, à trois heures du matin, caché dans un grenier de la ferme du Bas-Monclair, chez un nommé François Louessart, qui avait été dénoncé comme receleur de prêtres réfractaires et les laissant célébrer la messe dans sa demeure, ce qui lui mérita d’être emmené prisonnier avec celui auquel il donnait asile.

Malheureusement, on n’a pu retrouver jusqu’ici le procès-verbal de l’interrogatoire que subit l’abbé Chilou devant les administrateurs du district de Montfort, ville où il fut conduit aussitôt son arrestation. Seul l’interrogatoire de Louessart a été conservé, mais il ne nous apprend rien qui vaille d’être relaté.

85. — De Montfort, les prisonniers furent dirigés sur Rennes. On leur adjoignit Mme de Bedée, du Moulin-Tizon [Note : voir l'abbé Jean-Baptiste Tostivint à Landujan], dont on vient de parler et, le 19 juillet 1794, leurs noms figurent ensemble sur le registre d’écrou de la Porte Saint-Michel.

Traduit cinq jours plus tard devant le Tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, l’abbé Chilou n’avoua que ce qu’il pouvait dire sans compromettre personne. Deux jours après, bien qu’il n’y eût aucune connexion entre leurs affaires, les juges rennais englobèrent dans un même jugement, portant condamnation capitale, le prêtre Chilou, le prêtre Tostivint et M. et Mme de Bedée. François Louessart, le receleur involontaire de M. Chilou, en fut quitte pour quelques mois de détention. On a donné, ailleurs, le texte de ce jugement ainsi que celui du procès-verbal de l’arrestation de M. Chilou, et celui de l’interrogatoire qu’il subit devant un des juges du Tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine. Une famille très honorable se rattache encore maintenant à celle de M. Chilou, conserve sa mémoire et croit à son martyre. De même, son souvenir persiste toujours dans la paroisse de Saint-Gilles.

BIBLIOGRAPHIE. — Arch. d’I.-et-V., série L, non cotée. — Guillon, Les Martyrs de la Foi, op. cit., t. II, p. 431. — Tresvaux du Fraval, Histoire de la Persécution, etc., op. cit., t. II, p. 27. — Guillotin de Corson, Les Confesseurs de la Foi, etc., op. cit., p. 48-50. — Abbé Lemasson, Les Actes des prêtres insermentés de l'Archidiocèse de Rennes, etc., op. cit., p. 111-115 et 251 où sont reproduites toutes les pièces officielles du procès de M. Chilou.

(Dossiers n°s 257 et 258 des actes du tribunal criminel d’Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux archives d’Ille-et-Vilaine).

(Articles du Procès de l'Ordinaire des Martyrs Bretons).

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