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CAHIER DE DOLÉANCES DE SAINT-DIDIER EN 1789

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Subdélégation de Vitré. — Département d'Ille-et-Vilaine, arrondissement de Vitré, canton de Châteaubourg.
POPULATION. — En 1791, 1.126 habitants (Arch. Nat., D IV bis. 51).
CAPITATION. — Rôle de 1787 (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 4062) : 188 articles ; 1.114 l. 16 s. 6 d. — Total en 1789, 1.145 l. 6 s. 6 d., se décomposant ainsi : capitation, 741 l. ; 21 d. p. l. de la capitation, 64 l. 16 s. 9 d. ; milice, 94 l. 12 s. 6 d. ; casernement, 229 l. 7 s. 3 d. ; frais de milice, 15 l. 10 s. 10 s. (Ibid., C 3981).
VINGTIÈMES. — 1.683 l. 16 s.
FOUAGES. — 21 feux 1/8 1/12. — Fouages ordinaires, 233 l. 2 s. ; garnisons, 69 l. 10 s. 10 d. ; fouages extraordinaires, 412 l. 13 s. 11 d.
OGÉE. — A 4 lieues 1/2 à l'E. de Rennes ; à, 3 lieues 1/3 de Vitré. — 900 communiants. — Au nord du bourg se trouve la Vilaine ; sur les bords de cette rivière et de plusieurs ruisseaux existent de bonnes prairies ; les terres, très exactement cultivées, produisent du grain et du cidre.

PROCÈS-VERBAL (confondu avec le cahier). — Assemblée électorale, le dimanche 5 avril, à l'issue de la grand'messe, sous la présidence de Luc-Victor de Lhomme, procureur fiscal de la vicomté de Mesneuf, Saint-Didier, la Baudière, « absent M. le Sénéchal, attendu l’éloignement de son domicile ». — Comparants : Pierre Bailleul (12 ; 1 valet et 1 servante, 6) ; Pierre Loisil (10,10 ; 1 valet et 1 servante, 6) ; Luc Merré (6 ; 1 servante, 3) ; Pierre Behourd (5) ; Louis Guyot (5 ; 1 moyenne servante, 1,10) ; Pierre Richard ; Joseph Lemée (5,10) ; Gilles Gandon (9,10 ; 2 valets, 2 servantes, 12) ; Nicolas Loisil (4,10 ; 1 valet et 1 servante, 6) ; Pierre Fréreu (4,10 ; 1 valet, 3 ; 1 moyenne servante, 1) ; Antoine Rubion (6,10 ; 1 valet et 1 servante, 6 ; 1 petit valet, 1,10) ; Pierre Bertin, « anciens trésoriers et délibérants ordinaires » ; — Julien Delaunay (5 ; 1 valet et 2 servantes, 9) ; Jean Taillebois (4,10 ; 1 valet et 1 servante, 6) ; René Viel (8 ; 1 valet et 1 servante, 6) ; Joachim Lemée (3,10 ; 1 ancien valet, 2 ; 1 servante, 3) ; Noël Georgeault (4) ; Guy Crosson (2,10) ; Michel Boullé (12 ; 2 servantes, 6) ; Pierre Cordé (6 ; 2 valets, 6) ; Jean Fournier (5,10 ; 1 ancienne fileuse, 0,10) ; Pierre Boulé ; Guillaume Guillet (5; 1 compagnon et 1 servante, 6) ; J. Lucas ; Julien Marquet (8 ; 2 valets et 2 servantes, 12 ; 1 moyenne servante, 1,10). — Députés : Jullien Marquet ; Guillaume Guillet.

 

[Cahier de doléances de la paroisse de Saint-Didier].

Supplient les ci-dessus dénommés, en leurs noms et en celui de tous les habitants de la paroisse, Sa Majesté de jeter un oeil de compassion sur l'état du Tiers et habitants de campagne ; il supporte en partie toutes les charges qu'il plaît à Sa Majesté d'imposer, tant pour capitation, fouages, vingtièmes, qu'autrement ; il paye seul les dix-sept dix-huitièmes de la capitation, quoiqu'il ne possède pas le tiers du bien, la multiplicité des exemptions à cet impôt, les privilèges qui en exemptent non seulement la Noblesse, mais encore leurs domestiques et agents à leurs suites, mais encore dans leurs différentes terres et châteaux (sic).

Le Tiers Etat paye seul le casernement, frais de milice, logements de troupe, habits de milices ; les autres ordres s'en prétendent exempts.

Les habitants de campagne sont seuls assujettis à la corvée des grandes routes (voir la note qui suit) ; cette charge onéreuse tire le laboureur de la culture, dévaste les campagnes, ruine le laboureur ; ils se trouvent encore souvent surchargés par des amendes, des garnisons et emprisonnements causés par un peu de retardement des travaux dont on demande précipitamment la perfection sans considérer les temps, les saisons, les ensemencements des récolte et autres travaux nécessaires indispensables à l’Etat (Voy. l'art. 7 du cahier de Domagné).

Note : La tâche de Saint-Didier était de 916 toises, sur la route de Rennes à Paris, et son centre se trouvait à une demi-lieue du clocher de la paroisse (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 4883).

Le Tiers Etat et surtout les habitants de campagne sont assujettis au sort de la milice (voir la note 1 qui suit) ; ce sort tombe presque toujours sur des personnes nécessaires à la culture, opère la ruine des laboureurs et de leurs veuves, qui n'ont d'autres secours que la personne d'un garçon pour cultiver une terre de cent livres et deux cents livres au-dessus et au-dessous qu'ils ont en propriété ou dont ils jouissent à ferme ; ce garçon utile, nécessaire et indispensable est enlevé par ce sort ; les autres ordres se trouvent exempts et outre exemptent leurs domestiques, agents et fassianders (voir la note 2 qui suit) en quelque nombre qu'ils soient.

Note 1 : De 1781 à 1786, Saint-Didier a fourni 3 miliciens : 1 en 1781, 1782 et 1785. En 1781, sur 89 jeunes gens qui se sont présentes au tirage, 62 ont été exemptés ou ajournés (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 4704).

Note 2 : Sans doute pour faciendaires, ceux qui sont chargés des commissions du seigneur ; voy. Dictionnaire de Trévoux, art. faciendaire.

Quelque dures que soient les charges et impositions ci-devant, elles le seraient beaucoup moins, si tous les citoyens y contribuaient sans exemption ; et comment supprimer les exemptions tant et si longtemps que la Noblesse seule possédera les hautes charges et composera seule la magistrature, qui fait et défait les lois à son gré, et que nul du Tiers Etat, quelque talent qu'il ait, ne sera point admis à concourir à ces charges, et tant et si longtemps que l'ordre du Tiers n'aura pas de député pour faire face aux deux autres ordres qui ont un intérêt commun et se réunissent ?

Les habitants de campagne se trouvent les seules victimes des impositions ci-devant et autres par les payements de franc-fief auxqquels ils sont assujettis ; dans le principe, toute les terres n'avaient qu'une seule et même qualité et conséquemment devraient payer les mêmes impôts, ce qui en diminuerait considérablement le fardeau.

Les habitants de campagne ne trouvent aucun secours, pas même dans les hôpitaux, dans leurs maladies et infirmités ; on préfère à eux une personne de ville, n'aurait-il que pour un jour de maladie ; on ne considère point que ce sont eux, qui, par leur culture et leurs travaux, font le bien-être des hôpitaux et des villes ; les régisseurs des hôpitaux ne considèrent pas même les habitants des paroisses qui leur procurent le bien, soit par des dîmes ou autres propriétés (Voy. l'art. 9 de Domagné).

Le produit des dîmes ne va plus à sa première destination (voir la note qui suit) ; il est versé dans des coffres de communautés, abbayes, hôpitaux et n'en sort que pour des entreprises plutôt par vanité que par nécessité ; les régisseurs des hôpitaux reçoivent des personnes âgées, infirmes, qui leur donnent une somme de ...., et cela sous prétexte du bien de l'hôpital ; ces personnes qui ont des sommes d'argent occupent cependant les places des véritables pauvres, infirmes et malades, qui périssent faute de secours ; ne serait-il pas plus à propos qu'une partie du produit de ces dîmes tournât au soulagement des pauvres, chacun de sa paroisse ? On voit des paroisses, où il y a les dîmes ou grande partie d'icelles, qui appartiennent, dit-on, au patron des mêmes paroisses et est versée dans le coffre du dit patron, mais il n'en sort pas pour le soulagement des pauvres, au contraire pour les augmentations inutiles, également que des embellissements et richesses d'ornements sans nécessité ; il faut des ornements, il faut des embellissements, mais il ne faut pas qu'ils soient à l'oppression des pauvres (Voy. l'art. 9 de Domagné).

Note : Toutes les dîmes de Saint-Didier appartenaient à l'hôpital de Saint-Nicolas de Vitré ; elles se percevaient à la onzième gerbe sur les gros grains, à la seizième sur le blé noir, et étaient affermées au prix de 2.780 livres. L'hôpital de Saint-Nicolas possédait aussi la terre du Foueil, d'une superficie de 55 journaux, et qui était affermée 682 l. (Déclarations de 1790. Arch. d'Ille-et-Vilaine, série Q). En 1770, il n’y avait pas à Saint-Didier de fondation de charité.

Si les habitants de campagne sont vexés par ce que devant, ils le sont encore par des droits de seigneurs, comme fuies, garennes, qui dépeuplent les ensemencements, les endommagent et les rendent infructueux ; il faut qu'un habitant de campagne voie, sans rien dire, ses terres ensemencées, dépeuplées, endommagées et les travaux infructueux par le grand nombre de pigeons et lapins et autres animaux, et, s'ils disent la moindre chose, ils sont menacés de frais ruineux, d'emprisonnement et de galère et leurs menaces sont effectuées.

Ils le sont encore par les corvées en nature multipliées que les seigneurs exigent, par la quantité de rentes féodales dont les augmentations (sic), par les qualités de chéant et levant (Voy. l'art. 7 de Domagné).

Ils le sont encore par les droits des seigneurs, qui s'attribuent les successions des bâtards saris en employer le produit à la nourriture des enfants trouvés quand il y en a, par la privation des communs et gallois dont les seigneurs s'attribuent la propriété, par les afféagements à titre onéreux, par la suite des moulins auxquels ils sont tenus ; ils afferment un prix exorbitant leurs moulins ; ces prix forcent les fermiers d'iceux de vexer le public et, si on s'en plaint, on s'attire la haine, la vengeance et l'inimitié des seigneurs propriétaires ; ne conviendrait-il pas mieux que cette suite de moulin fût libre ? Cette liberté forcerait les meuniers à rendre justice et réprimerait malgré eux-mêmes leur pillage (voir la note qui suit). Ils le sont encore par la difficulté de se procurer le payement d'un endommagement de bête, qui, pour vingt, trente ou quarante sols, on est obligé de faire des frais considérables dont partie retombent sur les plaignants, quand ne serait que par les voyages et dépenses qu'ils sont obligés de faire avec leur procureur et conseil ; ne conviendrait-il pas mieux que ces sortes d'affaires fussent réglées par une personne nommée chaque année par les paroisses ? Il en est de même des injures verbales et autres petits crimes. Ils le sont enfin par toutes les raisons détaillées plus amplement par les remontrances faites par les MM. de la Municipalité de Rennes, auxquels les soussignés en leurs noms et en celui de tous les habitants déclarent se référer et supplient Sa Majesté d'avoir égard au tout et à ce que les députés observeront.

Note : Dans les seigneuries de Fouesnel et du Plessix-Raffray, les rentes des moulins se sont élevées d'une façon excessive dans le dernier tiers du XVIIIème siècle ; elles ont parfois presque doublé dans l'espace de quelques années (Sommier de Fouesnel, fonds Piré, Arch. d’Ille-et-Vilaine, E. 62). Cf. H. SÉE, Les classes rurales en Bretagne, pp. 135-136.

(H. E. Sée).

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